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Dig It! # 52

Barrence Whitfield
Subsonic (Interview avec Sylvie et Marc)
Off The Hip











BARRENCE WHITFIELD & THE SAVAGES

SAVAGE KINGS
Munster Rds (LP/CD)


   
    Après l'album du retour sur Blood Red Vinyl en 2009 (Raw, Raw, Rough) et le single "Built Like A Rock"/"I Love Her So" chez Q-Dee Rds avec les Monkey Hips de Memphis l'an dernier, Barrence Whitfield, de son vrai nom... Barry White, musicologue averti et conférencier couru, érudit propriétaire d'une respectable collection de disques et screamer infatigable depuis des lustres (36 ans de carrière - il en a 56), sort un nouvel album (Savage Kings), cette fois en compagnie de ses Savages quasi estampillés "d'origine". Et comme c'est Munster Rds qui régale pour l'Europe (Shake It Rds aux USA), on peut opter pour un des 600 exemplaires en vinyle édités en plus du CD digipack.

    Dédié au label King Rds de Cincinnati, le nouvel album, que les Bostoniens sont donc logiquement allés enregistrer à Cincy, sonne parfois comme du Lyres grand cru avec Big Barrence dans le rôle de Monoman. C'est particulièrement notable sur les grands moments de soul que sont les reprises chauffées à blanc du "Bad Girl" de Lee Moses ou de "You Told A Lie" (Johnny Sayles, ou "Sails"). Normal sans doute, puisqu'on y retrouve deux ex-Lyres, Phil Lenker et Peter Greenberg, également piliers porteurs de la maison Customs et déjà aux côtés de Barrence dès le début de l'histoire avec The Savages en 84. L'organiste, James Cole, est aussi un ancien Customs, c'est d'ailleurs lui qui a écrit leur fameux "Long Gone" (il est parti fonder The Auburnaires plus tard). Du coup, le souffle est magistralement garage (c'est Greenberg qui produit), à deux doigts des Sonics de 65, effet renforcé par l'adjonction d'un saxophoniste pétaradant, Tommy Quartulli, emprunté aux punk rockers pochetrons de Boston, The Kings Of Nuthin'. Quant au batteur, Andy Jody, ex-Shams, il accompagne également ces temps-ci le Reverend James Leg, alias John Wesley Myers, l'homme des Black Diamond Heavies, et fait partie des Long Gones de Cincinnati avec Greenberg.

    L'étincelle à l'origine de cette reformation inattendue s'est produite quand le label Ace Rds a demandé à Greenberg de remasteriser le premier album de B. Whitfield & The Savages paru à l'origine en 84 chez Mamou Rds, en vue d'une réédition pour 2010 (avec dix bonus tracks). Le guitariste s'y est collé illico et a demandé à Barrence de passer donner son avis à l'occasion. Peter Greenberg : "Et là, en écoutant le disque, il s'est produit quelque chose, on a ressenti la même chose au même moment... du genre "faut vraiment qu'on remette ça !"

    Et ils ont donc remis ça, avec cet album bien chargé en reprises, huit sur douze. Un peu beaucoup sans doute, mais à part "Ramblin' Rose" (qui figurait déjà en version live sur l'album Savage Tracks) et le "Shot Down" des Sonics ou "It's Mighty Crazy" de Lightnin' Slim (découvert dans les garages à travers la version qu'en firent les Cramps sur le EP Blues Fix de 92), les autres covers ne sont pas du genre à vous tomber entre les oreilles à chaque coin de rue. De l'obscur millésimé et donc soigneusement sélectionné. Comme ce "Just Moved In", rhythm'n'blues trépidant (donc rock'nroll) de Orangie Ray Hubbard, natif du Kentucky, un titre tellement obscur d'ailleurs que personne ne semble s'accorder sur la date de sortie de l'original. Situons le vers 1959 et on ne sera sans doute pas loin du compte. Sur la version des Savages, le duel guitare/sax est arbitré par les impitoyables hurlements de Barrence. Ils s'attaquent aussi au "Who's Gonna Rock My Baby" de Jerry Woodward (59 également) ou à "Barefoot Susie", un blues avec piano frénétique, de Waymon Brown qui eut son quart d'heure de gloire au début des 50's. Et "You Told A Lie", chanté à l'origine par Johnny Sails en 64, résonne ici comme du Screamin' Jay Hawkins grande cuvée. Quant au monument soul de Lee Moses, "Bad Girl", il est d'une telle incandescence qu'un halo lumineux continue à tourner au-dessus de la platine une fois le bras reposé. Enfin, moi je le vois en tout cas... Bon, c'est peut-être l'herbe de Fukushima que m'a refilée mon pote Farid...

    Sur les quatre originaux présents, deux semblent venir de loin puisque co-écrits par Billy Mooney, pianiste de la formation originale. Mais vu l'accueil positif qui sera, on ose l'imaginer, réservé à l'album, on peut envisager que l'histoire continue et qu'un nouveau disque arrive bientôt... Et que le gang de Sauvages aura le temps de composer quelques vrais nouveaux morceaux d'ici là. Les fantômes furibards de Solomon Burke, James Brown et Wilson Pickett espéraient dormir tranquille. C'est pas pour demain.

