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Dig It! # 24
The ONYAS    Interview
Rocket From The Crypt    Interview
Adam West Tour Report    par Manny Montana   
 
 THE ONYAS
 
    Poilants, les ONYAS... Du genre à se proclamer les maîtres du punk, tout en reconnaissant avec lucidité la médiocrité (pour être poli) de certains de leurs morceaux. Formé en 1991 par trois teenagers de Brisbane, le groupe s’est depuis appliqué à passer pour le pire ramassis de cancres sexistes, branleurs et alcooliques de toute la scène punk australienne. Avec bien sûr des pseudos menaçants (Mad Mack, Stanners et Jaws), des morceaux punks souvent bourrins, toujours vindicatifs, et plus surprenant, un guitariste adepte des envolées incontrôlées et des solos derrière le dos.
 Après quelques 45t aux pochettes gratinées, des tonnes de concerts invariablement bordéliques et deux albums inégaux, les ONYAS ont fêté leur décennie de punk’n’roll avec un grand disque, Heterospective, déjà vanté dans notre dernier numéro, où leur punk mal peigné prenait une toute autre ampleur. Dans le même temps, le bassiste Rich prenait les rênes de Dropkick Rds, nouveau label aux premières sorties alléchantes. De quoi les prendre enfin au sérieux et leur tirer les vers du nez, d’où ce petit entretien avec  Stanners, alias Rigid, alias Rich - celui qui ne prend jamais la peine de changer ses cordes quand elles pètent en plein concert (ce qui apparemment lui arrive souvent).

 Dig It ! : 10 ans avec les ONYAS : comment vois-tu l’évolution du groupe, s’il y en a eu une ?
 Rich : La seule réelle évolution, c’est qu’on est progressivement devenus plus rapides, puissants et tendus après avoir beaucoup répété et acheté de plus gros amplis. Certains morceaux sont devenus un poil plus complexes mais on en a aussi fait des plus simples à la fin qu’à nos débuts.

 D.I : Quels sont les grands moments et les points noirs de ta carrière rock’n’roll ?
 R. : Les meilleurs moments furent les tournées sur d’autres continents - je ne peux pas être plus précis parce que c’est un plaisir dingue pendant deux mois d’affilée ! Les points noirs pour moi sont les deux fois où je me suis démantibulé les genoux sur scène. J’ai de l’arthrite maintenant, au genou droit, et ça fait MAL !!! Mais cela dit c’est arrivé alors que j’étais tellement bourré que je pouvais pas tenir debout ou même jouer, et les gens ont dit que c’était notre meilleur show.

 D.I : Vous avez la réputation d’être totalement sauvages et chaotiques sur scène. C’est l’alcool ? Les drogues ? L’attitude punk ? Tout à la fois ?
 R. : Tout ça à la fois, mais c'est surtout que j’aime me bourrer la gueule, c’est aussi simple que ça. Je me torche la gueule qu’on joue un concert ou non. J’adore la plupart des drogues une fois de temps en temps mais j’aime la gnôle tout le temps.Et on n'utilise jamais de set-lists parce qu’on veut que ce soit plus spontané. Mes concerts préférés sont ceux où on n’a plus vraiment le contrôle, c’est comme un train emballé et c’est le meilleur feeling qui soit.

 D.I : Est-ce que Jaws avait vraiment quatorze ans quand vous avez commencé le groupe ?
 R. : Yeah. C’est mon frère cadet, il était au lycée et on devait le tirer de là discrètement pour aller jouer des concerts l’après-midi pour les chômeurs, “Rock Against Work”. Mack et moi on avait dix-huit ans.

 D.I : Qu’est-ce que vos parents pensaient de tout ça ?
 R. : Ils adoraient...

 D.I : Vous vous inspiriez de qui à l’époque ?
 R. : Le rock’n’roll australien comme Bored!, Hard-Ons et les Cosmic Psychos, les groupes du revival Mod britannique comme The Jam, Chords, Merton Parkas et Purple Hearts, le vieux hardcore US comme Negative Approach et Poison Idea.

 D.I : Oui, on était surpris par la reprise des Chords sur Get Shitfaced... Pas une influence évidente. Et tu penses quoi de l’évolution de la scène australienne ces dix dernières années ?
 R. : Ça a empiré. Quand on descendait de Brisbane pour aller voir des groupes de Melbourne au début des années 90, on tombait sur des grands comme Bored!, Powder Monkeys, Poppin’ Mommas ou Hoss, mais il y avait aussi des TONNES de groupe grungey merdiques qui se prenaient pour des grands groupes de rock’n’roll mais sonnaient comme de la merde. Maintenant il n’y a qu’une poignée de gangs qui font notre genre de punk & rock’n’roll, aucun n’est réellement bon, et le reste fait du "stoner". Je ne vois pas grand chose que j’aime maintenant dans ce genre de trucs, mais je vais voir Spencer P. Jones chaque fois que je le peux. The Sailors sont mon groupe australien préféré... L'un d’entre eux vit à Taïwan !

 D.I : Que devient Spencer P. Jones (héros du rock’n’roll australien, des Johnnys aux Beasts Of Bourbon)?
 R. : Il a eu ce groupe composé de dix membres, The Last Gap, pendant quelques années et c’était incroyable - trois guita-res, deux orgues, trois cuivres, basse et batterie. Parfois ils jouaient en quatuor appelé Cow Penalty, et c’est plus ou moins ce qu’il fait maintenant, The Last Gap ne joue plus. C’est dommage parce qu’ils étaient vraiment ahurissants, un ENOOOORME mur du son ! Spencer vient de tourner aux Etats-Unis et s’est dégotté des musiciens yankees pour l’accompagner sur quatre dates, dont Billy Ficca de Television. Je ne l’ai pas vu depuis son retour.

 D.I : Et les Shutdown 66/Breadmakers ? Vous avez une scène garage assez active apparemment ?
 R. : Les Shutdown jouent assez souvent. Les Breadmakers se sont tout juste remis à jouer - c’est basiquement le même line-up donc il s’agit juste de savoir quelle épouse va laisser sortir son mari ce jour-là ! Il y a un paquet de groupes garage dans le coin, The Mystaken, Hands Of Time, Hunchbacks, Busy Men, etc... Mais c’est une scène incestueuse.

 D.I : Qu’est-ce que tu as pensé du come-back des New Christ et des rumeurs de reformation de Radio Birdman ?
 R. : Je n’ai pas vu la reformation des New Christs - je ne les ai vus qu’une fois, en 89 en première partie des Ramones. J’ai vu la reformation des Birdman en 96 et je les ai trouvés fantastiques. Les New Christs se sont séparés à nouveau, j’ai entendu dire, et juste après avoir enregistré un nouvel album. Je me fous de savoir si ce sont des reformations ou pas, bien sûr ils ne seront pas aussi bons qu’avant mais je préférerais voir des versions merdiques de ces groupes plutôt que rien du tout. Au moins tu te fends la gueule !

 D.I : Votre premier album est sorti sur le label espagnol Munster, comment s’est fait le contact ?
 R. : On était signé sur Au-Go-Go, Bruce qui s’occupe de Au-Go-Go était un bon pote de Iñigo & Francesco à Munster et ils ont aimé l’album. Après notre première tournée espagnole ils ont décidé de le sortir sous licence en Europe.

 D.I : Votre second guitariste Randy Longbar est resté là-bas c’est ça ? Il me semble qu’il joue avec un groupe espagnol...
 R. : Non, Randy était dans les ONYAS au tout début, de mi-92 à la fin de 94. Il a joué sur notre premier album, le split avec Big Bongin’ Baby, et sur quelques enregistrements restés inédits (la première version de “Beer Gut”, “London Paris Bracken Ridge” etc...). Il est parti pour étudier la psychologie à Geelong. Le guitariste espagnol était Joey Hellhound de Los Perros à Valence. Après notre première virée espagnole il est venu nous rendre visite en Australie pendant trois mois, et a commencé à jouer de la guitare rythmique. Il a fait une tournée avec The Melvins, Cosmic Psychos et nous en Australie, puis il est venu avec nous et les Psychos en Europe et est resté en Espagne. Il a vécu à Londres pendant un temps et il a joué avec les Sidekicks, il joue de la guitare sur leur 25cm Butt Candy. C’est un fou furieux total.

