Quelques petites chroniques de certains de
nos albums préférés du moment, en vrac et dans un
joyeux désordre.
SIMON
CHAINSAW
Simon Chainsaw & The Intruders - 7''EP
Badass Roadshow - Fire Down Below - Crankinhaus Rds
Simon Chainsaw and The Forgotten Boys - CD - Tronador Rds
Simon Chainsaw, alias Simon Drew, est un "aventurier du rock'n'roll" à ranger dans la même catégorie que Sonny Vincent ou le Jeff Dahl d'il y a une dizaine d'années (ou encore notre Freddy Lynxx national). Du genre à sillonner la planète en enregistrant où l'occasion se présente avec des pointures ou des mercenaires prêts à faire parler la poudre avec qui leur en donnera le loisir. Simon Chainsaw a fait partie du groupe australien (de Sydney) Vanilla Chainsaws de 86 à 95, un gang qui a laissé deux albums, à peu près autant de mini-lp's et cd's plus une poignée de singles (au moins cinq). Le groupe a même tourné en Amérique du Sud, principalement au Brésil, avec un certain succès. Depuis, Simon Drew a gardé une partie du nom et sorti un album en tant que Chainsaw Men (Electric Juju, 1999) sur trois labels différents (dont NKVD et Smoking Troll) ! Il y était accompagné par, entre autres, Steve Gardner, leader/drummer des Gamma Men, boss du label NKVD et de l'excellent 'zine des 80's Noise For Heroes. Depuis, profitant des relations tissées pendant les tournées sud-américaines, Simon est retourné là-bas avec les Exploited et les Intruders de Marky Ramone en tant que guide des bons plans et... "technicien pour les guitares". Et quand Marky est rentré au pays, Simon Chainsaw est resté prendre quelques jours de bon temps au Brésil avec les Intruders. Une séance d'enregistrement fut rapidement programmée et le tout nouveau groupe (Simon plus les deux Intruders Johnny Pisano et Alex Crank plus un batteur brésilien) a mis en boîte trois morceaux qualifiés par Simon de "punk mélodique". Attention, ça n'a quand même rien à voir avec les trucs de chez EpiFat, on est plutôt du côté (encore) Sonny Vincent, ce qui fait une palette large mais principalement... punk et mélodique. La guitare de Simon fait la loi en chef de gang incontesté sur le heavy "Breakin' Out" et l'option "punk'n'roll avec solos dévastateurs poussés au taquet" fait souffler une tempête électrique sur la cover du "Stamp Out Disco" de Razar, un groupe de Brisbane (1978). Ça doit sortir sous peu en 7"EP sous le nom de Simon Chainsaw with The Intruders.
Autre bruyant chapitre des aventures de Simon, le
groupe Badass Roadshow vient de sortir un album sur le label australien
Crankinhaus Rds. Là aussi la formation est surprenante, on
y trouve le guitariste Al Creed (New Christs, Panadolls), la section rythmique
de Sonny Vincent (tiens, again !) sur son dernier album Hell's
Kitchen (les mercenaires allemands Stefan G et Bernward K, ils ont
aussi accompagné Sonny en tournée), un membre de Turbolove
(de Strasbourg) et quelques Allemands qui traînaient dans le studio
berlinois juste au moment où Sonny V finissait d'enregistrer Hell's
Kitchen. Cette fois, toujours selon Simon, l'ambiance est au "punk-rock
brûlant sur un train d'enfer". Bien vendu Simon ! On n'en est pas
loin, faut juste ne pas oublier de mentionner les solos férocement
orientés 70's/Détroit et poussés au max... Tellement
au max que quand le solo s'arrête y'a comme une baisse d'intensité
globale qui nuit au morceau. Mais c'est Simon le boss, et le boss aime
les grattes qui rentrent dans le chou... Ce qui n'enlève rien à
la perfection du son obtenu, un terrain sur lequel Hell's Kitchen
est nettement battu par ce Fire Down Below qui propose, en plus
du "punk rock brûlant, etc...", quelques réelles pépites
mélodiques qui s'installent sans gêne dans le cervelet pour
quelques heures. On résume : une grosse dose de "punk rock brûlant",
des mélodies bien troussées, des solos à la Ron Asheton
et un son plus gros que le siège social d'Universal. Dur de
faire un mauvais cocktail, même si ça ne donne pas non plus
automatiquement un chef-d'oeuvre, avec ce genre d'ingrédients. Vous
avez les clés...
Anecdote pour archivistes : l'album de Sony (Hell's
Kitchen) et celui de Badass Roadshow contiennent tous les deux un morceau
intitulé "Supersonic". C'est d'abord un morceau de Badass Roadshow,
la version de Sonny n'en est pas vraiment une reprise, il a juste assemblé
tous les titres de l'album de Badass Roadshow pour en faire les textes
de sa version sur une musique différente. Hommage ou défaut
d'inspiration comblé par la set-list qui traînait encore sur
la table de mixage ? Va savoir... en tout cas là encore, avantage
à Badass Roadshow pour leur version de "Supersonic".
Dernier épisode de la conquête du monde par Simon "la Chaîne de Tronçonneuse", le CD (enregistré au Brésil et mixé à Berlin en mars dernier) de Simon Chainsaw and The Forgotten Boys est encore un festival de guitares supersoniques. Les Forgotten Boys sont des brésiliens de Sao Paulo qui avouent une raisonnable inclination pour Johnny Thunders. Le disque est sorti en juin au Brésil sur Tronador Rds. Là encore mélodies et énergie sont sur le même hors-bord et le groupe érige un mur du son en treize étapes saignantes qui pérennisent la recette décryptée plus haut, de "Thinking 'bout It" à "Basta, Eu Quero Paz" (une version en anglais et une autre en portugais) en s'appropriant de manière très bien sentie le "Million Miles Away" de Stiv Bators. Même si la prolixité de Simon génère parfois quelques clichés et similitudes entre morceaux, on lui pardonne volontiers en se permettant toutefois de lui conseiller d'en faire à peine un peu moins (il a d'autres projets en cours !) et de se concentrer sur un truc. Le résultat serait sûrement totalement renversant. Mais qui sommes nous pour... etc... ?
Bon, vous l'avez compris, Simon Chaisaw est une de ces apparitions surprises comme le rock'n'roll en génère de temps en temps, galérien pendant quinze ans et grosse sensation du jour au lendemain, avec plusieurs bons disques sur le marché en même temps et une notoriété qui grandit sûrement. Il prévoit de venir tourner par ici bientôt, j'ai hâte de voir le line-up retenu, y'a sans doute encore de la surprise dans l'air... Simon cherche un label européen pour éditer ces trois disques par ici, on peut le joindre chez :
Corrosion Productions, PO Box 345
Enmore, 2042 Australie
corrosion@simonchainsaw.com
www.simonchainsaw.com
FLAMING
SIDEBURNS
Hallelujah Rock'n'Rollah
Bad Afro
Pour un premier album, pas de doute (et on
n'a donc pas été les seuls à le remarquer...), c'est
un coup de maître et d'éclat. Certes il y avait bien eu quelques
singles et un 25cm, It's Time To Testify, décliné
en plusieurs versions (CD, picture-LP, LP, tous avec bonus tracks) et dans
plusieurs contrées (Danemark, Espagne, Australie) en forme d'avertissements
soniques. Il y avait eu aussi l'hiver dernier cette épique tournée
du sud de l'Europe dont un passage mémorable et enflammé
par ici... Et puis la très groove contribution du gang au récent
split 10" avec les Hellacopters avait aiguisé un peu plus notre
impatience d'entendre le groupe cracher son garage/soul sur un vrai long
album. C'est donc fait, et bien fait, avec ce Hallelujah Rock'n'Rollah
(sur Bad Afro Rds, comme d'hab'), édifiant exemple de la
capacité d'un chaudron scandinave en permanente ébullition
à produire des alchimies parfaites. Le cocktail est basiquement
le même (Sonics/ Wailers + MC Stooges) mais varie les proportions
et intègre de nouveaux éléments. Ils ressuscitent
le Velvet dans "Flowers" (avec en guests Ian et Ebbott de Sountrack of
Our Lives/Union Carbide), un morceau qui narre les démêlés
du chanteur avec la Guardia Civil à Bilbao, customisent leurs compos
60's avec cuivres, orgue ET grosses guitares, et reliftent accessoirement
Hendrix période Band Of Gypsys en lui octroyant une partenaire survoltée
genre Aretha Turner ("Sweet Sound Of Luv"). Chaque morceau enfile trouvailles,
surprises et hommages (trouvez "The Passenger"), vocaux en espagnol au
détour d'un couplet, réminiscences psyché/Détroit
de Jack Meatbeat par ci, attaques de Pacific North-West sound par là,
tout ça avec une énergie qui s'avèrera sans doute
rapidement fatale à la calotte glacière si la maréchaussée
finlandaise n'intervient pas illico. On a rencontré le futur du
garage-rock j'crois bien... Reste à savoir comment le groupe réussira
à adapter ce nouveau répertoire à une prestation scènique
principalement axée 60's jusqu'ici. On ne devrait pas attendre trop
longtemps pour vérifier... Bad Afro a également sorti au
moins un single avec un extrait de l'album et un inédit. Le guitariste
Jeffrey Lee Burns a quitté le groupe (en bon termes) pour s'installer
en... Caroline du Nord. Il a donné son dernier concert avec les
Sideburns au Free Wheels. Il est désormais remplacé par Johnny
Volume (écoutez le solo sur "Loose My Soul" !) qui avait déjà
occupé le poste durant la dernière tournée sud-européenne.
Bad Afro : Poste Restante, Frederiksberg
Alle 6, 1820 Frederiksberg C, Danemark
www.badafro.dk
SHUTDOWN 66
Welcome to Dumbsville High
Corduroy
Autant les Breadmakers mettaient un point d'honneur
à peaufiner des albums léchés 60's/r&b techniquement
parfaits (et fort recommandables), autant Shutdown 66 (peu ou prou le même
line-up avec quelques changements de postes) la joue teenagers garage 60's
énervés sans foi ni loi. Le son de ce premier album (Welcome
to Dumbsville High) est teigneux et rouillé à souhait,
Nick Phillips (qui tenait la basse des Breadmakers) hurle et sonne tout
aussi possédé que ces kids qui crachaient leurs colères
et frustrations diverses au fond des garages de Pennsylvanie en 65 en ignorant
qu'ils atterriraient sur un Back From The Grave vingt ans plus tard. Fans
des Sparkles, Swamp Rats et autres gangs de screamers notoires, laissez-vous
tenter par la fraîcheur et la fausse naïveté (mais féroce
détermination) de Shutdown 66. Même les amateurs de Detroit
Sound y trouveront leur compte avec un "Losing Traction" plus Motor-Sixties
que nature. Dommage que l'orgue ne soit pas un peu plus discret, c'est
le seul bémol. A part ça, l'exercice de style "teenage garage-punk"
est parfaitement réussi. Les Breadmakers sont programmés
au WW3 de Benidorm, et comme tout ce beau monde joue aussi dans Shutdown
66 (et Driveway Service !), leur passage sera l'occasion de vérifier
l'état d'une bonne partie de l'écurie Corduroy.
Corduroy Rds : Factory 4, 20 Advantage Rd, Highett 3190, Victoria.
Australie
http://www.corduroy.com.au/CorduroySite/cord_index.html
ZEN GUERILLA
Shadows On The Sun
Sub Pop
Cinquième disque en dix ans pour ce quatuor
formé à l'université du Delaware, passé par
Compulsiv Rds, Insect, Alternative Tentacles, et qui a depuis rejoint l'écurie
Sub Pop. L'album, Shadows On The Sun est pétri d'éruptions
soul, blues et gospel portées par des guitares incontestablement
"heavy-punk" (bel exemple de ce que le genre offre de meilleur) et un screamer
totalement possédé au timbre hanté/trafiqué
par de savants bricolages d'effets (la prod est signée Jack Endino,
comme le précédent). Leurs reprises (Maiden/Sabbath !) sur
le single Safety Pin ne m'avaient pas beaucoup enthousiasmé,
par contre les quatorze morceaux de ce Shadows... sont monstrueusement
groove-rock'n'roll. Disons heavy-soul-blues (voire country) et c'est vendu.
Savoir-faire, énergie et émotion font bruyant ménage
et la sarabande électrique semble partie pour l'éternité.
