NASHVILLE
PUSSY
High As Hell
TVT Rds
Quand Tommy Boy s’est pointé dans les locaux
de Canal Sud en agitant fièrement le nouvel album de Nashville Pussy,
High As Hell, on a poussé force glapissements joyeux, avant de passer
un bon moment à décrypter la somptueuse pochette de ce gatefold
luxueux, comme on n’en fait plus beaucoup depuis les seventies.
Et d’ailleurs tout y est dit. Au recto, nos
quatre outlaws exhibent systèmes pileux, attributs mammaires, casquette
sudiste, stetson, et un énorme fusil, dont l’embout vous vient droit
sur le nez, comme sur le premier disque des brutes sudistes seventies Point
Blank. Les photos intérieures nous montrent Corey presque nue prête
à assouvir les dernières volontés d’un clone de Lemmy
condamné à la chaise électrique, Ruyter en figure
de proue d’un navire dénommé Angus, Jeremy en créature
des marais atomique, et Blaine en Jesus débonnaire, joint au bec,
portant sa croix et une glacière de bières autour d’un circuit
de course automobile. Au verso, sur un lit rose et rouge en forme de coeur,
genre bordel de luxe, les deux filles Corey et Ruyter se livrent à
une voluptueuse soufflette, entourées des accessoires domestiques
: boîte d’herbe, sous-vêtements en peau de bête, Jack
Daniels, flingue... Au mur, une plaque Ass Kickin’ Southern Rock.
Caricaturalement primaire, ironiquement redneck,
leur musique est de plus en plus à leur image. Reprise de Rose Tattoo
(“Rock’n’Roll Outlaw”, ralentie et enrobée de handclaps pachydermiques
!), hommage aux duels de guitares de Lynyrd Skynyrd (“Drive” - les
Quadrajets les avaient précédés sur ce terrain), boogie
épais à la AC/DC (“Wrong Side Of A Gun”, “Struttin Cock”),
ballade venimeuse (“Go To Hell”) et quelques giclées plus rapides
et plus punks (“Blowjob From A Rattlesnake”, ou “Piece Of Ass” signée
Rick Sims) composent un album plus lourd et lent que le précédent.
C’est dire que leur mixture hard punk a le goût de plus en plus hard,
ceux qui ont peur de se coincer un bout de gras dans les molaires sont
prévenus. Par une perversion tout à fait prévisible,
je la trouve encore plus juteuse, et les morceaux me paraissent individuellement
plus marquants que ceux de Let Them Eat Pussy, un disque qui s’avalait
d’un seul trait brûlant.
On peut ajouter que Kurt Bloch est une nouvelle
fois à la production (Kurt Bloch = son carton), qu’ils apparaissent
au générique d’un film dont j’ai bêtement oublié
le titre, et qu’après avoir été virés de Mercury,
ils ont atterri sur un label mystérieux, TVT Rds, responsable des
compilations Television’s Greatest Hits et qui semble abriter une flopée
de groupes dont Brian Jonestown Massacre, Nine Inch Nails (!) et XTC (!?).
(TVT Rds, 23 E. 4th St. NY NY 10003, USA)
SATOR
Droppin' Out
Safety Pin
Le nouveau 25cm des Suédois de Sator est un
petit chef-d'œuvre de power-pop-rock nerveuse et survitaminée. Vous
connaissez peut-être déjà le tube rock'n'roll "Dance
To The Rocket from the Crypt" (Riot On The Rocks Vol 1), c'est le moment
d'écraser une larme de bonheur sur la splendide reprise de "How
Are Things In California ?" (Nancy Sinatra) avec ses chœurs et mélodies
sculptées dans le diamant (un mariage réussi Byrds/Mamas
& Papas), de vibrer aux accents velvetiens de "Friction" et d'apprécier
le coup de patte de Bill Bartell (alias Pat Fear de White Flag) et Javier
Escovedo (Zeros), co-auteurs de "This Side Of Nowhere". Les sept titres
proviennent de diverses sessions et la production est sublime, faut dire
que Chips K, le guitariste et chanteur, connaît bien le boulot, il
a produit quelques bons albums des Nomads par exemple. Le disque surprend
et détonne parmi l'abondance de galettes heavy-punk venues du froid.