 D.I : Le morceau “Nightrider” est un tribute au film Mad Max. Vous connaissez d’autres titres inspirés de Mad Max (comme le “Fuel Injected Suicide Machine” des Demonics) ?
 R. : The Beguiled en ont un appelé “Night-rider’s Theme” mais je ne sais pas si c’est à propos de Mad Max.

 D.I : Vous vous identifiez plutôt aux affreux motards ou à Max le vengeur ?
 R. : Les deux !

 D.I : D’autres films australiens, bouquins ou autres à recommander ?
 R. : Il y a beaucoup de grands films : Don’s Party, The Adventures Of Barry McKenzie, Puberty Blues, Bad Boy Bubby, The Cars That Ate Paris, Romper Stomper, The Chant Of Jimmy Blacksmith, The FJ Holden, The Last Of The Kucklemen, Turkey Shoot ...heaps !! Vous devriez essayer de lire Stranded par Clinton Walker (une histoire de la musique australienne depuis le punk-rock), la biographie de Stevie Wright, Sorry (totalement virulent !) (des charts à la drogue, grandeur et décadence de Little Stevie Wright, chanteur des Easybeats -nda-), la biographie de Bon Scott, un nouveau bouquin appelé Blunt à propos de la scène musicale expérimentale à Sydney dans les 80’s (Lubricated Goat, Black Eye Records etc.), n’importe quoi de David Williamson (le plus célèbre des auteurs dramatiques australiens -nda-), ou un fanzine incroyable de Melbourne du début des 90’s du nom de Shitfeast.

 D.I : On n’a jamais entendu votre deuxième album, Six!. Qu’est ce que tu peux nous en dire pour nous donner envie de le dénicher ?
 R. : Il a un son incroyable ! On l’a enregistré à Utrecht, Pays-Bas, entièrement live en cinq jours. On venait de tourner pendant un mois donc on connaissait les morceaux à fond et c’est beaucoup plus rapide et plus puissant que les deux autres disques. Douze morceaux en dix-huit minutes. Avec du recul je pense que certains titres sont sacrément merdiques, mais il y en a des bons et on sonne MECHANT !

 D.I : Pourquoi vous avez décidé de réenregistrer certains de vos 45t pour le troisième, Heterospective ?
 R. : Deux raisons : 1) Tous ces morceaux étaient uniquement sortis en 45t sur des labels étrangers et ils étaient très chers en Australie, et épuisés de toute façon. Tout le monde avait entendu ces morceaux live mais la plupart des gens à nos concerts en Australie n’avaient pas les disques. Ils avaient les CDs et on ne joue pas souvent ces morceaux live donc on a fait un disque avec tous les titres qu’on jouait sur scène. Certains des morceaux sur nos 45t sont nuls et on ne les a pas joués live depuis 94 au moins. On a juste enregistré nos favoris. 2) Parce qu’on voulait faire une tournée et qu’on n’avait pas une seule nouvelle chanson, et on avait besoin d’un nouvel album pour partir. On est un groupe de fainéants...

 D.I : Le son du disque est impressionnant. Comment a-t-il été enregistré ?
 R : On vivait dans un entrepôt appelé “Doletown” parce que tout ceux qui vivaient là étaient “on the dole” (au chômage). Il y avait une immense pièce à l’arrière. Un pote avait un magnéto huit-pistes et on a passé un week-end à jouer les morceaux, puis à enregistrer les vocaux. Six mois plus tard je l’ai mixé dans un vrai studio. Il sonne bien parce que la pièce était tellement grande qu’on pouvait monter les amplis à FOND !

 D.I : Vous avez joué avec les Pistols et Zeke, tourné avec les New Bomb Turks et les Cosmic Psychos. De bons souvenirs ?
 R : C’était génial de jouer avec les Sex Pistols mais on ne les a pas rencontrés ni quoi que ce soit. Il y avait un sacré barrage de l’industrie, et ils étaient tous flippés. Les mecs de la sono étaient des trous du cul, on a joué comme des porcs, mais on a pu jouer avec les Pistols ! Les tournées avec les New Bomb Turks étaient super fun, en Scandinavie et en Australie. On a joué au foot contre eux au Danemark, c’était vraiment juste mais ils nous ont battus, après on les a massacrés au bowling à Adélaïde. Un grand moment avec les Psychos a été le festival Novi Rock à Ljubliana en 98, c’était juste incroyable d’être là. Les Zeke sont bizarres, on a dû se retirer de la tournée parce que John était malade, mais on a joué avec eux à Melbourne. Je ne pense pas qu’ils se soient beaucoup amusés en Australie, ils étaient crevés d’avoir tourné si longtemps et on devait conduire douze heures d’affilée après les concerts. Mais je les ai vus onze fois et ils étaient torrides à chaque fois.

 D.I : Quelles sont les conditions de tournée en Australie ?
 R. : Tu peux jouer une poignée de bons concerts à Melbourne, un ou deux à Brisbane et à Adélaïde et à peu près la même chose à Sydney. Sydney est définitivement la pire des villes de la côte Est pour les groupes live, c’est totalement envahi de pubs pleins de “poker machines”. C’est pas mal arrivé sur Melbourne aussi, mais Sydney est hors de contrôle. Bien que ça se soit amélioré ces derniers temps, c’est toujours rien par rapport à ce que c’était il y a quinze ans.

 D.I : Un mot de la France ?
 R. : Bordeaux rules, j’adore jouer au Jimmy. Montpellier aussi était super, j’ai passé toute l’après-midi à mater les filles et je pourrais faire ça des années durant là-bas !

 D.I : Comment a démarré le label Dropkick Records ?
 R. : Bruce a quitté Au-Go-Go et bossait pour une major ici mais il voulait lancer un label punk rock pour sortir des disques des ONYAS, Cosmic Psychos et des bons groupes en tournée. Il a été monté pour sortir le LP/CD The Big Combo des New Bomb Turks pour leur tournée australienne de 99. Juste après, les ONYAS ont bougé sur Melbourne et j’avais besoin d’un job. Bruce a dit que je pouvais tenir le label si j'étais capable de trouver de bons disques à sortir, donc je me suis associé avec mon pote Luke (un booker ici à Melbourne) pour organiser la tournée de Zeke et le LP/CD True Crime. Après ça est venu l’album des Onyas et la tournée US, et le reste a explosé plus vite que ce que je peux maîtriser.

 D.I : Quelles sont vos relations exactes avec Corduroy ?
 R : Corduroy est une usine de pressage, un label et une compagnie de distribution. Je suis employé par Corduroy pour aider à la distribution, j’ai toujours voulu presser des disques mais jusqu’à présent je n’ai pressé qu’un seul 45t ! Ils n’oseraient pas me laisser faire quoi que ce soit dans l’usine, je suis un mongolien total ! Donc Corduroy Vinyl presse les disques Dropkick, je les achète à Corduroy Vinyl, et je les revends à Corduroy Distribution. Simple huh !
[...]

