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Dig It! # 19
Electric Frankenstein     The anti rock conspiracy
Wonderfools/Buckweeds     Tour Diary
Flaming Sideburns     Interview
Killed By Death     (Episode 1 - Volumes 1 à 5)

 


ELECTRIC FRANKENSTEIN : THE ANTI ROCK CONSPIRACY
ELECTRIC FRANKENSTEIN

    Vous avez sans doute déjà remarqué qu'Internet (le "Net" pour les intimes) n'est pas forcément toujours l'Eldorado informatif annoncé, que par exemple les temps de connexions (et que dire du télé-chargement !) sont souvent rédhibitoires, les sites pas régulièrement mis à jour et les communications parfois coupées sans autre forme de procès juste quand vous arrivez sur le site tant recherché. La technologie est balbutiante mais devrait vite s'améliorer, nous promet-on, "tuyaux à gros débits" à l'appui. Wait and Surf...

 Pourtant il est quand même déjà possible de trouver son bonheur sur le web. Les fameuses "listes", par exemple, sont un bon moyen de traquer l'info rock'n'roll ou de dénicher la perle manquante, celle sans laquelle votre vinylothèque reste désespérément "incomplète". Quelques unes de ces listes sont déjà renommées, celle de Bomp par exemple (voir Dig It 16, Laurent Bigot vous en donne les clés). Le principe est simple, c'est une sorte de forum restreint. Pour s'abonner à une liste (le choix est large mais pour la clarté des opérations et pour coller à notre sujet on choisira la liste Electric Frankenstein) il suffit de savoir qu'elle existe... et c'est peut-être ça le plus difficile, même si l'info circule dans les 'zines et par le bouche à oreille électronique. Une fois obtenue l'adresse du site internet "où ça se passe", il suffit d'y placer quelques clics de souris (vous pouvez même vous contenter d'un e-mail au co-ordinateur de la liste en précisant que vous voulez vous abonner. Ici : rdh2y@virginia.edu) et l'affaire est entendue. Vous voilà devenu un membre privilégié de la liste New Rage dédiée à Electric Frankenstein. Chaque e-mail expédié par un membre atterrit dans l'ordinateur de tous les autres, qui peuvent y répondre et ajouter leur grain de sel s'ils le souhaitent. Il peut s'agir d'une question précise, d'une info, de l'annonce de la sortie imminente du soixante douzième single d'EF, etc... On peut même y gagner quelques disques de temps en temps en répondant à des questions sur le groupe. Bref, de quoi combler tous les fans de ce gang américain (New Jersey) hyper-actif. L'originalité d'une liste et son intérêt dépendent évidemment des ses abonnés. Coup de chance, la liste New Rage est exemplaire par sa sobriété, rien d'inutile, donc pas d'e-box encombrée de messages sans intérêt. Cerise sur le cake, la participation de l'abonné Sal Canzonieri, guitariste, idéologue et tacticien du groupe, se révèle un atout majeur. Il répond à toutes les questions avec force détails, vous expédie des comptes-rendus de tournées du groupe, dates de concerts, prévisions de sorties, coups de gueule, etc... Pour vous abonner (c'est gratuit) renseignez-vous à cette adresse :
NewRage@onelist.com

 Voici une compilation de quelques-uns des messages expédiés par Sal ces derniers mois à destination des membres de la "New Rage list"... Sal a aussi répondu à quelques demandes d'éclaircissement de notre part sur certains sujets abordés dans ces messages.

ANTI-ROCK CONSPIRACY

 Le premier de ces e-mails répond à une question posée par un abonné à la liste ("Le fait d'être sur un grand nombre de labels ne rend-t-il pas les choses plus difficiles quand il faut faire les comptes ? Comment faites-vous pour savoir exactement ce que vous doivent les labels ?") et déborde vite sur les différentes façons de lutter contre les pratiques commerciales de nombreux labels, Major Companies ou gros Indépendants.

 Sal Canzonieri : J'appelle d'abord les distributeurs pour savoir combien d'exemplaires ils ont vendus. Et je compare avec les chiffres avancés par le label. Y'a souvent une différence du simple au double. Je leur fais une facture en conséquence... Il m'arrive aussi de demander une avance importante (en milliers de dollars, on peut le faire seulement si on est connu). Du coup je ne me soucie pas du délai qu'il faut pour amortir le disque puisque j'ai déjà été payé. C'est une bonne protection contre les pratiques de certains labels. De plus, un label qui allonge une forte avance aura tendance à faire une bonne promo pour récupérer sa mise rapidement.