Amateurs de power-pop racée et pas endormie, laissez traîner
une oreille par ici d'urgence...
(Safety Pin Rds : PO Box 51241 28080 Madrid. Espagne)
safetypin@arrakis.es
THE
SENDERS
Goodbye Cruel World
Action Records
Les Senders sont de retour, Phil Marcade est
plus en voix que jamais, Wild Bill Thomson a laissé tremper les
cordes de sa gratte dans du whisky depuis le dernier enregistrement, le
R'n'B urbain du gang de New York se nourrit de soul food et les riffs brillent
comme des lames de couteaux se reflétant sur le bitume mouillé
des derniers quartiers louches de Big Apple. Avec vingt ans de rock'n'roll
au compteur et la caution fantomatique (et dangereuse) de Thunders en sautoir,
le groupe carbonise quelques reprises/hommages (onze covers sur treize
morceaux, de Willie Dixon aux Crazy Teens en passant par les Stones) d'où
suinte un excitant feeling électrique propre à titiller le
plus endurci des punks et à le faire virer illico fan de Howlin'
Wolf et James Brown. Les duels harmonica-guitares, les déchirures
de sax infectieux et la voix "râpe à fromage" de Phil (entretenue
par les établissements Jack Daniels ?) sont produits par Freddy
Lynxx qui joue aussi de la guitare sur plusieurs morceaux. Inquiétude,
l'album s'appelle Goodbye Cruel World.Un adieu ?
(Action Rds : 16 Rue Guy de Maupassant,74600 Seynod -- http : //ActionRecords.online.fr)
THE
NECKBONES
Gentlemen
Misprint Rds
Nom de nom, ce gang d’Oxford, Mississippi commence
à squatter avec autorité le haut de mes piles de disques.
Gentlemen, un 25cm huit titres sorti par Misprint Rds, enfonce bruyamment
le clou, et tourne en boucle sur la platine. Leurs secrets ? Avant toute
chose un bon coup de gnôle; puis un son live percutant, tendu, et
bordélique (“J’aime bien avoir un certain manque de rigueur dans
la musique”, affirme Tyler Keith, guitariste / chanteur); une lichette
de tord-boyaux; un sens imprévisible du mixage qui vous fait gicler
les solos et striduler les tambourins; trois chanteurs à la voix
prenante (“On a essayé de faire chanter Robbie, mais il boit
des bières pendant les morceaux et c’est difficile pour lui de chanter,
boire et jouer de la basse”); une lampée d’eau de feu; des incursions
dans des territoires multiples (punk rock déglingué, R&B
garage rugueux, blues rapeux, mid-tempo pop ou rampant...); et un pack
de douze pour la route (“Pour nous, l’alcool apporte une qualité
organique à la musique. Tu ne peux vraiment pas être trop
précis quand tu t’en tiens une bonne.”). Vous pouvez aussi vous
procurer les yeux fermés leur précédent album, The
Lights Are Getting Dim, sur leur label habituel Fat Possum.
(Misprint Rds, P.O Box 8189, Murfreesboro, TN, 37133, USA - www.misprintrecords.com)
SCREAMIN'
JAY HAWKINS
Best Of The Bizarre Sessions
Manifesto Rds
Ce label de Los Angeles a eu la bonne idée
de sortir un best of de Screamin' Jay Hawkins compilant en CD ses trois
albums parus sur Bizarre Rds entre 90 et 94 en ajoutant quatre inédits
pour arriver à un total respectable de dix-huit morceaux en plus
d'une heure et quart. Le défunt roi du R'n'B possédé
hurle et gronde comme un prêtre vaudou mal luné, alterne rock'n'roll,
blues, talkin' blues ou soul/funk cuivrée, éructe encore
comme au temps de "Constipation Blues" ("You Make Me Sick") et reprend
Tom Waits (c'est Jarmush qui les a présentés ?) et Buddy
Blue (le génial guitariste des Beat Farmers). D'ailleurs quand Jay
aime il ne compte pas et aligne pas moins de trois morceaux de Buddy Blue
et deux de Tom Waits ! L'album est intitulé Best Of The Bizarre
Sessions, et l'ex-boxeur pro soutenu par une dizaine de musiciens (dont
Bo Diddley Jr sur quelques morceaux), y est irrésistible d'entrain,
d'humour frimeur ("J'suis tellement bien habillé que Calvin Klein
garde toujours un œil sur moi", dans "I'm The Cool") et de swing à
réchauffer n'importe quel igloo. Indémodable et conseillé
sans restriction.