 D.I : Les projets du groupe et du label ?
 R. : Les ONYAS sont tranquilles pour l’instant parce que John est reparti vivre à Bribane et faire prof de natation pour l’été. On reviendra l’an prochain. Jaws joue de temps en temps de la guitare avec Mustang. J’ai répété avec un groupe appelé Well Hung Jury mais on n’a fait aucun concert. C’est plus noise et bizarre. Je concentre tous mes efforts sur le label maintenant. La prochaine sortie est le CD/LP The (Fucken) Leftovers Hate You des Leftovers et une réédition de leur 45t “Cigarettes And Alcohol”. Ça va être génial de voir enfin ce truc réédité. Le 45t est un de mes préférés de la fin des années 70 en Australie - vraiment hargneux avec un son teigneux. Le concert est aussi dingue, c’est un bordel total ! Après ça j’aurai un LP/CD des Monkeywrench à sortir en exclusivité quand ils tourneront ici, et avec un peu de chance on fera une série de trois 33 tours pour The Hard Feelings où ils font de vieilles reprises de country et de blues. The Sailors ont enregistré la plus grande partie de leur nouvel album. (voir chronique dans Through The Grapevine -nda-)

 D.I : Au fait dis-nous le sens caché de votre nom, ONYAS, pour voir si c’est bien ce à quoi on pense...
 R. : Ca vient de “good on ya !”, ce que tu dis quand quelqu’un fait quelque chose de génial, ou -plus communément- quand on baise. C’est dans ce sens que ça s’applique à nous.

 D.I : C’est bien ça... On ne vous a jamais traité de machos ou de misogynes ?
 R. : Seulement des horribles et grosses lesbiennes.

Sylvain Coulon

http://www.corduroy.com.au/onyas/
Dropkick Rds
38 Advantage Rd, Highett Vic 3190, Australie
www.dropkick.com.au

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 ROCKET FROM THE CRYPT
 
    Quoi ? Déjà fini ? Je n'aurai donc vu du concert de Rocket From The Crypt que quatre morceaux, occupé que j'étais à me crépir les muqueuses ! Pourtant ça avait bien commencé avec "White Belt" enchaîné sur "Born In 69". Mais par la suite, les entre-morceaux se sont fait un peu longs avec un Speedo prêchant un charabia difficilement compréhensible à cette heure tardive. Faut vous dire qu'avant ça on avait eu droit à Motosierra, un gang ramonesque de Barcelone qui se permet quand même de sortir la tronçonneuse ("motosierra" justement dans la langue de Cervantes) en milieu de set ; puis vinrent Vincent Von Reverb y sus Vaqueros Electricos, dans un style assez 70's-glam sans paillettes mais tout en grande classe (il reprennent "Smoking in the Boys Room" des Brownsville Station) et enfin Señor No, la frange basque de l'internationale heavy-punk. Et tout ça gratos, dans un parc de Santa Colomma, un faubourg de Barcelone.

 Une honte sournoise me fait rougir les pommettes et je suis bien décidé maintenant à ne pas louper l'interview que j'ai promise au staff directorial de Dig It ! Je vais brancher le tour-manager : "Heu... Tu crois qu'on pourrait avoir un entretien avec Speedo ?". "Hmm... Non, là je pense que ça va pas être possible... Il est tard et les gars sont fatigués...". Damned, j'y crois pas ! Qu'est-ce qu'il s'imagine ? Que je me suis tapé les quatre cents bornes qui séparent Toulouse de Barcelone uniquement pour vérifier que Rock & Roll rime toujours avec sex and drugs ? (accessoirement la réponse est oui...) M'enfin ! Faut bien que je ramène deux ou trois scoops pour justifier les frais de mission ! Pas refroidi pour un kopeck, je me faufile sur la scène (faut dire que c'est plutôt facile vu que Barnaby, bassiste de Sin City 6 et organisateur de la soirée m'a fourni un pass en début de soirée) où j'ai remarqué que le chanteur des Rocket faisait son debriefing d'après-concert. Deux minutes plus tard il nous entraîne dans les loges prêt à subir l'assaut décousu de nos questions qui ne le furent pas moins. Ouais, faut dire qu'on est deux interviewers et qu'on a chacun préparé un truc... Bon c'est pas grave on déchire le script et on se la joue free-style. Je commence par lui demander ce qu'ils ont écouté sur la route aujourd'hui...

 Speedo : Oh, on écoute de tout sur la route. Du reggae, du hip-hop, du jazz, du rock & roll, de la soul, du punk, du rythm & blues... Aujourd'hui en venant de Genève on a écouté les Maytals, Hugh Masekela(1), la réédition de Radio Birdman sur Sub Pop, et aussi les Wipers, Crime... Certains avaient leur baladeur sur les oreilles et je ne sais pas du tout ce qu'ils écoutaient !

 D.I : Et les jours de gueule de bois ?
 S : Gueule de bois ?

 D.I : Ouais. T'as jamais la gueule de bois ?
 S : Jamais en tournée. Je sais que je suis là pour jouer, pour donner le meilleur de moi-même et je me focalise sur cette idée. Mais sinon c'est vrai, j'aime bien cette sensation de "gueule de bois". Beaucoup de gens détestent ça parce qu'ils se sentent vraiment en dehors de leurs pompes, mais j'aime ça... Pas des journées très constructives certes, télé-tarpés-musique...

 D.I : Quel genre de musique ?
 S : Hugh Masekela par exemple. Tu connais ? C'est un trompettiste africain. Il joue toujours... Il a enregistré de supers trucs dans les 60's et 70's. Il joue une sorte de jazz, de soul-jazz avec des influences africaines. Tu connais le morceau des Byrds "So you Wanna be a Rock & Roll Star" ? C'est lui qui joue de la trompette là-dessus. Il était aussi musicien de studio dans les 60's.

 D.I : Visiblement tu aimes beaucoup la musique africaine. J'ai même lu que tu avais une réelle passion pour la musique éthiopienne...
 S : C'est ma musique préférée !

 D.I : Tu as connu ça par l'intermédiaire des fameuses compilations....
 S : ... Ethiopiques ! Ouais. Tu les as écoutées ? C'est quasiment une croisade pour moi de faire connaître cette musique et ces compils... C'est tout simplement la musique la plus puissante que j'aie entendue ces dix dernières années. ET JE SUIS SERIEUX ! Les compilations s'appellent donc Ethiopiques et le label c'est Buda Records. C'est un label français tenu par Francis Falceto. Ils ont sortis neuf volumes jusqu'ici (deux autres sont parus depuis) et tous sont excellents excepté peut-être le volume deux qui est plus "moderne".

 D.I : Comment tu définirais ça ? Du Rythm & Blues déviant ?
 S : C'est de la musique arabe basée sur des accords très différents de ceux du blues... Il y a plus de notes. Imagine ça mélangé avec du James Brown !
 

ROCKET FROM THE TOMB

 D.I : Votre nom serait-il une sorte d'hommage à Rocket From the Tomb, le groupe pré Pere Ubu/Dead Boys ?
 S : Non pas vraiment. Et pour être honnête, je n'avais pas encore écouté RFTT avant de baptiser le groupe. C'est juste la sonorité du nom qui me plaisait... Mais c'est vrai que j'adore les Dead Boys et Pere Ubu... Tu sais au départ tu choisis un nom de groupe stupide et tu ne penses pas qu'un jour tu te retrouveras en Espagne en train d'en discuter la signification. Tu joues dans ta chambre, dans le garage des parents... Si tu es chanceux tu décroches un engagement dans le bar du coin. Alors...

 D.I : Parlons de tes side-bands. Drive Like Jehu par exemple était un groupe assez différent de RFTC...
 S : C'est assez marrant... Tu vois, je ne prétends pas être quelqu'un avec un groupe et une personne différente avec un autre. Je veux juste être moi même et jouer différents styles de musiques. Dans Drive Like Jehu on était quatre et ça sonnait d'une certaine façon. Dans Rocket From the Crypt on est six et ça sonne différemment... Mais c'est le même processus. PERSONNES DIFFERENTES, SON DIFFERENT ! J'ai souvent entendu "oh, ça n'a rien à voir !". Pour moi c'est toujours deux guitares, des cris, des cordes désaccordées et un batteur qui cogne comme un taré... Je comprends que ça puisse paraître différent, mais si tu t'attaches plus aux similitudes tu verras que ça ne l'est pas tant que ça... Et puis avec Drive Like Jehu je n'étais que guitariste et compositeur. Enfin, pour la musique, pas les textes.
 

