Voilà
près de cinq ans que les Produits Méchants, les Produits Salaces, j'ai
nommé Nasty Product, dopent le marché et distribuent à doses régulières
des galettes amphétaminées propres à rendre dingo tout vinyl addict qui
se respecte. Cinq ans de bruits et de fureur au fond de garages
craspecs, dans un cabanon au milieu du désert ou un bar à pute
australien... Ce qui nous a évidemment donné l’envie... d’avoir envie,
euh, et surtout d’en savoir un peu plus sur le label toulousain (merde
ça fait moins "internationale garage du coup" !) On commence par une
présentation en règle des protagonistes.
Nat’ : Nat’
et Wlad, ensemble depuis dix-sept ans, trois enfants... Moi je m’occupe
plus des pochettes, du “design” et des envois et Wlad répond aux mails
et s’occupe des échanges, etc...
Dig It : Ça vient d’où Nasty Product ?
Wlad : “Nasty
People” c’était le titre d’une chanson de Sex God Missy, un groupe de
Perp’. J’adorais ce morceau et je trouvais que ça sonnait bien.
N : Mauvais Produit ça faisait un truc bien pourri... C’était cool !
W : Et en plus on évitait le plan gnagnagna Records... “Know your product”.
D.I : D’où vous vient, au départ, ce besoin de monter un label ?
W : C’est
une suite logique. Depuis l’âge de 12-13 ans on écoute de la musique.
Après ça, j’ai monté des groupes pour en jouer et enfin un label pour
boucler la boucle... ça fait des années que j’y pensais avec en modèles
tutélaires LGDC Production (Les Gardiens Du Canigou), le label monté au
début des nineties par Lionel des Beach Bitches, et Zombie Dance Rds à
Toulouse avec l’équipe de Dig It ! tous ceux-là s’étaient renseignés
sur les pressages en Tchéquie, etc... En bons psychopathes du disque,
l’idée nous a tout de suite séduits, Marco (Fatals), Eric (Kung-Fu
Escalator / Plutones) et moi. En fait historiquement, c’est Eric qui
m’a attrapé et qui m’a dit “On le fait ? On veut le faire, on le fait
maintenant!”. On a tous mis des thunes sur la table et on a sorti le
Toxic Farmers et le Fatals. Par la suite Eric a quitté le navire. Bien
sûr ça le faisait délirer de sortir les titres sur lesquels il
flashait, mais tous les à-côtés le gavaient un peu. Après les dix
premiers il a lâché l’affaire
D.I : C’est quoi votre histoire personnelle pour en arriver là ?
N : Ben elle rejoint à un moment l’histoire du rock’n’roll à Perpignan.
D.I. : Justement,
Wlad, quand je t’ai connu là-bas tu portais un pantalon
écossais à zips et une crête...
W :
Ouais... Chez moi on n’écoutait pas de musique. Y’avait même pas la
télé. On vivait à la campagne du côté de St Nazaire, le trou du cul du
monde ! Les seuls trucs qu’il m’était donné d’entendre, c’était de la
musique de kermesse. La première approche que j’ai eu avec le rock
c’est grâce à mon oncle qui avait 17 ans (7 ans de plus que moi) et qui
en 1982 revient de Londres. Je suis en complète admiration, ses
fringues, ses disques... Là il me fait quelques compils K7 psycho et
punk, style Life Is A Riot et Blood On The Cats. Six mois après, on va
dans le magasin branché de St Nazaire et j’achète le premier Béru et un
GBH ou un Exploited... Et là, c’est parti ! A cette époque j’aime quand
ça frite, à l’anglaise... Puis à 15-16 ans j’aime les trucs un peu plus
profonds, Dead Kennedys, Black Flag, Germs, Circle Jerks... pour en
arriver vers 17-18 ans à des trucs plus noisy, Amphetamine Reptile,
SST, Sonic Youth. A cet âge, je descends à Perp’ et je tombe sur Lionel
et Guillaume (futurs Beach Bitches) avec qui je suis au bahut.
