ARTICLES INEDITS



 

Dig It! Inédits
Tony Slug    (interview)
Mike Ness    (Supplément à l'interview du Dig It! # 26)
Nekromantix    (chronique de concert)
The Strokes    (chronique de concert)
Billy Childish
Joe Strummer    (Supplément à l'interview du Dig It! #24)
+ Dee Dee Ramone : Mort aux Ramones    (chronique du bouquin de Dee Dee, parue dans un de nos anciens numéros, mais chais plus lequel !) 

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Entretien avec Tony Leeuwenburgh
alias TONY  SLUG (2002)

 Sweet Jane : Quelles sont les villes ou les pays où vous avez tourné cette fois-ci ? Et où est-ce que le public s'est montré le plus enthousiaste ?

 Tony Slug : Nous avons commencé au Festival de Roskilde au Danemark, ensuite nous sommes retournés à Amsterdam via Paris (Le Nouveau Casino) et Bordeaux (Le Zoo Bizarre), puis en Espagne (au Azkena de Bilbao), un show à Lisbonne au Portugal, retour en Espagne via Barcelone (The Magic) et Montpellier.

 Scott Morgan me précise qu'ils ont décidé de rester à Montpellier et d'annuler leur passage à Rennes, dommage ! Le lendemain en remontant ils ont essayé de trouver un coin pour rester en France mais tous les hôtels étaient complets because 14 Juillet ! J'en profite d'ailleurs pour faire passer le message de Scott qui aimerait beaucoup produire des groupes français ou européens (me contacter).

 T. S. : Ensuite nous avons eu une route d'enfer pour nous rendre à Uppsala en Suède où nous étions la vedette du festival Barbarella. Deux jours pour l'aller et deux pour le retour !!! Mais on s'est bien marrés !! Juste le temps de repasser à Amsterdam et nous sommes partis pour Londres. Pour ce qui est de l'enthousiasme... l'Espagne est de loin la meilleure, mais la Suède aussi a l'air de bien nous apprécier. Mais bon, en général les gens ont été super sympas et encourageants partout en Europe.

 SJ : Combien de temps avez-vous passé en studio pour l'enregistrement de "Powerglide" ? Qu'est-ce qu'il a de plus que le premier ?

 Tony : Le tout, enregistrement et mixage, nous a pris 5-6 jours. Nous avons réalisé quelques sessions avec les chanteurs et encore une fois comme sur le premier album avec la section cuivres d'Amsterdam THE HECTIC HORNS. Ils sont vraiment bons ! Ce qu'il a de mieux ? Plus de cuivres et des choeurs féminins.
 

 SJ : Sur la pochette de votre premier album que j'ai scrutée à fond, j'ai remarqué que c'était toi qui l'avais mixé, que fais-tu d'autre?
 Tony : Oui, et je produis aussi mon autre groupe THE NITWITZ ainsi que d'autres groupes locaux.

 SJ : Comment travaillent les Hydromatics sachant que toi et Théo êtesà Amsterdam et que Scott et Andrew sont à Détroit ?
 Tony : Nous avons pensé que nous devions capturer en studio les bandes contenant des morceaux que le Sonic's Rendez Vous Band n'avait jamais enregistré et qui avaient été composés et écrits dans les années 70 par Scott et Fred 'Sonic' Smith. Les nouveaux morceaux des Hydros sont presque tous de Scott même si j'ai contribué à la recherche de mélodies et à quelques arrangements. Avant que Scott et Andrew nous rejoignent ici, nous échangions des enregistrements par e-mail, on avait ainsi
une idée de ce que nous allions enregistrer. Après, évidemment, nous avons dû tout préparer.
Tony Slug

 SJ : Quand on regarde les deux pochettes de disque (vinyle) on a l'agréable surprise de ne pas trouver dans le dernier  -contrairement au premier- de f*uckin code barre. Par contre, il n'y a aucune indication des crédits. Dans "Parts Unknown" chaque morceau est décrit très précisément, peux-tu m'expliquer pourquoi ce changement de "concept commercial"? Et pourquoi ne pas avoir sorti votre second album chez White Jazz comme le premier ?
 Tony : Le second album chez Cargo s'est vu le droit d'être distribué par Freakshow Rds sans que nous en sachions rien. Nous n'en avons pas vu un centime !!! On a même dû payer les copies qu'on a pris avec nous pour la route. Pour moi c'est un bootleg (pirate). Il n'y a aucun crédit pour les musiciens et aucun crédit pour les auteurs des chansons. De cette manière ils se sont dispensés du paiement de droits d'auteur qui naturellement devaient revenir à Scott. L'industrie du disque est le business le plus crade qu'on puisse imaginer. Tout le monde se fait du pognon, sauf le groupe!!! Quant à White Jazz, ils ont vendu leur boîte à une autre. Je ne suis pas sûr que ce label existe encore et surtout, ils ne nous ont plus rien demandé ...

 SJ : Parle-moi un peu de toi, tu es né où, dans quelles villes as-tu vécu, y-a-t-il une ville où tu rêverais de vivre ?
 Tony : J'ai 39 ans et je suis né au Danemark mais j'ai vécu toute ma vie à Amsterdam, ce serait chouette de vivre en Espagne !!!

 SJ : Tu as joué de la basse pour Sonny Vincent, mais tu as aussi une superbe gratte Gibson 'Les Paul', rêves-tu d'une autre guitare ou bien celle-ci te convient très bien ?
 Tony : Pour moi, elle est parfaite, très heavy, avec un son très solide, je l'adore. Mon autre guitare c'est une Mosrite 1965 que j'aime beaucoup aussi.

 SJ :Tu joues avec les Nitwitz et les Hydromatics... Avec qui encore ? Et avec quels musiciens "super connus' à part bien sûr Nick Royale, Scott Morgan et Sonny Vincent as-tu travaillé ?
 Tony : J'ai joué avec BGK, Loveslug et Vim. Et avec Spencer P. Jones des Beasts of Bourbon.

 SJ : La Hollande est un bon endroit pour ta musique ? Quels sont les groupes que tu aimes bien en ce moment et quel a été ton déclic quand tu étais ado ?
 Tony : La Hollande ? Absolument pas !!! La situation est en géneral... terrible !!!!! D'un point de vue personnel, les groupes que j'aime bien sont des potes, F.I, The Felchers, Hellacopters, Turbonegro. Quand j'étais ado (à la fin des années 70), j'écoutais surtout les Ramones et les Stooges.

 SJ : Comment as-tu formé les Nitwitz ? Et Théo, comment l'as-tu connu?
 Tony : Dans cette ville (Amsterdam) c'est quand même un peu dur de ne pas connaître un mec comme Théo. J'ai formé THE NITWITZ en 1978 et nous avons cassé en 1982...A cette époque nous étions le plus grand groupe punk hollandais !! Nous avons sorti un bon paquet de disques notamment chez Bronco, Safety Pins mais aussi un album chez Get Hip "Dark Side Of the Spoon". Puis, en 1996 nous nous sommes reformés mais maintenant nous sommes le plus petit groupe de Hollande, ha, ha ! (www.gethip.com/new/Ip/ghlQ79.html)

 SJ : Les projets des Nitwitz ?
 Tony : En ce moment nous sommes en studio, nous enregistrons un nouvel album... et je bosse aussi justement sur notre tournée qui pour diverses raisons ne durera peut être que deux semaines... On commencera à traverser la France sûrement mi-octobre via l´ Espagne et dans le sens contraire deux semaines après, j'ai hâte d'y être ! Mais bon, c'est un peu confus en ce moment ! Mon ami Laurent Van Bouvelen essaye de nous trouver quelques shows en France, mais il paraît que c'est un peu dur...Mais notre concert à Montpellier est confirmé, il aura lieu le 4 Novembre.

