Phil Holmes, chanteur/guitariste, mérite
sans doute le titre de fan n°1 des Sex Pistols. Steve Jones ne s'y
est pas trompé qui participe régulièrement aux tentatives
de son pote Phil d'en recréer l'univers (la destroy-attitude en
moins) avec ses Nothings (Bob Deagle aux drums et Lenny Kerringer à
la basse, ces deux-là font aussi partie des Lazy Cowgirls, inutile
de préciser que ça tourne rond). Ce deuxième album
du groupe (Lovely) séduira les accros aux Pistols et au british
punk 76-78 en général, Buzzcocks, Undertones... Steve Jones
apporte donc sa touche et sa caution sur six morceaux (sur onze), il en
résulte une belle leçon de punk'n'roll millésimé,
mais pas passéiste pour un penny, et quelques "tubes" millésimés...
Galaxy Rds, 17048 Baltar Street, Van Nuys, CA 91406. USA. (www.cdbaby.com)
DICTATORS
DFFD
Vingt-deux ans qu'on l'attendait, ce nouvel album des Dictators, et qu'on devait contenter notre fin avec des miettes de vinyl -- deux singles sur Norton Records en 1996 et 97, excellents certes. Jouables et rejouables, certes. Mais avec un goût de trop peu !
Les 'Tators ont fini par concocter leur propre label pour sortir leur nouvel opus. Et on le trouve ! En vitrine même de mon magasin de disques préféré à Los Angeles, Rhino Records (qui depuis longtemps n'ont plus de lien avec le label du même nom) s'étale une reproduction de deux mètres de côté de la couverture de l'album, crâne, pin-ups, yeux exorbités et graphisme naïf compris. La gloire ! J'entre, j'en achète un, bien sûr, que le vendeur met un moment à trouver. "T'aurais dû venir pendant les heures de travail de Scott", fait-il remarquer, "ça lui aurait fait plaisir de causer". Scott Kempner, guitariste rythmique du groupe, a depuis peu déménagé à Los Angeles et pris un travail chez Rhino. La gloire ne nourrit pas son homme, mais on peut au moins placer ses disques en vitrine quand on bosse dans la boutique.
Les Dictators n'ont pourtant pas vocation à être réservés aux happy few. Leur album est bourré de mélodies rentre-dedans (toutes dues à Andy Shernoff, avec un ou deux collaborateurs extérieurs) et de riffs gras. Bien sûr, on connaissait déjà les morceaux sortis en 45 tours, "Savage Beat", qui annonce une sorte de programme de l'album avec ses burgers de brontosaure sur le barbecue ; la tornade ironique et amère de "Who will save rock'n'roll ?" ('My generation is not the salvation', doit reconnaître Andy Shernoff) ; et l'affirmation féroce de Handsome Dick Manitoba, "I am right", ré-enregistrée ici dans une version qui fait la part plus belle aux solos de Ross the Boss.
Alors, les chansons nouvelles ont-elles du mal à se faire une place au soleil ? Ecoutez seulement une fois "It's Alright", un morceau timidement placé en fin de première face, et je vous mets au défi de ne pas déambuler dans les rues, béat et benêt, en chantonant machinalement 'it's alright, it's alright, one little kiss and I feel alright', au mépris des regards apitoyés des passants interloqués. "Avenue A" est une déclaration d'amour sincère (si, si) à un quartier du Lower East Side de Manhattan, où Handsome Dick a planté ses racines. C'est aussi porté par une rafale de guitare comparable à celle de "Who will save rock'n'roll ?". "Pussy and Money" est l'heure de la leçon de philosophie de Handsome Dick, marabout des trottoirs : 'qu'est-ce qui compte dans tout ça ? Les chattes et le fric, c'est ce que tout le monde se tue à rechercher'. Un autre chorus qui ne passera pas sur MTV, mais qu'on pourrait fredonner dans les avenues.
L'album ne manque pas non plus de machines de guerre, rappelant les bonnes années du métal 70's. "Burn, Baby, Burn!!", dynamisé par un tambourin hystérique, a de quoi faire pomper du poing toute une armée de headbangers. Riff imparable. Quand Dieu a créé le rock'n'roll, Il n'avait jamais eu pour intention d'en faire quelque chose de compliqué ! "Moronic Inferno" me rappelle (oserai-je ?) le riff de "Space Station number 5", qui fit les beaux jours de Montrose (période Sammy Hagar). Mais les paroles épinglent ces clichés que les Dictators aiment ridiculiser. Même tarif pour "In the Presence of a New God". Palsambleu, ces voyous new-yorkais ne se contentent plus de leur pouvoir dictatorial sur le rock, ils prétendent à la divinité, quelle outrecuidance. On imagine leur sourire résolument en coin quand ils braillent les ch¦urs du morceau, 'On your feet or on your knees'. Leurs camarades d'écurie, drivés par le même management dans les années 70, s'appelaient le Blue Oyster Cult, et avaient sortis un album en public sous ce titre. Coïncidence, naturellement.