 Un "mouvement pour le droit des groupes" se développe et est prêt à exploser dans les deux ans qui viennent. Les groupes vont se rebeller contre les major compagnies et les gros indés. Allez lire la rubrique "Michaels Minute" sur MP3.com et vous verrez ce qui se prépare. La bagarre risque d'être chaude... Les groupes ont été traités comme des idiots et des esclaves durant des dizaines d'années par TOUS les labels. Ils ont été arnaqués de toutes les façons possibles... Le pire ennemi c'est le détaillant qui ne connaît rien en musique et ne ré-approvisionne pas son magasin quand il a vendu tous les exemplaires d'un disque, même si les fans le réclament sans arrêt. Il commande les nouveautés du mois et basta. Du coup les groupes ont du mal à vendre des disques et à se trouver un public à travers les magasins.

 Autres ennemis : les labels qui ne pratiquent pas le 50/50 (partage des dépenses et profits) avec les groupes. Man's Ruin Records est un des rares à le faire. La plupart des labels indépendants se prennent pour des Majors en herbe et arnaquent les groupes de bien pire manière. Ouais, c'est décourageant, et je pense souvent à arrêter tout et laisser tomber la musique. Je voudrais détruire tout ce système d'escrocs. Les FANS sont la seule raison pour laquelle je continue à faire des concerts et des disques. J'aimerais qu'ils comprennent ce que les labels font aux groupes. Ils leur donnent une fraction des bénéfices et se croient propriétaires des master-tapes (les bandes à partir desquelles on grave les disques -ndt-). Si on laissait faire les Majors compagnies, tous les groupes seraient des groupes "à un seul hit", écriraient des chansons pour le label et seraient payés au morceau, comme les requins de studio. On y vient d'ailleurs petit à petit. Et vous savez pourquoi ? A cause de tous ces sombres crétins et de leurs groupes de merde, tellement largués et défoncés qu'ils sont prêts à signer le premier contrat qui se présente. Ils pourrissent le coup pour les bons groupes qui essayent de lutter pour obtenir des conditions décentes. Et il y a tellement de groupes que les labels savent qu'ils peuvent en choisir un quand ils veulent, prendre le temps qu'il faut pour leur calibrer un hit et finir par présenter la facture (studio, promo, etc...) à ces groupes d'idiots, et au bout du compte il n'y a que le label qui fait du profît.

 Même le New York Times a publié un article là-dessus. Ils ont dressé une liste de tous les groupes qui ont fait un carton avec leur disque et n'ont pas touché un centime. Et dans le Playboy de Mars 99 (spécial Kiss), Dave Marsh de Rolling Stone a fait un papier intitulé "They're Killing Rock'n'Roll" sur l' "Anti-Rock Conspiracy" et tout ce qui s'y rapporte.

 Un autre truc stupide c'est de faire tourner les groupes trop tôt. Quand un groupe a sorti un disque à cinq cents exemplaires, pourquoi voulez-vous qu'il y ait plus de trois personnes aux concerts ? Les groupes jouent dans des salles vides, dépriment et se séparent. Vous vous êtes déjà demandé pourquoi tant de groupes arrêtaient tout après leur première tournée ? Un bon groupe doit se construire un petit public au départ et essayer de faire autant d'interviews que possible, puis sortir deux ou trois 45t qui auront de bonnes chroniques, et faire de nouvelles interviews. Un groupe doit commencer par jouer régulièrement dans sa région, jusqu'à avoir un public conséquent aux concerts. Le truc important c'est les INTERVIEWS, y'a rien qui marche aussi bien, ni les chroniques ni la radio, encore moins les pubs. Les groupes doivent être patients et se bâtir un following progressivement. Mais surtout, un groupe doit être bon. Y'a trop de mauvais groupes qui cassent le coup des bons.

 Aujourd'hui, les labels arnaquent les groupes en les jetant sur la route pour des cachets de misère. Ils les font jouer dans les petites villes le week-end et les grandes les jours de semaine. Résultat, aucun concert ne fait le plein et les pertes dues au coût de promo de la tournée dépassent le bénèf' des ventes de disques. Encore une fois il ne reste rien pour le groupe ! Pire, le label leur demande de faire un autre disque uniquement pour éponger les pertes ! Belle arnaque !"

 Dig It ! : Avec quels labels as-tu préféré travailler ?
 Sal : Avec Man's Ruin. C'était de loin les meilleurs. Victory Rds a été très pro avec la presse et les radios. Ça a été marrant également de bosser avec Estrus et Get Hip. Et j'ai bien aimé travailler avec Reptilian, Know, TKO, Devil Doll et Demolition Derby.
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Gildas Cosperec
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WONDERFOOLS / BUCKWEEDS TOUR DIARY
WONDERFOOLS
BUCKWEEDS

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THE TOUR DIARY (Extraits)

*Wonderfools. 10 Nov.  Toulouse.