D.I : Et toi Nat’ ?
N : C’est
un peu le même délire avec quelques différences. Moi, mon père fait de
la clarinette et contrairement à Wlad, on écoute beaucoup de zique à la
maison, les Beatles, les Stones, Coltrane, etc... On baigne dans tout
ça. Et vers 12-13 ans je me mets à écouter les Bérus, La Souris
Déglingué... Et là les parents ne sont plus d’accord, “c’est pas de la
musique, ça !”. Je continue à faire du saxo au conservatoire et par la
suite j’entame mon “retour aux racines”. J’écoute Tom Waits, les
Beatles et les Residents
W : Ouais, c’est la seule personne de Perp’ qui écoute les Residents !
N : Et je
m’aperçois aussi que ce qu’on écoutait
à la maison, c’était pas si mal. Bref... Et
là je rencontre Wlad...
W : Enfin On se rencontre parce que tu loupes ton bac à Paris et que tu décides de descendre à Perpignan...
N : Ouais,
mais en fait on s’était rencontré avant. On avait
volé une caisse ensemble, pour le fun, après avoir bu
quelques coups.
D.I. : Hem, passons... Là Wlad tu joues déjà de la musique ?
W :
En fait j’ai commencé vers 16 ans, en première, quand je rencontre
deux-trois mecs bien chaotiques. On se faisait chier à boire de la
bière sur l’escalier des Beaux-Arts de Perp’ et puis un jour, on décide
de monter un groupe. Evidemment personne ne sait jouer de la musique.
Je choisis la basse, car c’est l’instrument qui me paraît le plus
simple, pas besoin de faire d’accords, etc... On discute et au bout du
compte je me retrouve à la batterie. On répète le dimanche matin, c’est
moins cher ! ça dure trois ou quatre semaines puis on arrête. Par la
suite je me fais la main dans plein de groupes plutôt nuls, jusqu’à
Radio Monster Attack où on retrouve Nat’ à la basse, remplacée par Will
(futur Beach Bitches, Fatals, Plutones) ; Eric et Laurent Cortes... Un
groupe à texte, “Anal Fun”, “I Don’t Like Schumacher”... une petite
ritournelle pour le gardien de but teuton qui a éclaté les dents de
Battiston en demi-finale de la Coupe du Monde 1982 en Espagne. On
répète à St Cyprien dans un local qu’on s’est construit dans un box de
garage.
A la même époque, les Gardiens du Canigou sont en
stand-by. Ils cherchent des gens motivés pour continuer l’histoire. Ils
me recrutent et j’embarque Will. Les Beach Bitches sont nés. On répète
de façon intensive, trois heures tous les jours, mais c’est vrai qu’on
a du retard à rattraper.
Les Beach Bitches ont existé entre
1994 et 2000. Partis sur des bases garage punk cryptique avec un
organiste éblouissant (voir leur 25cm Monkeyfuck de 97), ils évoluent
vers un punk rock’n’roll racé dans la lignée des groupes Crypt (New
Bomb Turks, Devil Dogs, Teengenerate...) pour leur premier LP Female
Jungle. Par la suite et avec un fonctionnement erratique ils
enregistreront un nouvel album en 2000, Soul Shake Power, condensé des
influences précédentes baignant dans un jus groovy...
A la
fin, ça tournait un peu en rond. On avait fait tout ce a quoi on
pouvait prétendre à cette époque et en plus on jouait trop... On a même
joué deux fois pour la Fête de la musique ! Après ça j’ai débarqué à
Toulouse pour mes études. Mais au bout d’un moment j’ai quand même
réintégré le groupe pour un un an et demi, on a enregistré Soul Shake
Power et tourné avant que ça ne s’arrête de soi-même... Tout le monde
passait à autre chose.
Entre-temps j’avais joué dans les Human Potatoes avec Will...