 SJ : Cool !!

 C'est le moment de lancer un appel à tous ceux qui veulent donner un coup de main aux Nitwitz ! (N'hésitez pas à me contacter -jeannethe.valdes@voila.fr- si vous avez des possibilités)

 Tony : Thanx a lot !

Recueilli et traduit de l'anglais par
Jeannethe "Sweet Jane" Valdès.
 

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Supplément inédit à l'interview
de MIKE NESS parue dans notre #26
 
Highway 5, revisited.
(California got soul)

    « Une histoire truffée d’anecdotes bruyantes sur les courbes élégantes de nos belles d’antan... » La voix du reportage que je ne ferai jamais file par la fenêtre entr’ouverte de ma voiture. La dépression créée par l’air extérieur aspire le style ampoulé, et la musique qui pulse des HP plaqués sous le tableau de bord chassent à coup de Marshall les phrases construites et les blablas d'au moins 6 mois d’efforts polis, vernis, astiqués et modernes. Je me sens lavé. Lavé de toutes ces tractations téléphoniques et leurs cohortes de formules conventionelles et désespérantes. Tous ces e-mails. Toutes ces démarches épuisantes pour le moral et l'idée qu'il reste de l'âme dans ce monde parfois si bas, si ... propret, mercantile et surtout calibré. Je suis content d'avoir rencontré Mike Ness. Non pas seulement d'avoir eu gain de cause auprès des intervenants et décideurs divers que j'ai eu à cotoyer, mais surtout parce qu'il m'est apparu aussi franc et honnète que sa musique ou son attitude sur scène m'ont donné à penser. Oh bien sûr il resterait beaucoup à dire, ou a demander (genre passer en revue la carrière de Social Distortion, ou encore demander quel est ce démon roots qui le pousse à reprendre Dylan puis quel est cet autre qui a besoin de scène et de brûlots sans solos) mais on se reverra sur la base du prochain album.
     De toutes façons il était temps d'arrêter. Shane a fait un geste discret, et nous avons soldé l'entrevue par une mini séance photo, histoire de faciliter la transition vers l'autoroute à nouveau et le chemin du retour.

     Maintenant, seul dans mon habitacle, je me prends à penser à ce que je viens de faire, et du coup je trouve plus de bien fondé à ma démarche : prendre la responsabilité de faire un passer un coup de coeur personnel dans un domaine plus public, si j'ose dire. Social D n'a, à ma connaissance, jamais fait l'objet d'un article dans la presse française (tout au mieux nous avons eu une critique de l'album Heaven & Hell dans les Inrock -increible,no ?- il y a bientôt 10 ans, et une de l'album solo #1  de Mike Ness dans R&F, d'où il ressortait que l'homme avait la sensibilité à fleur de peau. 3 étoiles sur 5, si je me rappelle bien.Je trouvais qu'il méritait mieux que ça, et qu'il n'y avait pas meilleur moyen d'appréhender sa musique -son monde- qu'en ayant une petite discussion avec lui, histoire de fixer un contexte. Et de vous en faire profiter. Glaner au passage les anecdotes 'satellites' concernant Brian Setzer ou Bruce Springsteen sont un plus non négligeable, une espèce de supplément d'âme. Cela me fait d'ailleurs penser qu'il serait bon un jour de se pencher sur les vies parrallèles de Springsteen qui participe à d'excellents disques dès qu'il a le temps. C'est une autre histoire.Celle-ci se continuera j'espère pour la sortie du prochain disque, pour une des nouvelles dates w/ le nouveau line-up (sans Dennis et avec le batteur qui avait officié lors des concerts solos et sur l'album 'Under the Influences', Charlie Quintana pour le nommer.), ou bien pour les vacances. Ce dernier chapitre me fait sourire d'aise ! Tout comme les derniers mots que nous avons échangés, sur le trottoir, après qu'il m'ait confié qu'il aime bien jouer à Tijuana. "Tu sais, la Chevrolet, je veux en faire une bête de concours. Pas un truc qui va en remorque à la
concentre, non, mais un truc qui me ramène une putain de coupe à 15 dollars. Tu vois ce que je veux dire ?" Un peu que je vois, Marlon !

     J'écoute Death on Wednesday, cadeau de Shane Trulin qui va m'inviter au concert au Viper Club. J'entends un peu des Heartbreakers, un peu des Undertones, un peu de Social Distortion aussi. Un petit rien du Clash si on veut... En tout cas, rien d'étonnant à ce que ces gars aient fait la première partie de Social D cet été. Et bien sûr, ce sera un bon
concert, avec pas un musicien qui touche le sol en même temps que ses potes -sauf entre deux morceaux. (Cela s'avèrera d'ailleurs exact. Seul le guitariste hmm soliste paraissait moins à l'aise. Moins rebondissant. Peut-être plus hautain. Renseignements pris à la fin du gig auprès de l'interessé, il avait répété les morceaux sans interruption pendant les 48 heures précédant le concert : il venait d'intégrer le groupe. Il se sentait donc un peu coinçé. J'en avais les larmes aux yeux !)

     La radio bave ses conneries sur le Summer Fun, le niveau de pollution bat de nouveaux records, Enron vient de foutre en l'air la distribution d'électricité en Californie (il s'ensuivra un scandale financier sans guère de précédent d'ailleurs), Bush est en vacances (et l'avenir jugera finalement qu'il en avait bien besoin, avant de s'ateler à la lourde tâche de faire régresser une région du monde à l'âge de pierre à coups de bombes) et NYC est encore intègre.

     Et la vie est belle,  je trouve. Tant qu'il y aura des hommes de bien, professant l'intégrité à six cordes, ça ira. Ca débouchera bien sur quelque chose de meilleur, un jour. Comme l'a humblement énoncé Mike, il aura fallu 20 ans pour qu'on sente un léger mieux. 20 ans de sa vie, d'ailleurs.

     Merci et à un de ces quatres.