Gildas Cospérec


SUBSONIC



    Vu la somme d'activités de ces deux-là, on savait avant de commencer l'entretien avec Sylvie Martin et Marc Hacquet qu'il y aurait matière à bel article. Car derrière la gare de Montpellier, il y a du sang (on exagère à peine, celui de Lee Robinson a failli irriguer le quartier), de la sueur, des décibels... et des procès intentés par un voisinage fort peu complaisant. De plus, quand ils ne tiennent pas permanence au Subsonic, ces Bonnie & Clyde des bords de Méditerranée s'en vont assourdir l'Europe ou le Mexique aux commandes de leurs chers Sonic Angels. Dont les albums sortent sur le label-maison Speed Rds. Bien sûr... Discussion avec un couple "do it yourself" jusqu'au bout des ongles.

    Dig It ! : Vous pouvez nous présenter l'asso Lola Product ? Elle regroupe pas mal d'activités diverses... L'histoire a démarré comment ?
    Marc : L'asso a été créée en 1991 dans le but de structurer mon groupe de l'époque, les Dummies, et développer nos diverses activités, organisation de concerts, productions... Puis on a émigré en Espagne et sorti entre autre une compil CD (Just for Pleasure #1) présentant de nombreux groupes français. En 2001, forte de l'expérience espagnole, l'asso s'est installée à Montpellier dans un local de 600 mètres carrés en centre ville, Le Subsonic. On a trois salles de répètes équipées en sous-sol, au rez de chaussée on trouve une salle d'enregistrement live d'une centaine de places avec une large scène et une cabine suréquipée en matos vintage, un espace bar/accueil (bureau, merchandising, expos...) et l'étage est dédié à l'hébergement. Près de 150 groupes y répètent et l'asso Lola compte en gros 2000 adhérents. Nous organisons par ailleurs des soirées "évènements" à l'extérieur, comme la Subsonica Open Air qui fête sa dixième édition cette année ou la Rock Exotica Night, en été, avec concerts, projections de films et shows burlesques.
    Sylvie : Après deux ans à Madrid, on est revenus en France gonflés à bloc avec l'idée de reproduire ici la movida espagnole (Rock Palace, Pleasure Fuckers, Safety Pin Rds, Munster Rds, le Louie Louie Bar, Metalliko, etc....) à notre façon. Y'avait aussi le mythe de la Factory d'Andy Warhol qui nous hantait. Je crois que pour Marc, c'est les Peel Sessions qui le faisaient flasher, d'où la naissance du Subsonic, les subdivisions de Lola avec le studio et le label Speed Rds, Swing Heart pour les expos et les projections ciné.

    D.I : Vous vous souvenez du premier disque que vous avez acheté ? Et de celui qui vous a donné envie de plonger dans le bain rock'n'roll ?
    Marc : On n'achète personnellement pas énormément de disques l'un et l'autre, mais notre discothèque s'agrandit au gré des rencontres et des opportunités. Un des premiers disques que j'ai acheté était je crois le Beatles à Hamburg, presqu'en même temps que ma première guitare électrique, en 75, mais c'est sans doute le premier Ramones qui plus tard m'a vraiment donné envie de plonger dans le rock'n'roll. Sylvie m'a dit que le plus marquant de ses premiers concerts a été celui des Cramps à Toulouse au Bikini en 81. Elle avait  ensuite acheté un coffret de 45 tours... qu'on lui a piqué peu après à Barcelone.
    Sylvie : Surement un disque des Stones, mais la plupart on mes les a donnés. J'étais plutôt addict de la copie cassette, et avec mes potes on enregistrait tout et surtout l'émission Sabotage sur Radio Alligator, c'était super passionnant ! L'animateur, Luc, bégayait... mais c'était un monstre de culture rock.

    D.I : Premier concert auquel vous avez assisté ?
    Marc : Je m'en souviens très bien, c'était Little Bob Story au Grenier St Jean à Angers en 77, on n'était pas si nombreux, une cinquantaine peut-être, dans une ancienne église transformée en lieu de spectacle. Et spectacle il y a eu ! J'avais 15 ans et n'avais jamais pris autant de son dans les oreilles ! Je me rappelle particulièrement un jeune guitariste asiatique qui accompagnait Bob à l'époque (Guy-Georges Grémy - nda).
    Sylvie : Mon premier concert, c'était du reggae roots, premier pétard aussi, j'avais 12 ans. Le jour de mes 14 ans j'ai vu Lou Reed sous chapiteau. Mais le con-cert le plus marquant a été celui des Cramps à Toulouse au Bikini, en 81 je crois, j'avais 16 ans, j'étais au balcon parce qu'en en bas il y avait toute une rangée de petits nazis que Lux a rapidement calmés. Kid Congo à la guitare, Nick Knox à la batterie, et Poison Ivy... le gong sur scène... j'en ai pris plein les yeux et les oreilles. Ça a vraiment changé mon univers. Et très rapidement je suis devenu accro, j'ai pu voir Johnny Thunders plusieurs fois, le Gun Club, les Lords of The New Church, les Fleshtones... Et des centaines d'autres depuis.