Par la suite, Eric déboule sur Toulouse sui vi de Marco et Mickey, mon
frère. On monte une première mouture du Kung-Fu Escalator où je tiens
la gratte avec Marco et mickey est à la batterie. Puis l’affaire se
stabilise avec Eric et Marco aux guitares et je reviens à la batt'.
Will débarque lui aussi à Toulouse et on forme le Batista Corpse
Revisited, avec Marco. Le Batista deviendra les Fatals après qu’on aie
rencontré Vince en provenance de Québec. (... ça suit ?)
D.I. : Aucun regret par rapport aux Fatals ?
W :
Non. Je crois que j’ai fait ce que j’avais à faire. C’est vrai que
c’était un peu frustrant d’arrêter juste avant la première tournée US,
surtout en sachant que le meilleur était sûrement à venir, mais je
voulais accorder du temps à ma famille, à mes enfants. Les Fatals m’en
prenaient beaucoup. Je ne pouvais pas donner plus. J’étais un peu trop
obnubilé, je ne savais plus gérer...
D.I : Aujourd’hui, tu joues quand même dans pas moins de quatre groupes !
W :
Pas vraiment... Avec les Plutones on a fait 4 répèts en six mois et 4
concerts. C’est plus une réunion de bons potes qu’un groupe à part
entière... D’ailleurs on l’a monté pour ça à la base (Ils ont quand
même sorti deux 45t, un sur Nasty et un split avec Los Raw Gospels chez
P.Trash) Pour ce qui est du Kung-Fu Escalator, ça se maintient. A voir
(Ben c’est tout vu le groupe a splitté !)...
Blew-Up! c’est le parfait équilibre
entre investissement et retour sur investissement. Bons potes,
ça joue vite et bien...
D.I : Et Memphis Murder ?
W : On
en parlera plus tard. Pour l’instant on s’amuse. On a fait 7 morceaux
en 7 répèts, ça à l’air de fonctionner, mais on n’est pas encore un
vrai groupe (hmmm, là aussi c’est déjà terminé !).
D.I : Revenons à des trucs un peu plus généraux... Vos goûts ?
N : moi perso, soul, primitive, psyché...
W : Blues,
noir... tout pareil en fait, les Deadly Snakes, les Bassholes, 68
Comeback, Jack O’Fire, les Golden Boys, Chrome Cranks, le Velvet et pas
mal de trucs psychés...
N : Tout ce qu’on a écouté avant nous influence aussi.
W :
... on aime beaucoup les mélanges. On kiffe le vieux son fifties à la
sauce actuelle, ça va du cajun, de Robert Johnson à tout ce qu’on a
cité auparavant... Et les Oblivians !
D.I : Et le lo-fi dans tout ça ?
W : Je
dirais oui et non. Evidemment c’est très souvent ce qui nous remue,
mais on aime aussi des trucs plus produits. On aime le son naturel,
organique.
D.I : Est-ce que tout cela détermine directement vos choix ?
W : Euh,
les influences pas forcément, mais le son oui... Le feeling surtout. Je
crois que de ce point de vue il y a une certaine unité dans ce qu’on a
sorti.
N : Si y a un truc qui nous flashe, on le sort.
W : Comme je dis souvent, si Britney Spears nous envoie un truc qui nous troue le cul, on le sort !
D.I : Et y'a des critères pour rentrer chez Nasty ?
W : Faut juste que ça nous plaise...
D.I
: Vos disques se présentent tous, ou pratiquement tous sous la même
forme. Est-ce qu’il y a une ligne de conduite chez Nasty, un cahier des
charges ?
N : Ouais,
on peut dire. Les pochettes noir et blanc photocopiées, c’est gratuit
au boulot de Wlad, et puis le 7”, car le reste c’est beaucoup trop cher
à expédier.
W : On est
un label qui se veut promotionnel. Donc on vend les disques pas chers.