Trois autres morceaux complètent l'album, et varient un peu le ton : "What's up with that ?", qu'on connaissait dans la version du groupe country d'Andy Shernoff, The Master Plan. Ici ça devient du roots-rock. "Channel Surfing" est exactement ce qu'il prétend, un instrumental de surf, et "Jim Gordon Blues" une ballade. Qu'importe. La vague emporte tout. 20 ans d'attente pour 40 minutes de bonheur, c'est beaucoup. On espère simplement qu'ils n'attendront pas vingt oans avant de nous repondre un oeuf.
-Tommy Boy
STREETWALKIN’
CHEETAHS
Waiting For The Death Of My Generation
Triple X - Munster
Il vient de tomber, on n’a pas encore eu le temps
d’en faire le tour, mais à première vue, c'est un grand disque.
C’est le troisième album studio de ce combo californien, membres
turbulents de la scène Punk Rock & Soul de L.A., et il vient
de sortir en Europe sur Munster (sous licence Triple X).
Ils nous avaient habitués à un motor city punk en furie,
teinté de power-pop. La rondelle démarre en trombe avec du
punk bourre-pif à la B-Movie Rats (le fantastique “Right To Rock”),
avant de virer power pop énergique sur fond de sitar (!?!), puis
hard-pop à la Cheap Trick (“Automatic” et son riff d’orgue emprunté
au “Clones” d'Alice Cooper). Les cuivres apparaissent dès la revigorante
version du “Know Your Product” des Saints et on pense à Sour Jazz,
qui les reprenaient aussi sur Lost For Life. Après une bonne giclée
de punk speedé chauffé à blanc, déboule le
chef d’oeuvre total : “White Collar Money”. De la pop tendue, avec solo
rock’n’roll, vocaux somptueux, refrain imparable, et finish groove ahurissant.
Ouaah !!! L’extase. Suivent un autre hommage plus net encore à Cheap
Trick et le menaçant brûlot heavy-soul “Mama Train”, signé
Tony Fate des BellRays, qui s’invite à la guitare. On se finit avec
deux autres rasades punks mélodiques mais teigneuses, et un morceau
final garage-punk-R&B-reggae spatial. N’en jetez plus ! Un son énorme,
une belle pochette... mon album du trimestre à l’aise. Ils débarquent
en Europe pour cinq semaines de tournée en mai/juin.
(Munster, PO Box 18107, 28080 Madrid, Espagne. -- www.munster-records.com
-- www.thestreetwalkincheetahs.com)
? AND THE MYSTERIANS
More Action
Munster
Chez Munster encore, en tout cas pour la version
vinyle, ne ratez pas More Action, le nouvel album studio de Question
Mark and The Mysterians, un des meilleurs come-back de ces dernières
années. Les fans des Lyres seraient bien inspirés d'y laisser
traîner une oreille, ils y découvriront une splendide version
de "Don't Give It Up Now". Pur plaisir 60's coloré par le légendaire
orgue acide de "96 Tears" (repris ici, comme pas mal de vieux hits de Mr
Martinez), voix chaude, grands moments d'émotion pure (remake possédé
de "Ain't It A Shame"), on vote à deux mains pour ce gang de quinquagénaires
au look de ferailleurs mexicains. Seul bémol recevable, une reprise
de "Satisfaction" superflue.
Signalons dans la série des rééditions
indispensables qui font pleurer les collectionneurs, le single des Gorillas
("Gatecrasher"/"Gorilla Got Me") paru une première fois en 76. Belle
pièce sous pochette en carton épais dont seul les couleurs
diffèrent de l'originale. Reportez-vous à notre n°2 (il
en reste quelques-uns) pour tout savoir sur Jesse Hector et son gang d'équarisseurs.
Munster Rds : Po Box 147, 48980 Santurtzi, Pais Vasco, Espagne.