    Laurent Bagnard

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NEKROMANTIX, Genève,
 (Chalet du Lac, 13 Juin 2002)

 Genève est une ville où avoir une amante blonde décolorée à forte poitrine, porte-jarretelles et bas de soie, et à passer la chercher en Lotus Europe "à 8heures pétantes, love !" murmuré d'une voix San-Antoniaise d'après la fondue ... Ah la laisser glisser dans le lecteur 8 pouces une K7 de son choix -une infecte niaiserie anglaise genre BO de "Ne nous fâchons pas" avec Lino Ventura et l'innénarrable Jean Lefevbre en R8 Gord défiant des hordes d'anglais effeminés jouant
soit du rock d'ascenseur soit du fusil-mitrailleur Thomson avec une égale virtuosité - tandis qu'elle croise négligemment les cuisses, faisant remonter au-delà de la couture du bas quoiqu'on s'en défende bien trop souvent arachnéen sa robe jaune à parements verts déjà presque indécemment courte. Gulp !
Le moteur rugit tandis qu'enfle mon désir et qu'elle me sussure, avant d'allumer une King Size Menthol "et si tu passais la seconde, darling ?!", du bout de ses lèvres pulpeuses et indolentes. Crac la boîte de vitesse explose sous la pression soudaine et violente que j'inflige au levier desdites vitesses pour la satisfaire. Une cascade de pignons s'abandonne aux lois de la cinétique enfin transgressées, tandis que la Lotus finit en se dandinant -elle aussi- de l'arrière dans le portail de la demeure du prince Aziz Nabil Al Saudi Ben Affleck Nahrdin El Fahad, fils ainé et heureux successeur du bien simple roi Fahad (King AbdulAziz pour les proches, Saint Gardien et Vénéré Dépositaire de la Justice d'Allah et Tralala pour pas mal, le Gourdin du Désert pour sa nostalgique première épouse -75 printemps cette année- et finalement Cher Papa pour ses 42 morpions dont l'aimable sus-mentionné lorsqu'ils reviennent à la case départ du Triangle de la Débauche Monaco-Las Vegas-Miami et qu'ils veulent y retourner faire un tour). Bref, voilà la Lotus et Jenny dans la devanture du King, au bord du Léman ! J'en profite pour m'éclipser avant que les gardiens en rut ne me
fassent également un sort. Les pauvres bonshommes sont mis à rude épreuve, car la maison héberge également le harem dudit, environ une centaine de mousmées qui mettent, parait-il, la pression à leur comble sur la psyché toute brute de ces ... hum... brutes, justement. Bref, nous ne sommes pas là pour faire de la mauvaise littérature policière : la mission avant tout ! J'envoie un message à Saint Elvis, priant pour que la charmante Jenny survive à l'incident et enfile donc un petit chemin de sous-bois, à flanc de colline avoisinante.

 Les sapins sauvages tendent leurs pattes griffues sur mon chemin, égratignant mon costume Boss, le lacérant tel la veste du guitariste des Strokes (voir article s'y référant). Dans l'affolement de l'accident, j'ai égaré ma flasque d'eau bénite, mon collier de gousses d'ail et ma chauve souris séchée. Par Brian Gregory, je ne suis pas du genre impressionnable, mais le crépuscule venant m'emplit d'un sentiment diffus d'insécurité... Peut-être sont-ce les touffeurs de cette sylve, les grognements étouffés sur ma droite, les feulements à ma gauche, cette branche qui craque par-là... Le chemin devient presque indiscernable, et j'ai l'impression -mais je me trompe sûrement- que lianes et branches s'étirent pour frôler mes mocassins Méphisto
désormais souillés. Bon Dieu -oh, pardon- quand je pense que je me retrouve dans un remake d'Evil Dead à cause d'affiches ronéotypées collées sur tous les murs du centre ville : un trio de squelettes en bottes répondant au délicat patronyme de Nekromantix, jeans perçés aux genoux et perfectos pendouillant sur leur carcasse, jouant respectivement de la contrebasse-cercueil, de la batterie minimaliste et de la demi-caisse électrique. Allez, m'étais-je dit, puisqu'on est dans le clin d'oeil, autant céder à l'invite et aller voir "The Return of The Loving Dead", titre de la tournée et du dernier opus du trio ! Malgré les onomatopées sourdant des bosquets alentours, j'arrive sans encombres et grâce à ma légendaire maitrise de moi dans une clairière dans laquelle trône un chalet imposant aux boiseries sombres. A l'angle de celui-ci discutent trois créatures devant un van noir immatriculé dans les pays du Nord. Si mon flair ne m'a pas trompé, ce doit être ici...
 Je demande au groupe, prenant mon ton le plus assuré :
- "Salut, c'est ici le concert ?!"
Le plus agé des trois me répond sur le champ, souriant :
-"Ben oui, c'est là, mais ça commence dans une heure."
Le temps d'apprendre que ce chalet et ses dépendances, ainsi que le parc qui l'entoure fut la propriété d'un banquier qui n'avait ni l'usage de celui-ci ni visiblement d'héritiers ! Il est maintenant transformé en honnête et heureux squatt et accueille en sous-sol des groupes à la fortune diverse. Tandis que nous devisons, une foule marrante commence à s'amasser devant la porte, de jeunes percés aux vieux rockers venus en Ford '49 noir mat en passant par une bonne tapée de keupons assez abimés. Une réflexion grapillée dans la file d'attente, alors qu'arrive le gang de rockers accompagné de leurs compagnes élégamment gominées :
"eh les gars, il faudrait voir à évoluer un peu, vous trouvez pas que ça commence à trop sentir le Pento ?!"
J'en souris et accompagne l'aimable Phil, organisateur de son état, dans les sous-sols de la maison, et me retrouve peu après à tenir la caisse en ses lieux et place, une tâche d'importance le réclamant à nouveau à la surface ! 40 balles (en anciens francs français, soit 10 balles suisses) le concert, c'est pas cher du décibel, entrez entrez...

****

 

La salle est bientôt comble; les deux frangins (guitare et batterie) et le chanteur-contrebassiste fendent la foule pour rejoindre la scène. Sans un regard, les trois lascars se branchent et le concert commence sur un riff en arpèges éculés (genre les portes du pénitencier). Soudain la  cavalerie électrique déboule avec force décibels et hurlements et il
apparait sous les (deux) spotlights qu'en effet c'est un "Beau jour pour une résurrection", signé Gretsch + Vox 3 corps ! Histoire de se caler une dalle après l'effort que cela représente, il faudra un "Meurtre au petit déjeuner", et pour éviter un beat disco d'outre-tombe que les organisateurs fendent la foule et apportent au groupe quelques bibines ! Ah ! Abreuvés, les vikings électriques avouent tous hurlements rafraîchis qu'ils n'ont pas "tué la Cheerleader" (oh no it wasn't me AT ALL ! beuglent-ils, ce qui traduit donne : "oh non ce n'était pas moi DU TOUT")... On pourrait croire que faute avouée est à moitié pardonnée et les voilà qui enchaînent une ode à la "Subcultural Girl" de leurs rêves boréaux, loin de l'Amérique qui lui a donné sinon corps leur a légué du moins l'inspiration... C'est à la fin de ce titre que le rêve prend fin, que la trêve s'achève et que le le retour à la réalité et la patrie de la petite sirène leur apparait à nouveau traumatisant et infernal; las de sculpter des contrebasses en forme de cercueil durant les longs hivers sans soleil, Kim Nekroman hanté par des visions indicibles entonne la complainte des "Gargouilles survolant Copenhague".
 Au premier rang, c'est pas du Romero, ou alors en vitesse accélérée ! Ça pogotte velu et franchement, les vieux rockers qui guinchent en imposent aux p'tits jeunes persiflants, je trouve. Il est grandement temps pour moi d'aller chercher une deuxième mousse offerte par la maison et d'y aller de mon écot pour rentrer chez moi nanti d'une preuve de l'existence  des Loving Dead revenus parmi nous. Je paye donc mon CD à leur âme damnée officiant au stand "goodies & rememberance" et me fait offrir un bumper sticker à l'effigie du groupe en sus ! Too cool !
Retour dans la fosse aux freaks ! Les Nekro y vont toujours de bon coeur, matraquant de bons vieux riffs rockab' aux Genevois électrifiés, hurlant dans une sono époumonnée l'ode aux "Leather Nuns & Rubber Monks"  ! A quand une chansonette sur Erik le Rouge ?! Après tout, Halloween s'est bien répandu dans nos contrées, alors pourquoi pas en remettre une couche avec drakkars, crème à la crème et descendre des bières dans des crânes de Normands (relire l'Astérix du même nom..) histoire de s'approprier un peu plus ce genre-ci ?! C'est un peu sa seule limite, en somme... Il est cantonné dans la redite sanguinolente mais il lui manque l'étincelle de vraie dinguerie, celle qu'ont les hallucinés qui initièrent le genre. Mais qu'importe ! Les Nordiques psychobilly y vont de tout leur coeur, et affichent sereinement leur conviction, leur âge (genre la trentaine bien sonnée) et leurs tatouages, dont un Hellcat dans le cou du Nekroman en chef.
 Amis rockers et autres accros à l'électricité et aux décibels, si l'occasion vous est donnée, allez écouter en sous-sol ces ecclesiastes hurlants sacrifiant sur l'autel Dégénéré d'Elvis de classiques accords majeurs, dégoulinants de larsens baveux et hurlant depuis les cavernes saturées de réverb' de leurs vieux amplis à lampe leur adoration au Rock Perpétué. Ils le méritent.