SUR LA TOMBE D'ELVIS...

 D.I : Vous avez enregistré votre dernier album (Group Sound) à Memphis...
 S : En partie... En fait on a enregistré dans quatre studios différents dont deux à L.A. On est même revenu au studio où on avait enregistré notre premier disque.

 D.I : Et c’était comment Memphis ?
 S : ENORME ! Tu sais, Elvis Presley, Stax... Et puis tout ce qu'on peut relier à cette ville : les barbecues, la naissance du Rock & Roll, le Blues, la Soul, le R'n'B... Toutes ces musiques qu'on adore. C'est comme une bible ouverte ! Quand on est parti là-bas on a voulu faire comme nos idoles, manger des barbecues trois fois par jour et tout ça.

 D.I : Et Jim Dickinson ?
 S : Il jouait déjà sur notre album précédent. Tu sais c'est une légende du rock & roll... Et c'est incroyable de tout partager avec un mec comme ça, qui a joué avec Bob Dylan, les Stones, qui était musicien de sessions pour Stax...

 D.I : Et qui plus tard a soutenu activement la scène garage...
 S : Ouais ! Les Flat Duo Jets...

 D.I : Tav Falco, Chilton...
 S : C'était super de jouer avec lui... il a presque soixante ans, il a vécu toute l'aventure du rock & roll et... malgré l'écart de génération, il comprend mieux notre son que certains de mes potes ! Il m'a tué une fois en découvrant que j'avais chipé un bout de morceau à un groupe sacrément obscur. C'est une véritable encyclopédie vivante. Et il est vraiment BON. Je veux dire, il est tout en feeling... Et le punk-rock c'est pareil ; uniquement du feeling. Ça ne tient pas au nombre de notes que tu peux jouer ou à tes capacités d'instrumentiste. C'est de la Soul-music ! Un langage universel... Tu sais, je ne lis pas la musique et je me demandais s'il fallait que j'écrive des partitions pour Jim. Il est rentré dans le studio et m'a dit, "Ça ne sert à rien, j'pourrais pas les lire non plus !". SUPER !

 D.I : Il existe d'autres formes de communication...
 S : Exactement. Juste ce que tu ressens et ce que tu veux transmettre... Memphis c'était vraiment l'éclate. On a enregistré les vocaux de "Ghost Shark" (le morceau sur lequel joue Jim Dickinson) à Graceland sur un studio mobile. Un des trucs les plus hallucinants qui me soient arrivé ! Le cousin d'un de nos potes est gardien à Graceland et il nous a dit qu'on pouvait venir enregistrer, la nuit, mais uniquement dans le jardin. Il nous a conseillé la piscine parce que c'est près du coin où sont enterrés Elvis, son père, sa mère et son jumeau...

 D.I : Y'a les tombes !
 S : Ouaih mec ! Et j'ai enregistré les voix debout sur la tombe d'Elvis !

 D.I : Naaaaannnnn !
 S : Si, vraiment. C'était super cool ! Mais  de toutes façons, je crois que quand tu vieillis, les seuls trucs qu'il te restent à faire, c'est les trucs les plus bizarres.
 
 D.I : Justement, tu la trouves où ta motivation après tant d’années dans le business ?
 S : Hum ! Je me sens un peu comme un étranger sur cette planète. Je vois des films que je déteste, je lis des bouquins, des best-sellers, que je déteste, j'allume la télé et la plupart des trucs que je vois, je déteste... Il y a tellement de haine et de négatif en moi que je me sens un peu "seul au monde". Et puis je vais jouer de la musique et tout de suite je vais me faire des amis... C'est comme si la musique que nous jouons faisait venir les gens qui pensent comme nous... Dans l'idéal, je voudrais que les gens dansent... et prennent leur pied. C'est pas toujours facile, surtout quand tu joues en extérieur.
 
 D.I : Pas de problèmes ce soir, ça l'a fait... Tu parlais il y a une seconde de ton côté négatif, tes textes ne le laissent pas vraiment transparaître...
 S : Non, qui veut entendre de perpétuelles complaintes ? Je déteste ça. Je déteste ça plus que toute autre chose. C'est facile de dire "ça pue !", c'est bien plus dur de changer les choses ! Je sais que ça à l'air un peu idéaliste, comme un discours de politicien ou de curé, mais c'est vraiment ce que je pense profondément. Je veux changer les choses, au moins un petit peu.

 D.I : Et chacun sa façon de penser...
 S : Oui. Sois d'abord toi-même et après sois punk, rocker ou n'importe quoi d'autre. Mais sois toi-même !

 D.I : Tu disais que tu n'aimais pas la télé, la radio...
 S : Je ne déteste pas la télé globalement, mais la plupart des programmes, c'est vrai.

 D.I : Comme MTV ?
 S : Je vais te répondre tout de suite. S'ils jouent ma musique, ils sont cools. Sinon, qu'ils aillent se faire mettre ! Et c'est le cas le plus fréquent ! A la maison, je ne regarde pas beaucoup MTV. Je pense que le programme européen est assez différent de celui des Etats-Unis. Là-bas, ils ne passent pratiquement plus de musique. Ce sont uniquement des shows stupides, des jeux, des reality-shows... Ils diffusent jusqu'à trois reality-shows différents. Des programmes pour étudiants attardés à la con ! Et quand ils passent des clips, c'est l'équivalent de ces programmes. MTV était plutôt cool au début. T'allumais la télé et t'avais des vidéos de Clash, Madness, etc...

 D.I : Tu vis de ta musique ?
 S : J’ai un boulot à côté. Je m'occupe de Swami Rds et je produis des disques. Ma femme m'aide là-dedans.

 D.I : C'est quelque chose qui te tient à coeur j'ai l'impression...
 S : Ouais ! Je voudrais en faire plus mais je suis tellement occupé à tourner avec les Rocket... Enfin je joue quand même dans deux autres groupes actuellement, au cas où je m'ennuierais !

 D.I : En ce moment ce sont les Sultans et les Hot Snakes (avec Jason Kourkounis de Delta 72). Encore une fois des approches assez différentes...
 S : Et encore une fois je vais te dire que pas tant que ça. Il faudrait voir les trois groupes ensemble et à ce moment-là tu remarquerais les similitudes. Et puis on a tous la même mentalité. Ce sont mes amis, et j'ai beau avoir des amis différents, on a tous les mêmes centres d'intérêts dans la vie. Bon d'accord... Les Sultans c'est juste du punk-rock basique !

 D.I : Tu fais comment pour écrire tant de morceaux ? Et comment tu décides de les attribuer à tel ou tel groupe ?
 S : Au départ j'écris plutôt pour Rocket From the Crypt et si ça le fait pas avec eux et bien je le propose aux autres. C'est un peu différent avec les Hot Snakes car je me cantonne au rôle de guitariste. Je veux juste faire du bruit ! Et la question d'écrire des morceaux ne se pose pas.
 
 D.I : Du bruit, vraiment ?
 S : Oui du bruit. Du bon bruit !
 

SOCIAL ROCKETISM

 D.I : J'ai lu quelque part qu'on pouvait entrer gratuitement à vos concerts si on avait un tatouage de fusée...
 S : Exactement. Ça veut dire que ce soir tout le monde avait un tatoo puisque c'était gratuit !

 D.I : J'aime bien l'idée...
 S : Moi aussi ! Sauf s'il y en a trop et qu'à la fin du show le promoteur arrive et nous dise, "Bon, y'avait deux cents invités sur la guest-list, il vous reste tous frais déduits, hummmm, nada !"

 D.I : J'ai aussi entendu dire que vous aviez fait une tournée gratuite des States.
 S : Oui. Des concerts gratuits, comme ce soir, ça n'arrive jamais chez nous... Et si par le plus grand des hasards ça a lieu, ce n'est jamais du rock & roll ou du punk, toujours de la "Safe-music".