    D.I : Et le premier que vous avez organisé ?
    Marc : Je peux pas te dire, il y en a eu tellement, probablement un concert de notre premier groupe, le "do it yourself" fait partie intégrante du rock'n'roll non ? Le premier concert au Subsonic a été King Khan le 14 avril 2001, un concert inauguration en quelque sorte, et aussi le début de nos problèmes de voisinage.
    Sylvie : Pour moi ça a été un concert du groupe de Marc en 91, les Dummies. Une douche électrique, entre les Ramones, les Stooges et X, avec Jackie au chant, une jeune punk charismatique qui à ma connaissance est rentrée dans les ordres depuis.

    D.I : Vous avez toujours habité Montpellier ?
    Marc : J'habitais à Angers avant de décider de migrer vers le soleil, en 87, avec tout mon barda musical, j'ai fait route pour Barcelone que je ne connaissais pas. J'ai fait étape à Montpellier où j'ai rencontré les Frenchies, ex-Angevins eux aussi, un gang particulièrement incendiaire à mes yeux. Ils m'ont proposé d'intégrer le groupe et je suis resté. Il faut dire que l'ambiance y était particulièrement rock'n'roll à l'époque... Tu connais sûrement l'histoire... (OTH, Studio de la Loge, Rich Bar, Rockstore, Etats Généraux du Rock...) et j'y ai rencontré Sylvie qui elle est originaire de Montpellier. Nous avons souvent par la suite eu l'occasion d'aller en Espagne pour y faire des concerts, ou en balade, et mon attirance pour ce pays n'a fait que se confirmer. Je me sens un peu Espagnol... Et nous nous sommes donc installés à Madrid en 94. J'ai monté Swarm et nous avons intégré l'équipe du Rock Palace et la "movida rockera" du fameux quartier Malasaña. S'en sont suivies de nombreuses tournées partout dans la péninsule en tant que musicien, road manager ou simplement driver. Nous avons aussi habité Elche où je jouais dans un groupe punk appelé Radio Alicante Muerta. Et on est revenu à Montpellier fin 90, un peu par nécessité, pour ménager notre santé. Quant à Angers, j'y ai grandi, fait et défait mes premiers groupes et monté mon premier studio d'enregistrement, Zoot Allure, où sont passés les Thugs, Lo'Jo Triban et beaucoup d'autres. Certes une ville bien rock à l'époque mais trop tranquille quand même à mon goût.

    D.I : Ton studio s'appelait Zoot Allure ? Comme l'album de Zappa ?
    Marc : Yes ! Mon album préféré de Zappa, que j'écoutais beaucoup à l'époque. Je l'ai vu deux soirs de suite à Paris, en 85 je crois, deux concerts complètement différents d'ailleurs et inoubliables, avec à mon avis son meilleur groupe... Y'avait Terry Bozzio à la batterie et une dizaine d'autres phénomènes.
   
    D.I : Vos premiers groupes à chacun ?
    Marc : C'était vers le milieu des annés 70, au lycée, on faisait des reprises de standards rock'n'roll. Sylvie joue de la basse depuis peu, son premier groupe fut The What ! en 2002.
    Sylvie : Oui, j'ai commencé à jouer tardivement. En 2002, j'avais quelques mois de basse et on a enchaîné une tournée rapidement. On a pu jouer en plein air devant 200 personnes en première partie des Hydromatics, la claque ! Je suis descendue de scène et Tony Slug m'a encouragée, j'ai cru que j'allais vomir mes tripes mais c'était trop bon. Un de ceux qui m'ont donné l'impulsion, c'est Sonny Vincent pour qui, un an auparavant, j'avais organisé une tournée, et voyant que dans les backstages je me faisais royalement chier, il m'a suggéré de me mettre à la basse, conseil que j'ai appliqué dès mon retour de tournée.

    D.I : Derniers disques dénichés ?
    Marc : On revient de tournée en Espagne et, à Alicante, notre pote Fernando Metalliko nous a amené dans un super petit magasin de vinyles d'occasion le lendemain du concert. Bien que pas très frais suite à la nuit particulièrement agitée, il s'est monté une véritable fiesta dans la boutique en écoutant plein de disques. On a acheté des 33t de Los Diplomaticos, groupe bolivien 60's mélangeant cumbias et guitares surf, une musique super ensoleillée avec des titres comme "Esperma Y Ron", un tube pour les dj cet été... On a pris aussi un T-Bone Walker, un des pionniers de la guitare électrique, et Full Cream le premier LP de Cream en 66, plus quelques 45t de vieux classiques comme "Dandy/No Milk Today" de Herman's Hermits, "Get Down and Get With It" de Slade, "Good Vibrations" par les Troggs, le EP "Telegram Sam/-Cadillac/Baby Strange" de T. Rex et le "Venus/Hot Sand" de Sho-cking Blue, que du bonheur !
    Sylvie : Le 10 pouces de Lord Mouse and The Kalypso Katz ! Un groupe calypso rock & roll composés de seize personnes toutes basées à Berlin, on y retrouve Stéphane Doucerain qui fut notamment batteur de feu Nikki Sudden. Le chanteur Kelly est de Chicago, il t'hypnotise par sa voix et sa prestance. Et y'a six merveilleuses danseuses/choristes et Tom au ukulélé... Je ne peux pas les nommer tous... Il faut absolument les voir sur scène. Ils sont fidèles aux racines traditionnelles du calypso de Trinidad et ils y insufflent un côté moderne, ça donne une musique jubilatoire. Ils vont revenir pour la deuxième fois en France cet été.