****

De retour dans ma chambre derrière mon Underwood cliquetante, fumant l'une de mes dernières Lucky Strike, j'aligne rature sur rature en pensant au Nécronomicon qu'ils ont clamé avoir retrouvé, lors d'une fin de concert héroïque (le Vox finira-t-il la tournée ?!). Et si TOUT n'était pas dit... Et si ils étaient VRAIMENT à même d'invoquer les démons du 7e cercle jusque dans le nôtre ? Ou pire, et si ce concert n'était qu'un prémisse au retour du psychobilly dans nos contrées ? Au-dehors, dans l'aube naissante, des gargouilles venues de Copenhague planent en long cercles infatiguables au-dessus du siège des assurances Winthertur, à l'affût des secrétaires et des représentants de commerce à l'inclinaison trop prononcée pour les heures sup' ! Des ghoules  émergent du lac, gettant patiemment les nymphettes sacrifiées à des rites infâmes par les nantis de ce monde lugubre -on dit qu'Alain Delon a une résidence sur la rive du Léman, lui aussi...
 Une Plymouth '57 noir mat rode en ville, côte à côte avec un Ford 31 vitaminé. Mes potes les Cheaters remettent les fifties au goût du jour. Ils ont des autos qui crachent des flammes et font la course avec le diable, par saint Eugène, les soirs d'été.

 Genève, ville étrange ! N'écrivez pas à l'office du tourisme suisse, amis. Ces gens-là sont discrets, et sous des atours avenants, polis et lisses, ils s'avèrent être en fait redoutables : ils sont vivants !

Laurent Bagnard
Juillet 02
 

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THE STROKES, Lyon
(Le Transbordeur, Mars 2002)
     Ah, ils sont mignons, ils sont frais, ils sont jeunes ! Tout le monde les aime, du si peu joyeux Noel Gallagher à mon directeur commercial, un autre triste sire. Ils sont le renouveau du Rock, les héritiers de Television et de Lou Reed (*), les premiers depuis les Ramones à faire crachoter l'électricité dans la Grosse Pomme... Je vous fais grâce d'autres commentaires tous aussi platement élogieux et destinés à un public qui de toutes façons méconnait ces références.
 D'aucuns s'étaient gaffés de l'affaire, vu que le lancement du groupe avait précédé le lancement du disque et que cette manipulation ressemblait en tous points à une opération marketing dûment menée. Un bourrage de crâne, en langage courant... D'ailleurs si mon père était directeur d'une agence de mannequins de renommée mondiale, j'aurais toutes les facilités du DIT monde à me faire connaitre : je baignerais dedans depuis tout petit. Tout comme mes potes de l'école privée.
Alors pourquoi ne pas monter un groupe qui plairait d'abord aux amis de papa (à quelques postes-clefs dans la presse et le show-biz, d'une façon générale), et SUGGERERAIT une certaine idée de la perfection, un peu comme les modèles de l'agence (ces créatures avec juste assez de cervelle pour penser à se culbuter -ou s'afficher avec, au moins- des "rock stars"). Y'a pas, faut qu'on se mette à apprendre au moins deux accords, les amis ! On est New-Yorkais, on a repéré la pochette du deuxième Blondie dans la pile de M'man, du premier Television dans celle de la deuxième femme de papa, celle qui CONNAISSAIT Patti Smith à la maternelle y parait et hum bref, comme Lenny Kravitz passait à la maison de temps en temps, on a fini par savoir qu'il fallait jouer et enregistrer sur du matos à lampes. C'est mieux pour le hâle, ça on le savait déjà. Peu après, voilà Is This It dans les bacs, et dans la presse aussi. Partout, malheureusement dans un rapport proportionnellement inverse aux groupes qu'on aimerait voir épaulés plus souvent.
 Voilà ce que je brassais comme idées depuis que j'avais acheté la galette. Parce que le disque est plaisant, malgré tout. Il est truffé de plans repiqués à droite à gauche (mais qui ne l'a jamais fait, même sous couvert d'hommage), le son est traficoté comme si le chanteur s'époumonnait dans un Stillson pour ne pas se faire complètement couvrir par ses potes musiciens qui jouent si fort... Qu'importe donc que la voix soit moulinée au Vocoder et qu'aucun chroniqueur n'en ait fait mention, ce disque n'a pas passé le "Highway Test", mais s'est malgré tout invité au fil des jours d'un automne qui, comme pour la majorité, s'est révélé bien sombre. Et il s'est installé dans la continuité vers l'hiver, sans faire un gros raffut, un peu comme un gros chat ronronnant sur son radiateur, découillé. C'est dramatique pour la bestiole, mais confortable pour tout le monde.
 Ce disque n'est pas MAUVAIS au sens où il ne peut être DIRECTEMENT affilié à la famille -toujours en expansion- des produits de consommation de masse, autrement dit des trucs abrutissants que même la critique a laissé pour ce que c'est : des mièvreries. De Céline D à -malheureusement- Manu C en passant par Britney S, U1+, Oasis et les Backstreet B, la liste est longue comme une année sur MTV. Les Strokes ne peuvent, pour l'instant, prétendre entrer dans cette catégorie. Par contre, ils pourraient... Et quand ils en seront là, on ne se demandera même plus si le groupe est BON, puisqu'il sera directement passé dans la catégorie platine. A ce stade, il n'y a plus de place pour la critique. Il n'y a guère qu'à subir ou décrocher sa Gretsch du mur et partir en campagne, tout Marshall et Twin Reverb dehors. Et c'est reparti pour un tour...
 Bon bref je m'égare et de toutes façon l'avenir jugera. Pour l'instant, les garçons passent à Lyon et c'est l'occasion d'aller juger sur pièces ce qu'a à dire -et à montrer- le combo venu de New York City. En direct et pas à travers les dithyrambes de la presse, humm... En effet, qu'y a-t-il comme paravent entre la prestation de ces gens et le modeste chroniqueur ? Rien. Même pas ce qu'on peut appeler le métier.
 Bonne nouvelle, le concert est un mini-festival avec deux autres groupes à l'affiche : W5 ! et Stereo Total. Mauvaise nouvelle, il a fallu voir deux autres groupes en plus de W5 ! Bon, je devrais faire la chronique des Strokes et me voilà parti, par Saint Lester, embarqué dans une nouvelle digression... mais je ne peux pas laisser passer ça. Au moins une phrase, hein ?! Qu'on aime ou pas le GENRE, qu'on leur trouve du STYLE ou non, les W5 ! prennent une scène et ne la lachent pas. Pourquoi ? Parce qu'ils aiment ça. Parce que visiblement ils aiment le public, ils en viennent et ils en veulent. Les W5 ! passent en ville, il ne faut pas hésiter à se déplacer pour aller VOIR le groupe. Voilà !
 Ah, et Stereo Total... Est-ce bien nécessaire d'en parler ? Dans un cas comme dans l'autre, ils m'ont gâché le concert des W5 ! pire que les Strokes (adieu suspense) avec leurs ritournelles synthétiques décalées (peut-on oser parler de revival minimaliste de cette absence d'âme figée un temps sur vinyle par des formations aussi douteuses et éminemment oubliables que... eh... ma mémoire me joue des tours, et de toutes façons c'était destiné à être digéré rapidement, comme on en parlait tout à l'heure. Ah... vous vous rappelez bien les 4 crétins et leur chanson sur Bob Morane et les autres moins drôles -encore que- qui cherchaient le garçon et devaient trouver son nom ?! A l'époque, le disque devait être en promo aux Nouvelles Galeries, je me souviens de la pochette sur fond rouge placardée partout en vitrine. Avant de comprendre que c'était un album je croyais que c'était un jeu promotionel... Genre "Trouvez son nom et gagnez un Week End de rêve à la Grande Motte (ou à Berlin Est)". Bref...
 Stereo Total est un duo. Franco-allemand. Stereo Total installe son matos (banderole comprise) et le range tout seul, mais malheureusement joue entre ces deux temps forts. Leur hit ? "L'Amour A Trois", annoné par une transfuge des Beaux Arts berlinois (Françoise Cactus, remember les Lolitas ?) et scandé par un allemand bondissant à grande mèche noire. A éviter absolument. Résolument. Pour la ringardise et la maladresse impardonnable du clin d'oeil lorsqu'ils se sont mis, avec la dame à la caisse claire (pas très enregistreuse j'en ai peur) à entonner "My Way". Pardon, "Comme D'Habitude". Je suis désolé de dire du mal de ce ... gestalt, parce que je suis sûr qu'il y a des années de galères derrière cette mascarade et ce mauvais goût affiché, d'une adolescence keupon à cette maturation arty au goût faisandé. C'est pathétique, en fait. Allez, un p'tit verre de téqu' à la santé des pauvres ST et on repart dire du mal des Strokes .
 Il a fallu les attendre 40 minutes. 40  minutes de sono mal réglée et d'obscures chansons plutôt imbitables, pas franchement new-yorkaises au sens où le gotha de la plume rock nous le laissait supposer... Ça m'a permis de faire un petit tour d'horizon des premiers rangs : majorité de filles, moyenne d'âge 20 ans. Les commentaires allaient bon train, et certains méritent mieux que de tomber dans l'oubli. Extraits :
 (un petit boutonneux à son pote) :"Qui connait les Strokes ? Toi et moi d'accord mais à la fac... Tu peux demander à tous ces cons de Droit par exemple, hein, y'en a combien dans la salle ?"
 "... euh , je suis en droit, moi", (ça c'est le pote en question qui répond, gêné ! Ça a sonné la fin de l'évaluation).
 ou encore : (un groupe, massé devant les enceintes du devant de scène)
 "Ouaah génial, écoute c'est le ***** de Michael Jackson !"
 "Ah ouais t'as raison"
 "Oh moi qu'est-ce-que je m'éclate en boîte là-dessus"