Otis Redding duellise avec Jimi Hendrix, le Robert Plant de "Rock'n'Roll"
jamme avec les Oblivians période Quintron pendant qu'Hank Williams
s'acoquine avec les Groovies. C'est touffu et impressionnant. Mention "attention
chef-d'oeuvre" pour "Fingers", le gospel implorant et halluciné
(un extrait de concert) qui clôt l'album. Ouais on adore ce disque,
j'vois qu'on peut rien vous cacher...
Sub Pop Rds : PO Box 20645
Seattle, WA 98102, USA
ADAM WEST
Right On!
People Like You
Signalons l'arrivée prochaine d'un nouvel
album d'Adam West (Right On !) prévu en Europe sur le label
allemand People Like You Rds et absolument réservé
aux fans de heavy-punk (la voix de Jake y est pour beaucoup). C'est parfait
dans le genre, les guitares crissent dans les virages en évitant
la plupart des ornières/clichés propres (uh ?) au style,
l'influence punk est bien présente (le groupe voue un culte aux
Misfits et reprend le "Erotic Neurotic" des Saints), les mid-tempos rocailleux
combleront le fan-club d'AC/DC (toujours la voix) et le tout fera probablement
office de hit hivernal, entre Blue Cheer et Family, sur Les Bébés
Dinosaures, l'émission culte 70's proposée par Sylvain et
Tommy Boy sur Canal Sud tous les dimanches soirs. Y'a pire comme destin...
Fandango Rds : 1805 T Street, NW #A
Washington, DC 20009. USA
adamwest@fandangorecs.com
SMASH UP DERBY
Sounds of Self-defence
Screaming Apple Rds
Où on reparle des Spaceshits. Smash Up Derby
était le groupe d'Alex Fascination, guitariste sur le deuxième
album des Canadiens. Le groupe n'existe plus, cet album est donc posthume,
ils le savaient en l'enregistrant mais avaient décidé de
"laisser une trace" (après quelques singles confidentiels, par ici
en tout cas). Bien leur en a pris, cet album (Sounds of Self-Defense)
fut un de nos favoris de l'été, et, comme le souligne Ritchie
Apple, "the hardest rockin' band ever on Screaming Apple ! S'il
vous faut des références, allez piocher du côté
des Devil Dogs, DMZ ou Oblivians... Quelque chose comme les Spaceshits
combinant l'énergie de leur premier album et l'âme du second.
Ils arrivent à déguiser le "Gonna Search" des Guess Who en
inédit des D. Dogs et pilotent à l'énergie, mais non
sans finesse, une machine à carosser de redoutables hits garage-punks
vrillés d'éruptions de solos courts et minimalistes fortement
poussés dans le rouge. Totalement excitant !
Screaming Apple : Düstemichstr. 14, 50939 Köln. Allemagne.
www.screaming-apple-records.de
THE DIRTBOMBS
Ultraglide In Black
In The Red
Le groupe de Mick Collins et Jim Diamond (dont le
travail de studio, des New Bomb Turks aux White Stripes reste irréprochable),
sort un album majestueux. Ultraglide In Black se veut un hommage à
la négritude et à ses hérauts Soul/Funk. L'album n'est
pratiquement constitué que de reprises (un seul original), de Smokey
Robinson à Barry White en passant par Sly & The Family Stone
(énorme version d’"Underdog") et Curtis Mayfield. Ils reprennent
aussi le "Ode to a Blackman" de Thin Lizzy, quand Phil Lynott payait son
dû à Robert Johnson et Stevie Wonder. La basse est énorme,
le groove imparable et une fuzz omniprésente pervertit la chose
à souhait. Un de mes disques de l'année. Notez que l'autre
groupe de Mick Collins, les Screws, vient lui aussi de sortir un album
de covers, Shake Your Monkey (Hendrix, Stones, Outsiders, John Lee Hooker...).
www.intheredrecords.com
THE
RICHMOND SLUTS
1st LP
Disaster
Ce premier album éponyme est un des meilleurs
trucs que j'aie entendu ces derniers temps. Sur une base assez garage 60's
(la présence d’un organiste à temps complet dans le groupe
n'y est pas étrangère), les Richmond Sluts collent des mélodies
et des guitares qui ne sont pas sans rappeler les New-York Dolls ou les
Hollywood Brats. Ces Salopes-là ne viennent pas de Virginie, mais
de San Fransisco (Richmond est un des quartiers de la ville j'crois bien)
et quelques unes jouaient précédemment dans les Working Stiffs
et Brian Jonestown Massacre. C'est Disaster Rds, le label de Duane Peters,
chanteur des US Bombs et des Hunns qui a sorti cette excellente chose.
Disaster, PO Box 7112, Burbank, CA 91510, U.S.A.
www.alive-totalenergy.com/Disaster.html
MENSEN
Delusions Of Grandeur
Gearhead Records
Bigre ! Voilà qu’un des meilleurs albums du
trimestre nous vient encore du grand nord. Delusions Of Grandeur apporte
une bonne brouette d’arguments à ceux qui estiment que la scène
“gros son” scandinave n’est pas si uniforme qu’on peut le dire. Mensen,
c’est un son puissant mais sans fioritures, des influences punks, seventies,
mais aussi garage, pop et sixties, des guitares qui ferraillent sans jamais
frôler le metal, une voix prenante, une énergie et un feeling
terribles. Il suffit d’écouter “Please Stay Away” ou “Twilight Zone”
pour réaliser que ces norvégiens ont mis le doigt sur un
filon garage-punk-pop à creuser. Quelques morceaux plus teigneux,
des mid-tempos envoûtants et une reprise de Dead Moon (“Kicked Out
- Kicked In”) devraient convaincre les sceptiques.
La version vinyle contient une reprise de “Cherry
Bomb” des Runaways (remplacée sur le CD par “...” des Stones). Qui
plus est, les trois filles et le bassiste se sont appropriés les
patronymes des hardeuses californiennes (et puisqu’elles étaient
cinq, le nom de Joan Jett a été sacrifié !) histoire
de mieux marquer la filiation. Espérons que ça n’en effraie
pas certains, ils s’en mordraient les arpions. On vous recommande tout
autant leur split-single avec The Meat Joy sur Fandango. Un autre
45t sur Nomad Rds a aussi dû paraître.
(Gearhead Records, PO Box 421219, San Francisco, CA 94142 --
www.gearheadmagazine.com)
THE SYMPATHETIC SOUND OF DETROIT
Sympathy
Voilà quelques décennies que Detroit
nous assène le rock & roll le plus cru et le plus flamboyant
de la planète et ça ne semble pas prêt de s'arrêter.
Depuis le split des Gories, Mick Collins n'a eu de cesse de multiplier
les combos et expériences les plus diverses, et comme il a trouvé
pas mal d'alliés animés de la même passion pour le
garage le plus roots, on se retrouve aujourd'hui avec une des scènes
les plus vivantes et prolifiques du paysage. Cette compil en est un bon
témoignage, même si, comme le dit Jack White, «On aurait
pu sortir un triple album» (c'est vrai que manquent à l'affiche
des groupes comme the Go, les Silencers ou les Demolition Doll Rods). Jack,
la moitié des White Stripes, est d'ailleurs le principal maître
d’oeuvre de la compilation puisqu'il a enregistré tous les groupes,
et, c'est bien stipulé, dans les mêmes conditions, ce qui
rend le disque encore plus intéressant. A armes égales quoi
! Grande découverte avec les Paybacks (en gros les Hentchmen
s’acoquinant avec Wendy Case, chanteuse qui officiait précédemment
avec Ten High -au moins un 25cm sur Total Energy- dans un registre plus
barbelé) et leur tubesque "Black Girl" ainsi que Ko & The
Knockouts (la voix de la chanteuse nous rappelait beaucoup celle des
Detroit Cobras, mais en fait il n'en est rien. Quel vivier !). Notons
que toutes les versions sont inédites (même si on retrouve
la reprise de "Shout Bama Lama" sur le dernier album des Cobras)... Au
menu également : Les Dirtbombs, Buzzards (Ex-Dirtys/Detroit
Cobras), Hentchmen, Come Ons, Soledad Brothers, Von
Bondies, Bantam Rooster, Clone Defects (sublime "Whiskey
'n' Women) et bien sûr les White Stripes. En résumé
et pour faire court, INDISPENSABLE !
(www.sympathyrecords.com)
A.F.P. 01.04.98 : "Suite à l’écoute
intensive et immodérée d’Apocalypse Dudes, le récent
album de Turbonegro, la rédaction de Dig It ! a perdu tout discernement
dans l’appréciation du groupe norvégien”... Jusqu’à
en écouter avec délectation leurs premières éructations
death-punk sur Hot Cars & Spent Contraceptives... Alors vous
pensez bien que l’annonce par Bitzcore d’un tribute aux Denim Demons, avec
en plus la présence de Nashville Pussy, Supersuckers ou autres Dwarves
provoqua en nous une émotion comparable à celle d’un demi
bien frais après l’ascension de l’Alpe d’Huez (?!? Je mate trop
la télé en ce moment...).
Et l’objet est enfin là, magnifique dans
son écrin d’or et de saphir... «Bon c’est pas fini ces conneries
de sectes à la con !» (comme il parle bien mon père,
ouvrier chez Rousselin Frères et Associés, plomberie-zinguerie-chauffage
depuis plus de vingt cinq ans !). Donc... Outre le fait que les gens de
Bitzcore se soient sentis obligés de nous faire partager
les visions très personnelles de Satyricon (black-métal)
ou Toby Dammit (totalement indéfinissable) on a surtout une excellente
affiche qui accorde une place prépondérante aux morceaux
d’Apocalypse Dudes : "Age of Pamparius" par Nashville Pussy
et son intro à s’y méprendre, ou la version reliftée
minimale et étrange de "Are You Ready for Some Darkness" par Bela
B & Denim Girl, et Ass Cobra : excellente cover de "Denim
Demon" par Therapy? (hé ouais, de grands fans...) et deux
versions différentes de "Sailor Man" par Null$kate$nylterne
avec adjonction de cuivre et les Real McKenzies (avec une cornemuse
!). Hormis ceux déjà mentionnés, on retrouve Queens
of the Stoneage, Hot Water Music, Zeke, Peepshows,
Puffball, Ratos de Porao, etc...
Le double vinyle est accompagné d’un poster
et le Cd d’un Cd bonus avec dix groupes (dont les Cellophane Suckers
et Scared of Chaka). Bitzcore annonce la sortie d’un deuxième
volume, uniquement disponible via le site turbonegro.com.
Bitzcore rds, PO Box 304107,
20324 Hamburg, Allemagne.
www.turbonegro.com
THE NERVEBREAKERS
Hijack The Radio !
Rave Up
Le volume 15 de la série “American Lost Punk
Rock Nuggets” engendrée par le label romain Rave Up Rds est
consacré, après les Testors, Dogs et autres Features, aux
rois de la scène underground texanne de la fin des seventies, les
fantastiques Nervebreakers.
Formés en 73 à Dallas, ils ont écumé
le nord du Texas, tourné sur la côte Ouest, ouvert pour les
Ramones, les Pistols ou Clash, ne laissant à la postérité
qu’une discographie ténue : un EP quatre titres, Politics, deux
45t et un album en 80, We Want Everything (réédité
il y a quelques années par Get Hip). Haut fait de gloire : ils ont
été l’un des backing bands de Roky Erikson (un album live
sur New Rose enregistré à Dallas en 79). Leur leader,
Thom “Tex” Edwards poursuivra une carrière chaotique, enregistrant
avec les Out On Parole (l’indispensable album de reprises country délinguées,
Pardon Me, I’ve Got Someone To Kill encore sur New Rose en
89), les Loafin’ Hyenas (de la country plus venimeuse, un album, toujours
sur New Rose, en 90), et d’autres ramassis d’allumés comme
The Toe Tags ou The Swingin’ Cornflake Killers (!), apparaissant aussi
en guest sur des singles des Fireworks ou Lithium X-Mas.
Avec les Nervebreakers, T. Tex Edwards ne se prenait
pas encore pour un Hank Williams sous acide, et ses cow-boys jouaient un
cocktail déjà bien corrosif de garage et de punk séminal.