 D.I : Tu vois des différences entre le public américain et le public européen ?
 S : Pas tant que ça en fait. Et puis d'ailleurs, est-ce que les gens sont vraiment différents ?

 D.I : Je sais par exemple que les publics sont très différents entre l'Espagne et la France.
 S : Vraiment ? On a toujours fait de bons concerts en France.

 D.I : Oui mais c'est différent pour vous. Vous feriez le même show devant n'importe quelle audience.
 S : C'est vrai ! On s'en fout. Si les gens se barrent, on continue quand même.

 D.I : Quels sont les groupes que tu apprécies aujourd'hui et est-ce que tu crois que quelque chose est en train de changer aux States avec les White Stripes, Dirtbombs et toute la scène de Detroit en général ?
 S : Euh ! Je pense sincèrement qu'il y a trop de battage autour des White Stripes. Tout le monde parle d'eux. Mais en même temps, je ne vois pas qui le mérite plus qu'eux. Je veux dire que c'est vraiment un groupe surprenant. Jack à une voix terrible et il écrit de super chansons. Comme tu disais, ils ne font pas un garage-rock étriqué, mais ils piochent un peu dans toute l'histoire de la musique populaire. Leur dernier album est excellent. Ils sont capables de jouer des trucs que tu crois avoir entendu auparavant, des classiques... Pourtant ! Et les Detroit Cobras ! J'adore leur premier album. Chaque fois qu'on fait la fête chez moi, c'est le premier disque qu'on passe. Mais si tu veux vraiment bouger ton cul, rien ne vaudra l'original, Irma Thomas, la "Reine de la Soul" ! Tu peux pas faire mieux que ses disques...
 Mais ta question portait plus sur la scène de Detroit... Hmm... La même chose s'est passée à San Diego. Après Detroit ce sera un autre coin... Parce qu'aujourd’hui les médias sont frénétiques ! En tous cas, ce qui se passe là-bas est amplement mérité. Il y a tellement de bons groupes dans cette ville, les Dirtbombs et Mick Collins... Ça me fait penser à une anecdote quand on enregistrait Scream Dracula Scream, on était sur une major, et on adorait tellement Mick Collins et sa façon de chanter qu'on l'a fait venir en avion de Détroit à L.A., on l'a mis dans un hotel de luxe et tout ça pour deux phrases ! "Qu’est-ce que tu fais avec l'argent des majors ?" Et bien tu fais ce genre de trucs, le disque de tes rêves.
 
 Les lumières s’éteignent sur Santa Colomma. On prend la voiture pour rejoindre le Magic Club où tout le monde doit se retrouver pour une after torride. Je n'y avais pas remis les pieds depuis notre escapade avec les Hellacopters il y a deux ans. Et rien n'a changé. Les posters des Stooges et de Beggars Banquet sont toujours là et les trois dj's se relaient pour enchaîner Question Mark, les Real Kids ou Kiss sur les platines. Plus tard on se finit dans un autre bar de nuit, puis au bar de la plage avant d'atterrir chez un sinistre inconnu, non sans avoir auparavant fait le plein de bibine. Pfff ! 20h, l'heure d'aller enfin au pieu. Ce soir Dr. Explosion et les très soporifiques Ross doivent animer la scène, mais je crois que je vais les louper (et à vrai dire ça me fait pas plus mal que ça !)... Mon rythme cardiaque approche les 180 bpm et malgré mon entraînement de sportif de haut niveau, je sais pas si je vais pouvoir tenir longtemps. Lights out !

 4 heures du mat', je me retrouve comme dans un rêve (un cauchemar...) dans la cave du Magic. Les Dr. Explosion s'allument à coup de vodka-tonic. Ils ont l'air plutôt contents, même s'il paraît que ce soir ils ont assuré le strict minimum. Le bar ferme. Cool, enfin du vrai repos ! On tourne au coin de la rue et on tombe sur un attroupement devant un squatt qui fête sa fermeture : alcool et produits illicites pour une bouchée de pain, la petite troupe qui m'accompagne décide de faire une halte ! Putain on va encore voir le jour se lever...

 Lo’Spider
(avec l’aide d’Aiky)
 up! (Retour en haut!)

ADAM WEST TOUR REPORT
par Manny Montana

     Ce qui suit est un résumé des onze jours que j'ai passés sur la route avec le groupe Adam West pendant leur tournée européenne de septembre et octobre 2001. Il y a eu des moments forts, des périodes de profonde tristesse, de détresse même (les attentats à NYC et Washington -home d'Adam West- sont survenus pendant la tournée) et beaucoup de fun et de déconnades sorties tout droit de Spinal Tap ! Je suis content de compter ces gars-là au nombre de mes amis.
 

 Les acteurs

 Jake Starr : Chanteur, cerveau du fantastique label Fandango Rds et un des mecs les plus sympas du circuit punk-rock. Certainement un des gars les plus amicaux et les plus faciles à vivre avec lesquels j'aie eu le plaisir de travailler. Un garçon jamais avare d'efforts pour faire avancer son groupe dans la bonne direction. Certains pourraient lui reprocher une quelconque "ego-attitude", rien n'est plus faux. C'est un mec qui est là pour le fun de l'aventure. Et il aime son chat "Isis" plus que tout au monde...
 Steve : Bassiste et "rock'n'roll animal". Derrière son apparence "biker/hors-la-loi" se cache un mec presque timide et, si c'est possible, encore plus sympa que Jake. Il adore son chien "Scooter", parfois surnommé "Frankendog". Ce clebs doit avoir le record du monde des points de suture !
 Kevin : Excellent guitariste et apport musical indubitable pour le groupe. Adore parler.
 Ben : Batteur, il remplace Tom Barrick qui n'a pas pû être là cette fois. Grand batteur. Mec tranquille. (Note : Tom Barrick a quitté le groupe depuis pour cause "d'obligations familiales", Ben va sans doute le  remplacer définitivement)
 