 "Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de route entre Montpellier et Toulouse. On était toujours sous l'effet des Téquilas de la veille. Ça a tout de suite été beaucoup mieux après un bon repas et du bon vin français au Show B. On a fait une interview pour un fanzine français après le repas. On a joué avec le Jerry Spider Gang, un des meilleurs groupes qu'on ait eu en première partie sur la tournée. Great guys ! Quand on est monté sur scène, le club était rempli à craquer. Le concert a été très bien. Y'a quand même un abruti qui a commencé à cracher de la bière sur Tomas et essayé de grimper sur scène pendant qu'on jouait. Il doit toujours avoir une belle cicatrice de manche de Gibson SG sur le front. Message perso pour lui : SI TU VEUX MONTER SUR SCENE, FAIS TON PROPRE GROUPE !!!
 Après le concert on s'est retrouvé dans la maison où habite le guitariste du J.S. Gang et on a dormi dans leur local de répétition. Dans la cave... On n'a jamais eu aussi froid !"

*Wonderfools. 11 Nov.  San Sebastian.

 "Ça y est, on est finalement en Espagne. On attendait beaucoup de ces concerts. On a vite compris que celui-là serait un des pires. On a joué avec un groupe Oï, des Belges nommés Buckweeds. Ils étaient horribles bien que marrants. Des vieux !!! Quand on a commencé à jouer il y avait seulement une vingtaine de personnes. On nous a dit que la promo avait été mal faite, on s'en doutait un peu."

Extraits du Buckweeds Diary Tour, même jour.

 ... Ensuite les Wonderfools sont arrivés avec Tom de Radio Blast Rds en remorque. Je l'avais déjà rencontré à un concert de Zeke en Belgique et on était resté en contact par e-mail. C'est un des rares Allemands à avoir un bon sens de l'humour. C'est lui qui a monté la tournée des Wonderfools. Et on dirait qu'il a fait plusieurs fois l'aller-retour jusqu'en enfer...

 On a fait une balance. Pas de sono pour les instruments, juste deux micros pour les voix. L'endroit était tellement grand qu'il a fallu pousser les amplis à fond, ce qui donne habituellement un son pourri.

 Le temps de manger et on est prêts à démarrer. Pendant la balance, j'avais senti que ça allait rouler comme un semi-remorque à 160 sur une route boueuse et caillouteuse !!! CRADE !!! Comme je n'avais pas de micro, je pouvais me concentrer (ou alors pas du tout) sur ma basse. J'ai fait tout un tas de trucs que je ne fais pas d'habitude. La plupart étaient nuls, mais comme les autres ne m'ont pas tendu leur majeur, j'ai continué à me prendre pour le Yngwie Malmsteem du punk pour un soir. A en juger par les têtes du public (soixante personnes avec un sourire jusqu'aux oreilles), ça passait bien. Au milieu du concert, j'ai commencé à regretter de ne pas avoir de micro, histoire de pouvoir balancer quelques insultes pour chauffer le public. Alors je l'ai fait sans micro et à pleins poumons. C'était bon !!! Les Wonderfools nous regardaient comme si on était sorti en rampant de sous une pierre pour les mordre au cul. Ouais les gars, c'est ça qu'on appelle PUNK RAWK !!! On a terminé le concert et les locaux nous ont congratulés en nous demandant de jouer encore. Mes nos amis norvégiens avaient déjà commencé à installer leur matériel...

 Ils l'ont joué à la Kiss ! Du rock de stade. Ils jouent bien, je veux dire vraiment, vraiment bien. Mais je me fous de ça si tout ce qu'ils savent faire c'est piquer chaque riff de Kiss recensé dans la Grande Encyclopédie. Je viens de lire leur compte-rendu de tournée où ils se plaignent de n'avoir joué que devant vingt personnes ce jour-là. Bien sûr qu'il n'y en avait que vingt ! Quarante sont partis après leurs deux premiers morceaux...

 C'est marrant de constater qu'ils ne nous ont jamais dit ce qu'ils pensaient vraiment à ce moment-là. Ils n'ont eu le courage de nous traiter de vieux groupe de Oï qu'une fois rentrés en sécurité au pays des Fjords. Pourtant je me suis bien entendu avec leur bassiste Zugly, et je le plains d'être dans un groupe avec une bande de poules mouillées à l'égo sur-dimentionné ! Désolés les gars, mais si vous avez quelque chose à nous reprocher, appellez-moi, d'accord ?

Wonderfools. 13 Nov. Madrid.

 "On a eu du mal à trouver le club dans le dédale des petites rues madrilènes. On a fini par arriver, c'était un endroit minuscule. Cinquante personnes et c'est rempli ! L'imposant Kike Turmix de Safety Pin Rds est venu avant le concert avec plein de cadeaux pour nous. Great guy ! Le club était rempli à craquer et c'était dur de jouer sur une petite scène comme ça vu que nos shows devenaient de plus en plus sauvages de soirs en soirs. On a besoin d'espace ! Mais le concert s'est bien passé, le public ne remuait pas beaucoup mais la bière était bonne ! Et comme l'anniversaire de Zugly tombait ce jour-là, on a fait une petite fête pour lui."