La face studio de la compil rassemble le premier 45t (“Hijack The Radio!”
un tube jubilatoire à la Wayne County, et “Why Am I So Flipped ?”
qui rappelle les Samoans), deux extraits de Politics (un autre tube “My
Girlfriend Is A Rock”, repris plus tard par Metal Mike, et l’étonnant
“My Life Is Ruined”, complainte country tex-mex virant New York Dolls)
ainsi que deux inédits enregistrés en 77, dont “I Love Your
Neurosis”, garage rock mélodique à la Slickee Boys. L’autre
face est live, sept morceaux pêchus enregistrés à Dallas
en 80, parmi lesquels deux reprises (“Steppin’ Stone”, “Strange Movies”
des Troggs) et d’autres tubes (“What Do You Want From Me ?” ou le teigneux
“I’ve Got A Problem”). Hautement recommandé, et complément
idéal à l’album Get Hip.
Aux dernières nouvelles, T. Tex Edwards enregistre toujours
pour des labels sans doute locaux, comme Honey ou TexHex. Il bosse au Continental
Club d’Austin, et s’y produit tous les lundis, de 18h30 à 21h, pendant
l’happy hour. Ambiance garantie ! (Rave Up Rds, Via Montecuccoli 13, 00176,
Rome, Italie -- http://web.tiscalinet.it/raveup
-- Nervebreakers : www.ussrlabs.com/index.htm)
THE
ONYAS
Heterospective
Dropkick Records
Planquez la gnôle, ils sont de retour.
Le trio australien fête ses dix ans d’existence avec un nouvel album
et une sorte de vrai-faux tribute bizarre (Ego! Ego! Ego!), les
deux sur Dropkick, label affilié à Corduroy et
tenu par le bassiste du groupe.
De sacrés loulous ces ONYAS : la version punk des rednecks
des antipodes, buveurs de XXXX et braconnant le kangourou les soirs de
pleine lune. De vrais poètes. Célèbres pour leurs
prestations scéniques chaotiques et imbibées, qui parfois
tournent à l’émeute lorsqu’ils ne contrôlent plus leur
libido. Dix années durant, ils ont piétiné tout l’héritage
du punk australien, des Victims aux Cosmic Psychos, en passant par Bored!
ou les Saints, allant traîner de temps en temps sur les plates-bandes
des Nine Pound Hammer et des New Bomb Turks.
Pour leur nouvel album (le troisième),
finement intitulé Heterospective, et pourvu d’une pochette
au goût sûr, ils ont réenregistré une douzaine
de titres issus de singles et de compilations largement épuisés.
Un choix judicieux qui démontre que ces rigolos ont quand même
accouché de morceaux tueurs. Pas finauds certes, plutôt vindicatifs,
rapides, à la limite du dérapage, mais avec des refrains
sloganesques et de sacrées giclées de guitare. Le son est
mammouthesque, les morceaux déboulent quasiment live, la voix assure,
la wahwah fuse... Du grand art. Un peu bulldozer comme effet, mais foutrement
jouissif.
Dropkick Rds, 38 Advantage Rd, Highett Vic 3190, Australie -- www.dropkick.com.au
-- www.corduroy. com.au/onyas/)
THE
DICKIES
All This And Puppet Stew
Fat Wreck Chords
Guetter les nouveaux disques des Dickies revient
à se transformer en la soeur Anne du célèbre conte.
N’ayant pas vu passer le 25cm de reprises Dogs From The Hare That Bit Us,
ça fait sept ans qu’on marine depuis l’inégal Idjit Savant
(et son tube intersidéral “Roadkill”). Mais All This And Puppet
Stew, que vient de publier Fat Wreck Chords, nous récompense enfin
de cette admirable patience.
Après presque un quart de siècle de
déconnades punks et de ritournelles power pop, la troupe est toujours
menée par le duo Leonard Phillips Grave (le Caruso du punk) et Stan
Lee (le, euh... Satriani du punk). Ils auraient mis cinq ans pour enregistrer
ces nouveaux titres (à dose homéopathique sans doute, ce
ne sont pas des stakhanovistes de l’enregistrement), et c’est peu dire
que c’est arrangé et produit au quart de poil, mais ils ont privilégié
l’efficacité à une créativité farfelue qui
leur a parfois joué des tours. La plupart des morceaux sont courts
et rapides, les solos ciselés, les harmonies vocales toujours aussi
délirantes, le politiquement correct joyeusement saccagé
(“Whack The Dalaï Lama”). Ils retrouvent parfois le speed et l’orgue
sautillant de leurs plus belles heures (“I Did It” ou “Free Willy” disponible
en 45t avec un autre bon titre de l’album). Même des plages à
priori anecdotiques (“Donut Man”) finissent par insidieusement s’incruster
dans vos neurones. Le sommet est atteint lors d’une reprise météorique
et vocalement acrobatique de “Nobody But Me”.
Une bonne leçon pour tous les jeunots de
leur label, on espère la prochaine avant 2008. En attendant vous
pouvez compléter votre collec’ ou découvrir les maîtres
du goof punk grace aux récentes rééditions de leurs
deux premiers opus (sur Captain Oi, avec des bonus tracks) et de
la compilation Roir, We Aren’t The World.
(Fat Wreck Chords, P.O. Box 193690 San Francisco, CA 94119-3690 --
www.fatwreck.com -- www.thedickies.com)
THE
YUM YUMS
Singles'n'Stuff
Screaming Apple
Jetez donc une oreille sur ce CD regroupant vingt-six
titres plus ou moins rares des Norvégiens Yum Yums. Le groupe est
un des plus sérieux clients de la filière power-pop
brillante, incisive et musclée, ligne claire ET grosses guitares
sur tempos rapides, ils avouent comme influences initiales les Real Kids,
le Paul Collin's Beat, les Pointed Sticks et les Barracudas. Le disque
(Singles 'n' Stuff) est une compilation de leurs singles ou CD/EP's
(sur Safety Pin, Sneakers, Screaming Apple, Universal Norvège),
agrémenté de bonus-tracks des différentes versions
de l'album Sweet As Candy (sorti en Allemagne, Japon et Norvège)
et de morceaux parus sur des compils australiennes, françaises ou
allemandes. Y'a même un inédit en norvégien. Le tout
est scrupuleusement annoté par Morten le chanteur-guitariste (ex
Cosmic Dropouts, Vikings, etc...). Ça va du morceau écrit
sur un coin de table et enregistré en vingt minutes ("Girls Like
That" sur le premier EP Screaming Apple) au tube ciselé par la star
des producteurs locaux Kyrre Fritzner, le Spector norvégien, avec
la bénédiction et le gros budget de Universal Music, le morceau
("Be With Me"), fut et est toujours un hit sur les radios du pays. Tout
comme "Crazy Over You", qui a été choisi par le Loto en soutien
musical de ses pubs TV. Les reprises sont marrantes et réussies
("Bird Dance Beat" des Trashmen, "Chewy Chewy", hit bubblegum 70's d'Ohio
Express, "Digging On You" des Romantics, "Baby I'm So Lonely" des Baby
Demons/Sator ou "I Can Pretend" des Barracudas, même s'ils ne semblent
pas très fiers de celle-là), le son est toujours impeccable
et chaque titre est un hit avec des "catchy hooks" partout comme disent
les Ricains, c'est incroyable, une vraie machine à tubes propulsée
par un batteur (Tomas Dahl, qui fut en parallèle chanteur guitariste
des Wonderfools) qui se paye aussi le luxe de réaliser des choeurs
parfaits. On devrait faire écouter les Yum Yums dans les écoles
de power-pop'n'roll. Fans des Real Kids et des Plimsouls, considérez
ce CD 26 titres comme un investissement conseillé et indémodable
contenant la dose nécessaire de rock'n'roll et l'indispensable estampille
"garagy".
Screaming Apple : Düstemichstr. 14,
50939 Köln. Allemagne.
www.screaming-apple-records.de
GOTOHELLS
Rock'n'Roll America
Vagrant Rds
Go to hell ? Si l'ambiance d'une party chez Belzébuth
se rapproche de celle qui règne sur ce quatrième album des
Gotohells, j'prends mon billet immédiatement. Un aller-retour quand
même, faudra bien revenir témoigner. Leur disque précédent
(Burning Bridges, déjà sur Vagrant Rds) les
voyait se poser en dépositaires crédibles et flamboyants
de la Devil Dogs touch, adoubés par un Steve Baise qui alla jusqu'à
apprendre à jouer de la six-cordes pour faire un bout de route avec
eux (quelques mois, pas mal de concerts, pas d'enregistrement à
ma connaissance). On y dénichait également quelques logiques
influences de leur sud profond (ils crèchent en Floride) où
Jason et Ses Scorchers provoquaient Nine Pound Hammer en un duel countrysant
et punk'n'roll à souhait. Pour ce nouvel opus (Rock 'n'
Roll America), le cocktail reprend les mêmes ingrédients
en variant les proportions et charpente le tout d'une solide rasade de
70's sound sans les errances hard trop souvent afférentes, même
s'ils citent Lynyrd Skynyrd parmi leurs influences, sud oblige. L'album
est produit par Mr Baise et sort de son Cyber Sounds Studio basé
à Chesapeake en Virginie, pour l'instant ça vaut toutes les
cautions.
Vagrant Rds : 2118 Wilshire Boulevard 361, Santa Monica, CA 90403 USA
www.vagrant.com
MULLENS
Tough To Tell
Get Hip Rds
Les deux premiers albums des Mullens sont passés
un tantinet inaperçus par ici et leur EP sur Safety Pin il
y a deux ans n'a pas dû être tiré à des milliers
d'exemplaires, en plus il n'avait pas un son terrible... On espère
que ce troisième LP/CD (Tough To Tell) va remettre les pendules
à l'heure et braquer un peu les projos sur ce gang de Dallas. Garageux,
punk rockers, guitars addix, Fleshtones fans, accros aux Stones, c'est
par ici que ça se passe. Pas lo-fi pour un rond ni hard-rock pour
deux sous, les Mullens enfilent des petites pièces rock'n'roll évoquant
des Heartbreakers qui auraient embauché Peter Zaremba (alternative
: les Humpers avec le Jagger de '66). "Real Rock'n'Roll" comme on disait
en '84... Envie de grimper sur la table en jouant de la guitare invisible,
un symptôme qui ne trompe pas... Le groupe s'est séparé
pendant quelques mois, ils reviennent en force et décidés
à tourner de façon intensive. L'Espagne est sûrement
au programme. Va falloir envisager une nouvelle virée. Conseillé
sans restrictions ; ce trimestre votre budget rock'n'roll va encore crever
le plafond...
Get Hip Rds : PO Box 666, Canonsburg, PA 15317. USA. -- www.gethip.com
TRASHBRATS
American Disaster
Storm Records
Les Trashbrats, un des plus vieux groupes (un
des plus révérés aussi) de Détroit, élaborent
d'albums en albums (on en est au quatrième) une combinaison glam/pop
punk puissante et fort habile. Plusieurs grands moments (dont l'énorme
"Must Be The Coke" paru d'abord en single), pas mal d'humour, des tonnes
d'attitude, quelques morceaux plus "roots", un look et un style NY Dolls/Stones
'73, un raisonnable soupçon de viking rock ("Rocket To Heaven" commence
comme du Hellacopters et finit à la Turbonegro) et un son peaufiné
(clair et dévastateur avec grattes au taquet) ont immédiatement
propulsé plusieurs titres de ce American Disaster (Storm
Rds) au statut envié de "hit de la semaine" dans notre programmation
radio. Il y a quelque temps les Trashbrats ont joué vingt-quatre
heures d'affilée pour une bonne cause (sociale), ils se sont faits
aider par différents membres d'autres groupes de la ville (Clone
Defects, Bootsey X & The Love Masters, Reefermen, Numbers, etc...).
Chaque musicien avait droit à dix minutes de pause de temps en temps
mais il fallait qu'il y ait au moins un Trashbrat sur scène pendant
toute la durée de la performance. Chapeau...
Storm Rds : PO Box 151, Royal Oak, MI 48068. -- www.stormrecords.com
GORE
GORE GIRLS
Strange Girls
Get Hip
Chez Get Hip, le groupe de filles du
Michigan Gore Gore Girls balance un cocktail garage/punk fantasmatique,
on dirait les Headcoatees avec un backin' band genre MC5 ou Dead Boys.
Un mélange qui prend logiquement des allures de mariage Motown/Motor
City. C'est simple, punk, classieux et frénétique avec le
quota d'influences 60's nécéssaire aux bons morceaux. Les
trois demoiselles posent en mini-robes léopard sur la pochette.
A propos de pochette, voici le genre d'anecdote qui ravit habituellement
les collectionneurs : le disque devait sortir sur le petit label Charles
Rds mais l'affaire est tombée à l'eau juste après
que le vinyle ait été pressé. Get Hip a rattrapé
le coup et sorti l'album. La rondelle du disque (vinyle blanc) est toujours
estampillée Charles Rds alors que la pochette est logiquement labelisée
Get Hip Rds. Motor City girls baby !