On souhaite rester accessible à tout le monde, on s’en fout de faire de
la marge... Ce qui nous intéresse c’est de nous rembourser pour lancer
une autre production, et puis surtout se faire plaisir. Plus ça va,
plus on veut sortir des trucs qui nous donnent une certaine visibilité
comme le Limes ou le Haunted George... Et puis aussi contribuer à la
scène Rock’n’roll. “What are you doing to participate ?”.
D.I : Au milieu de
tout ça, le maxi de King Custer McCarthy & The Magnetix fait
un peu tâche, du moins pour le format...
W : Les
Magnetix nous ont filé un CD du truc alors qu’on jouait au Christmas
Blast Festival avec les Fatals. On a trouvé ça trop bon. Impossible de
choisir deux morceaux pour faire un 45t. En plus c’était la même
session, y avait une unité de son... Donc on a gonflé le budget et on a
sorti le tout. La musique au final l’emporte sur la raison !
Ceci dit, ça a plutôt desservi le
“groupe” car le format est difficile à dealer. Du
coup des gens ont hésité à l’acheter.
N : Mais
bon, c’était sympa de recevoir un disque avec une vraie
pochette. C’était un peu Noël quand même !
D.I : Tiens, si on faisait un petit tour des produits Nasty ?
The Toxic Farmers
W :
Les Toxic Farmers, c’est l’essai. Un groupe qui n’existe plus et donc
un disque qui ne porte préjudice à personne. Une sacrée session qui
date de 96, enregistrée au Studio de la Trappe à Toulouse. Mickey à la
basse et Guillaume des Beach à la guitare et au chant.
D.I : C’est pas un peu suicidaire de démarrer un label par le 45t d’un groupe défunt de Perpignan ?
W :
Non. Les morceaux tuent et restent efficaces. Et puis au moment où l’on
crée Nasty, faut avoir un truc à sortir très rapidement. C’était les
Human Potatoes ou les Toxic.
D.I : Super version de “Blue Christmas” d’ailleurs...
W : Ouais, je crois qu’on t’entend casser quelques canettes et brailler comme un putois.
The Fatals
D.I : Mmhh... Passons aux Fatals... C’est le premier single du groupe ?
W :
Ouais. Il fallait un disque pour promouvoir le groupe et du coup le
label a pris tout son sens. On a vendu tous les exemplaires de ce 45t,
mais après-coup, avec les sorties des deuxième et troisième et le buzz
autour des Fatals... Pour te dire, certaines copies sont parties à 150€
sur E-Bay ! Enfin le son concocté par Piero (Mighty Gogo Players, Jack
of Heart) était excellent.
Sonic Chicken 4
N :
Là on est super fou ! C’est des potes ! On est bien fier en plus
d’avoir participé à les faire connaître... Un groupe qui est
aujourd’hui sur In The Red, et dont on a sorti le premier disque.
W : Celui-là on l’a fait en co-prod avec Profêt Rds, le label de Piero.
The Mighty Gogo Players
W : On reste dans l’histoire de potes avec un autre groupe ultra-talentueux de Perp’...
Kung-Fu Escalator
W : C’est encore un disque enregistré par Piero. Même si on habite tous
à Toulouse à l’époque, ça reste très influencé par l’esprit de
Perpignan.
Love Killed My Brain
N : Encore une histoire de famille.
W : Une compil qui réunit le Kung-Fu, les Fatals, les Sonic et les Mighty Gogo. Un 45t de ballades...
N : Ouais, l’idée c’est : la ballade, ça tue !
W : Avec un
clin d’oeil aux Country Teasers, à 68 comeback. Et puis on
trouvait ça bien de se réunir sur un thème...
D.I : Personnellement je le trouve très réussi avec un visuel killer et de super morceaux.