Jeudi 6 Sept  : Vera-Groningen/Holland

 J'ai démarré tôt ce matin pour aller récupérer le groupe à l'aéroport de Bruxelles. Je suis encore légèrement décalé parce que je rentre des USA où j'ai traîné deux semaines avec des gens très fréquentables, les Polyplush Cats, Jack Black et bien sûr Adam West. J'ai passé les premiers jours dans la maison de Steve, ce fut la totale, avec fantôme et tout... Sacrée expérience ! Ensuite j'ai logé chez Jake, là où y'a son "Man-land"... Jake dit que tout le monde devrait avoir un "Man-land". C'est une pièce exclusivement réservée à tous les trucs qu'il chérit le plus. Dans son "Man-land", on trouve des tonnes de raretés en vinyle, des affiches, bouquins, jouets, t-shirts, etc... Le paradis du Punk-Rock !
 Retour à Bruxelles, le groupe est déjà au bar (il est 9h !!!) et tout le monde a l'air de bonne humeur. Ils ont quand même eu un peu peur en constatant que leurs guitares manquaient à l'appel. Finalement, après une demi-heure de recherches, ils ont vu passer un mec de la Sabena poussant un chariot sur lequel y'avait leurs grattes. Le gus était tout simplement en train de discuter tranquillement avec des filles sans imaginer qu'il y avait des mecs qui flippaient en cherchant leurs bagages. Et comme une grève venait de démarrer ce jour-là, personne n'était vraiment coopératif. Super ! Bienvenue à Bruxelles, Afrique... Bon, on a enfourné le matos dans le van et démarré direction la Hollande, quatre heures de trajet avec quelques arrêts. Steve en a profité pour attaquer son pack de Leffe brune... C'est la première fois que je mets les pieds au Vera de Groningen. C'est un des clubs les plus connus du circuit, tout le monde a joué là-bas. En arrivant on a longtemps tourné en rond dans le quartier du Vera sans parvenir à trouver la bonne rue pour y accéder. Toutes les rues s'avèrent être réservées aux bus ou aux piétons... Après trente minutes de cruising en rond comme des cons, on a fini par s'engager dans une rue piétonne. Les keufs nous ont arrêtés mais ont été plutôt cool quand on leur a expliqué la situation. On a déchargé rapidement le matos. L'endroit est impressionnant, super sono, belle salle et back-stage fantastique avec de vrais petits appartements (la totale, frigo, télé, quatre douches, balcon, etc...). Ces gens-là savent vraiment recevoir un groupe en tournée.
 Pendant que le groupe se prépare, Jack et moi roulons les tee-shirts du merchandising pour en faire des "fifis". Un "fifi" est un t-shirt roulé comme une serviette qui, une fois aspergé d'eau chaude, procure la même sensation qu'un vagin humide (chapitre 257 du Punk Rock touring Book). Laissez parler votre imagination si vous décidez d'essayer... En fait on roulait les t-shirts pour les classer par taille et les reconnaître d'un coup d'oeil.
 Soundcheck. Je remarque vite que tout le monde est prêt à cracher LE WOCK'N'WOLL. Ils sont impatients de grimper sur scène pour envoyer la sauce sur une prestation solide et classieuse. Après avoir mangé Chinois (excellent !), on se relaxe backstage où le frigo est bien rempli.
 Concert. Le groupe fonce tête baissée dans le set devant environ cent cinquante personnes, plutôt correct si on considère que c'est la première fois qu'ils jouent en Hollande. Ça déboule à fond et le public saute partout. Ils finissent par "Deuce" de Kiss. Impressionnant ! Après le concert on discute avec Evert Nijkamp de Grunnen Rocks, un des sites web les plus complets et interessants de l'univers punk/rock (www.grunnenrocks.nl).
 Steve et moi sortons à la recherche d'un peu de bouffe et on atterrit dans un Pita-bar où on s'envoie des kébabs. Il est une heure du mat' et les rues sont noires de monde. Steve est épaté (et moi donc) du nombre de belles filles au mètre carré. Plus tard on finit dans un Pub toujours ouvert à côté du Vera. C'est un bar heavy-metal, la musique est à donf. Quelques personnes reconnaissent Steve et essaient d'entamer une discussion. On ne comprend pas un mot, les mecs ont l'air bien bourrés. On rentre dormir au Vera, j'ai une chambre rien que pour moi et je m'endors immédiatement. Doux rêves.
 

Vendredi 7 Sept : La Zone-Liège/Belgique

 Après une excellente nuit et un fabuleux petit-déjeuner, le moral est au top et on fonce vers le concert du soir. Je raconte quelques histoires au groupe à propos du club, j'y ai déjà joué plusieurs fois avec les Buckweeds et organisé quelques autres concerts. Ça a toujours été des fiestas qui finissaient au petit matin avec des mecs ivres-morts allongés partout... L'endroit est tenu par des mecs cools qui sont vraiment rock'n'roll. Ils le vivent, le respirent. Ce soir j'ai également rendez-vous avec mes compères des 1's vu qu'on fait plusieurs dates avec Adam West. J'attends avec impatience ce concert de La Zone. Le trajet est un vrai calvaire. Sept heures pour quatre cents kilomètres. On dirait que chaque Hollandais en possession d'au moins deux roues est sur la route aujourd'hui. Et ils vont dans le même sens que nous ! J'adore ! Non !
 On finit par arriver au club en traversant le centre ville et en empruntant sans scrupules les voies des bus et taxis. Je me sens très "touriste". Des gens nous regardent avec désapprobation pendant qu'on fait des manoeuvres à la Starsky et Hutch. Gotta ride on… On est chaleureusement accueilli par les gens du club. C'est un endroit auto-géré tenu par une équipe de bénévoles. Je ne suis pas toujours d'accord avec eux quand on en vient à parler politique (entre autre), mais bon sang, ils s'y connaissent pour ce qui est d'organiser des fiestas rock'n'roll. Et c'est pour ça qu'on est là, génial !
 Harti, le guitariste des 1's, est déjà là. On en profite pour faire le soundcheck sur une version du "Bomber" de Motorhead. Comme notre batteur n'est pas encore arrivé, c'est Ben qui se met aux drums. Ça roule, même si je déteste les soundchecks... C'est à chaque fois la même chose, on fait des réglages pendant une éternité et dès que le concert commence le son est nul de toutes façons... Heureusement qu'ici le son est habituellement excellent. Le concept "loud music" n'a visiblement aucun secret pour eux !
 C'est au tour d'Adam West de faire la balance. Ils ont un son très killer et on est tous excités. C'est le premier concert de la saison ici. La salle devrait être remplie !
 Et effectivement, elle l'est ! Plus de deux cents allumés commencent à s'agiter quand on grimpe sur scène. Ça me fait comme avec les Buckweeds. En plus rapide. En plus dur. En mieux. Le concert déboule comme sur une montagne russe, certains morceaux râpent comme des lampées de Bourbon dans la gorge.   C'est un bon concert et évidemment la scène est vite envahie. On déconne et on se présente. Ce soir Harti s'appelle Michael Schenker, le batteur devient sud-africain et moi je suis le frère diabolique de Bon Jovi. Let There Be ROCK ! On finit par une version monstrueuse de "Bomber". Dish (qui est en partie responsable de notre succès dans cette ville -il fait également les affiches pour Teenage Head Prod-) saute sur scène et chante comme si sa vie en dépendait ! Excellent ! Lemmy aurait aimé ça.
 