TYLER
KEITH & THE PREACHER’S KIDS
Romeo Hood
Blackdog Rds
Tyler Keith était l’un des guitaristes
des fantastiques Neckbones, un combo garage punk du Mississippi hélas
dissout après quelques enregistrements fumants sur Fat Possum ou
Misprint que l’on vous recommande à nouveau. Mais le bonhomme poursuit
sa route et après avoir embauché un gang du coin, il nous
offre cet excellent Romeo Hood sur un label local, Black Dog Rds. Imaginez
quelque chose comme les Dolls revus et corrigés par les ‘68 Comeback
! Rock’n’roll !!! Harmonica, handclaps, slide, voix gorgée de bourbon,
adrénaline à gogo !!! Et des ballades à pleurer dans
sa bière ! Et des titres du genre “White Boy Blues Blues” ou “Livin’
The High Life (With My Low Life Friends)” ! Le son est nettement moins
déglingué et imprévisible que chez les Neckbones,
mais la sincérité et le feeling y dégoulinent tout
autant. Un des meilleurs disques de ces derniers mois. (Black Dog, Route
1 Box 163-A, Monticello, MS 39654, USA - www.blackdogrecords.com - www.romeohood.com)
TURBONEGRO
Hot Cars & Spent Conraceptives
Bitzcore Rds
Comme promis, Bitzcore a réédité
Hot Cars & Spent Contraceptives, le premier album de Turbonegro, paru
en 92. Hank et Euroboy n’étaient pas encore de la partie, et le
gang venait d'inventer le fameux “death punk”, un hybride punk/hardcore/métal,
sombre, allumé, glauque et dérangeant, qui n’eut semble-t-il
que les Anal Babes comme autres adeptes. Même si on est assez loin
du flamboyant Apocalypse Dudes, les fans de Ass Cobra ou Never Is Forever
s’y retrouveront. Cet album intense contient de grands moments (“Librium
Love”, “Zonked Out (On Hashish), “I’m In Love With The Destructive Girls”...),
quelques titres à la limite de l’audible, et quatre bonus-tracks,
dont l’excellent “Dark Secret Girls” et le tube “Armed And Fairly Well-Equiped”.
Un tribute (Alpha Motherfuckers) et une compilation d’inédits
et de raretés (Small Feces) sont aussi annoncés. Bitzcore
fait décidément bien les choses. (Bitzcore, P.O. Box 30 41
07, D-20324, Hamburg, Allemagne - www.bitzcore.com)
HASIL
ADKINS
Poultry In Motion
Norton Rds
Le volatile le plus souvent célébré
dans la musique rock fut une inépuisable source d’inspiration pour
le bien-nommé Hasil, le one-man-band le plus givré de la
planète. Poultry In Motion est une compilation de ses plus belles
odes au poulet, de “Chicken Walk” en 1955 au “Chicken Hunch” de 1999. Il
est impressionnant, et réjouissant d’ailleurs, de constater qu’en
presque un demi-siècle de carrière, son style n’a pas évolué
d’une plume : primitif, hystérique et bordélique à
souhait. A entendre son “Chicken Run” de 99, je dirais même que ça
s’aggrave ! Merci Norton ! (Norton Records, Box 646 Cooper Station, New
York, NY 10276, USA - www.nortonrecords.com)
HELLACOPTERS
/ FLAMING
SIDEBURNS
Bad Afro
Ooch ! Ce split 25cm Hellacopters / Flaming Sideburns
est sans aucun doute un des meilleurs disques de l'hiver et nous a déjà
fait réaliser de sérieuses économies de chauffage
et de coton-tiges. Si vous êtes habituellement rétifs à
l'orientation "sudiste" qui imprègne les morceaux des Hellacopters,
vous pouvez cette fois y aller les yeux fermés. Même leur
côté hard-rock n'est plus si évident, c'est dire...
Ils font trois reprises (contrainte du deal avec Universal ?), deux sont
signées Smokey Robinson (dont "Get Ready", un titre relifté
par Rare Earth début 70's et dont les 'Copters se sont visiblement
autant inspirés que de l'original) et la troisième cover
n'est autre que le "Ungrounded Confusion" des Flaming Sideburns, un morceau
plutôt "detroit" de la discographie des Finlandais. Des Finlandais
qui, échange de bons procédés, ont eux choisi de maltraiter
le "Psyched-Out And Furious" des Hellacopters (de l'album Payin' The Dues)
sur le mode violent guitare vibrato + solos torrides et zi-gouis-gouis
interstellaires à la Jack Meatbeat. Avec quelques couplets en Espagnol
évidemment, chanteur argentin oblige... Les Flaming Sideburns placent
aussi deux originaux soul-punk qui laissent augurer d'un premier vrai album
(imminent sur Bad Afro) plus qu'intéressant. Les Hellacopters sont
allés chez les Flaming Sideburns, à Helsinki, enregistrer
leurs trois contributions, c'est le producteur attitré des Sideburns
qui officiait aux manettes (le bougre a peaufiné un nouveau son
aux 'Copters, très "glam-soul" avec piano électrique en avant,
faut qu'y z'y retournent souvent...). La pochette est dessinée par
Nicke Royale. "Les deux meilleurs groupes scandinaves du moment réunis
sur le même disque" clame fièrement la feuille d'infos fournie
par le label. Rien à redire.
Bad Afro Rds : Poste Restante, Frederiksberg Allé 6, DK-1820
Frederiksberg C, Danemark.
www.vow.dk/badafro
BUCKWEEDS
What's Wrong With Attitude
Fandango
Le nouvel album des Belges est sorti à la
fin de l’été. Il s’intitule What’s Wrong With Attitude et
c’est Fandango Rds, le label de Washington monté par Jake Starr,
le leader du groupe Adam West, qui édite la bête. Warning
: pensez à faire sérieusement insonoriser l’appart’ avant
de glisser la rondelle dans le lecteur (pas de version vinyle pour l’instant)
si vous souhaitez continuer à vivre en bonne intelligence avec les
voisins. Imaginez une hilarante collision sonique entre Motorhead et Zeke
avec un plein container de ”77 punk attitude” en prime. Moins Ramones/Queers
que l’album précédent donc, mais beaucoup plus violent. Chaque
titre est un hymne, vrai de vrai ! Le speedomètre est constamment
dans le rouge, y’a du fun et des filles, des mélodies addictives
et des tonnes de "fuck" au détour des refrains , plus un sketch
pédagogique à hurler de rire sur les différentes utilisations
possibles du mot "fuck" dans la langue de Shakespeare (ou de John Wayne),
exemple "riche" : "Fuck the fucking fuckers". Ajoutez-y des titres porno-punk
comme "Sittin’ On My Face" ("Comment veux-tu que je te dise que je t’aime
si tu t’assois sur ma figure ?") ou des brûlots pied-au-plancher
tel "Fuck Shit Up", bande son idéale pour une descente des Jourdain
Brothers dans une boum de lycéennes, et vous aurez une idée
à peu près conforme de l’ambiance qui règne ici.
Mhhh... Présenté comme ça
j’imagine que ça va en effrayer quelques-uns, alors soyons clair,
il vaut évidemment mieux être fan de heavy-punk (70% punk
/ 30% heavy) pour avoir une chance d’apprécier le traitement comme
il convient. Au réveil ça vous garantit une journée
pour le moins dynamique. L’amateur exclusif de power-pop ou de sixties
sound peut passer son chemin. Tout comme le fan de hard-rock qui ne conçoit
un bon disque que bardé de solos récités par un guitar-hero
bavard. Il y en a bien quelques-uns des solos, de redoutables même,
mais ils dépassent rarement la durée maximum autorisée
par le Code Punk (éditions Fuck You, 1977), soit une dizaine de
secondes. Ce qui n’empêche pas le groupe de reprendre avec humour
et en chœur le célèbre slogan anti-punk des hardos à
la fin des 70’s (jetez donc un œil au dos du deuxième album des
Oblivians) : "Kill a punk for Rock’n’Roll". J'espère que le côté
parodique de l'affaire n'échappera à personne... Et on sait
que les meilleures parodies deviennent parfois des classiques du genre
qu'ils parodient (remember Nazz Nomad ?).
JACK MEATBEAT & THE UNDERGROUND
SOCIETY
Back From WWIII
Munster
A vrai dire, l’écoute de Back From
World War III, l’album testament de Jack Meatbeat & The Underground
Society, relève bien plus de l’expérience mystique que du
matraquage de tympans. Cette bande de cinglés finlandais comptait
parmi ses membres le chanteur argentin (Speedo) et l’un des guitaristes
(Ski) des redoutables Flaming Sideburns. Ils ont enregistré la trame
de ces bandes en 96 à Berlin. Le tout a été savamment
mixé, remixé et overdubbé à l’infini au cours
de diverses sessions qu’on devine épiques, étalées
sur près de trois années aux quatre coins de la planète.
Résultat : un trip lysergico-stoogien dans un bayou exotique
et inquiétant, à bord d’un roller-coaster en furie se muant
à l’occasion en train fantôme grinçant. Tous les morceaux
sont enchaînés, les ambiances planantes explosent sans prévenir,
les effets transforment vos baffles en moulinette à cervelet...
Pas triste ! Prenez les Hypnotics, doublez leurs rations d’acides, ajoutez
un screamer qui se la joue possédé par les esprits du désert,
imaginez les ombres tutélaires des Electras, d’Alice Cooper ou de
Roky Erickson qui planent en ricanant, et vous n'aurez pourtant qu'une
très imparfaite idée du phénomène.
De toute façon, faudrait l’attirail d’un James Bond de
l’acoustique pour discerner tout ce qui se passe entre les sillons. Les
fans du Detroit Sound que n’effrait pas la déjante psychédélique
peuvent prendre leur ticket en toute confiance. Et pour les autres, l’expérience
vaut d’être vécue. Il suffit de monter le son et de se vautrer
sur le canapé.
(Munster Records, P.O. Box 18107, 28080 Madrid -- http://www.munster-records.com
-- munster@munster-records.com)
BOBBYTEENS
Not So Sweet
Estrus
Bubble-gum rock et 70’s Pop se disputent toujours
les influences sur le deuxième album des Bobbyteens (au titre en
forme d’avertissement: Not So Sweet) qui présente une douzaine de
morceaux courts et basiquement R’n’R. Un exemple de disque agréable
sur le moment (c’est déjà ça) mais qui ne laisse
pas un souvenir vraiment impérissable (à part "Let’s Get
It On" et "Late Night TV"). C’est peut-être l’exacte définition
du bubble-gum rock après tout ? En tout cas leurs concerts sont
excitants, les témoins sont unanimes.
MOONEY
SUZUKI
People Get Ready
Estrus
Premier album et coup de maître(s) pour les
cinq New Yorkais de Mooney Suzuki. On évolue en territoire
60’s groove, gospel et soul avec conclusion en forme de clin d’oeil au
MC5 de 68 (). C’est original (à part un ou deux trucs sixties plus
académiques) et secouant. Ce People Get Ready est à ranger
pas loin du troisième album des Oblivians. Une référence...
SOLEDAD
BROTHERS
Estrus
Quand le "broken blues" à la Jack O’ Fire
lance une OPA sur le Velvet de "Run, Run, Run", ça donne un
fantastique "Gospel According To John" qui ouvre cet album et le
taux de satisfaction ne tarde pas à grimper à la bourse du
feeling en béton. Le premier disque des Soledad Brothers est produit
par Jack White, des White Stripes. Comme les White Stripes, les Soledad
Bros sont deux. Et comme les Lord High Fixers, les S. B. sont militants
: Soledad Brothers, c’est le nom que se donnaient entre eux les anciens
détenus de la prison californienne de Soledad, principalement des
militants Black Panthers... Les fans de blues déjanté et
minimaliste ou de country déglinguée seront à la fête,
y’a même une cover de "Gimmie Back My Wig", un traditionnel popularisé
par Hound Dog Taylor, un des must de notre radio show cet automne.
VON
ZIPPERS
Blitzhacker
Estrus
Comme sur leurs opus précédents, les
canadiens Von Zippers pratiquent un garage solide, mi-punk/mi-60’s. Certaines
références aux Lyres ou Cynics attirent l’oreille, la violente
cover de "Summertime Blues" (qui figurait à l’origine sur
un 7’’EP tribut à Blue Cheer) la déchire. L'album s'intitule
Blitzhacker et est composé de divers singles (rares ou beaucoup
moins) et d'extraits de compils pondus par le groupe. Générique
mais efficace.