LE  SUBSONIC

D.I : Revenons aux problèmes de voisinage que tu évoquais tout-à-l'heure à propos du Subsonic. Vous avez deux procès sur le feu je crois..
Marc : Bueno... dès qu'on a ouvert le Subsonic en 2001, une voisine est partie en guerre contre nous... Elle ne supporte visiblement pas de vivre à côté d'un lieu dédié à la culture rock. Elle nous a fait un procès. Elle l'a gagné en 2010, après huit ans de démêlés judiciaires et tracasseries diverses. Elle a fait pression sur notre propriétaire et auprès des services de sécurité de la ville, des impôts et de la mairie, pour que le Subsonic déménage ou soit forcé à fermer. Un lieu hautement subversif à ses yeux apparemment ! Nous avons déjà dû payer près de 15.000€ et aujourd'hui elle nous demande 100.000€ de dommages et intérêts, tout en sachant que nous avons stoppé toute activité nocturne, concerts compris, dans nos locaux depuis déjà plusieurs années. Là, elle vient de perdre, et le tribunal lui a concédé un euro symbolique, mais ça ne lui plaît pas évidemment, et elle a fait appel. Voilà où nous en sommes aujourd'hui... Par ailleurs nous avons dû attaquer notre propriétaire qui, las de tous ces tracas et voulant vendre le local, ne nous a pas reconduit le bail. Et comme il n'y a pas je crois d'avocats suffisamment pointus sur le droit des assos 1901, on est un peu livrés à nous même face à un système hostile. J'en profite pour rappeler que la loi limitant le son légal à 105 décibels n'est ni plus ni moins que la signature d'un décret de prohibition du Rock & Roll dans le pays !

    D.I : Parmi tous les groupes que vous avez croisés au Subsonic, lesquels vous ont le plus marqués ? Vous devez avoir quelques belles anecdotes ?
    Marc : Pour ma part j'ai été impressionné par Deadbolt, leur nonchalance abusive et leur ambiance envoûtante, surtout quand un des trois bassistes du groupe, en plein morceau, jette son mégot à la figure du guitariste qui aussitôt pose sa gratte et brandit une disqueuse électrique, la met en route et fait jaillir des étincelles dans toute la salle en la frottant contre un bout de ferraille, wouah ! Heureusement que la commission de sécurité n'est pas passée ce soir là... en première partie notre ami Lord Diabolic avait déjà sorti un engin similaire pour trancher la tête d' une poupée Barbie. Les deux groupes ont d'ailleurs, plus tard dans la soirée, pu comparer leur "instrument" respectif !
    J'ai également été marqué par la soirée Sin City Six et leur côté "à fleur de peau"... Je les connaissais déjà tous très bien pour avoir vécu à Madrid, mais ce soir-là ils ont vraiment brillé ! Après un super concert, électrique et tendu, Norah et Mike, les deux guitaristes, se sont mis en tête d'en finir une fois pour toute avec Lee Robinson, le chanteur charismatique du groupe, qui je l'imagine bien, leur rendait la vie impossible par ses changements d'humeur intempestifs et son sale caractère. Il s'était retranché au premier étage du Subsonic, où les groupes dormaient, avec en main une barre de fer qu'il avait dénichée je ne sais où et il tenait en respect Norah qui l'agressait avec une canette de bière si je me souviens bien ! Quel cirque ! Après maintes négociations, il a fini par s'enfuir et tout le monde s'est couché. Sachant qu'il allait bien revenir, je l'ai attendu deux ou trois heures et à son retour, vers sept heure du mat', j'ai pu enfin le tranquilliser en l'assommant à coup de pétards doublement chargés. Le lendemain tout avait l'air normal.
    C'est vrai qu'il y a un paquet d'anecdotes... La première fois que Tav Falco est venu, je suis allé chercher le groupe à la gare, heureusement toute proche. Ils tournaient à quatre à travers l'Europe, en train, avec deux amplis Fender Twin, une batterie et bien sur les guitares et le merchandising plus leurs sacs de voyage ! La galère quoi... Mais ce fut un concert mémorable, d'ailleurs immortalisé sur vinyle. J'ai quand même un peu halluciné quand, après le rappel, le public en redemandant encore, j'entends Tav dire à Sylvie : "Ok pour un deuxième rappel, mais c'est 100 Euros de plus"... Bien tenté, c'est vrai qu'il fallait bien les payer ces billets de train ! Mais ça fait parti de l'humour caustique de Tav, et ils sont bien sûr remontés sur scène. Le lendemain j'ai filé ma carte vitale à Douglas le batteur pour qu'il aille en urgence chez mon dentiste avant de les raccompagner à la gare... Mais pour moi le concert le plus marquant musicalement reste celui de Dead Moon, à vous hérisser les poils d'émotion, de sincérité et de simplicité !

    Sylvie : Outre les concerts que Marc a cités, il y a eu pour moi ceux des Flaming Sideburns et des Bellrays, avec Jean-Luc en road manager ultra-stressé, au bord de la crise de nerfs... Il n'a pas voulu qu'on enregistre sous des prétextes bidons, heureusement Marc a mis un micro dans la salle... En plus il a voulu absolument faire le son et se servir de la console du Sub, résultat : deux enceintes pétées... Faut dire que dans la cabine rien n'est branché "normalement" et qu'on peut s'y perdre... J'avais prévu 17 serviettes de bains mais ça ne suffisait pas... Les deux groupes hallucinaient... C'était la troisième fois qu'on faisait jouer les Flaming Sideburns et la première fois au Subsonic. Avec les Bellrays il y avait une saine compétition dans l'air, ils ont fait un de leurs meilleurs concerts. Avec les deux groupes, les murs du Subsonic ont rugi ce soir là !