(Manifesto Rds : 740 North La Brea Ave, 2nd floor, Los Angeles, CA
90038-3339, USA.)
www.manifesto.com
THE
PHANTOM SURFERS
XXX Party
Lookout
Retour dans l’univers coloré et sémillant
du label californien Lookout!. Ces farceurs de Phantom Surfers n’y sont
pas allés de main morte avec ce nouvel album thématique (on
n’ose dire concept), consacré aux joies du sexe et intitulé
XXX Party. Il comporte une bonne vingtaine de morceaux gaguesques, de collages
allumés entrecoupés de bla-gues cochonnes, et de détournements
hilarants (“Let’s Twist Again” en “Let’s Fist Again” - ouch ! - “Paranoid”
de Black Sabbath en “Hemorroids” - aie ! - ou “Runaround Sue” transformé
en “Necro Sue” avec l’aide de Donny Denim, le découvreur des Donnas).
Tipper Gore, la “Moral Majority” incarnée, en prend pour son grade,
et finit par succomber aux accents lubriques du surf de nos cinq potaches,
égrenant joyeusement leur alphabet obs-cène et poilant, de
A : It’s time to fuck ! à Z : Zombie pussy !
Ils ont bénéficié pour l’occasion du parrainage
de Rudy Ray Moore, héros du R&B graisseux des sixties devenu
star de la blaxploitation après avoir tenu le premier rôle
du film Dolemite (une compil luxueuse lui est consacrée par Norton).
Cet autre “baaad mozerfeucker” balance d’entrée un monologue bien
senti dont l’argument principal est que le surf est une putain de musique
sexy. Le vieux Blowfly en personne, légende oubliée du funk,
catégorie porno, et inventeur auto-proclamé du rap, réapparu
dans le circuit il y a quelques années lors d’une mémorable
tournée en compagnie des Street Walkin’ Cheetahs, surgit au début
de la face B, vitupérant en substance : “Bande de salauds, vous
m’avez piqué mon truc, la moindre des choses c’est que je fasse
une de mes putain de chansons !!!”. Et le voilà qui se lance dans
un rap vigoureux sur fond de surf languide. Bourré de bonnes surprises,
d’affreuses grossièretés, et de plaisanteries parfois incompréhensibles
à vrai dire, c’est un disque à écouter un dico Harraps
Slang sous la main pour égayer les réunions de famille.
(Lookout ! Records, P.o Box 11374, Berkeley CA, 94712-2374, USA
- www.lookoutrecords.com)
THE
STROLLERS
Falling Right Down
Low Impact
Celui-là aussi est tombé il y a un
moment et a été otage des Postes pendant quelques semaines.
Et s'ils avaient su sur quoi ils pique-niquaient tous les midis, les postiers
auraient apporté la platine Cd au boulot histoire de motiver les
troupes (le disque existe aussi en vinyle mais ça aurait été
moins pratique pour eux entre la boîte de pâté et le
litron de Corbières). Plus produits que ceux des Maggots, les onze
titres de leurs compatriotes Strollers sont tout aussi sixties et remuants.
Ils évoquent en vrac les Miracle Workers, Sinners ou Seeds, Music
Machine et Sonics ancestraux. Tiré au cordeau, gravé par
un orfèvre, propulsé par des maniaques déterminés
et enregistré sur du matos d'époque, ce Falling Right Down
est une des pierres angulaires du renouveau "60's garage-punk". Et comme
d'hab', les Suédois sont les premiers sur le coup, ou les plus excitants
(les Allemands aussi sont bien placés, le dernier Satelliters est
encore dans toutes les têtes non ?). Le deuxième album des
Strollers est en route.