(Estrus Rds : PO Box 2125, Bellingham, WA 98227, USA)
B MOVIE RATS
Bad For You
Junk
On ne découvre cet album qu’avec cette version
américaine, alors que les bandes étaient parues l’an dernier
sous le titre de Make You Bleed (1000 copies cd only, faut dire) sur le
label écossais Twenty Stone Blatt. Les sessions ont en fait eu lieu
en 98, entre celles du premier album, Killer Woman, (produit comme celui
des Bulemics par l’ami Mariconda), et celles du split album avec les Hellbenders,
Distilled. Ils ont depuis changé de visage avec l’arrivée
d’un nouveau batteur et d’un guitariste supplémentaire (on n’ose
imaginer le vacarme sur scène). M’étonnerait pas qu’ils privilégient
maintenant leurs influences hard rock et "classic rock’n’roll" à
la Stones/Faces.
A l’époque en tout cas, leur hard-punk était aussi
tranchant que la tronçonneuse de Leatherface. Le chanteur se laisse
bien aller à quelques beuglantes à la Rose Tattoo, c’est
dans sa nature. Le titre "Strut" résume bien le concept, avec ses
couplets à la "Savage" des Fun Things, et son break à la
"Let There Be Rock" d’AC/DC. Les racines musclées du punk rock’n’roll
seventies alliées au boogie plombé, le tout mené à
un train d’enfer... Foutrement efficace. A part une version peu marquante
d’un titre de Tony Fate et le répit que procure la reprise pourtant
vigoureuse du standard des Faces "Borstal Boys", l’ensemble déboule
comme une horde de pitbulls affamés. Un must.
(Junk Records, 7071 Warner Ave. F PMB 736, Huntington Beach, CA 92647-5495
-- www. junkrecords.com)
SONNY VINCENT
Hell's Kitchen
Munster
Sonny Vincent est increvable. Alors qu’on l’annonce
de retour sur les routes européennes au printemps avec les punks
hispaniques Safety Pins en backing band (ça promet), voici que sort
un nouvel album studio enregistré avec la paire d’Allemands joyeusement
allumée qui assurait une rythmique robuste, et un suivi parfois
chaotique de ses improvisations scéniques lors de son dernier passage
à Toulouse. Hell’s Kitchen, sous sa couverture sardonique, et malgré
un son un peu inégal, est un efficace dosage de punk éternel
et mélodique, de résurgences stoogiennes (encore), de mid-tempos
barrés et de décharges corrosives dans l’esprit du mémorable
EP avec Wayne Kramer. On y trouve aussi un tube pop magnifique ("Real Cool
Girl") et une reprise de "Search & Destroy"des Stooges (toujours).
Mixez tout ça avec des guitares qui se cabrent comme des broncos
un soir d’orage, et vous obtenez une nouvelle œuvre à la hauteur
de la réputation du bonhomme. La classe ! Il sera à Toulouse
le 9 mars.
(Munster Records, P.O. Box 18107, 28080 Madrid -- http://www.munster-records.com
-- munster@munster-records.com)
SEWERGROOVES
Guided By Delight
Low Impact Rds
Bigre, voilà un grand disque. Des rumeurs
non confirmées jusqu’à présent annonçaient
le split des Sewergrooves, supposément lié à la signature
des Hellacopters sur Universal. On sait que les deux groupes suédois
partagent le même batteur, et qu’il sera peut-être difficile
à ce dernier de poursuivre avec un side-band (faudrait aussi que
Universal autorise Robert à sortir des disques ailleurs que chez
eux). Même si la frappe de brute et le sens du break imprévisible
de Robert 'Copter ajoute à leur charme, l’originalité des
Sewergrooves réside bien plus dans le jeu de guitare fiévreux
et la voix plaintive de Kurt Dräckes (un ex-Purge, groupe de New York,
qui par ailleurs a son propre side-band).
Leur deuxième album, Guided By Delight (toujours sur Low
Impact) est une nouvelle preuve du caractère assez unique de ce
trio. Ils revendiquent l’héritage du hard seventies, de Thin Lizzy,
des Wipers ou de Urge Overkill. Ils impulsent à leurs morceaux l’intensité
du Detroit Sound, lorgnant particulièrement vers le Sonic’s Rendez-Vous
Band (comme les Hellacopters), mais n’hésitent pas à frayer
avec le psychédélisme heavy, placent une ballade confondante,
mais se dégottent une pédale qui-fait-craquer-sérieux-la-guitare
sauvagement écrasée sur deux titres ravageurs. Un album prenant,
difficile à classer, même si les fans des Hellacopters se
retrouveront en terrain familier. Trois 45t ont dû sortir dans la
foulée sur Estrus, Gearhead Rds et le label français Pitshark
Records.
(Low Impact Rds, Box 475, 701 49 Örebro, Suède --
http://drink.to/lowimpact --
Sewergrooves : http://hem.passagen.se/sewer)
TURPENTINES
By Popular Demand
White Jazz
Deuxième album pour ces Suédois, toujours
sur White Jazz. Ils me faisaient penser à un croisement entre la
power-pop américaine et le gros son scandinave sur leur premier,
American Music for American People, et ils enfoncent une nouvelle fois
le clou avec ce By Popular Demand. L’album est produit par Chips K, l’homme
de Sator qui officie depuis de nombreuses années pour les Nomads.
Tiens parlons-en de ceux-là... Comme la plupart des groupes scandinaves,
les Turpentines leur doivent beaucoup, sauf qu’ici ça s’entend vraiment.
Ecoutez donc "Tough Luck Mary-Ann" ou "Useless Memory". Ils adorent aussi
Rocket From the Crypt (l’emprunt à "Born in 69" des RFTC est flagrant
dans "Ain’t My Decision"), les Hellacopters ou Union Carbide Prod. ("500cc").
On notera aussi leur choix de reprises, toujours de bon goût : "Gimme
the Shakes" des Dogmatics sur leur premier 33, "Too Much Too Soon" des
Bishops sur un single Bad Afro et maintenant "The Girl from Baltimore"
des Fleshtones, dans un traitement très... euh, personnel. Si vous
avez aimé le Veni, Vidi, Vicious des Hives, vous devriez apprécier
By Popular Demand même s’il n’est pas tout à fait du même
calibre.
(www.houseofkicks.se)
JERRY
SPIDER GANG
Dope Takin' Kamikazes
Shark Attack Rds
Vous le savez déjà probablement, ici
on aime bien le Jerry Spider Gang, et pas seulement parce que Lo’ Spider,
leur chanteur-guitariste et éminence grise a rejoint le Dig It crew
depuis quelque temps. Pourra t-on nous accuser de copinage pour autant
? Pas sûr, on serait même du genre à être plus
exigeant que d’habitude. N’empêche qu’il a bien fallu se rendre à
l’évidence, le premier album (après un 10"/CD sur Safety
Pin) des Toulousains est plutôt réussi, suffisamment en tout
cas pour les placer dans le peloton de tête des combos frenchy capables
de s’exporter et de concurrencer sans complexes l’hégémonie
scandino-ricaine dans le domaine du riff velu et barbelé d’inspiration
Detroit City. Certes le paysage a déjà été
abondamment exploré (pas si souvent en France d’ailleurs), mais
il est abordé ici avec une énergie et un savoir-faire étonnant.
Le groupe a cassé sa tirelire et joué la carte "gros son"
: une semaine de studio à Bordeaux sous la houlette d’un habile
producteur (Olivier Joffrin, déjà responsable du son des
Greedy Guts et quelques autres) et un mix attentif sur plusieurs semaines
ont suffi au Spider Gang pour cracher ce Dope Takin' Kamikazes (on confirme...)
parfumé à la dynamite. La signature des Hellacopters sur
Universal Music (propriété du groupe Vivendi depuis peu,
pas très rock’n’roll...) vous a laissé perplexe ? Ce CD du
Jerry Spider Gang (chez Shark Attack Rds) est pour vous. Pour peu que les
Stooges, le MC5 ou Radio Birdman (ou le Sonic’s Rendez-Vous Band, ou les
Ramrods...) ne soient pas confinés au fond de votre discothèque
depuis deux siècles, évidemment. Et les quelques légères
erreurs de mixage (l’intro du premier morceau) ou les citations "historiques"
superflues (le riff de "TV Eye" pointe parfois son nez, c’était
déjà le cas sur leur disque précédent) ne constituent
pas des bémols suffisants pour que les fans du genre passent à
côté d’un des bons disques du moment. La version vinyle est
prévue chez Safety Pin très bientôt. Un EP doit tomber
ces jours-ci, on y retrouve entre autres une version vigoureuse du "Bermuda"
de Roky Erickson extraite des mêmes sessions. Le Spider Gang apparait
aussi sur un 7” EP compil édité par Lollipop Rds (en compagnie
des Gasolheads, Machine Gun Kelly, Jerky Turkey, etc...) et on les retrouvera
sur l’hommage aux Flamin’ Groovies et sans doute celui à Turbonegro.
NEW YORK DOLLS
Norton Records
On est en 73, Marty Thau vient de dégotter
un deal avec Mercury Rds pour ses flamboyants poulains les New York Dolls.
Seulement, comme chez Mercury ils veulent savoir où ils mettent
les pieds, le groupe doit d’abord montrer de quoi il est capable et enregistrer
une bande de "démonstration", une démo quoi. Les Dolls
sont entrés en studio et ont quasiment mis en boite tout leur répertoire
de l’époque. Soit 21 morceaux, il manque juste "Hoochie Coochie
Man" et "Endless Party". C'était les premiers enregistrements avec
Jerry Nolan à la batterie. Les bandes dormaient dans un tiroir chez
Marty Thau, les voici éditées en CD par Norton Rds (les notes
de pochette sont signées par M. Thau). Les morceaux sont légèrement
différents des versions "officielles" et le son est plus brut
(mais excellent, rien à voir avec les tonnes de bandes des New York
Dolls au son pourri qui circulent) que sur le premier album. Idéal
pour les Dolls. Pour une fois que des raretés des NYD sont conseillées
à tout le monde, et pas seulement aux fans de chez fans, profitez-en
sans retenue.
SATOR
Droppin' Out
Safety Pin
Le nouveau 25cm des Suédois de Sator est un
petit chef-d'œuvre de power-pop-rock nerveuse et survitaminée. Vous
connaissez peut-être déjà le tube rock'n'roll "Dance
To The Rocket from the Crypt" (Riot On The Rocks Vol 1), c'est le moment
d'écraser une larme de bonheur sur la splendide reprise de "How
Are Things In California ?" (Nancy Sinatra) avec ses chœurs et mélodies
sculptées dans le diamant (un mariage réussi Byrds/Mamas
& Papas), de vibrer aux accents velvetiens de "Friction" et d'apprécier
le coup de patte de Bill Bartell (alias Pat Fear de White Flag) et Javier
Escovedo (Zeros), co-auteurs de "This Side Of Nowhere". Les sept titres
proviennent de diverses sessions et la production est sublime, faut dire
que Chips K, le guitariste et chanteur, connaît bien le boulot, il
a produit quelques bons albums des Nomads par exemple. Le disque surprend
et détonne parmi l'abondance de galettes heavy-punk venues du froid.
Amateurs de power-pop racée et pas endormie, laissez traîner
une oreille par ici d'urgence...
(Safety Pin Rds : PO Box 51241 28080 Madrid. Espagne)
safetypin@arrakis.es
NASHVILLE
PUSSY
High As Hell
TVT Rds
Quand Tommy Boy s’est pointé dans les locaux
de Canal Sud en agitant fièrement le nouvel album de Nashville Pussy,
High As Hell, on a poussé force glapissements joyeux, avant de passer
un bon moment à décrypter la somptueuse pochette de ce gatefold
luxueux, comme on n’en fait plus beaucoup depuis les seventies.