Sam 8 Sept : Wild at Heart / Berlin

 On part pour Berlin via Aachen où on achète des cordes, des peaux de batterie et des pédales d'effets. Le voyage se passe bien, à peine gâché par la pluie qui tombe en permanence. Chouette été. J'explique aux autres que le club de ce soir est un des meilleurs d'Allemagne, dirigé par Ulli (de Church of Confidence) et sa femme Léa. L'endroit est superbement (et sauvagement) décoré. Cerise sur le gâteau, ils ont un des plus larges éventails de cocktail du monde occidental ! Je dis SLUURP ! Si vous passez par là, essayez leur "Caïparinhas". Je dis double SLUURPP !
 On arrive vers six heures, après un court détour par le centre ville histoire de faire admirer au groupe le Reichstag et la Porte de Brandebourg. Deux endroits qui méritent le coup d'oeil. Et très proches l'un de l'autre. Parfait.
 Berlin est, autant que je sache, la seule grande ville européenne où on peut se garer sans problèmes. Y'a toujours des places. V'là ma théorie : La plupart des gens qui vivent ici n'ont pas besoin de bagnoles puisque la première grande ville est à au moins quatre cents kilomètres. Et la majorité des touristes débarque en train ou en avion. Du coup il n'y a aucun problème de circulation, contrairement à Paris, Bruxelles, Madrid ou Londres.
 On fait la balance et on part croquer dans une baraque turque à kébabs des environs. La nuit dernière, au club, il y a apparemment eu une fête à tout casser qui a duré jusqu'à une heure de l'après-midi ! Donc les habitués vont arriver tard ce soir... Et les barmen n'ont pas l'air très frais...
 C'est à moment là que David est arrivé. C'est un Ecossais allumé qui met de l'ambiance immédiatement. Je le connais depuis qu'on a dormi chez lui avec American Heartbreak il y a quelques mois. Quand on ne le connaît pas on est surpris, voire effrayé...Il est repoussant, vous parle fort dans le nez et picole comme un trou ! Il vit à Berlin depuis sept ou huit ans, à l'aise comme un poisson dans l'eau.
 Jake flippe quand l'autre se plante sous son nez en commençant à lui parler avec un accent écossais terrifiant qu'il doit lui-même avoir du mal à comprendre. Ha ha, j'adore ça ! Il finit par mollir du débit et s'éloigner, j'en profite pour rassurer Jake, que l'Ecossais est un mec tranquille, que c'est juste une apparence, qu'il est cool, etc... Evidemment Jake n'en croit pas un mot. Peux pas lui en vouloir... David revient et insiste pour qu'on dorme chez lui. Jake me regarde avec horreur quand il comprend que j'accepte ("What's the fuck...?"). Je le rassure une nouvelle fois et lui certifie qu'il sera traité comme un roi. Ce qui est la vérité. Je lui dis que David et sa copine Sabina préparent toujours des petits-déjeûners phénoménaux, parmi les meilleurs du circuit des tournées sans l'ombre d'un doute.
 David m'embarque pour boire une bière dans un pub en bas de la rue. En chemin on croise un pote, Humberto Pereira, un organisateur de concerts qui s'occupe des soirées TeenAge Prod dans la région d'Hanovre, bien qu'il habite à Berlin. Cool ! On va tous au pub et on boit gratos grâce à David qui a l'air de jouir d'une popularité mondiale dans le quartier. Pas le temps de finir ma bière que Ulli, le boss du Wild At Heart, entre dans le bar et me prévient qu'il faut que j'y ailles, qu'il est temps de monter sur scène. Il savait que David m'avait embarqué et n'a pas eu de mal à trouver où... On a speedé vers le club et il a fallut commencer tout de suite. Pas de set-list, rien... Ok, let's rock ! La salle n'est qu'a moitié remplie pour les raisons évoquées plus haut mais des gens arrivent sans arrêt. C'est dur de les faire remuer même si apparemment ils aiment bien. Alors j'ai décidé de faire mon petit cinéma (provoquer le public, ça marche à tous les coups). Je demandais à Harti le guitariste, qui est allemand, de leur traduire. C'était désopilant... De plus en plus de gens arrivaient pendant qu'on finissait le set.
 C'est au tour d'Adam West, ils rentrent dedans immédiatement. Au début le public est un peu en arrière et les réactions sont tièdes. Mais Jake sait manier les foules et réussit à les faire s'approcher et se secouer le fondement. Le concert est excellent et il y a plusieurs rappels. Plus tôt dans la journée, le groupe a reçu les boîtes contenant leur nouveau CD. Ils s'arrachent comme des petits pains. Après quelques sérieuses séances de cocktails et attractions diverses (une bagarre de bar !), on s'arrache vers chez David. On est tous épuisés, pas de problèmes pour s'endormir, même les ronflements de Kevin n'y pourront rien. Il a fait froid cette nuit-là, on n'est encore qu'en septembre mais le thermomètre ne dépasse que rarement les 5° ces jours-ci. Le temps est pourri dans le nord. Je ne m'y ferai jamais.
 