W : C’est rigolo, Alicja Trout de Contaminated avait bien craqué sur le
concept et voulait faire un Love Killed My Brain #2 avec uniquement des
groupes de Memphis. Malheureusement ça n’a pas abouti. De notre côté on
avait aussi pensé à une suite avec des morceaux du Rebel, d’UltraLove
(Guillaume Beach et Nadège) et de King Custer & The Reactor
Dungs... Ou bien une revanche avec uniquement des morceaux super
enervés... C’est le premier disque qu’on sort à 500 exemplaires.
Just Me... ...My Pleasure And I
W : Le King Custer & The Magnetix, on en a déjà parlé toute à l’heure... Mooli il tue tout !
The Magnetix
W : On l’a sorti en co-prod avec Sentenza Rds qui l’a réédité par la
suite avec une pochette en négatif. Au départ Eric n'aimait pas trop
l’enregistrement, nous on était à donf', Billy Wrong (El Vicio, SC4,
Sentenza) aussi, même si ça changeait beaucoup par rapport à leur 25cm
Flash. On est les premiers à choisir entre les 8 morceaux proposés et
on a du mal à se décider entre “Time After Time”, “Fiend of Time” et
“New Dance”. Au final on est super content. C’est d’ailleurs le premier
45t chez Nasty que tu enregistres. Il reste à ce jour notre record de
vente, tout écoulé en 3 semaines ! Le son est particulièrement
percutant, peut-être parce que celui-là n’a pas été pressé en Tchéquie,
mais en Italie, chez Beppe, par l’intermédiaire du label Shake Your
Ass... Limite mafia tout ça !
The Sonic Chicken 4
W : On aurait aimé sortir celui-là
en double 45t mais finalement on n'a eu droit qu’à deux morceaux... Les
deux autres sont d’ailleurs aux oubliettes. DOMMAGE !
Limes
W : C’est un vrai coup de coeur d’Eric pour Shawn Cripps et sa musique.
N : ... une vraie reconnaissance pour nous que le groupe veuille être sur Nasty.
W : Au départ on souhaitait sortir un LP avec le premier album
Tarantula et les huit morceaux disponibles à l’époque sur internet...
N : Super-groupe quand même avec Shawn, Jack O’, Nick Diablo et Harlan
T Bobo (félicitation d’ailleurs pour le mariage à Argelès...)
Haunted George
N : C’est une découverte Myspace... Et ouais ça n’a pas que du mauvais !
W : On le fait en co-prod avec Sentenza et on sort le premier 45 de
Steve George Pallow sans même se douter au départ qu’il s’agit du gars
des Beguiled, Necessary Evils...
N : On a choisi les morceaux sur internet et il a fait lui même la pochette. Disque fantastique !
W : Le disque pour faire peur aux enfants!
On
est très fier de celui-là aussi, surtout que l’album des Beguiled sur
Crypt a été le premier disque que nous avons acheté ensemble.
The Plutones
W : On avait envoyé quelques titres au label madrilène Big Black Hole
qui était fortement intéressé et en même temps on nous demandait deux
morceaux pour une compil sur Bordeaux (qui ne s’est pas faite) ... ça a
un peu tendu le gars de BBH qui voulait de l’exclusif. Du coup Eric a
dit, “ok on le sort nous même”... Pas l’idée du siècle. Au final c’est
le disque le moins désiré, le mal aimé... Mais ça colle bien aux
Plutones, ça !
D.I : Il est vraiment ultra-trash ! A la limite de l’audible...
W : Le lo-fi, c’est surtout quand t’as pas les moyens ou le savoir pour
sortir le son... C’est vrai que je préférais la session où tu nous a
enregistré, pour le split avec les Raw Gospels. En plus c’est le 45t
qui a le plus de décalage entre le mix et le son du disque que tu
reçois.
The Golden Boys
W : Encore une découverte internet de Nat’. C’est elle qui a tout fait pour celui-là.