Et d’ailleurs tout y est dit. Au recto, nos
quatre outlaws exhibent systèmes pileux, attributs mammaires, casquette
sudiste, stetson, et un énorme fusil, dont l’embout vous vient droit
sur le nez, comme sur le premier disque des brutes sudistes seventies Point
Blank. Les photos intérieures nous montrent Corey presque nue prête
à assouvir les dernières volontés d’un clone de Lemmy
condamné à la chaise électrique, Ruyter en figure
de proue d’un navire dénommé Angus, Jeremy en créature
des marais atomique, et Blaine en Jesus débonnaire, joint au bec,
portant sa croix et une glacière de bières autour d’un circuit
de course automobile. Au verso, sur un lit rose et rouge en forme de coeur,
genre bordel de luxe, les deux filles Corey et Ruyter se livrent à
une voluptueuse soufflette, entourées des accessoires domestiques
: boîte d’herbe, sous-vêtements en peau de bête, Jack
Daniels, flingue... Au mur, une plaque Ass Kickin’ Southern Rock.
Caricaturalement primaire, ironiquement redneck,
leur musique est de plus en plus à leur image. Reprise de Rose Tattoo
(“Rock’n’Roll Outlaw”, ralentie et enrobée de handclaps pachydermiques
!), hommage aux duels de guitares de Lynyrd Skynyrd (“Drive” - les
Quadrajets les avaient précédés sur ce terrain), boogie
épais à la AC/DC (“Wrong Side Of A Gun”, “Struttin Cock”),
ballade venimeuse (“Go To Hell”) et quelques giclées plus rapides
et plus punks (“Blowjob From A Rattlesnake”, ou “Piece Of Ass” signée
Rick Sims) composent un album plus lourd et lent que le précédent.
C’est dire que leur mixture hard punk a le goût de plus en plus hard,
ceux qui ont peur de se coincer un bout de gras dans les molaires sont
prévenus. Par une perversion tout à fait prévisible,
je la trouve encore plus juteuse, et les morceaux me paraissent individuellement
plus marquants que ceux de Let Them Eat Pussy, un disque qui s’avalait
d’un seul trait brûlant.
On peut ajouter que Kurt Bloch est une nouvelle
fois à la production (Kurt Bloch = son carton), qu’ils apparaissent
au générique d’un film dont j’ai bêtement oublié
le titre, et qu’après avoir été virés de Mercury,
ils ont atterri sur un label mystérieux, TVT Rds, responsable des
compilations Television’s Greatest Hits et qui semble abriter une flopée
de groupes dont Brian Jonestown Massacre, Nine Inch Nails (!) et XTC (!?).
(TVT Rds, 23 E. 4th St. NY NY 10003, USA)
THE
SENDERS
Goodbye Cruel World
Action Records
Les Senders sont de retour, Phil Marcade est
plus en voix que jamais, Wild Bill Thomson a laissé tremper les
cordes de sa gratte dans du whisky depuis le dernier enregistrement, le
R'n'B urbain du gang de New York se nourrit de soul food et les riffs brillent
comme des lames de couteaux se reflétant sur le bitume mouillé
des derniers quartiers louches de Big Apple. Avec vingt ans de rock'n'roll
au compteur et la caution fantomatique (et dangereuse) de Thunders en sautoir,
le groupe carbonise quelques reprises/hommages (onze covers sur treize
morceaux, de Willie Dixon aux Crazy Teens en passant par les Stones) d'où
suinte un excitant feeling électrique propre à titiller le
plus endurci des punks et à le faire virer illico fan de Howlin'
Wolf et James Brown. Les duels harmonica-guitares, les déchirures
de sax infectieux et la voix "râpe à fromage" de Phil (entretenue
par les établissements Jack Daniels ?) sont produits par Freddy
Lynxx qui joue aussi de la guitare sur plusieurs morceaux. Inquiétude,
l'album s'appelle Goodbye Cruel World.Un adieu ?
(Action Rds : 16 Rue Guy de Maupassant,74600 Seynod -- http : //ActionRecords.online.fr)
THE
NECKBONES
Gentlemen
Misprint Rds
Nom de nom, ce gang d’Oxford, Mississippi commence
à squatter avec autorité le haut de mes piles de disques.
Gentlemen, un 25cm huit titres sorti par Misprint Rds, enfonce bruyamment
le clou, et tourne en boucle sur la platine. Leurs secrets ? Avant toute
chose un bon coup de gnôle; puis un son live percutant, tendu, et
bordélique (“J’aime bien avoir un certain manque de rigueur dans
la musique”, affirme Tyler Keith, guitariste / chanteur); une lichette
de tord-boyaux; un sens imprévisible du mixage qui vous fait gicler
les solos et striduler les tambourins; trois chanteurs à la voix
prenante (“On a essayé de faire chanter Robbie, mais il boit
des bières pendant les morceaux et c’est difficile pour lui de chanter,
boire et jouer de la basse”); une lampée d’eau de feu; des incursions
dans des territoires multiples (punk rock déglingué, R&B
garage rugueux, blues rapeux, mid-tempo pop ou rampant...); et un pack
de douze pour la route (“Pour nous, l’alcool apporte une qualité
organique à la musique. Tu ne peux vraiment pas être trop
précis quand tu t’en tiens une bonne.”). Vous pouvez aussi vous
procurer les yeux fermés leur précédent album, The
Lights Are Getting Dim, sur leur label habituel Fat Possum.
(Misprint Rds, P.O Box 8189, Murfreesboro, TN, 37133, USA - www.misprintrecords.com)
SCREAMIN'
JAY HAWKINS
Best Of The Bizarre Sessions
Manifesto Rds
Ce label de Los Angeles a eu la bonne idée
de sortir un best of de Screamin' Jay Hawkins compilant en CD ses trois
albums parus sur Bizarre Rds entre 90 et 94 en ajoutant quatre inédits
pour arriver à un total respectable de dix-huit morceaux en plus
d'une heure et quart. Le défunt roi du R'n'B possédé
hurle et gronde comme un prêtre vaudou mal luné, alterne rock'n'roll,
blues, talkin' blues ou soul/funk cuivrée, éructe encore
comme au temps de "Constipation Blues" ("You Make Me Sick") et reprend
Tom Waits (c'est Jarmush qui les a présentés ?) et Buddy
Blue (le génial guitariste des Beat Farmers). D'ailleurs quand Jay
aime il ne compte pas et aligne pas moins de trois morceaux de Buddy Blue
et deux de Tom Waits ! L'album est intitulé Best Of The Bizarre
Sessions, et l'ex-boxeur pro soutenu par une dizaine de musiciens (dont
Bo Diddley Jr sur quelques morceaux), y est irrésistible d'entrain,
d'humour frimeur ("J'suis tellement bien habillé que Calvin Klein
garde toujours un œil sur moi", dans "I'm The Cool") et de swing à
réchauffer n'importe quel igloo. Indémodable et conseillé
sans restriction.
(Manifesto Rds : 740 North La Brea Ave, 2nd floor, Los Angeles, CA
90038-3339, USA.)
www.manifesto.com
THE
PHANTOM SURFERS
XXX Party
Lookout
Retour dans l’univers coloré et sémillant
du label californien Lookout!. Ces farceurs de Phantom Surfers n’y sont
pas allés de main morte avec ce nouvel album thématique (on
n’ose dire concept), consacré aux joies du sexe et intitulé
XXX Party. Il comporte une bonne vingtaine de morceaux gaguesques, de collages
allumés entrecoupés de bla-gues cochonnes, et de détournements
hilarants (“Let’s Twist Again” en “Let’s Fist Again” - ouch ! - “Paranoid”
de Black Sabbath en “Hemorroids” - aie ! - ou “Runaround Sue” transformé
en “Necro Sue” avec l’aide de Donny Denim, le découvreur des Donnas).
Tipper Gore, la “Moral Majority” incarnée, en prend pour son grade,
et finit par succomber aux accents lubriques du surf de nos cinq potaches,
égrenant joyeusement leur alphabet obs-cène et poilant, de
A : It’s time to fuck ! à Z : Zombie pussy !
Ils ont bénéficié pour l’occasion du parrainage
de Rudy Ray Moore, héros du R&B graisseux des sixties devenu
star de la blaxploitation après avoir tenu le premier rôle
du film Dolemite (une compil luxueuse lui est consacrée par Norton).
Cet autre “baaad mozerfeucker” balance d’entrée un monologue bien
senti dont l’argument principal est que le surf est une putain de musique
sexy. Le vieux Blowfly en personne, légende oubliée du funk,
catégorie porno, et inventeur auto-proclamé du rap, réapparu
dans le circuit il y a quelques années lors d’une mémorable
tournée en compagnie des Street Walkin’ Cheetahs, surgit au début
de la face B, vitupérant en substance : “Bande de salauds, vous
m’avez piqué mon truc, la moindre des choses c’est que je fasse
une de mes putain de chansons !!!”. Et le voilà qui se lance dans
un rap vigoureux sur fond de surf languide. Bourré de bonnes surprises,
d’affreuses grossièretés, et de plaisanteries parfois incompréhensibles
à vrai dire, c’est un disque à écouter un dico Harraps
Slang sous la main pour égayer les réunions de famille.
(Lookout ! Records, P.o Box 11374, Berkeley CA, 94712-2374, USA
- www.lookoutrecords.com)
THE
STROLLERS
Falling Right Down
Low Impact
Celui-là aussi est tombé il y a un
moment et a été otage des Postes pendant quelques semaines.
Et s'ils avaient su sur quoi ils pique-niquaient tous les midis, les postiers
auraient apporté la platine Cd au boulot histoire de motiver les
troupes (le disque existe aussi en vinyle mais ça aurait été
moins pratique pour eux entre la boîte de pâté et le
litron de Corbières). Plus produits que ceux des Maggots, les onze
titres de leurs compatriotes Strollers sont tout aussi sixties et remuants.
Ils évoquent en vrac les Miracle Workers, Sinners ou Seeds, Music
Machine et Sonics ancestraux. Tiré au cordeau, gravé par
un orfèvre, propulsé par des maniaques déterminés
et enregistré sur du matos d'époque, ce Falling Right Down
est une des pierres angulaires du renouveau "60's garage-punk". Et comme
d'hab', les Suédois sont les premiers sur le coup, ou les plus excitants
(les Allemands aussi sont bien placés, le dernier Satelliters est
encore dans toutes les têtes non ?). Le deuxième album des
Strollers est en route.
(Low Impact : Box 475, 701 49 Örebro, Suède)
http://drink.to/lowimpact
THE
NEW BOMB TURKS
Nightmare Scenario
Epitaph
Houla, pas de doute, voici l’un des disques les plus
explosifs de ces derniers mois. Le meilleur album du gang de Columbus depuis,
ouf, au moins leur premier sur Crypt. “Et le troisième alors !”
me corrige Gildas. Bon, d’accord, en tout cas celui-ci est un grand disque,
c’est sûr, et si les Dirtys existaient encore, ils rangeraient leurs
commentaires sarcastiques et s’inclineraient humblement devant leurs maîtres.
Les New Bomb Turks n’ont plus rien à prouver, et le moindre de leurs
enregistrements est de toute façon recommandable, mais les entendre
retrouver le son féroce de leurs débuts (qu’ils n’avaient
plus tout à fait sur les deux précédents albums Epitaph)
me réjouit particulièrement.
Nightmare Scenario (le terme employé
par la CIA pour désigner un éventuel holocauste nucléaire)
a été enregistré à Detroit sous la houlette
du sorcier local, Jim Diamond, dans ses Ghetto Recorders Studios, où
ont déjà traîné les Dirtbombs, Bantam Roosters,
Compulsive Gamblers (voir plus loin) ou les Dirtys justement. Tandis que
Megadeth donnait un concert au coin de la rue et que les hordes metal venaient
régler leurs comp-tes sous les fenêtres du studio, nos quatre
lascars ont craché toutes leurs tripes dans les micros. Cet album
recèle une intensité fulgurante, alliée à un
potentiel mélodique parfaitement illustré par le dernier
morceau, “Quarter To Four”, et ravira tout autant ceux qui avaient apprécié
le côté stonien, plus mûr et moins radical des derniers
albums. Les NBT ne sont peut être plus les “Ravachol du punk”, mais
ils viennent de balancer la plus grosse bombe de l’année. “Spanish
Fly By Night” est aussi sorti en 45t sur Safety Pin couplé à
l’inédit “Chip Away The Stone”.
(Epitaph, 2798 Sunset Blvd, Los Angeles, CA 90026, USA)
DUMBELL
Don't Messs With Cupid
Radio Blast
Ça y est, après deux albums (et un
mini-lp) confidentiels (une confidentialité principalement due aux
labels avec lesquels ils travaillaient jusqu'à présent),
Dumbell attaque de front le "marché" garage/heavy-punk européen.