SPEED  RECORDS

    D.I : Comment a débuté le label ?
    Marc : Un jour, sur la terrasse de l'appart qu'on avait à Elche, on s'est dit qu'on pouvait sortir nous-mêmes nos disques. J'avais installé mon studio d'enregistrement dans un local agricole où on répétait, entre un atelier clandé de fabrication de Nike et un entrepôt d'oranges. L'idée était d'enregistrer comme on prend une photo, rapide et efficace... comme le produit qui occupait souvent les soirées à Elche. Je crois que l'enregistrement live est la meilleure façon de retranscrire toute l'énergie d'un groupe et l'authenticité de sa musique. On a eu ensuite l'opportunité de rencontrer Jeff Dahl et de sortir un live (Jeff Dahl and The French Connection) enregistré dans un petit bar de Montpellier. Les 500 copies ont été rapidement épuisées et le résultat sonore n'a fait que conforter l'option d'enregistrer live. On n'a hélas pas les moyens financiers de sortir en disques tous les enregistrements dont nous disposons, par ailleurs la distribution est un gros problème qui reste toujours à résoudre aujourd'hui. On fait surtout des échanges avec d'autres labels, on est l'opposé d'un label commercial. Il ne serait certes pas désagréable de vendre des milliers de copies de nos productions, mais ce n'est pas le but ultime...
    Sylvie : Bueno, un "label" c'est vraiment beaucoup dire... C'est vrai qu'on a sorti quelques galettes mais finalement pas autant qu'on aurait voulu, car franchement, avec tous les enregistrements live des concerts qui ont été faits au Subsonic, et vu la qualité des enregistrements, y'aurait moyen de sortir quelques perles rares. Faut dire qu'on est très mauvais vendeurs l'un et l'autre. Donc, on s'en sert surtout pour notre groupe, The Sonic Angels. Les disques on les vend essentiellement aux concerts.

    D.I : Le dernier volume (#4) des compils Subsonic Live existe uniquement sous forme de MP3 téléchargeables sur votre site. Et gratuitement d'ailleurs. Il y a une raison à ce changement ?
    Marc : Oui, on n'a pas de thunes... L'idéal serait de les faire en vinyle, vu qu'on est toujours très attachés à l'objet et au son. Finalement le téléchargement gratuit c'est une bonne solution dans le genre Do It Yourself. Tu download, tu graves, tu copies la pochette et tu montes ton CD toi-même. Le Subsonic Live Vol. 4 est excellent, que des bons groupes (Baby Woodrose, Dead Moon, Hangmen, Masons, Groovie Ghoulies, Shortfuses, etc...) et la pochette a été réalisée par Matt Konture. On aimerait la sortir en sérigraphie d'ailleurs. On va sûrement adopter la même formule pour les compils à venir et les anciennes qui sont maintenant pratiquement épuisées.

    D.I : Votre avis sur Internet et les downloads. Utile ou pas pour les groupes comme le vôtre ?
    Marc : La musique est destinée à tous et c'est bien que nous puissions en disposer gratuitement... même si un disque est un objet qui doit se vendre. C'est bien de pouvoir écouter avant d'aller voir un concert par exemple, ou bien d'acheter un album. Internet est un super outil, c'est devenu indispensable pour diffuser sa musique. C'est par contre un peu trop facile dans certains cas, c'est la "culture zapping", les gens ne prennent plus le temps de réellement écouter, de creuser le sillon...

    D.I : Y a-t-il un ou des labels que vous considérez comme des modèles ?
    Marc : Sympathy For The Record Industry sans aucun doute, In The Red, Safety Pin Records par certains côtés...

    D.I : Les meilleures ventes à ce jour ?
    Marc : Jeff Dahl and The French Connection Live.

    D.I : Les pires ?
    Marc : What ! Le groupe a splitté avant la sortie du disque...

    D.I : Celui dont vous êtes le plus fier ?
    Marc : Tav Falco and the Panther Burns. (le LP "Live At Subsonic", enregistré en 2001 et paru en 2002 -nda-)

    D.I : Les prochaines sorties du label ?
    Marc : Certainement le prochain Sonic Angels, Hard Break.

    DI : Et il y aura du changement sur Hard Break ? Des surprises ? Une reprise de Lady Gogol ? Des sections cordes et cuivres ?
    Marc : Bien sûr ! Et aussi les choeurs des petits chérubins de la cathédrale de Ramonesville... et j'allais oublier l'intervention de Ravi Shankar sur "I See Red" ! Hé, si il y a changement ce sera dans la continuité, les prises live et le tout aussi essentiel que possible, je n'en dis pas plus. Vous pourrez l'écouter avant la fin de l'année. Et en vinyle bien évidemment.
    Sylvie : Moi je l'intitulerai plutôt Fucking Hard Break... Non pas de changement en vue... Toujours Punk Rock New York-Detroit-Melbourne, Rock'n'Roll Memphis, Psyché Austin-LA, avec quelques piments mexicains... On saupoudre de French Touch et le tour est joué non ? Qu'est-ce que t'en penses ? On a des chances de signer chez Virgin Megatruc avec tout ça ? Dans tous les cas, avec Sonic Angels, on prévoit d'aller en Australie, aux Etats Unis et de retourner au Mexique... Passer du bon temps quoi ! Faut voir si on va pouvoir tout faire cette année, peut-être qu'on va en garder un peu pour 2013 si le monde veut bien attendre...