N : Ouais, et on a bien craqué sur le 45t Perpetrator aussi. J’ai donc
contacté Matthew Hoopengardner, un super type et il nous a envoyé deux
titres. Par la suite, on a pris un peu de retard à cause du Plutones,
mais il nous a juste rétorqué que ce serait comme le bon vin qui se
bonifie avec le temps... C’est lui qui a fait la pochette avec
notamment ce dos où l’on voit son collègue James Arthur (ex-Necessary
Evils), en pleine forme avec un petit chien.
The Touch-Me-Nots
W : Une histroire
de couple... Le seul regret qu’on a c’est de n’avoir pas pu sortir le
morceau “Door #3”, qu’on retrouve sur leur 10” chez Yakisakana.
El Vicio
N : Retour aux sources.
W : Blues
à souhait, enregistré par toi. Du pur Nasty,
complètement déjanté... De l’artisannat,
fait à la maison.
D.I : Roulé sous l’aisselle ...
W : Ouais, et tout en premières prises live ! Ahhh, si le rock pouvait toujours être aussi simple !
Movie Star Junkies
W : Sur leur myspace on découvre des morceaux pas mal branlants, mais quand même intéressants.
N : Puis tu les fais jouer à Toulouse et là, waouhhhh !
W : On rentre en contact avec eux et puis quelques mois après, ils nous
envoient deux titres terribles. Supers mecs en plus... Des brothers...
N : On les aime, LOVE !
The Feeling Of Love
W : Le deal le plus rapide du monde. On a reçu un CD dans la boîte aux
lettres, y avait 14 titres assez variés avec pas mal de trucs no-wave,
et au milieu deux morceaux blues à la Bob Log. Impossible de ne pas
sortir ceux-là. Donc on contacte Guillaume le soir-même, et c’est parti
mon kiki.
N : Par la suite on l’a rencontré en chair et en os lors de sa tournée avec les MSJ. Très bon gars aussi
The Magnetix
D.I : Décidément...
W : Magnetix, le retour ! Frustré d’avoir dû abandonner “New Dance”
pour le 45t précédent, on cherche à le ressortir, avec un morceau de la
nouvelle session. Aussitôt dit, aussitôt fait avec “Something About
You”, morceau carrément psyché, et une nouvelle facette du groupe.
Surprenant et super réussi !
King Custer McCarthy
W : Moolinex alias King Custer
vient passer une semaine de vacances à Toulouse. On se colle trois
palettes de bières et des kilos de saucisse et on répète pour au final
enregistrer quatre morceaux créés pour l’occasion... Bonne rencontre
humaine avec un sacré putain de taré.
D.I : Et vous comptez réitérer ce genre de sessions ?
W : Ouais, on en a déjà faite une avec Billy Wrong d’El Vicio. C’est
pas encore sorti. ça nous branche carrément de perpétuer ces rencontres
estivales. On n’a pas encore d’idée sur le prochain élu, mais ça ne
saurait tarder.
Pussycats
N : C’est Andy le batteur qui nous a contacté
car il est fan de Nasty. Il nous a signifié qu’il serait super fier de
faire partie de l’écurie. Alors on lui a dit d’envoyer un truc et que
si ça nous plaisait, on le sortirait à coup sûr.
W : On a
vraiment flashé sur le premier morceau, “Japanese
Wedding” et les deux autres étaient dans le package.
Jack Of Heart
N : C’est un gros coup de coeur et puis encore un retour aux potes, Perp’, etc.
W : C’est le premier disque fait spécialement pour nous... Peut-être le
truc le plus original sorti depuis longtemps, avec le côté Velvet qui
manquait à Nasty.
D.I : Qu’est ce que vous ressentez à chaque nouveau disque ?
W : De l’angoisse.
N : C’est Noël ! On est toujours aussi enthousiaste. J’ouvre le paquet
et j’appelle Wlad pour qu’il rentre et qu’on s’écoute le truc à deux.
C’est comme une naissance.
D.I : Et de quel rejeton vous êtes le plus fier ?
W : Celui à venir.
N : Celui qu’on n’a pas encore fait... Peut-être le premier Sonic
chicken 4. On est super fiers d’avoir lancé le truc et de les voir
maintenant sur In The Red.