Et ça va faire mal ! Ils ont la puissance de feu de Nashville Pussy
et un song-writer qui sait trousser des brûlots punks de 2'30 qui
combinent le meilleur de Sonny Vincent (en moins touche-à-tout)
et des Dead Boys. D'ailleurs même s'il n'aime pas beaucoup en parler,
Paul, le leader américain du groupe, a joué avec Sonny dans
Shotgun Rationale (interview de Dumbell dans Dig It ! #17). Le line-up
a changé, ils sont maintenant trois guitaristes ! Des vrais killers.
La production est taillée sur mesure par Christoph Rath (des Cellophane
Suckers), l'expert en garage/punk sound pour une bonne partie des groupes
Radio Blast. L'album (lp/cd) est intitulé Don't Messs With Cupid
(Déconnez Pas Avec Cupidon) et vous allez pouvoir juger sur pièce
ce groupe allemand qui nous surprend chaque fois depuis sa première
venue en ville dans les bagages de Wanda Chrome il y a quatre ou cinq ans.
Pour amateurs de plaisirs à "grosses guitares" sonnantes et pas
trébuchantes. Les Français apprécieront sûrement
"Last Train To Vaudeville"...
(Radio Blast Rds : PO Box 160308, 40566 Dusseldorf. Allemagne)
radioblast@t-online.de
DEMONICS
Demons On Wheels
Screaming Apple
Sur leur deuxième album, les Californiens
Demonics déclinent à tous les temps leur amour du B-movie
("She Devils On Wheels") et leur récurrente passion pour les ronflements
de pots d'échappements ("Motorgeddon", une suite de pétarades
de motos et de flingues). Ce qui ne les empêche pas de tricoter des
mélodies dignes des Young Fresh Fellows ou de reprendre frénétiquement
le "Little Honda" des Beach Boys avec un son parfait, énorme mais
pas heavy. Une sorte de croisement YFF/Humpers si vous voulez... C'est
particulièrement évident sur le dévastateur "Fuel-Injected
Suicide Machine". Ils ont intitulé leur disque Demons On Wheels,
la version CD a dû sortir sur un label US. Leur gimmick c'est les
cornes de diable sur le crâne, les yeux phosphorescents et la peau
cramoisie par les flammes de l'enfer, leur habituelle résidence.
Real hot rock'n'roll !
(Screaming Apple : Dustemichstr. 14, 50939 Koln. Allemagne)
Screamapp@aol.com
RAMONETURES
Ramonetures
Munster Rds
Quand le vénérable
maître de la six (et douze) cordes Davie Allan et le Phantom Surfer
Mel Bergman unissent leurs guitares et leurs efforts pour rendre un hommage
instrumental aux Ramones, l'album qui en résulte n'a logiquement
aucun mal à se faire une place dans les discothèques les
plus diverses. Ramonetures (c'est le nom du groupe et du disque) à
rapidement conquis les inconditionnels de surf-rock instrumental, les fans
des Ramones, les adeptes de, hem, l'easy listening, les fondus de la mélodie
imparable (les Ramones en connaissaient un rayon) sur fond de 1.2.3.4 basique
ou tout bêtement ceux qui savent reconnaître un bon disque
quand ils marchent dessus. La basse et la batterie sont tenues par deux
membres des Tiki Tones, le travail est sérieux et le résultat
lumineux, difficile de ne pas afficher un sourire admiratif à l'écoute
des seize titres de ce LP/CD, de "Glad To See You Go" à "Pet Semetary"
ou autres "Blitzkrieg Bop", "Rockaway Beach" et "Oh Oh I Love her So".
Certes, on est en registre plutôt léger, on sifflote les mélodies,
on replace les "Gabba gabba hey" à tue-tête là où
il faut, rien de bien intello-conceptuel là-dessous, mais ça
suffit largement à vous éclairer une journée maussade.
Dans un monde parfait, ce disque serait remboursé par la sécu.
Ça mérite largement un deuxième volume.
KIM FOWLEY
Animal God Of The Streets
Munster Rds
S'il y en a un dont le nom mérite de scintiller
au panthéon des agités du wock'n'woll, c'est bien l'étrange
Kim Fowley. Le gus a récolté au travers de ses multiples
collaborations, des Byrds aux Runaways en passant par Zappa, de quoi tapisser
son sweet home de Beverly Hills en disques d'or, une cinquantaine au total.
L'album Animal God Of The Streets (déja paru chez Skydog)
a été enregistré entre 69 et 71, Fowley chante et
joue de tous les instruments, produit, mixe, fait les arrangements, prend
les photos, se fait cow-boy ou rat des bayous et convoque Tony Joe White
et les Stooges au bal des dérangés en injectant des shoots
généreux de soul brûlante à son R'n'R menaçant.
Dommage que la bande à Iggy n'ait jamais repris le "Ain't Got No
Transportation" écrit spécialement pour eux en 69, ce monument
de swamp rock électrique et vénéneux aurait eu belle
allure entre "No Fun" et "Real Cool Time"... "Long Live Rock'n'Roll" est
dédié à Vince Taylor, "Werewolf Dynamite" est un hommage
à l'inquiétant et multiforme Lon Chaney, "Night Of The Hunter"
s'inscrit dans la virile tradition des morceaux pour bikers, le "Rumble"
de Link Wray n'avait pas dû être souvent repris avant ça
(je rappelle qu'on est en 69) et il y a inévitablement un morceau...
euh, disons difficile et déglingué ("Is America Dead ?")
histoire de marquer la différence. L'album tourne régulièrement
sur les platines des Diggers sans éveiller le moindre signe de lassitude.
C'est un signe.
FREDDY
LYNXX & The Corner Gang
Bloodied Up
Julie Production
Yeah ! Un des meilleurs (le meilleur ?) disques
de Mr Lynxx, toutes périodes confondues. L'album (CD digipack) s'appelle
Bloodied Up et sort sur Julie Productions, un label de Montpellier. C'est
un grand "disques à guitares". Faut dire que Freddy a battu le rappel
des potes pas manchots à la six-cordes : Kevin K, Mr Ratboy et Wild
Bill Thompson (Senders). Avec Fred ça en fait quatre ! Ok ils ne
jouent pas tous en même temps mais les duels sont légion.
Les ambiances et influences sont bien sûr toujours orientées
Stones/Dolls, Thunders ou Jeff Dahl (sur le hit "Dead Boy Runnin' Scared"),
le son est parfait (trop propre souligneront peut-être quelques grincheux)
et Fred a cette fois privilégié les morceaux plutôt
rapides et nerveux. Disponible contre 95F port compris chez : Julie Prod,
4 rue de l'Imprimerie, 34070, Monpellier. (julie.prod@worldonline.fr)
HUNTINGTONS
Plastic Surgery
Tooth & Nail
Et en v'là... D'entrée, "1-2-3-4, I
wanna be a Ramone !". Ceux-là en sont à leur quatrième
ou cinquième album et ne cachent pas leur perversion majeure. Ramones
encore, Ramones toujours, et sans l'ombre d'un complexe. Ils connaissent
leur sujet sur le bout des médiators, leur Joey est aussi convaincant
que le vrai et on leur remet sans hésiter la palme des meilleurs
faux frères R depuis les Ritchies. Tout y est, mais le plus impressionant
(et le plus difficile à rendre) reste la voix. On s'y laisse vraiment
prendre. Et comme ici on est des âmes simples (qui a dit simplets
?) on adore ça. A vous de voir si vous avez encore besoin de Ramones
au 21ème siècle. J'crois bien qu'oui... L'album (cd) s'appelle
Plastic Surgery et est sorti sur Tooth & Nail Rds... Le groupe sera
en tournée européenne fin août/début septembre
avec les Buckweeds. La France est particulièrement visée.
(Tooth & Nail Rds, Po Box 16884, Baltimore, MD 21206. USA)
SPLASH
FOUR
Shame Shame Shame
Dionysus
Nouveau 10"/CD pour les Splash Four. Chez Dionysus
cette fois. Toujours punks jusqu'au fond des sillons et teigneux comme
une escadrille de poux, les Parisiens font claquer les sept titres de ce
Shame comme autant de coups de poings américains en acier rouillé
dans la face de tous les tekno-kids du monde. Les solos surf-punks alimentés
en réverb' menaçante de Lili Z fouaillent les compos et reprises
obscures, le tempo ne fléchit pas, le son est ciselé (toujours
Liam W) et chaque morceau a des allures d'historiette punk secouée
dans un shaker estampillé '78. (L. Zeller, 7 rue Tholozé,
75018 Paris)
SMUGGLERS
Rosie
Mint rds/Lookout
N’ayant pas vu passer le cd live édité
à l’occasion des dix ans d’activité des Smugglers (et pourtant
disponible sur Lookout, Mint, Imposible et 1+2 !!!), on était en
manque de nouveaux enregistrements de nos Canadiens préférés
(voir Dig It! # 4 et 14). C’est dire qu’on s’est jeté sur ce nouvel
album (Rosie, toujours sur Lookout) avec la frénésie d’une
colonie de listeria découvrant de la langue de porc en gelée
pourrissant dans un frigo.
Quatre années se sont écoulées
depuis leur dernier effort en studio, Selling The Sizzle. Quelques
changements de line-up ont apparemment ralenti les activités du
groupe, mais ils reviennent avec un nouveau batteur, et une furieuse envie
de rattraper le temps perdu. Préparez-vous à une nouvelle
démonstration de rock’n’roll à haute énergie, festif
et brillant, doté d’un son béton concocté par leur
pote Kurt Bloch (guitariste des Fastbacks et des Young Fresh Fellows, et
producteur nominé aux Grammy Awards pour le disque de Nashville
Pussy !).
Rosie démarre sur les chapeaux de roue,
se calme le temps d’une belle reprise des Kinks (“I’ll Remember”) ou d’une
incursion pop (un duo avec Rose Melberg, égérie du rock indie)
avant d’afficher clairement ses intentions par une cover homérique
de “Kings Of The Party” (un standard des inénarrables Brownsville
Station) et de finir en trombe, sans la moindre pitié pour le palpitant
des fans. On notera aussi deux morceaux écrits par Dr Frank, leader
de Mr T. Experience, ou la participation pour quelques cris enjoués
de Kepi des Groovie Ghoulies. C’est sans doute leur meilleur album, le
plus homogène et le plus carton, en tout cas, et il atteint avec
brio son objectif : laisser l’auditeur pantelant, les mirettes zigzaguant
dans leur orbite, un sourire extatique aux lèvres. Plus efficace
qu’un plant entier de thaïlandaise.
SOUR
JAZZ
No Values
Ghostrider
On chroniquait il y a quelque temps l’album solo de Mr Ratboy (ex-Motorcycle Boy/Pillbox/Jeff Dahl/Marky Ramone & The Intruders...) sorti en vinyle par le label parisien Ghostrider. Ghostrider remet ça en éditant en vinyle d’une épaisseur réconfortante (ils ont dû entamer un concours avec Nest Of Vipers) le premier album de son nouveau groupe, Sour Jazz. Mr Ratboy s’est acoquiné avec trois vétérans de la scène rock new-yorkaise, pour ce qui doit être son projet le plus accompli. Cet album intitulé No Values nous convie à un sacré trip, entre glam punk classe et swing endiablé. Comme le disent si bien les notes de pochettes (pourquoi se fatiguer, hein ?), on s’écarte de l’axe classique Detroit/New York/Australie pour survoler Memphis, sur fond de cuivres trépidants, avant de s’envoler dans la stratosphère au son de quelques bruitages synthétiques qui donnent à l’objet une saveur inédite. Le seul moment calme est une reprise ralentie et dégoulinante de feeling de “13 Women”. Le reste balance avec une efficacité et une maestria imparables. Un des grands disques de ces derniers mois. Très chaudement recommandé.
DRAGONS
R.L.F
Junk Records
R.L.F. (pour Rock Like Fuck!!!) est le quatrième album
du gang de San Diego, et sort comme les deux précédents sur
Junk Rds. On peut toujours compter sur eux pour nous fournir notre dose
de punk rock solide et mélodique, entre les Heartbreakers et les
Zeros (rappelons que leur leader, Mario Escovedo, est le frangin de Javier,
des Zeros, qui d’ailleurs compose et chante le dernier morceau). Cet album
paraît plus musclé que le précédent, et tient
haut la main les promesses de son titre, recelant son comptant de tubes
efficaces (“Roll The Dice”, “My Confession”, “Downtown Something”, “Gimme
Some Luv”...). Pas de doute, ça crache le feu ! (Junk Rds, P.O.