THE FRENCHIES

    D.I : Je viens de réécouter l'album Teenage Cry de 89 où tu jouais Marc... Le disque a un côté Pop/Johnny Thunders... J'ai même cru déceler quelque part un clin d'oeil à Joan Jett, et une façon de chanter à la Joey Ramone sur "When We'll Be Easy". C'était la somme de vos influences en gros ?
    Marc : Oui, on était tous les quatre à fond sur le punk rock new-yorkais des mid-seventies. Fans des Ramones donc bien sûr... Nico Loco, chanteur du groupe, avait aussi un coté théatral à la Jim Morisson. Souvent décadents et insolents, on ne se faisait pas que des amis !

    DI : Vous avez beaucoup joué ?
    Marc : A peu près 150 concerts en trois ans, notamment en Grèce, Suisse, Espagne et un peu partout en France. C'était une aventure pittoresque à chaque fois, avec tous ces animaux dans le groupe... Plus la défonce... On n'a pas toujours été au top. Il a fallu parfois en récupérer certains in extremis pour pouvoir assurer le concert. Tout cela use, et ça explique sûrement pourquoi le groupe s'est arrêté et que la plupart des membres soient aujourd'hui "hors circuit".

D.I : Tu sais ce qu'ils sont devenus ?
Marc : Christian Marquez, le batteur, est plombier depuis 20 ans. Lui il s'est remis à jouer, avec Lolita Larsen à Montpellier. Nico Loco, lead vocals et sax, est aujourd'hui quelque part dans le Massif Central et hélas complètement out of space aux dernières nouvelles... Denis Alligon, guitare et chant, est décédé d'overdose en 90. Bruno Baron, le bassiste, est aujourd'hui jardinier je crois, et sans activité musicale.
    Sylvie : C'était le groupe le plus excitant de la scène française, avec les Backsliders. J'ai jamais été branchée par la scène alternative et ceux-là donnaient un bon coup de pied à tout ça,

DI : A part Teenage Cry en 89, il y a eu d'autres disques des Frenchies ?
Marc : Non seulement celui-là chez New Rose et quelques morceaux sur diverses compilations en France, en Espagne et en Angleterre.

SONIC ANGELS

    D.I : Difficile, vu la composition du groupe, de ne pas penser à Dead Moon/Pierced Arrows... Pas seulement parce qu'un couple est aux manettes mais parce que vous êtes vous aussi adeptes convaincus du "Do It Yourself". Vous avez tout fait/tout conçu, de A à Z, pour le dernier album, de la prise de son à la pochette. C'est une façon de ne pas être déçu par le résultat ?
    Marc : C'est une façon de faire... Je suis passionné d'enregistrement et j'ai souvent été déçu par les sessions dans d'autres studios. Au Subsonic on peut travailler à notre rythme et à notre manière. On a réuni tous les outils pour réaliser nous-mêmes nos projets, de la conception à la réalisation, et en y prenant plaisir. Pour certains disques on a fait appel à des graphistes ou illustrateurs qu'on apprécie beaucoup comme Leviathan ou Sergio Mora en Espagne... C'est flatteur que les Sonic Angels te fassent penser à Dead Moon, on les aime beaucoup.

    D.I : Vous connaissez Fred et Toody ?
    Marc : On les a connus quand ils sont venus jouer au Subsonic en 2004, on n'était pas très nombreux, une trentaine de personnes - dire qu'ils remplissent les salles dans les pays du nord ! - et ils ont fait un super concert. C'était magique, l'enregistrement du concert en atteste ! Et pour avoir fini la soirée ensemble, on sait que Toody et Fred sont vraiment super cool. Ils n'ont jamais lâché prise, aucun compromis aux modes du moment, des super compos... Leur parcours et leurs disques sont un bel exemple d'aventure Rock'n'-roll. Le fait de jouer en couple est une formule idéale pour nous.

    D.I : Sur l'avant-dernier album, Learn Love Care and Celebrate, le groupe jouait avec des batteurs différents sur tous les morceaux. Un sorte de première...
    Marc : Nous avons voulu faire participer les différents batteurs avec qui nous avions déjà joué ou cherché à jouer. L'idée était d'enregistrer avec chacun, en un après-midi, une version d'un morceau phare pour nous et une composition s'y apparentant. En sont sortis trente morceaux, dont quinze versions avec quinze batteurs distincts, la moitié des titres est sur ce disque. On a aussi joué quelques fois avec deux batteries en même temps, le pied ! Changer de batteur, c'est une nouvelle expérience à chaque fois, ça permet de faire des nouveaux morceaux et d'avancer, de faire évoluer la musique. Pas toujours comprise, notre démarche est souvent désopilante pour beaucoup de gens qui ne savent pas avec qui on va venir ni quel répertoire on va jouer.