Mais on les aime tous. Ils sont
tous différents, comme des enfants... Le Limes est excellent et c’est
la première expérience avec des ricains.
D.I : Comment ça se passe au niveau business ?
W : Les ventes étaient bonnes à l’époque des Limes, Magnetix, Haunted
George... Mais depuis ça s’est écroulé. Les distributeurs ne prennent
plus rien. en plus avec l’euro si fort par rapport au dollar et
l’augmentation des tarifs de la Poste, c’est vraiment difficile de
faire vivre un label.
Mais ce qui m’emmerde le plus, c’est qu’on
vend 70% de nos disques en dehors de France. Peut-être n’est-on pas
dans le bon créneau ? En tout cas c’est dommage.
N : Pourtant
on a contacté pas mal de boutiques, mais aucun retour. A part
Dangerhouse à Lyon et Beast Rds à Rennes.
W : Je ne sais pas de quel disque je suis le plus fier, mais je sais
que ce dont je suis le moins fier, c’est de ne pas vendre en France...
PARTICIPER, c’est ça le truc et c’est décevant de ne pas partager ça
avec ses congénères.
D.I : C’est quoi votre circuit logistique ?
W : On presse en général chez Gramofonove en Tchéquie sauf pour le
premier Magnetix et le Jack of Heart (MPO à Paris). 300 exemplaires en
général. On fait les pochettes en photocop’, à mon boulot, puis on
envoie 15 disques en promo et on donne 10% au groupe. Pour ce qui est
de la distrib’, on est en deal avec Sonic Rendez-Vous pour l’Europe,
Incognito, Soundflat, P Trash, Yakisakana, Profêt, Sentenza et aux
States, Florida’s Dying et Goner.
D.I : Et vous avez des modèles de label ?
W : Comme je le disais au début, l’envie est venue grâce à LGDC prod.
Sinon, il y a Yakisakana, même si on sort pas tout à fait les mêmes
trucs. En tout cas ils nous ont donné un sacré coup de main. Y'a Rob’s
House à Atlanta aussi. Eclectique sans se prendre la tête : Jack of
Heart, Demon’s Claws, Weakends...
N : ça à l’air facile pour eux.
W : Ouais, ils paient moins cher et le marché est plus grand. en plus la Poste US est plutôt avantageuse.
N : Sinon, évidemment y a des labels qui font triper comme Crypt, In the Red, Sympathy...
D.I : Et le disque que vous auriez révé de sortir ?
N : faisable ou dans l’absolu ?
W : ben faisable, le morceau “Door #3” des Touch Me Nots ; “This land
is so good” des Pyramids, un morceau jamais encore sorti ; les deux
premiers El Zombie ; les premiers Limes ; l’ultime session des
Bellas... On a proposé, il n’y a pas eu de suite... Sinon, on aurait
adoré faire l’album de Jack of Heart qui doit sortir sur In The Red.
N : ...Parce que ça nous rend marteau ! Même si c’est ingérable.
W : Et dans l’absolu, le premier 25cm des Oblivians sur Sympathy... Ouais, en fait tous les Oblivians !
D.I : Vos projets ?
N : C’est plus ou moins le stand-by. On vient d’acheter une baraque,
y'a pas mal de travaux et ça monopolise beaucoup de thunes
W :
On va faire un Nasty-thon ! Actuellement on est plutôt en déficit. ça
tourne pas suffisamment pour sortir ce qu’on veut. Comme on vend
quasiment à prix coûtant, faudrait qu’on écoule chaque fois la totalité
des disques.
N : ...Et il nous reste du stock.
W : La prochaine sortie prévue, c’est un single des Hormones.
D.I : Sinon des envies ?
N : Continuer à sortir des trucs qui nous font flasher.
W : Sortir un Migas Valdes, faire un festival, fêter les 5 ans de Nasty... Un Blew-Up !
Lo’Spider