Box 1474, Cypress, CA 90630, USA
-- www. thedragons.com)
ANGRY
SAMOANS
The 90's Suck And So Do You
Triple X
Revenons sur le nouvel album des Samoans annoncé
dans notre précédent numéro. On a lu des critiques
étonnées dans certains fanzines américains. Ben, oui,
on l’a déjà dit, les Samoans de l’an 2000 n’ont plus grand-chose
à voir avec les teignes qui ont contribué à inventer
le hardcore punk en 78. Depuis belle lurette (et tout au long de sa carrière
solo), Metal Mike Saunders a peaufiné sa formule : gros riffs bien
gras, batterie bien sèche, arrangements minimalistes, vocaux ironiques
parsemés de “wow wow” et de “na na” et mélodies irrésistibles.
The 90’s Suck And So Do You ne fait pas exception. Ce CD sorti par
Triple X rassemble deux 45t déjà parus sur le label de Mike,
Bad Trip, et quatre inédits. Vingt minutes (à peine) de pur
bonheur !
Triple X vient aussi d’éditer (enfin)
Surf City Or Bust, les quatorze titres enregistrés par Rockin’
Blews (Mike et son frangin Kevin en duo guitare-batterie balançant
du teenage rock allumé au fond du garage familial en 69) et quelques
nouveaux morceaux de Metal Mike (ce qu’il sort sous son nom est donc du
même tonneau, mais il joue généralement de la batterie
à la place de Bill Vockeroth, toujours fidèle au poste chez
les Samoans).
Aux dernières nouvelles, les Angry
Samoans se produisent encore ponctuellement sur scène, uniquement
en Californie du sud, avec un line-up complété par Jonathan
Hall (guitare) et Irath Siefert (bassiste qui a fait partie du groupe entre
89 et 91). Triple X vient aussi de sortir un album de Blood
Drained Cows, nouveau groupe de Gregg Turner, ennemi mortel de Metal
Mike (et co-fondateur des Samoans). Et signalons pour les fans des early
Samoans que deux versions inédites de “I’m In Love With Your Mom”
et “Too Animalistic” (deux morceaux de Vom, le gang pré-Samoans
de Mike et Gregg, enregistrés pour leur première démo
par les Samoans en octobre 78) viennent d’être exhumées par
Bulge Rds pour un 45t intitulé sans surprise : Angry Samoans
Play The Songs Of Vom.
(Triple X Records, P.O. Box 862629, Los Angeles, CA 90086-2529, USA
-- www.triple-x.com)
TEXAS
TERRI & THE STIFF ONES
Eat Shit !
Safety Pin
Quant à l’album de Texas Terri & The Stiff
Ones (déjà sorti en cd sur Burning Tree Rds en 1998,
Safety Pin nous offre la version vinyle), les Diggers unanimes se
fendront de ce seul commentaire abasourdi : “WOOAAHH !!!”. Bon, pour être
plus explicite, précisons qu’en plus d’une plastique avantageuse
dont elle use pour ses prestations scéniques classées X (entre
Tracy Lords et le Iggy Pop de la grande époque, paraît-il...
vu la pochette, il fallait bien en dire un mot - elle est différente
de celle du cd qui apparaît sur cette page), Texas Terri Laird
dispose avant tout d’une voix de tigresse affamée, et d’un gang
de durs à cuire qui n’ont pas appris leur musique punk dans des
encyclopédies. On connaissait le tube “Lifetime Problems/Holy Ghost”
(paru sur la compil Weird, Waxed And Wired), on n’ira pas jusqu’à
dire que tout le disque est du même acabit, mais pas loin. Rayon
glam punk rugueux et venimeux, vous aurez du mal à trouver plus
percutant.
Et ces tueurs savent ce qu’ils
veulent. L’album est auto-produit et ils ne lésinent pas sur les
chœurs sauvages, les guitares vicieuses, les trouvailles insolites et autres
bruitages azimutés. Ils sont aussi à l’aise sur une décharge
limite hard-core (“Baby Bird Shuffle”) que dans le punk mélodique
(“Oh Yeah!”), capables de relifter le standard des Dictators “Baby Let’s
Twist” au point de faire paraître l’original un rien poussif, exploitant
avec aisance le potentiel vénéneux du “If Looks Could Kill”
des Loafin’ Hyenas, ou pétant totalement les plombs sur un “Cave
Woman” d’anthologie (dispo aussi sur la compil Heads Will Roll).
On comprend mieux pourquoi Texas Terri règne sur la scène
punk de Los Angeles depuis quelque temps. En un mot comme en cent : WOOAAHH
!! (www.texasterri.com)
(Safety Pin Rds, P.O. Box 51241, 28080 Madrid, Espagne -- safetypin@arrakis.es)
THE
DRAGS
Set right Fit To Blow Cleanup
Estrus
Hein ? Les Drags, parangon du garage lo-fi amusant,
extrémiste et redoutablement efficace auraient viré hard
rock ? Ils reprendraient Led Zeppelin ("Communication Breakdown") et le
premier morceau de leur nouvelle livraison s'appellerait "This Is The Sound
Of Hard Rock" ??? Tuut, tuut, du calme, les gus du Nouveau-Mexique n'ont
pas encore l'ambition de détrôner les Gluecopters. C'est vrai
que Scott (nouveau venu, ex-Monoshock) et CJ ont "alourdi" le son des guitares
et que l'adjonction d'un "vrai batteur" (ex-Scared Of Chaka) booste la
machine mais on dirait plutôt une bonne blague ponctuelle qu'une
nouvelle orientation, d'ailleurs l'utilisation intensive et insolente d'un
thérémin sur la plupart des morceaux disqualifie d'avance
toute tentative de les prendre au sérieux. Reste un bon disque,
aussi marrant que d'habitude, plus charpenté, avec ses moments de
pure déglingue brutale ("Drags Gotta Have It"), ses larges rasades
d'électro-blues campagnard ("Amplifyer Blues"), un dynamitage en
règles du "Night Rider" de Kim Fowley et une ambiance générale
toujours orientée garage lo-fi sans foi ni loi. Appelez-ça
du 70's garage si vous voulez... C'est le premier vrai album (LP/CD) du
groupe après deux 10", déjà chez Estrus. Celui-ci
s'appelle Set Right Fit To Blow Cleanup. (garanti sans Tim Kerr).
THE
DIALTONES
Self tittled
Screaming Apple
Dernière sensation suédoise garage/punk'n'roll,
ce trio fait déjà un malheur à coups de speed songs
de deux minutes maxi dont même les titres semblent tout droit sortis
du répertoire des Devil Dogs ("See Her Tonite", "Back In The City
Tonite", etc...). Le groupe a donc sérieusement potassé l'œuvre
complète des DD et s'en tire plutôt bien même si la
limite entre hommage et clonage est parfois floue. Vous aimez les Phantom
Rats ? les early Basement Brats ? les Infections ? les Spaceshits ? Les
Dialtones devraient vite prendre leurs aises sur vos platines. Le groupe
vient de sortir simultanément un premier album sans titre (douze
morceaux pour une vingtaine de minutes) sur Screaming Apple et deux
singles (Radio Blast et Bad Afro) avec un inédit sur
chaque. Le gang de Steve Baise avait en quelques années élaboré
une parfaite synthèse garage+punk+r'n'r, citant les Saints du début
ou les Heartbreakers et DMZ comme ingrédients principaux, dix ans
plus tard les Dialtones ont repris la formule. On pourrait leur reprocher
de ne pas l'avoir améliorée, ils répondraient sans
doute qu'ils ne sont pas là pour ça et que : "one two fuck
you !". De toutes façons ils ont le temps d'évoluer. On suivra
ça de près, histoire de voir si leur "à la manière
de..." se transforme bientôt en un "encore mieux que...". Ils apparaissent
aussi sur un split avec Aerobitch et il existerait un EP live ultra-rare.
Déjà un culte ???
dialtones@hotmail.com
THE SATELLITERS
What's Up With Thimothy Dee ?
Screaming Apple
Les Allemands Satelliters en sont au moins à
leur cinquième album et ne semblent pas donner le moindre signe
de lassitude. Mieux, ils sont en progrès constant et ont fini par
devenir quelque chose comme le meilleur groupe européen au rayon
néo-garage sixties. Farfisa Compact et Vox Continental pour l'organiste-chanteur,
Rickenbacker et Vox AC 30 pour le guitariste, une reproduction exacte du
drum-kit de Music Machine pour le batteur et Fender Precision et Bassman
pour le bassiste, leur équipement ressemble à la panoplie
du parfait garagiste. Leur disque aussi, et n'y voyez rien de péjoratif.
Aussi méticuleux que les Chesterfied Kings, moins égomaniaques
que Rudi Protrudi, plus habiles en studio que la moyenne des combos du
genre, les Satelliters ont percé les secret de quelque grimoire
sixties et concocté un album violemment groove, surprenant de feeling
(une version à pleurer du "2+2 =?" du Bob Seger System) et, conséquemment,
fortement conseillé aux amateurs du genre.
Screaming Apple : Dustemichstr.14,
50939, Koln. Allemagne
THE
HEADCOATS SECT
Ready Sect Go!
Vinyl Japan
Increvables ! Brand et Childish viennent d'enregistrer
une douzaine de morceaux à Toe Rag en compagnie de Don Craine et
Keith Grant Evans, chanteur et bassiste des Dowliner Sect, un des meilleurs
groupes anglais de sixties R'n'B qui connut son pic de popularité
entre 64 et 66 et est encore l'objet d'un culte justifié dans pas
mal de garages. C'est le deuxième étage d'un concubinage
rhythm'n'punk initié en 96 (par un premier album) sous le nom de
The Headcoats Sect. Sur le nouveau LP/CD (Ready Sect Go !), la bête
à deux têtes délivre une vision personnelle (sans vraiment
s'éloigner du classicisme dans la forme) de standards blues/r'n'b
sûrement sélectionnés avec soin. Willie Dixon, Muddy
Waters ou Bo Diddley seraient sans doute ravis de voir leurs vieux morceaux
gambader dans un jardin anglais avec une telle vitalité. Childish
(qui vient de clore sa période Headcoats) s'est fendu d'une nouvelle
compo pour l'occasion, celle qui donne son titre à l'album, une
galopade en Diddley beat majeur traversée par un sanglant duel basse/harmonica.
Fans des Breadmakers, ce disque va faire un carton dans votre immeuble.
Vinyl Japan : 98 Camden Road,
London NW1 9EA. Angleterre.
THE
BURNOUTS
Go Go Racing!
Bad Afro
Ça y est, les Danois tiennent désormais
un gang capable de rivaliser avec les grosses pointures norvégiennes
et suédoises dans le cœur des R'n'R addicts de tout poil. Les Burnouts
citent les New Bomb Turks (la voix, le speed tempo), les Oblivians (le
côté mantra soul/punk) et Nashville Pussy (la folie furieuse)
comme influences dominantes. Ils ont fait produire leur premier album en
Suède par Fred "Sonic" Estby, déjà responsable de
quelques enregistrements des Hellacopters (et Entombed !) mais se défendent
de faire du hard-rock 70's avec solos de trois minutes. Les douze titres
de leur premier cd Go Go Racing !, expédiés en une
demie heure, ont laissé le QG de Dig It ! dans un état proche
de celui d'une sous-préfecture après une manif' de mineurs
roumains. Maximum Punk'n'Roll !
UNION
69
Holiday 2000
Bad Afro
Bien que basé en Suède, Union 69 a
été fondé en 93 par deux Californiens, Drew Horner
et Jay Morales, qui avaient déjà usé quelques groupes
au pays. Drew Horner faisait partie des Twister Naked,
combo ayant vu défiler dans ses rangs divers membres des Dickies,
NOFX, Angry Samoans, etc... Il tient désormais un magasin de tatouages
à Lidköping, un endroit où une bonne moitié des
rockers du pays s'est fait trouer la peau un jour ou l'autre. Ça
crée des liens, forcément. Et ça peut accessoirement
servir de bureau de recrutement... Le premier cd du groupe (Holiday
2000) aligne différentes influences, du punk us early 80's ("Don't
Jack My Fuck") à Turbonegro dernière période ("Mongo
Magnet"), un mélange des genres qui pourra dérouter les tenants
du "chacun chez soi et les moutons punks seront bien gardés" mais
fait souffler un courant d'air inhabituel sur le rock suédois. L'album
a été enregistré dans le studio ou les infâmes
Europe ont gerbé leur "Final Countdown" pour la postérité.
Enfin vengés.