Buckweeds, même jour

 "L'endroit était vraiment petit mais l'ambiance était bonne. On a commencé le concert avec une pêche incroyable. Le son sur scène était le meilleur qu'on ait eu en Espagne. Le club n'était pas entièrement rempli. De toute évidence il y avait là un "public de grande ville". Blasé. Ça ne nous a pas dérangés et on s'est éclaté, même avec les restrictions imposées par les petites dimensions de la scène.

 Kike Turmix, des Pleasure Fuckers et Safety Pin Rds, était dans le fond. Il n'arrêtait pas de gueuler entre les morceaux. Evidemment on lui a répondu de fermer sa grande gueule. Et on a dédié "Let's Fuck" à sa femme. Un vrai combat de grandes gueules. Et on a gagné ! La température est montée et la transpiration s'est mise à couler. On a enchaîné tous les morceaux comme rarement. 1,2,3,4 ! Pas le temps de boire un coup. Dans le feu de l'action j'ai pris le micro dans la tronche et j'ai senti le goût du sang, visiblement mes lèvres avaient éclaté. J'ai craché du sang et je ne me suis plus approché du micro...

 Après le concert il y a eu une party. Y'avait  plein de filles superbes partout. Zugly, le bassiste des Wonderfools, déambulait dans le club avec une bouteille d'un litre de Mahou (la pisse d'âne locale) à la main. On a senti que quelque chose n'allait pas... Il nous a expliqué que c'était son anniversaire et que les autres ne voulaient pas faire une petite fête avec lui, bien qu'apparemment ils le lui aient promis. Alors on l'a embarqué, et avec Mario (d'Aerobitch) et quelques potes à lui, on a fait la tournée des bars et on s'est pochetronnés. On a pris quelques photos de Zugly avec les plus belles filles du coin. Je suis sûr qu'une fois rentré en Norvège ils les a montré à tout le monde...

*Wonderfools. 16 Nov. La Rochelle. 

 "A La Rochelle ce fut excellent. L'endroit était tout petit mais on s'est rendu compte que ces petits clubs étaient les meilleurs endroits pour jouer. La salle était remplie quand on a commencé, et comme la scène était trop petite pour notre show, elle a commencé à s'écrouler. Y'a même des cables qui sont tombés du plafond. Un de nos meilleurs concerts ! On a rencontré un Polonais qui se baladait à travers l'Europe pour trouver des groupes qui accepteraient de participer à un festival en Pologne. Il nous a embauchés. Ce sera intéressant de voir si ce mec reste en contact avec nous ou pas... De toutes façons on s'en fout ! Y'a eu ensuite une "big party". Alex à commencé à s'envoyer de la gnôle et s'est employé, comme ça lui arrive souvent, à démolir consciencieusement l'endroit. Alors on a dû partir TRES tôt le lendemain matin. Comme ça nous arrive souvent... L'endroit était totalement dévasté. J'crois bien que Zugly et Alex n'avaient pas dormi de la nuit, les autres étaient à moitié morts vu les excès en tous genres commis à la party. Le réveil a été difficile."

Gildas Cospérec
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FLAMING SIDEBURNS INTERVIEW
FLAMING SIDEBURNS
(entretien avec Jay Burnside, batteur, et Jeffrey Lee Burns, guitariste)

...
FINLANDE

 D.I : Parlons d’Helsinki, comment vous décririez votre ville ?
 Jay : Très jolie petite ville durant l’été, sombre et froide pendant l’hiver. C’est un des meilleurs endroits là-haut en Scandinavie. La plupart des gens intéressants en Finlande finissent par s’installer ici donc c’est assez facile de se faire beaucoup de bons amis et d’organiser de nombreuses fêtes. En ce qui concerne le rock’n’roll il y a un paquet de groupes que je peux écouter.

 D.I : Est-ce que c’est facile de tourner en Finlande ?
 Jay : C’est facile si tu joues du rock “middle-of-the-road” chanté en finlandais ce que nous ne faisons évidemment pas. Nous préférons donc ne pas tourner ici... On joue juste à Helsinki et s’il y a une bonne fiesta ailleurs, comme un festival par exemple, on peut finir par y aller.
 JLB : On a joué environ la moitié de nos concerts à l’étranger, et cela représente déjà beaucoup trop de dates en Finlande. Jay est tout à fait dans le vrai quand il dit que Helsinki est le seul endroit qui vaille le coup en dehors des festivals. Aller à Turku, Tampere, ou n’importe quelle autre ville du coin, c’est comme foncer dans une impasse : pas grand monde ne se déplace, les organisateurs n’ont aucune idée de ce qu’ils font, et c’est juste ennuyeux et déprimant tout du long.