(Low Impact : Box 475, 701 49 Örebro, Suède)
http://drink.to/lowimpact
THE
NEW BOMB TURKS
Nightmare Scenario
Epitaph
Houla, pas de doute, voici l’un des disques les plus
explosifs de ces derniers mois. Le meilleur album du gang de Columbus depuis,
ouf, au moins leur premier sur Crypt. “Et le troisième alors !”
me corrige Gildas. Bon, d’accord, en tout cas celui-ci est un grand disque,
c’est sûr, et si les Dirtys existaient encore, ils rangeraient leurs
commentaires sarcastiques et s’inclineraient humblement devant leurs maîtres.
Les New Bomb Turks n’ont plus rien à prouver, et le moindre de leurs
enregistrements est de toute façon recommandable, mais les entendre
retrouver le son féroce de leurs débuts (qu’ils n’avaient
plus tout à fait sur les deux précédents albums Epitaph)
me réjouit particulièrement.
Nightmare Scenario (le terme employé
par la CIA pour désigner un éventuel holocauste nucléaire)
a été enregistré à Detroit sous la houlette
du sorcier local, Jim Diamond, dans ses Ghetto Recorders Studios, où
ont déjà traîné les Dirtbombs, Bantam Roosters,
Compulsive Gamblers (voir plus loin) ou les Dirtys justement. Tandis que
Megadeth donnait un concert au coin de la rue et que les hordes metal venaient
régler leurs comp-tes sous les fenêtres du studio, nos quatre
lascars ont craché toutes leurs tripes dans les micros. Cet album
recèle une intensité fulgurante, alliée à un
potentiel mélodique parfaitement illustré par le dernier
morceau, “Quarter To Four”, et ravira tout autant ceux qui avaient apprécié
le côté stonien, plus mûr et moins radical des derniers
albums. Les NBT ne sont peut être plus les “Ravachol du punk”, mais
ils viennent de balancer la plus grosse bombe de l’année. “Spanish
Fly By Night” est aussi sorti en 45t sur Safety Pin couplé à
l’inédit “Chip Away The Stone”.
(Epitaph, 2798 Sunset Blvd, Los Angeles, CA 90026, USA)
DUMBELL
Don't Messs With Cupid
Radio Blast
Ça y est, après deux albums (et un
mini-lp) confidentiels (une confidentialité principalement due aux
labels avec lesquels ils travaillaient jusqu'à présent),
Dumbell attaque de front le "marché" garage/heavy-punk européen.
Et ça va faire mal ! Ils ont la puissance de feu de Nashville Pussy
et un song-writer qui sait trousser des brûlots punks de 2'30 qui
combinent le meilleur de Sonny Vincent (en moins touche-à-tout)
et des Dead Boys. D'ailleurs même s'il n'aime pas beaucoup en parler,
Paul, le leader américain du groupe, a joué avec Sonny dans
Shotgun Rationale (interview de Dumbell dans Dig It ! #17). Le line-up
a changé, ils sont maintenant trois guitaristes ! Des vrais killers.
La production est taillée sur mesure par Christoph Rath (des Cellophane
Suckers), l'expert en garage/punk sound pour une bonne partie des groupes
Radio Blast. L'album (lp/cd) est intitulé Don't Messs With Cupid
(Déconnez Pas Avec Cupidon) et vous allez pouvoir juger sur pièce
ce groupe allemand qui nous surprend chaque fois depuis sa première
venue en ville dans les bagages de Wanda Chrome il y a quatre ou cinq ans.
Pour amateurs de plaisirs à "grosses guitares" sonnantes et pas
trébuchantes. Les Français apprécieront sûrement
"Last Train To Vaudeville"...