     D.I : Comment s'est passée la dernière tournée des Sonic Angels ?
    Marc : On est partis en avril pour une quinzaine de jours, en France, Suisse, Autriche, Allemagne, puis quelques days off à Montpellier et ensuite encore quinze jours en France et en Espagne. On est partis à trois, avec Chris Mojo à la batterie, et on s'est tous les trois régalés malgré parfois le manque de public. On a joué dans de nouveaux endroits, fait pas mal de nouveau morceaux et rencontré presque partout des connaissances ou des amis de longue date. Leipzig, Dresden, Alicante, Valencia... C'était super... A Berlin on a revu Tibo avec qui nous avons longtemps joué et qui y vit depuis deux ans.
    Sylvie : J'ai écrit un tour report, tu peux en utiliser un bout si tu veux.



    Voici donc un extrait du compte-rendu de la tournée des Sonic Angels au printemps dernier. Sylvie y raconte l'étape de Mont De Marsan :

    "On joue au Havanita, c'est mignon... Le patron nous accueille avec vin local, fromages et canard... C'est un fin gourmet, on est ravi parce que nous aussi... La balance se passe bien... 22h30, public très hétéroclite... On démarre... et dès le premier morceau on nous dit que c'est trop fort... "Mais non ! C'est exactement comme à la balance ! On n'a rien touché ! Pas monté le volume, rien ! Promis ! Juré !". On a juste peut-être un peu plus d'énergie... Normal on est en train de faire un concert, n'en déplaise au patron qui n'entend plus ses clients commander... Et en plus une partie des dits clients retourne sur la terrasse. D'après lui c'est signe qu'il faut qu'on baisse le volume... Bon, on le fait... J'entends plus ma basse et je devine tout juste la guitare, mais pour la batterie, désolé on peut rien faire... Chris retient tous ses coups, il va choper une crampe si ça continue... On arrive à jouer trois ou quatre morceaux tant bien que mal et finalement on nous dit d'arrêter... Celle-là on nous l'avait jamais faite... On replie les câbles et on va pas tarder à y aller... Tout le monde nous dit que c'était super... Dommage... Voilà, il ne se passe rien à Mont-de-Marsan... Y'a même pas un magasin de disques... Hé les gars ! Dans mon merchandising j'ai une cinquantaine de disques à vendre, que de la bombe, spécialement sélectionnés pour vous, à des prix super cool... Et personne n'y prête attention..."

    D.I : Et la partie espagnole de la tournée ?
    Marc : Ça s'appelle "13 DAYS OF ROCK'N'ROLL IN SPAIN !!!" No comment... Le titre est suffisamment explicite.

    D.I : L'Espagne a pas mal changé ces derniers temps, la vie y est plus difficile... Vous avez remarqué la différence avant/après la "crise" ?
    Marc : Partout c'est plus difficile, et plus particulièrement pour les Espagnols en ce moment. Même eux subissent de plus en plus de lois à la con. Anti tabac, anti bruit, interdiction de boire dans la rue alors qu'il fait une chaleur à crever et que tout le monde à envie de rester dehors tard dans la nuit... Ils sont parmi les derniers en Europe à avoir été touchés par ce phénomène d'interdictions tous azimuts. Ça reste quand meme un pays très rock and roll dans la mesure où les gens ont l'habitude de se débrouiller par eux-mêmes et n'oublient surtout pas de faire la fête. Pour avoir été jouer à peu près partout en Europe, on peut dire que tout se ressemble de plus en plus hélas, mais qu'il reste en Espagne toujours quelque chose de différent, peut-être un reste d'anarchie... No pasaran ! Viva la lucha ! El pueblo unido ! Lanza piedras !


Gildas Cospérec



OFF THE HIP   

    Petit zoom sur la dernière fournée de ce label australien généreux dont l’ambitieuse devise est d’exporter “The best in australian garage powerpop and rock’n’roll”. Le plus étonnant est que jusqu’à présent, ils ont tenu leur promesse : plus d’une centaine de disques en une dizaine d’années, presque tous consacrés à la scène australienne, excellents pour la plupart, jamais franchement mauvais en tout cas. Sept nouvelles galettes qui vérifient cet adage.

 
   On commence avec les seuls non australiens du lot, Los Chicos qui fêtent leurs dix ans d’existence avec un best of poétiquement intitulé 10 Years Of Shakin’ Fat And Lauchin’ Shit. Attention, on parle bien des garagistes espagnols, et non du fameux boys band seventies de Porto Rico, il y a d’ailleurs d’autres confusions à éviter listées sur leur blog ! Les seize titres sont tirés de leurs quatre albums, les trois extraits du premier ayant été réenregistrés pour l’occasion.
    Le morceau d’ouverture sonne comme une profession de foi : “We Sound Amazing But We Look Like Shit” ! On ne peut les contredire, sur le son en tout cas. En plus ils savent tout faire : garage R&B festoyant à la Woggles, 60’s beat percutant, wild rock graisseux, power pop vitaminée, country rock alcoolisé, clins d’oeil malicieux aux Fleshtones ou à Dr Feelgood. Une excellente occasion de les (re)découvrir et de plancher sur leur équation magique : Rock and Roll + Rhythm & Blues + Soul + Punk + Pub-rock + Country + Cerveza = FIESTA ! (http://loschicosrocks.blogspot.com)