 D.I : Quels sont les meilleurs labels, fanzines, studios ou émissions de radios finlandais ?
 Jay : Il n’y en a pas tant que ça. “Räkärodeo” animée par un gars appelé Miettinen est de loin la meilleure émission de radio rock’n’roll du pays, et dure depuis une quinzaine d’années. Il y avait un fanzine génial appelé Ripple mais c’est fini et je n’en connais pas d’autres qui soient bon. Quant aux labels, Trash Can a sorti de bons trucs, Stupido Twins abrite The Ultra Bimboos et ... ça doit être tout.
 JLB : Il y a aussi des soirées roots plus traditionnelles sur la même radio chaque semaine où on peut entendre du vieux rock’n’roll, de la soul, de la country et du blues. Ma station de radio préférée est la station locale Groove FM, ils passent de la soul, du funk et du jazz, la plupart du temps “noir et magnifique” (black and beautiful). Des labels finlandais ? Ils n’ont pas l’air très bons. Peut être que les plus intéressants sont Bad Vugum (Jolly Jumpers, Radiopuhelimet), Texicalli (Laika and the Cosmonauts, And The Lefthanded) et Hawaii Sounds (Karkkiautomaatti, Barefoot Brothers).

 D.I : Vous disiez qu’il y avait un tas de bons groupes en Finlande dans les années 80, et avant ? Quels sont les groupes que l’on devrait connaître ?
 Jay : The Blues Section a enregistré une paire de 45t incroyablement géniaux dans les sixties, puis on a eu The Renegades. Ils venaient du Royaume Uni mais se sont installés en Finlande quelques années puisque c’était le seul pays où ils avaient du succès. Leur version de “13 Women” est absolument fantastique (On la retrouve entre autres sur la compil Songs We Taught The Fuzztones). Dans les années 70, il y avait The Hurriganes, un trio rock’n’roll étourdissant. Puis le punk a éclaté et depuis il y a beaucoup de groupes décents.
 JLB : 60’s - définitivement The Blues Section. 70’s - définitivement The Hurriganes. 80’s - Melrose, Hanoi Rocks et Smack sont un bon début.

 D.I : Hanoi Rocks et Smack sont les plus connus, est-ce que vous vous sentez un lien avec eux d’une façon ou d’une autre ?
 Jay : J’ai été élevé en écoutant ces deux groupes et je ne peux nier cette influence. Je suis allé voir Smack une bonne vingtaine de fois - ces mecs faisaient en 1984 ce que font les Hellacopters maintenant ! Malheureusement les disques n’ont jamais correctement capturé leur son.
 JLB : J’étais moi aussi dans mon âge tendre quand ces deux groupes étaient au sommet et ils infligeaient de ces blessures qui ne se referment jamais. Il est encore très difficile d’écouter leurs premiers disques sans devenir très nostalgique.

 D.I : Quels sont les autres groupes finlandais actuels que l’on devrait tester ?
 Jay : The Hypnomen jouent d’excellents instrumentaux du genre Link Wray meets Davie Allan meets groovemusic. The Ultra Bimboos sont “the coolest cats in town” (curieuse expression pour des filles !!!). The Festermen jouent du swamp punk qui troue le cul. Tant de groupes... The Mutants, Bomber, Lousy Lovers, Barefoot Brothers, Blowfly, Laika And The Cosmonauts, Pushrods, Local Lolitas, And The Lefthanded, Cosmo Jones Beat Machine, No Direction etc...
 JLB : Mes favoris finlandais sont Barefoot Brothers, Jolly Jumpers, Karkkiautomaatti, Agents et 22 Pistepirkko. Tous sont ensemble depuis plusieurs années maintenant. Les vieux groupes semblent juste avoir quelque chose que les kids n’ont pas.

WORKING FOR THE MAN 

 D.I : Vous jouez presque tous dans d’autres groupes : Ski, Speedo et The Punisher dans Jack Meatbeat - Ski et Jeffrey Lee Burns dans Bomber - Ski dans Isebel’s Pain, c’est bien ça ? Vous pouvez nous en dire plus sur Bomber et Isebel’s Pain ?
 Jay : Jack Meatbeat et Isebel’s Pain ne jouent plus vraiment, ils sortent juste des disques ! Il y a au moins un album pour chacun des deux groupes inédit et prêt à sortir.
 JLB : Je chante et je joue de la guitare, et Ski joue de la basse dans Bomber. On a juste sorti un 45t, mais il y a pas mal de choses à venir ces prochains mois. Il y a des influences profondément et ténébreusement country. Comme Hank Williams à Twin Peaks.