Dim 9 Sept : Backstage Club
(Free and easy Festival) - Munich

 Comme la route est longue jusqu'à Munich on se lève tôt. David et Sabina nous font un p'tit dèj' fantastique comme prévu. On aimerait bien aller traîner dans Berlin, passer au Marché aux Puces et tout ça, mais "the show must go on", alors on prend la route. Il fait encore plus froid qu'hier et il pleut sans arrêt. Démoralisant. Le plan de route est un peu bargeot, mais quand on a la chance de jouer au festival Free and Easy, on n'hésite pas. C'est dimanche et on va passer une bonne soirée. Alors cap en avant... L'année dernière j'ai joué là-bas avec les Buckweeds dans un hall rempli de Bavarois cinglés. Grand souvenir. J'ai hâte d'être à ce soir. La première moitié du trajet se passe en douceur, bien qu'il y ait pas mal de circulation, la TeenAge Head mobile file bon train. On s'arrête au nord de Nuremberg pour casser la graine dans un restau-route et se dérouiller les guibolles. On est tous en forme et on fait les blagues typiques des groupes en tournée... On se met dans la queue pour passer à la caisse. C'est une caissière. Pas mal du tout. Arrive notre tour (Jake et moi). Je remarque que son prénom est marqué sur sa robe. Elle s'appelle Romy. Sans réfléchir (parce que, vous le savez camarades rockers, pendant une tournée il vaut mieux mettre son cerveau en position "off" si on veut arriver au bout...) je lui sors : "Romy ! Why don't you blow me ?". Elle me regarde sans avoir l'air de comprendre... Elle me demande quelque chose en allemand alors je réitère ma suggestion... Cette fois elle pige et sa jolie peau blanche d'Allemande vire immédiatement au rouge-ketchup. A côté de moi Jake est à deux doigts de s'étrangler de rire.
 On continue à faire les cons à table et à hurler de rire à chaque plaisanterie. Au bout d'un moment, les gens des tables voisines commencent à nous regarder d'une drôle de façon. On est cerné par des Allemands en weekend qui pensaient manger tranquillement dans leur restau-route favori et les voilà obligés de supporter une tablée de punks qui pètent les plombs...
 Quelques crampes d'estomacs (les fous-rires) plus tard, on reprend la route, persuadé que ce sera du gateau vu qu'on a déjà fait la moitié du trajet. On se voit déjà dans les loges, cocktails à la main et prêt à faire honneur à un super repas... ERREUR ! Au bout de quelques kilomètres on tombe sur notre premier "Stau" (bouchon). Y'a un accident. On reste bloqué une demi-heure. La circulation s'intensifie. C'est quoi tous ces Allemands sur la route ? Y vont où ? C'est dimanche bordel, ils devraient être devant leurs télés. Damn. Hé bien non, ils sont tous ici. Sur CETTE route... La circulation se fait de plus en plus dense depuis qu'on a passé Nuremberg et on finit par tomber sur des travaux, il n'y a plus que deux voies de circulation. Puis une seule et... ça y est, on est bloqué. Ça n'avance PLUS DU TOUT ! Je déteste ça. On perd une autre demi-heure, puis une heure... Ça devient délirant. Tous ces gens sur la route un dimanche après-midi... N'importe quoi ! Et ne pensez pas que ce soit exceptionnel. C'est TOUJOURS comme ça le dimanche ici. J'ai déjà circulé en Allemagne le dimanche et c'est le même délire à chaque fois. Pas toujours aussi sérieux qu'aujourd'hui soit, mais sacrément chargé quand même. Dammit, où vont-ils ?
 On arrive finalement à Munich vers 19h30. On était parti à 10 h ce matin... Je rate la sortie qui mène au périph' de la ville à cause d'un crétin qui me coupe la route juste quand je dois tourner. Manquait plus que ça. J'ai les boules énormes ! On est obligé de continuer sur cette route qui mène Dieu sait où. Dans la mauvaise direction en tout cas. On roule quelques kilomètres en cherchant un croisement pour faire demi-tour. Y'en a carrément pas ! On finit par prendre une sortie qui nous amène à l'autre bout de la ville. Je suis déjà passé là, mais en venant du sud. Là on arrive du nord. Ça change tout et je n'ai aucune idée d'où on va. Je crois me souvenir que le club n'est pas trop loin de l'Olympic Stadium, on va suivre cette direction... Au bout d'un moment je crois reconnaitre les environs. Y'a une bagnoles de flics garée pas loin. Je décide de demander mon chemin au bras armé de la loi, ils devraient savoir ça. Tu parles... Ils me disent de prendre la deuxième à gauche puis la première à droite et que ce sera là. Très bien ! On fait comme ça et évidemment y'a rien. Le keuf m'a raconté des conneries... On s'arrête à une station-service et on demande à la jolie caissière si elle a un plan de la ville. Elle en a un. Elle nous montre le chemin à suivre. C'est pas très loin, mais dans la direction opposée à celle indiquée par le flic. Ça fait plaisir !
 Bien. On arrive au club vers 20h30. On devait y être à 18h... J'suis passablement énervé après ces dix heures de conduite sous la pluie... Another day at the office ! On décharge le matos et on se dépêche de faire la balance. On n'a pas beaucoup de temps. La sono est énorme mais je n'y prète qu'une attention distraite. Vous savez déjà ce que je pense des sound-checks. Le sonorisateur passe en boucle le groupe belge Deus dans la sono. Qu'est-ce-qui se passe mon gars ? T'as qu'un disque ou quoi ? T'as le droit d'aimer ça mais t'es pas obligé d'infliger cette merde à tout le monde en permanence, surtout quand c'est une soirée punk-rock qui démarre ! A 9 heures la balance est bouclée et on passe à table. Pas le temps de décompresser un peu en trainant dans le club et en bavardant avec tout le monde.
 Et comme je tiens le rôle de chauffeur et tour-manager sur la tournée, faut que je sois au four et au moulin, essayant de règler les détails et les problèmes divers. Avec le groupe de première partie par exemple. Ils n'ont pas apporté leur matos, de toute évidence ils veulent utiliser le nôtre. Ils n'ont visiblement pas tout compris sur les règles et usages des tournées. Le chanteur du groupe (Dogs Of Lust) est sympa mais les autres ont l'air largué.
 Le repas s'achève et on a droit à quelques minutes de relaxation avant le concert. Je vais me choper une bière et, oh, surprise, comme l'année dernière la bière est TIEDE. Les Allemands m'étonneront toujours, ils ne saisissent pas le concept de la BIERE FRAÎCHE ! C'est pourtant facile : ouvrir frigo, prendre bière, mettre bière dans frigo, fermer frigo ! Quatre étapes. Simple non ? On est dans de chouettes backstage, y'a un énorme frigo. En état de marche. Et la bière est à côté du frigo ! Pourquoi ils ne la mettent pas à l'INTERIEUR ? PLEASE ! Et à quoi donc sert le frigo ? Have mercy...
 A part ces petits détails, tout va bien. On a mangé du poulet au curry et on l'a tous regretté rapidement pour une raison évidente... essayez de faire un concert punk-rock après un poulet au curry et on en reparle... Les Dogs Of Lust finissent leur truc et c'est à nous. Avec tout ça on n'a pas eu le temps d'établir une set-list. On balance le premier morceau. J'entends rien... Aucun de mes retours ne marche, mais honnêtement j'm'en fous. Pas envie de demander dix mille fois au sonorisateur de monter les niveaux. Alors je joue avec juste la guitare et un peu de batterie dans les retours (Manny est bassiste/chanteur -note du trad-). Je me sens épuisé et j'ai du mal à passer la vitesse supérieure. Harti joue comme un tueur et il envoie sacrément ! DY tape sur ses fûts comme un cinglé... Moi j'ai du mal à me concentrer sur le concert, et même aujourd'hui, un mois après le show, je ne me souviens pas de grand chose.
 Après le concert je vais m'asseoir derrière la table du merchandising et je vends quelques trucs. Dommage qu'on n'ait pas encore de disques des 1's à proposer, ils sortiront seulement dans quelques mois... Mais on doit revenir à Munich en janvier 02 et on pourra en vendre quelques-uns cette fois-là. Un mec approche et me pose des questions sur les Buckweeds. Je crois que je n'ai pas été très bavard ce soir-là, les Buckweeds n'étaient pas vraiment au top de mes priorités. La conversation a tourné court. Désolé les gars.
 Je rencontre des potes du coin qui éditent un 'zine (Schenckelklopfer j'crois bien ?). Je suis content de les voir. J'ai finalement réussi à rafraîchir quelques bières (en les mettant moi-même dans le frigo évidemment). Tout le monde, Allemands compris, tape dans le frigo maintenant mais personne ne semble disposer à en remettre au frais... Je retourne au merchandising, la table est située sur une plate-forme au fond du club et on a une vue parfaite sur la scène. De là, j'assiste au show d'Adam West. Taper du pied, lever le coude (avec de la bière bien fraîche...) en regardant Jake et ses compères envoyer la sauce sur une foule de Bavarois... Y'a pire non ? Pour moi ça le fait. Pas pour les quelques Allemands qui traînent devant la table du merch... Un d'entre eux commence à m'emmerder parce que sur nos tee-shirts y'a une étoile qui leur rappelle l'étoile rouge soviétique. De quoi ??? Y'a juste une étoile avec notre nom et c'est marqué "PUNK ROCK" en gros ! C'est un slogan politique ça connard ? Fuck you… Je lui dis de dégager mais il est trop bourré pour comprendre et entame un discours sur le communisme. Je ne comprends rien évidemment. FUCK OFF ! Pour couper court je lui dis que dans mon groupe précédent on avait une croix de fer sur nos tee-shirts et que c'est pas la peine d'essayer de nous coller une quelconque étiquette "politique" à cause de "symboles". Juste un tee-shirt rock'n'roll mon gars. Et rien ne t'oblige à l'acheter. Ils sont là, accrochés au mur, et ceux qui en veulent un peuvent acheter. Pigé ? Non, l'a pas l'air... Pfff... Un autre mec me demande quelque chose et je ne comprends encore rien. Ça dure quelques minutes. Je lui répète constamment que je suis désolé et que je ne pige que dalle parce que mon allemand n'est pas terrible. Finalement un autre de ses potes bourrés s'approche et m'explique que l'autre veut passer dans mon stand de merchandising pour se rouler un pétard. On atteint des sommets. Monsieur souhaite que je lui appelle un taxi pour le ramener à la maison aussi peut-être ? Bon, je lui dis de faire ça rapidement parce que j'ai pas envie qu'ils restent m'emmerder pendant une demi-heure si je dis non. Evidemment il met des heures à rouler... Et évidemment j'ai raté le début du concert. Je fulmine !
 Le son est super ! Enorme. Le groupe pète le feu et les gens adorent. Les mecs bourrés sont sortis de mon film et une fille typée latino (imaginez Jennifer Lopez AVEC des seins !) danse devant moi. J'ai du mal à me concentrer sur mon boulot (vendre les tee-shirts, vous savez...). Elle se déhanche, se retourne et ôte son blouson. Wouah, ça c'est un panorama... C'est génial le rock'n'roll ...
 Mais revenons à nos moutons. La voix de Jake commence à déconner. Quatre concerts d'affilée, le décalage horaire et la météo pourrie ont laissé des traces. Il sonne comme Lemmy avec un cancer de la gorge. Pas bon. Il réussit à finir le concert et n'a pas le moral après ça. On vend encore un peu de merch avec Steve et Jake et on peut enfin se reposer. Je me souviens que l'année dernière il y avait ici un bar (dans une tente) qui servait des cocktails fantastiques. Avec Harti on décide d'aller s'en taper quelques-uns. Je commande des Caïparinhas et ça passe tout seul, haaa yeah ! On se pochetronne doucement et on se sent bien. Tout le stress de la journée s'évapore (je vais passer pour un putain de hippie là...). On bavarde un peu avec l'équipe du club et on s'occupe du business... Jake et moi devons récupérer des CD's promos du festival sur lesquels figurent nos deux groupes. La fille du label dit qu'elle ne sait pas combien elle doit nous en donner et qu'il faut qu'elle appelle son patron ! Il est 1h du mat' et on n'a pas que ça à foutre. Je commence à grogner et je lui demande si par hasard elle ne s'appellerait pas Romy. Là Jake a deviné ce qui allait se passer, il est devenu tout rouge et est intervenu à la vitesse d'un Michael Jordan quittant sa retraite pour revenir sur les parquets. Il a parlé gentiment à la fille et elle lui a filé dix CD's. Bon, on se tire d'ici...
 L'hôtel est agréable. En plein downtown Munich. A la douche et au pieu. Cette journée nous a tué. Je prends une piaule avec Steve et me mets instantanément en mode "hibernation". Rideau. (A suivre, peut-être...)

Manny The One

 
digitfanzinearchives@gmail.com

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