 Mais enfin, le plus beau soir de la vie de nombre de ces demoiselles -dont assurément une bonne partie peut encore être sans rouge au front qualifiée de "jeunes filles", bien qu'elles soient venues s'encanailler dans un concert de rock, arrive enfin, alors que dans une pénombre propice se dessinent, félinement mouvantes, les silhouettes des jeunes musiciens tant attendus. Et la lumière fut... Malheureusement pas le son ! Il a fallu attendre 4 morceaux avant de pouvoir distinguer un peu mieux qui faisait quoi... Mais puisqu'un concert est aussi un évènement visuel, on a pu à loisir (ils jouent encore + lentement live que sur disque !!!) détailler les icônes new-yorkaises. Ooch ! A gauche, un bassiste qui aurait pu officier à la réception de l'Agence du Crédit Agricole de Vizille (Isère) en tant que stagiaire durant l'année 1988, pile la coupe de (d'an)douilles à la "gracieux éphèbe" en vogue chez les BCBG en cette époque eurythmiquienne et tenez vous bien, il a une basse, c'est à ça qu'on le reconnait ! Vu qu'une basse est un instrument à 4 cordes, tenue correctement au-dessus de la ceinture et de marque Fender de préférence, il est assez facile de reconnaitre un bassiste, de toutes manières. De plus, normalement, il ne bouge pas. Celui-ci ne déroge pas à la règle, car il ne respire pas non plus. Féru de sous-culture, assurément, il n'a gardé des Leningrad Cowboys Vont A New York que ce principe : un bon bassiste est un bassiste mort. Il ne se réveille que pour aller écrire à son journal d'adoption les péripéties de la tournée mondiale en cours. "Un truc incroyable : on fait des kilomètres en bus, parfois. Et d'autres fois en avion aussi... On pourrait croire à des vacances... mais quelle angoisse la scène !" multiplié par autant de dates qu'en comporte la tournée. Ça semble assez facile, comme ça, mais on voit bien que vous ne connaissez pas le travail à la chaine vous autres. Y'a que les jours qui changent, et au bout de 30 les noms de mois... Eux, c'est la première fois qu'ils bossent. Vivement qu'ils deviennent des stars internationales basées à New York City, parce que c'est crevant, la vie normale !
 A coté de ce monolithe, un rien en avant pour être précis, on découvre un autre support à guitare, mais celle-ci à 6 cordes si fines qu'on les voit à peine. Lui, tout de cuir vêtu (enfin le pantalon), tient la guitare solo quand son comparse n'en joue pas. Entendons par là qu'ils s'échangent les rôles avec l'autre guitariste, à l'opposé sur la scène. Concentré, comme juste lâché dans le vaste monde par un prof de guitare par ailleurs resté de l'autre côté de l'Atlantique, il demeure obstinément fixé sur son manche -de guitare, je re-précise- dont il joue sinon avec virtuosité du moins avec application. En effet, les Strokes à la conquète du monde ne font pas de fausse note. C'est connu, c'est difficile à gérer ensuite : c'est comme un faux-pas dans un défilé de mode, tu marches sur la robe prototype à Enzo et crac non seulement tu finis à poil, mais tu achèves ta carrière. A toi les animations Carrefour, après un coup comme ça. Alors pour ne pas finir en Rémi Bricka de 7/11, notre ami s'applique, lui qui se laissait aller à un rien d'anti-conformisme sur la pochette de l'album (il y louche) n'en laisse rien paraître sur scène. Gibson ES 335. Fender Twin. Manche de veston décousue. Rigueur, quoi.
 Vient maintenant le chanteur. Ah ! La graîne de star. Accroché au micro, sans un regard et guère de paroles à l'attention de la foule dont j'ai l'espoir qu'elle ne lui est soudain plus totalement acquise -mais non je ne suis pas jaloux-. Casablancas, il s'appelle. Bouffi, comme capricieux, il fait un concert à reculons, sans que l'on puisse discerner ce qu'il VEUT dire, tant il parle peu et chante pas : juste un vrombissement que l'on peut assimiler à une voix, un autre instrument monocorde, mélangé à la soupe ambiante... Il m'a fallu un moment, mais je crois que j'ai compris : il n'a rien à dire, cet homme-là. C'est pour ça qu'on l'entend jamais. Grâce à lui et aux relations de papa (par ailleurs en examen, si on en croit la rumeur) les Strokes sont un groupe muet qui fait parler les autres à leur place. Pour ne rien dire de toutes façons, vu la qualité des interviews...Ce désagréable personnage officie donc en tant que frontman, noyé dans la masse décibellienne. Il nous a gratifié de 2 ou 3 apostrophes, tout de même, dont un merci en français, genre deux morceaux avant la fin et c'est tout ! Mais ça à la limite, c'est pas grand chose. Finalement, c'est peut-être un code, me dis-je. Ces gens-là sont comme ça... Regardons les choses en face, et les groupes de NYC aussi.
 Flashback : Allez, Lou Reed ! Lou Reed n'en a rien à secouer de son public, c'est une évidence. J'étais arrivé au concert à la bourre, et j'entendais des mecs qui jouaient "I'm Waiting for the Man" et je me disais... "Gonflée, la première partie !". Je rentre dans la salle, alors qu'un groupe hétéroclite et son frontman nain jouaient je ne sais plus quoi que je connaissais vaguement. Encore une reprise, me dis-je. Putain, le mec chante un peu comme Lou Reed. Deux ou trois chansons plus tard, je me dis qu'il n'y a peut-être pas de première partie, et finalement je découvre avec stupeur  que c'est bien le Lou Reed de légende qui est en face de moi. Qui ne dit rien entre les morceaux. Qui change de guitare chaque fois avant d'en commencer un nouveau. Qui sort de scène pour ne pas y revenir. Tout comme moi d'ailleurs : je ne suis jamais retourné le voir... Lou Reed n'a JAMAIS été renommé pour ses qualités communicatives. Mais on ne va pas lui chercher des puces ; pas à lui. Pas APRES tous les disques qu'il a fait et l'influence qu'il a eu sur le monde moderne. Les Ramones, alors. Ah, les Ramones ne sont pas non plus un groupe des plus communicatifs. C'est normal. C'est -putain je peux pas le mettre à l'imparfait, mon Joey- un pilonnage en règle. Une machine bien rôdée. Bon d'accord, les New Yorkais peuvent être froids, pourquoi pas. Tom Verlaine est timide, et concentré aussi. Faut dire qu'il n'amuse pas la 6 cordes non plus. Patti Smith ? C'est plutôt l'inverse, elle.
 Enfin tous ces gens viennent de Nulle-Part City, avant d'arriver sur la scène. Et s'ils n'ont guère d'envie de communiquer directement avec leur public, ils ont à DIRE. Ils sont LA, avec une place à tenir et ils la tiennent. Pas l'impression de ça avec les Strokes. Tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ne se parlent pas entre eux. Ils ne se regardent pas, ne communiquent pas. Ils NE PRENNENT VISIBLEMENT PAS PLAISIR A JOUER !  C'est effarant. On les dirait entrain de réciter une leçon mal apprise, mal digérée. Une mauvaise blague potache. Un orchestre de highschool comme on en voit dans les films, mais lourdé dans l'espace-temps, avec une dégaine fin 70's et un charisme de Starsky sans Ford Torino...
 A part les deux chevelus de la 'bande', à savoir l'autre gratteux et le batteur. Là ça va mieux, ça cogne dur et ça joue faux. Nerveux, tendus, concentrés et généreux. Suants. Je vote un satisfecit à ces deux gars, qui ont tout fait pour relever la sauce et sauver les meubles, essayer de faire de cette soirée un concert, une fête. Qu'il y ait à défaut d'échange, du moins un espèce de don. Messieurs Hammond Jr et XXX, vous avez fait en sorte que je reste jusqu'à la fin. Pour vous entendre mal repartir sur un break, mettre un peu de VIE dans cette démo de ce que devrait-être-un-groupe-sur-scène et bien que vous n'ayez pas de micro, vous vous êtes débrouillés pour faire un gentil salut de la main et que quelques sourires aux kids venus pour vous ce soir-là.
 Et puis, si l'on y regarde de près, finalement il y a un petit quelque chose : Hammond Jr ressemble à Billy Ficca, de TV. Et Casablancas à rien. Bon allez, j'arrête, abrupt comme le concert.
 Et pourtant une question reste entière : pourquoi tant d'encre encore sur ce sujet ? Parce que je pense qu'il faut en mettre de l'autre côté de la balance, que les Strokes ne sont  pas un phénomène de société, pas LE groupe qui va sauver le rock - quelle connerie, cette invention-là -, rien qu'un groupe de mecs bien nés, réunis pour faire de la musique. Malheureusement, c'est elle qui passe à l'arrière-plan, derrière leurs photos, leur jeunesse, leur look, et leur attitude majoritairement déplorable sur scène. D'un côté comme de l'autre, c'est un concept lisse, un truc qui glisse entre les doigts, mais qui voudrait s'attacher à la platine. C'est sûr. Je repense aux deux seuls déterminés, contents d'être sur scène et certainement les deux seuls à peut-être pouvoir mesurer ce qu'ils font au moment où ils le font.
 Alors quoi, le mot de la fin ? C'est triste, voilà. Je n'ai jamais vu un concert qui m'ait laissé aussi triste. Dépité. C'est dommage, parce qu'il y a la musique -qui est peut-être LEUR musique, vraiment- en decà de tout ce barouf. Et la conviction d'au moins 2 membres sur 5, plus une foule de gens que ça intéresse. Et puis les critiques : "...cette lugubre bouillie verbale de rock à la con écrite directement au balai de chiottes par des handicapés mentaux dont la poésie de fond de poubelle oscille périlleusement entre le bredouillis parkinsonnien et la vomissure nauséeuse que viennent leur cracher à la gueule de faméliques débris humains de vingt ans, agonisants précoces, les cheveus et le foie teints en vert par les abus d'alcool et de fines herbes, le tout avec la bénédictions sordide d'une intelligentsia crapuleuse systématiquement transie d'admiration beate pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la merde."
 Les critiques ne vont pas au concert des Strokes. Les critiques ne critiquent pas les Strokes non plus. Desproges, lui, aurait pu. Cette dernière tirade est de lui, je vous la laisse en guise de conclusion. La suite de leurs pérégrinations esr dispo dans les canards de propagande. This case is closed, comme disaient leurs supposés grand-frères avec une élégance inégalée depuis lors. Hasta luego !