 D.I : Est-ce que les Flaming Sideburns sont le projet principal de chacun d’entre vous ?
 Jay : Pour moi oui. Je n’ai jamais joué que dans un seul groupe à la fois.
 JLB : Bomber est définitivement le gros truc pour moi, pour des raisons personnelles.

 D.I : Vous avez dit dans Moshable qu’il y avait beaucoup de bons groupes en Finlande aujourd’hui parce que : “a) personne n’a de boulot et il n’y a rien d’autre à faire, b) il fait noir et froid pendant neuf mois donc la seule solution est de faire la fête et de jouer dans un groupe, c) le gouvernement vous paye pour jouer”. Euh, vous faisiez allusion à des allocations chômage, ou quelque chose comme ça ?
 Jay : En fait, beaucoup de musiciens ont un boulot ces temps-ci, ils sont étonnamment nombreux. Il y a quelques années, il semblait que tout le monde vivait d’allocations. Je pense que l’hiver glacial est le facteur le plus important ici. Je veux dire, qu’est-ce que tu peux faire d’autre que de ramper dans la salle de répétition quand tu ne vois pas le soleil de trois mois ?
 JLB : Je ne sais pas de quoi nous parlions quand Lars nous a interviewé pour Moshable. Mais sérieusement, Jay, il y a quelques années signifie quand toi et tes amis étaient plus jeunes de quelques années. On a juste vieilli et fini par trouver un travail. C’est la même chose maintenat pour les kids dans les rues, c’est même peut-être pire.

 D.I : Vous ne gagnez donc pas votre vie avec le groupe ?
 Jay : Chaque fois qu’on se fait de l’argent on doit payer un pied de micro cassé, une guitare fracassée, des cymbales éclatées ou une sono explosée, donc il ne reste pas grand chose pour payer le loyer. On travaille pour soutenir notre musique.
 JLB : Je suppose que l’on pourrait en vivre si on tournait cinquante-deux semaines par an, mais ça me tuerait en quelques années. Ouaip, je bosse pour le bourgeois (“I’m working for the man”).

 D.I : Vous êtes contactés par une major, quelle est votre réponse ?
 Jay : Si c’est une major finlandaise on leur enfonce leur contrat dans le cul. Si c’est une major américaine on pique le fric et on se barre aussi vite que possible.
 JLB : Je suis prêt à me vendre sur le champ pour un bon paquet de pognon. Je fais tout ça pour des raisons purement économiques. Marks finlandais, dollars américains, aucune différence pour moi.
 Jay : Imagine juste ce qui pourrait se passer si on obtenait, disons, un million de dollars d’un label. On partagerait l’argent, on perdrait les pédales et dépenserait tout le fric. Ensuite le groupe se séparerait et on commencerait de misérables carrières solo sans qu’il nous reste le moindre sou, mais avec toutes les mauvaises habitudes à porter sur nos épaules.

 D.I : Derniers bons disques achetés ?
 Jay : Je viens juste d’acheter le best of de Hank Ballard And The Midnighters qui jouaient du rock’n’roll et du rythm’n’blues au tout début des années 50. Très enthousiasmant. Puis je me suis procuré un box set de trois cd appelé Testify! qui est en quelque sorte la bible du gospel. Les deux premiers cd sont effrayants - Marilyn Manson est un minable branleur comparé à ces chanteurs. Le nouveau single d’un groupe suédois appelé Soundtrack Of Our Lives est le meilleur truc récent que j’aie entendu. Ça envoie sérieusement.
 JLB : Le dernier a été Marc Ribot Y Los Cubanos Postizos. Ribot est ce guitariste qui joue sur les albums de Tom Waits. Ce projet est de la musique cubaine souvent signée Arsenio Rodriguez, un truc incroyable. Le précédent était Vagabond Ways de Marianne Faithfull, c’est vraiment un très bel album, fort et fragile à la fois. Pas beaucoup de rock’n’roll ces derniers temps, peut-être que je vieillis.

 D.I : Dernier message pour vos fans français ?
 Jay : Je ne peux rien promettre mais je pense que nous jouerons en France quelque part dans un futur proche. Est-ce que vous êtes prêts à TEMOIGNER ? Est-ce que vous êtes prêts à vous SOUMETTRE ? On va DANSER sur La Bruta et hurler sur BAMA LAMA ! TESTIFY ! Etes-vous prêts au SACRIFICE ? Etes vous prêts à vendre VOS AMES ? TESTIFY ! HALLELUJAH ! BAMA LAMA !
 JLB : Amen, frère Jay.

 Amen brothers ! Guettez le single Safety Pin, et le split 25cm avec les Hellacopters (un sérieux duel en perspective) qui devrait débarquer sous peu.