    The Hard Truth est le deuxième album des Dunhill Blues (on peut les appeler les Dunnies, même si pour des francophones ça sonne pas très rock’n’roll), un sextet de Sydney qui se distingue par une instrumentation pléthorique : guitare, basse, batterie, theremin, orgue, trompette, sax, banjo, piano etc. OTH (tiens ça me rappelle quelque chose) les qualifie de meilleur groupe de la contrée dans le genre “Blues-Punk-Country-Garage-Rock-Psychedelic-Soul-Revival”... Ben ouais, on y retrouve bien tout ça, allégrement tripatouillé, sur seize titres cartons qui déboulent en trente-trois minutes, avec en sus une dose de Death Punk à la early Turbonegro, des dérapages destructurés façon Jon Spencer Explosion plus des choeurs braillards et cette attitude ironique et morveuse qu’on aimait bien chez les Sailors. Petit bémol, il faut se faire à la voix criarde, et parfois crispante quand le screamer se croit obligé de nous essorer ses cordes vocales dans les tympans. (myspace.com/thedunhillblues)

    Rocket To Memphis a enregistré ce troisième album à New York sous la houlette du producteur émérite Matt Verta-Ray, des Heavy Trash / Speedball Baby. C’est dire que le son de Jungle Juice est cru mais soigné, la guitare bien grasse qui se paie de fréquentes giclées incisives et la voix sexy de Betty Bombshell étant déjà de solides arguments. Les morceaux naviguent entre rockab’ crampsien, swing, groove, exotica, effluves vaudou inoffensives mais séduisantes et échappées psychédéliques. Avec en prime des refrains aguicheurs et une chouette reprise de Jack Scott (“Never Felt Like This”). (http://rockettomemphis.com)

    Dans la foulée de son album avec les Secrets, Johnny Casino s’est dégotté deux nouveaux acolytes, Mike Burnham à la batterie et Rodney Agar des Mess Makers aux vocaux, pour un nouveau projet intitulé The Lord Street Sound. Grosse guitare, beat de la mort, vocaux scandés... Houla ! Le morceau d’ouverture “Human Chunk” ressemble à du heavy Hip Hop ! La suite est assez bizarroïde, garage, dark, rap, hard, hypnotique, psyché... Quelques réminiscences curieuses, de Hawkwind jusqu’à ces morceaux parlés qu’on aimait bien chez les Sailors (encore !). Pas vraiment convaincant au premier abord, Behind The Dumb mérite probablement une seconde chance.

    Les Little Murders ont sorti leur premier single en août 79, “Things Will Be Different”, célébré quelques années plus tard par un certain Gildas Cospérec dans Nineteen, révéré aujourd’hui comme une des perles du power pop australien. Un premier break en 84 fut suivi d’un parcours erratique, une poignée de singles et quatre albums entre 86 et 2001, et une nouvelle résurrection en 2009 après la publication sur OTH de l’anthologie Stop Plus Singles. Rob Griffiths est de retour plus de trente ans après ses premiers exploits et Dig For Plenty ravira les vieux fans comme tous les amateurs de power pop léchée, teintée de country ou de glam à l’occasion, et même de psychédélisme comme sur le prenant morceau final “Velvet (Get Out Of Bed)” qui nous replonge dans des ambiances oubliées à la Green On Red / Dream Syndicate. Un rien nostalgique tout ça ! (myspace.com/littlemurders)


    This Ain’t No Paradise est le deuxième opus de Mass Cult, un gang de Melbourne qui propose un cocktail garage/indie pop/new wave parfois tendu et efficace (“The talk Of The Town”), parfois plus pop ou virant  vers la ballade envapée. Leur son minimaliste est très maîtrisé, trop sans doute, carrément froid à la longue. Ils devraient se lâcher, faire péter les watts, mettre un peu de folie, car ils ne manquent pas d’idées, même s’ils recyclent le riff de “In The Night Time” sur “Life At The Top”, qui par ailleurs m’évoque vaguement les Sailors... Euh... Y’a encore du boulot avant de devenir culte, mais on peut garder une oreille sur eux. (myspace.com/masscultsuicide)

    James Baker, le batteur mythique au pédigree long comme un jour sans fuzz (Victims, Scientists, Hoodoo Gurus, Beasts of Bourbon, Dubrovniks...), a fondé avec un certain Joe Bludge à la guitare acoustique les Painkillers, un duo étonnant qui a déjà pondu deux albums (Drunk On A Train et Love Cancer). Le tout dernier, Feel The Pain, contient onze titres marquants, minimalistes, sur les traces des Modern Lovers et du Velvet. Plusieurs plages nerveuses, des saveurs country, des ballades poignantes, des effluves dylanesques et deux reprises : “Lipstick” du gang de Perth The Homicides, et le “Gamblin’ Bar Room Blues” de Jimmie Rodgers, où la voix traînante et désabusée de Joe fait merveille. Une voix vibrante, un peu cassée, qui porte aussi l’émouvant “Rodeo”. Une voix qui me rappelle... non, pas les Sailors... Hum, un timbre familier en tout cas, et un vrai talent de songwriter. Chaudement recommandé ! (the-painkillers.com)

www.offthehip.com.au

Sylvain Coulon



digitfanzinearchives@gmail.com

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