Laurent Bagnard.
Juin 2002

 *("depuis qu'il a renoncé à balancer ses 3 trois accords essentiels, comment en vouloir à ces kids de lui piquer ses plans", a-t-on pu lire dans la presse)

 
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BILLY CHILDISH

A l'occasion de la sortie de son 100ème album et du concert des Buff Medway (son nouveau groupe) au Dirty Water Club de Londres avec les Von Bondies (soirée sold-out), Billy Childish a récemment donné quelques précisions sur "sa vie/son oeuvre" :

Je m'appelle Billy Childish. Je suis né à Chatham, dans le Kent, où je vis toujours. j'ai arrêté l'école en 76, à 16 ans.
Mon père a quitté la maison familiale quand j'avais 7 ans.
Un ami de la famille a abusé sexuellement de moi quand j'avais 9 ans.
En 79 j'ai bossé quatre semaines en hôpital psychiatrique comme gardien à la porte.
On m'a diagnostiqué "dyslexique" à 28 ans.
J'ai publié trente recueils de poésie et deux romans.
J'ai enregistré une centaine d'albums indépendants et j'ai peint plus de deux mille tableaux.
J'ai appris la guitare à 21 ans.
Je peins tous les dimanches dans la chambre de ma mère.
Mon père a essayé de se tuer plusieurs fois.
J'ai un frère de 10 ans.
Je suis marié à une métisse de Seattle.
Je n'ai pas la télé.
Je crois que la vie est un voyage spirituel.
J'ai été au chômage pendant quinze ans.
Je pratique la méditation Vipassana et le yoga Iyenga.
Je suis membre de Greenpeace et des Amis de la Terre.
Je ne lis pas les journaux et ne vais pas aux concerts.
A 21 ans j'ai cogné sur mon père quand il est sorti de prison où il était enfermé pour trafic de drogue.
Je suis un ancien alcoolique.
Quand j'avais douze ans, je m'habillais souvent en femme et je me promenais comme ça dans les rues.
J'ai eu une expérience sexuelle avec un chien.
J'ai un fils de deux ans nommé Huddie.
Je crois à la réincarnation et aux lois du karma.
Mon artiste favori est Vincent van Gogh et comme lui je crois en Dieu.
Je ne hais personne.
Je suis très content d'être désormais un peu "reconnu" (comme artiste -ndt-). J'espère que ça me permettra d'être soutenu par une Galerie (d'Art) capable de me comprendre, que je puisse gagner un peu d'argent et ne plus être obligé de peindre par-dessus mes vieilles toiles. Et je pourrais aussi publier les deux autres romans que j'ai écrits depuis 96.
La musique qu'on joue n'a jamais été particulièrement à la mode, mais c'est comme ça. Même en 77 on a raté notre chance en refusant de jouer à Londres. Et quand le punk a viré au néo-romantisme, on a décidé de revenir au rock'n'roll.
De temps en temps arrive un groupe qui nous apprécie. Il y a eu Mudhoney et Nirvana, et puis Beck, et maintenant les nouveaux : les White Stripes et les Hives. Je suis content qu'ils nous apprécient et qu'on puisse faire quelques concerts, mais on n'est pas des pop stars, on est the real thing, et the real thing ne sera jamais à la mode.
On est très concerné par notre son et le fait de rester à une petite échelle. On ne veut pas se cacher derrière le volume et les retours. On ne veut pas qu'il y ait plus de 4 mètres entre nous et le public. On veut une vraie relation pour montrer aux gens qu'ils peuvent le faire eux-mêmes.

Traduction Gildas Cosperec
 
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SUPPLEMENT( EXCLUSIF) A L'INTERVIEW DE JOE STRUMMER PARUE DANS NOTRE N°24.
 