Sylvain Coulon
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KILLED BY DEATH (épisode 1 - Volumes 1 à 5)

     Ce qu'on appelle aujourdhui la "scène garage" doit généralement autant aux Sick Things qu'aux Blue Things. Après avoir exploré l'univers des compils 60s, voici un premier survol du monde obscur des samplers "rare 70s punk". Je ne sais pas si le genre est apparu avec le premier Killed By Death - merci Motorhead - (Year Of The Rat était peut-être bien là avant, mais je n'en suis pas sûr), mais il s'agit bien de l'équivalent pogo des Pebbles.

 One, two, three, four !
 Vol 1. La pochette annonce : "Brutal" et "Loud". On ne vous ment pas. Ce sont des qualificatifs appropriés pour des titres comme le fameux "I Hate Music" de The Mad. Ce groupe new yorkais comptait en son sein Screaming Mad George et Julien H (qui fut ensuite guitariste des Cramps juste le temps d'apparaître dans "Urgh ! A Music War, The Movie" en 81). Mad George a depuis fait carrière comme concocteur d'effets gores à Hollywood ; il avait fait ses classes en mettant en scène de faux avortements pendant les shows de Mad (pour plus de détails, trouvez vous le 1978 EP qui vient de sortir sur Brain Transplant). Sur les quatorze groupes, huit sont californiens. Et même si Cold Cock vient bien du Michigan et sonne presque comme Radio Birdman, les Dogs de San Francisco ont un Detroit Sound encore plus parfait. On a droit à un poil de hardcore avec Kraut (très Ramones finalement, mais sans le côté pop) et Authorities (proche des Angry Samoans). Ces derniers ont un bon LP encore disponible sur CD via Get Hip. Vicious Visions (entre Métal Urbain et certains groupes Crypt), les Nuns (Tubeway Army meet the Dead Boys mais trop lo-fi à mon goût) et Vox Pop ont eux un côté art-punk plus ou moins marqué. Mais il ne faut surtout pas oublier nos héros nationaux Gasoline ("Killer Man !!!") et le sublime "Sick Of You" des Users (un Classique totalement incontournable qui est de nouveau disponible en format 45 tours grâce à Damaged Goods). Enfin, il vous faudra voter pour votre "Hillside Strangler" favori : je penche pour celui des Child Molesters (les fans de Captain Beefheart doivent mettre l'oreille sur leur Legendary Brown Album).

     Dans sa forme originale, ce disque comprenait des titres qui ont disparu lorsque ce bootleg a été lui-même piraté (les Beastie Boys étaient sans doute trop chauds question copyright, mais je n'explique pas l'absence de FU2).

 One, two, three, four !
 Vol 2. Contrairement à ce que disent les notes de pochettes, celui-ci n'atteint pas le niveau du premier. Cela dit, il contient trois véritables pépites qui ont tout ce qu'un morceau punk doit avoir (énergie, humour et provocation, soit EHP) : "Bummer Bitch (Suck My Dick)" de Freestone, "I Hate Tourists" de The Freeze et "Dead Rock & Rollers" de Detention redonnent le goût de vivre. La majorité des titres sont très bons et variés ; Chain Gang préfigure les Gories, les Rude Kids montrent la voie "stoogeo/aimecifaïvienne" aux Hellacopters, les Nervous Eaters créent un pseudo-classique rigolo mais un poil surestimé ("Just Head", repris entre autres par Teengenerate et les Vikings) et les Chiefs "vitaminent" leur power-pop. Le reste, sans être du remplissage, n'a rien de renversant. "Communist Radio" de The Eat est surtout desservi par le son pourri de la prise live. De même "Horizontal Action" des Australiens de Psycho Surgeons aurait gagné à avoir la voix mieux mixée. Cela dit, vu le prix de ces 45t sur le marché, c'est agréable de pouvoir en profiter à un tarif raisonnable.