(Radio Blast Rds : PO Box 160308, 40566 Dusseldorf. Allemagne)
radioblast@t-online.de
DEMONICS
Demons On Wheels
Screaming Apple
Sur leur deuxième album, les Californiens
Demonics déclinent à tous les temps leur amour du B-movie
("She Devils On Wheels") et leur récurrente passion pour les ronflements
de pots d'échappements ("Motorgeddon", une suite de pétarades
de motos et de flingues). Ce qui ne les empêche pas de tricoter des
mélodies dignes des Young Fresh Fellows ou de reprendre frénétiquement
le "Little Honda" des Beach Boys avec un son parfait, énorme mais
pas heavy. Une sorte de croisement YFF/Humpers si vous voulez... C'est
particulièrement évident sur le dévastateur "Fuel-Injected
Suicide Machine". Ils ont intitulé leur disque Demons On Wheels,
la version CD a dû sortir sur un label US. Leur gimmick c'est les
cornes de diable sur le crâne, les yeux phosphorescents et la peau
cramoisie par les flammes de l'enfer, leur habituelle résidence.
Real hot rock'n'roll !
(Screaming Apple : Dustemichstr. 14, 50939 Koln. Allemagne)
Screamapp@aol.com
RAMONETURES
Ramonetures
Munster Rds
Quand le vénérable
maître de la six (et douze) cordes Davie Allan et le Phantom Surfer
Mel Bergman unissent leurs guitares et leurs efforts pour rendre un hommage
instrumental aux Ramones, l'album qui en résulte n'a logiquement
aucun mal à se faire une place dans les discothèques les
plus diverses. Ramonetures (c'est le nom du groupe et du disque) à
rapidement conquis les inconditionnels de surf-rock instrumental, les fans
des Ramones, les adeptes de, hem, l'easy listening, les fondus de la mélodie
imparable (les Ramones en connaissaient un rayon) sur fond de 1.2.3.4 basique
ou tout bêtement ceux qui savent reconnaître un bon disque
quand ils marchent dessus. La basse et la batterie sont tenues par deux
membres des Tiki Tones, le travail est sérieux et le résultat
lumineux, difficile de ne pas afficher un sourire admiratif à l'écoute
des seize titres de ce LP/CD, de "Glad To See You Go" à "Pet Semetary"
ou autres "Blitzkrieg Bop", "Rockaway Beach" et "Oh Oh I Love her So".
Certes, on est en registre plutôt léger, on sifflote les mélodies,
on replace les "Gabba gabba hey" à tue-tête là où
il faut, rien de bien intello-conceptuel là-dessous, mais ça
suffit largement à vous éclairer une journée maussade.
Dans un monde parfait, ce disque serait remboursé par la sécu.
Ça mérite largement un deuxième volume.
KIM FOWLEY
Animal God Of The Streets
Munster Rds
S'il y en a un dont le nom mérite de scintiller
au panthéon des agités du wock'n'woll, c'est bien l'étrange
Kim Fowley. Le gus a récolté au travers de ses multiples
collaborations, des Byrds aux Runaways en passant par Zappa, de quoi tapisser
son sweet home de Beverly Hills en disques d'or, une cinquantaine au total.
L'album Animal God Of The Streets (déja paru chez Skydog)
a été enregistré entre 69 et 71, Fowley chante et
joue de tous les instruments, produit, mixe, fait les arrangements, prend
les photos, se fait cow-boy ou rat des bayous et convoque Tony Joe White
et les Stooges au bal des dérangés en injectant des shoots
généreux de soul brûlante à son R'n'R menaçant.
Dommage que la bande à Iggy n'ait jamais repris le "Ain't Got No
Transportation" écrit spécialement pour eux en 69, ce monument
de swamp rock électrique et vénéneux aurait eu belle
allure entre "No Fun" et "Real Cool Time"... "Long Live Rock'n'Roll" est
dédié à Vince Taylor, "Werewolf Dynamite" est un hommage
à l'inquiétant et multiforme Lon Chaney, "Night Of The Hunter"
s'inscrit dans la virile tradition des morceaux pour bikers, le "Rumble"
de Link Wray n'avait pas dû être souvent repris avant ça
(je rappelle qu'on est en 69) et il y a inévitablement un morceau...
euh, disons difficile et déglingué ("Is America Dead ?")
histoire de marquer la différence. L'album tourne régulièrement
sur les platines des Diggers sans éveiller le moindre signe de lassitude.
C'est un signe.