    4 AOUT 2001 - Greek Theater, L.A
Qui se souvient de l'observatoire qui servit de décor au combat au couteau de James Dean dans la Fureur de Vivre ? Une bonne moitié des gens qui s'embouteillent
lentement dans la montée vers le Greek Theater (qui est juste en dessous) je suppose. Toute la gamme des Fifties sauvages et des Sixties vitaminées se presse vers le parking et le spectacle commence ici : gangs mexicains gominés à deux familles par Impala rouillée raclant le bitume, Cats aux ourlets spécial "feu de plancher" en
Roadster 32, papies et mamies en Ford Fairlane ou Chevy Bel-Air précieusement conservées (ou l'inverse !), psychobilly rebels tatoués en Merc' choppée... Toute ou une significative  partie de la faune colorée du sous-monde vient à la grand-messe organisée par le Réverend (sic) Brian Setzer, dirait-on.
 Ca commence bien. Merci à Theresa pour les billets (un monde de courtoisie et de vélocité !) et me voilà dans la place, au deuxième rang en face de la scène. Excellent pour ma sciatique ! Le concert est censé commencer à 19h30, et commence en fait peu après. L'arène est remplie au tiers, les gens visiblement étant venus pour le BSO.
 Les 7 Mescaleros prennent la scène avec calme. Tous sont en costumes. Sobres. Strummer prend la parole pour présenter le groupe et introduire le premier morceau. Il fera ça durant tout le concert, sur un ton plutôt badin, parfois avec un soupçon d'amertume.
 Le set commence avec "Cool 'n' Out", directement sur le riff de guitare. La basse sonne comme un avion au décollage, la batterie comme une casserole.
 Le morceau est un peu plus lent que sur le disque, donc plus lourd, et ça lui va bien. Remarquable Scott Shields au jeu nerveux, Les Paul saturée et attitude un rien
hautaine ! Le morceau souffre un rien du son ingrat. Le groupe, apparemment soudé, joue juste et plutôt bien, mais "n'attaque" pas.
 Ils enchainent sur un "Global a Go Go" à propos duquel Strummer assure au public qu'il ne comprendra rien. Il mentionne également les Stray Cats et le travail de fond qu'il mène avec Setzer depuis des années pour pouvoir jouer ici. Humour donc ! Le son s'est amélioré et c'est Scott qui se colle aux vocaux de Daltrey... et se plante dans les aigus. Sourires de Joe avant et après ! Le morceau est ample, agréable, mais je me demande diffusément ce qui cloche. Le son ? Le manque de public pour remplir cette arène ?  Strummer & Co faisant une première partie (car c'est bien de cela qu'il s'agit, et non d'un partage d'affiche) ?
 Je crois que c'est l'attitude globalement statique du groupe... Concentrés sur leurs instruments, et mal servis par une sono hésitante (on sait ce qu'on entend dans le
public, mais pas ce qu'ils ont dans les retours, finalement), les 5 Meskies debouts sont raides comme des piquets, à l'exception de Shields qui frime avec un détachement bien british et Strummer qui commence à taper du pied gauche et s'aggriper un peu au micro, lachant une Telecaster noire dont, finalement, il ne joue que très peu.
Accessoire ?
 Peu importe. Le morceau s'achève sous des applaudissements plus que polis. Joe en profite pour présenter les Mescaleros (augmentés de deux ce soir) et introduit
"Shaktar Donesk" comme le journal d'un macédonien en exil. Pendant ce temps, les guitares électriques sont remplacées par des sèches. Doucettement tintinabulant, lemorceau commence sur d'insistants arpèges. Le groupe tisse une mélodie ténue derrière un chanteur qui soudain apparaît tendu, effilé.  Concerné ? Du coup, je
comprends ce qu'il manquait au départ : que les musiciens s'investissent plus qu'ils ne jouent ! Et graduellement les Mescaleros deviennent captivants. Strum chante avecfoi, enfin, et les Meskies assurent les arrières avec une honnête intensité. Et entendons bien ceci : "Shaktar Donnesk" est tout aussi puissant sans avoir recours à
l'électricité ! La puissance du dénuement, peut-on avancer. Sans fard, sans artifice, le morceau se découvre émouvant et visiblement touche un public qui cesse de
déambuler pour écouter. Il est salué par un relatif tonnerre d'applaudissement, parsemé de quelques cris. Strummer, plus à l'aise, s'autorise cette fois une plaisanterie àpropos de "Johhny Appleseed", où il est question des sixties, des graines de marijuana et je ne sais plus quoi. Dès lors, il ne sera plus doux-amer dans ses réflexions etje pense qu'il sent que le groupe tient quelque chose désormais. Tout est question d'intensité et d'élégance, de concentration et de générosité. D'équilibre. Une fois
l'axiome posé sur scène, il suffit d'un peu plus de l'un des ingrédients pour que tous les autres se trouvent naturellement augmentés.
 Les Mescaleros ne sont pas des poseurs, ça ajoute au charme quand ils se laissent aller. Et la musique roule ! Strummer crache un "notice how the door closes when the chimes of freedom ring" qui lui va bien et on se retrouve peu apres à causer de Buick '49 et d'âme le long de la route... Ah ! Vas-y mon pote, continue, me dis-je. Cause un peu de route, pour voir !
 C'est "Bummed Out City" qui suit, avec un Tymon Dogg inspiré qui tient tout le morceau sur un instrument qui cesse d'être frêle. Il en tombe à genoux au milieu, et