 One, two, three, four !
 Vol 3. Les Eat sont de retour mais avec deux extraits de leur second 45t bien mieux enregistré. Deux bons rockers, mais "Nut Cop", qui figure sur le même EP et qui a été repris par les Splash 4, aurait été un choix encore plus judicieux. Parmi les titres qui sortent du lot, on trouve trois pépites des Queers. C'est amusant de lire les notes de pochettes un peu datées qui les décrivent comme un groupuscule ultra obscur. Je ne suis pas très fan de ce qu'ils sont devenus par la suite, mais leurs débuts, entre Ramones (déjà) et Angry Samoans, méritent qu'on s'y attarde. Il existe un cd de cette période sur Lookout Rds (A Day Late & A Dollar Short) et vous feriez bien de vous le procurer. Plus obscurs, mais tout aussi excitants, "This Generation Is On Vacation" de Shock, "I Was There At The Texas Chainsaw Massacre" d'Ambient Noise et "N.Y. Ripper" des Violators suivent tous la formule EHP. Ils ont en plus, et ce n'est pas pour me déplaire, une dose plus ou moins forte de power-pop en leur noyau. Il ne faut pas non plus oublier les légendaires Lewd de Seattle (très Detroit je vous conseille leur double LP sur Demolition Derby), Ebenezer & the Bludgeons (plus rock-punk, mais quelle basse !) et les fans des TV Personnalities/Swell Maps devraient apprécier les Screamin Mee-Mees. Le reste se tient bien aussi et 84 Flesh vient rappeler à nouveau que la France avait une bonne scène punk avant que le mouvement "Alternatif/Chaos En France" ne viennent ruiner tout ça. Le seul autre groupe non-US est danois. Mention spéciale au psychedelic punk du John Berenzy Group, même si je ne trouve pas leur morceau terrible, il regorge de bonnes idées qui compensent la maigre base.

 One, two, three, four !
 Vol 4. Encore quelques titres vraiment jouissifs. Les Filth néerlandais vous le dirons mieux que moi : "Dont Hide Your Hate". Un classique à la Lurkers/Heartbreakers. C'est du côté Mod du riff de "Cant Explain" (Who) que vous trouverez Kaos et leur "Alcoholiday" repris par chez nous par les Splash 4 (encore !) et Weak. Et "Get Your Woofing Dog Off Me" des Jerks et son clin d'œil aux Stooges sera notre EHP du jour (il y a un cd entier de cet excellent groupe anglais qui circule). Un peu moins bon, mais tout autant EHP sont les Rotters : faisant suite à leur classique "Sit On My Face Stevie Nicks" (membre de Fleetwood Mac pour ceux qui l'ignoreraient), voici leur second 45t dans son intégralité. Les fans des Dead Boys apprécieront aussi l'intégralité du premier EP des Zero Boys. Et n'oublions pas les Subhumans (plus power-pop/new wave que sur leurs classiques "Fuck You" et "Slave To My Dick"), les frénétiques Victims (dont certains membres formèrent les très surestimés Hoodoo Gurus) et la reprise hardcore mais hilarante du "I Think I Love You" de Partridge Family par Ism. Sur le lot, il y a tout de même deux titres très faibles ; l'un par Heart Attack (New York hardcore) et l'autre par les Suédois de Brülbajz (bourrin). Certains pourront crier au génie en entendant le "Fuck & Suck" des Mad Virgins belges, mais je le trouve trop bordélique (super break cela dit).

 N.B. : ce quatrième opus marque la fin de la série originale pondue par un Suédois expatrié aux USA. Les suivants sont l'œuvre de divers bipèdes généralement non identifiés et qui ne sont parfois que derrière un seul volume ou deux. C'est une véritable franchise du bootleg mais pas une garantie de qualité !

 One, two, three, four !
 Vol 5. La série s'internationalise un peu plus avec cette fois-ci, en plus des habituels groupes US, des gangs made in UK, Japon, Suisse, Belgique, Hollande et Canada. La qualité générale chute un peu, mais il nous reste quelques perles. D'abord Black Easter qui, même s'ils sonnent un peu comme Exploited, balance un titre aussi noir qu'accrocheur. Ils sont suivis par les Californiens Nubs et leur hilarant "Job". Leurs compatriotes X-Terminators et les Anonymous de Seattle font dans l'électro-punk : comme quoi, le problème n'est pas (comme on l'a longtemps cru) dans le synthé, mais dans celui qui l'utilise. Toujours en Californie, les Maggots appellent au lynchage de Tammy Wynette ; j'en appelle à celui de Michael Bolton. Difficile doublier les Kids, mais leurs indispensables deux premiers LPs ayant été réédités, la présence ici de "No Monarchy" n'a rien d'unique. Idem pour Hubble Bubble (starring Plastic Bertrand à la batterie) car les deux titres viennent du LP moins vital mais plutôt chouette, qui a d'ailleurs aussi été "bootlègué". Mais la pièce maîtresse du lot est pour moi le "Nazi School" de Cracked Actor (total EHP !!!). Les nazis ont inspirés un certain nombre d'hilarants morceaux punks qui ne sont pas toujours très politiquement corrects ("Belsen Was A Gas" des Pistols, "For Adolfs Only" des Valves, "They Saved Hitler's Brain" des Unnatural Axe), mais comme disait mon philosophe favori, on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. Le reste va du "pas mal" (Dieter Meier, Riot 303, Stiphnoyds) au "bourrin" (RPA, Stalin, Molls) en passant par le pénible (Teddy & the Frat Girls). Une bonne moyenne tout de même.
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Laurent Bigot
 
digitfanzinearchives@gmail.com

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