l'archet perd encore des filins. Strummer passe d'un sujet généraliste à un plus personnel : "it was me, drove off the off ramp, of the sweetheart hwy" Ça fait plaisir à voir. Et à entendre. Le groupe a trouvé sa vitesse de croisière et prend plaisir à jouer, visiblement. Rien d'étonnant à ce qu'on passe ensuite à "Mega Bottle Ride" et un viron au pays de la tequila ! Quatre guitares et rien que ça pour faire passer le premier gorgeon. Tout le monde s'y met pour chanter le refrain,  et la salle, conquise, et quasi-remplie maintenant, déverse cette fois un torrent d'applaudissement !
 Strummer annonce "Bhindi Bhagee" et là c'est un cran au-dessus de ce qu'on a vu (et entendu...) jusqu'alors. C'est la raison d'être de cette formation qui enfin déjante en s'échangeant des p'tit riffs suraigus de la guitare au violon, des mini-phrases musicales accrocheuses appuyées par une flute insistante ou une gratte saturée, le tout sur un beat chaleureux et rapide : ça jaillit ! Tymon manque de scier son violon cette fois, Joe cogne sur sa Telecaster... Anecdotes !
 Le résultat est jouissif, presque joyeux et en tout cas réellement enthousiasmant. Les gens applaudissent et en redemandent (et tiens, je n'ai pas entendu de "White Riot" déplacé ni rien de cet ordre !). Cette fois-ci, Strummer s'inquiète en regardant les coulisses du temps qu'il leur reste sur scène. 5 minutes ? Ok. Ils jouent "Mondo Bongo", une chouette ballade aux relents latinos (encore !) et cette fois sont soutenus par... 3 p'tits mômes qui viennent eux aussi sur scène. Le garçon s'installe près de la batterie et joue des maracas tandis que les 2 fillettes restent en retrait de Strummer et chantonnent avec lui en dansant. Charmant ! Je suppose qu'ils devaient s'ennuyer backstage et ont profité d'une accalmie pour venir eux aussi sous les projos. C'est plus marrant ! Tymon Dogg a lâché son violon (il doit le laisser refroidir !) pour une gratte sèche, et officie maintenant dans le genre guitare espagnole, avec talent et virtuosité ! Hijole que chingon !
Il est syndicalement temps d'arrêter la démonstration depuis une minute quand la chanson se termine, mais Strummer insiste et le groupe s'engage dans une reprise the "The Harder They Come", non sans que le Strum' se soit exclamé : "What tuning ? Fuck the tuning !". Et d'attaquer l'intro avec sa Tele... désaccordée ! On ne se refait pas!
 Les Mescaleros quittent la scène devant une salle comble et sous une standing ovation (à laquelle le BSO n'aura que partiellement droit tout-à-l'heure). Son groupe a de l'âme ! Ses chers symboles n'ont pas à rougir de son attitude actuelle ! Une petite punkette de 17 ans (T-shirt de Clash 1er album et spikes roses) m'a assuré après le show que "Joe still kicks ass !" Elle aurait bien voulu voir le Clash, mais elle n'était pas née à cette époque. Et c'est pas grave, ajoute-t-elle, "Il est encore là, et le groupe est bon ! Great music, great band, great show and great voice. What else do you need ?"
 Rien d'autre. Merci !
 
Laurent Bagnard
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DEE DEE RAMONE : Mort aux Ramones

 2001-2002: Joey et Dee Dee cassent leur pipe à un an d'intervalle, de quoi faire un peu de bruit dans les médias et sortir l'autobiographie de Dee Dee, parue en anglais il y a 5 ans sous le titre Poison Heart. Un titre plus fidèle, finalement, car si Dee Dee n'aime pas trop les Ramones (y'a des hauts et des bas), il se déteste surtout lui-même. C'est un bouquin qui fout la trouille. Dee Dee passe plus de la moitié du temps à décrire ses plans came et ne semble même pas y prendre beaucoup de plaisir. Lui et ceux qui traversent sa vie paraissent plutôt prisonniers de leur dépendance et de leur folie, souvent. Prêts aux pires mesquineries, agressifs en diable...

 Mais qui sait ? Violemment subjectif, l'auteur admet volontiers que sa mémoire n'est pas la meilleure du monde. Ça ne l'empêche pas de retracer les étapes de la carrière du groupe et de lâcher au passage quelques anecdotes carabinées. Sur Phil Spector. Sur les journalistes anglais. Sur la façon de ramener à la raison un Ramone grognon qui ne veut pas partir en tournée : "Souviens-toi que tu es un
petit lapin, et que seuls les petits lapins sages ont droit de manger des carottes...". Heureusement, on trouve des dealers de carottes un peu partout de par le monde.

 Le miracle, c'est que ce ludion de l'autodestruction sorte de ses tripes une bonne partie des chansons qui ont propulsé les Ramones sur le devant de la scène, et qu'il joue de la basse, sans savoir, dit-il. Pourquoi, comment, il ne nous le dit pas vraiment, le livre est plutôt une plongée dans le côté sombre de sa vie. Ça se lit comme on descend un toboggan, c'est rendu en français rèche et direct par Virgine Despentes (en passant sur quelques bosses de traduction : les rockers sauront que les "harps" dans les groupes de blues sont plutôt des harmonicas...)

 (Mort aux Ramones, par Dee Dee Ramone et Veronica Kofman, bonne préface de Philippe Manoeuvre, traduit par Virginie Despentes. Au Diable Vauvert, novembre 2002, 17 Euros).

Tommy Boy
 
 


digitfanzinearchives@gmail.com

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