(www.munster-records.com)
PEAWEES
Dead End City
Stardumb Records
Les Italiens Peawees en sont à leur troisième
album depuis 95. Leur Dead End City a réchauffé notre
automne à coups de punk-rock nerveux sous influences revendiquées
Devil Dogs, early Clash, Ramones ou Social Distortion (une belle voix chaude
à la Mike Ness). Dès l'intro du premier morceau, "Road To
Rock'n'Roll", qui sonne comme une harangue d'Handsome Dick ("Please, a
standin' ovation for the guys who rock the most !") et l'attaque de guitares
en piqué qui suit, on devine qu'on est tombé sur de sérieux
clients. Du genre à maîtriser leur sujet aussi bien que des
natifs du Winsconsin ou du Queens. D'ailleurs mes collègues du Dig
It ! Team ont toujours un peu de mal à croire qu'ils soient vraiment
italiens. Real Rock'n'Roll violent et mélodique (mais pas pop-punk),
les Peawees ont le médiator dans une main et le peigne pour mater
les mêches rebelles dans l'autre. De vrais youngsters 50's punk en
voyage au 21ème siècle... Leur version turbo-drivée
de "Proud Mary" remuera les fans de Creedence et leurs deux ou trois mid-tempos
calibrés façon mini-hits (ça aussi les D. Dogs le
faisaient très bien) tourneront longtemps dans la tête après
avoir quitté les platines. Pur Punk'n'Roll classieux. Un de mes
favoris du trimestre.
Stardumb Rds : PO Box 21145, 3001 AC Rotterdam. Pays-Bas -- www.stardumbrds.com
GROOVIE
GHOULIES
Freaks On Parade
Stardumb Records
Apparemment, les Groovie Ghoulies ont coupé
les ponts avec Lookout, puisque leur site annonçait au début
de l’année qu’ils étaient à la recherche d’un nouveau
label. En tout cas Freaks On Parade vient donc de sortir
en CD (une version vinyle est prévue) sur Stardumb Rds, home
des Apers et autres Retarded. Ce mini-album est sans surprises pour les
fans, qui connaissent depuis longtemps la recette de leur potion magique
à base de mur du son à la early Ramones, de vraie-fausse
candeur à la Jonathan Richman, et d’une touche poético-fantastique
plus proche de Tim Burton que de l’horreur gothique. Résultat :
un punk-rock minimaliste aux mélodies imparables, boosté
par leur nouveau batteur, Matt K, un gamin d’à peine vingt ans (ex-Lizards/Shruggs/
Knockoffs), qui frappe sur ses fûts avec une énergie jubilatoire
et communicatrice. “Stranded”, “Freaks On Parade”, “Jet Pack”, “Hats Off
To You (Godzilla)”, autant de tubes que vous pourrez leur réclamer
si vous avez la chance de les voir sur scène, ils ont l’habitude
de composer leur set-list avec l’aide du public.
D’ailleurs ils ont fait apparaître l’affreux
monstre Chupacabra sur la pochette de Fun In The Dark sur la suggestion
d’une bande de kids madrilènes. On apprend ce genre d’anecdotes
en lisant l’amusant mini-fanzine (seize pages grattées à
la main par le groupe lui-même) qui accompagne le CD promo Summer
Fun 2001. Edité par Green Door, leur propre label, il célébrait
leur dixième tournée américaine en quatre ans, proposant
deux versions studio inédites de “School Is In” et “She Hangs Out”,
et trois titres live (“Graveyard Girlfriend”, “Groovie Family” et “Beasts
With Five Hands”). Un beau cadeau pour leurs fans. Ils en auront peut-être
encore quelques exemplaires lorsqu’il reviendront en Europe, certainement
l’an prochain, puisqu’ils traversent l’Atlantique tous les ans depuis 1997.
(Stardumb, PO Box 21145, 3001 AC Rotterdam, Pays-Bas -- www.stardumbrecords.com
-- www.groovie-ghoulies.com -- www.groovieghoulies.com)
KEPI
Yes Depression
Green Door
Espérons qu’il leur reste aussi quelques copies
du CD solo de Kepi, appelé Yes Depression,
clin d’oeil au classique country “No Depression”, qui est aussi le nom
d’un fanzine country tout à fait respectable, m’a appris Tommy Boy.
“C’est la face cachée de Kepi” nous a dit Roach en rigolant. Ambiance
country en effet, acoustique et paisible, pour deux reprises des Ghoulies
(“Hair Of Gold” et “The Highwayman”) et quatre ballades à pleurer
dans sa bière. L’excellent “Hurt And Alone” est aussi sorti en 45t
sur Capillary Rds, et un autre titre solo est disponible sur un
split single avec Dan Janish (What Else ? Rds), deux rondelles pressées
à cinq cents exemplaires et donc quasiment introuvables. Homme aux
multiples talents, et incroyablement sympathique par ailleurs, Kepi a inauguré
sa première exposition de peintures : trente et une oeuvres à
l’acrylique, toutes effectuées durant le seul mois de février
2001 ! On serait curieux de voir ça.
( Green Door Recording CO., P.O. Box 2847, Sacramento, CA 95812, USA
-- www.gogreendoor.com )
COLUMBIAN NECKTIES
Abrance!
Sounds Of Subterrania
Les Columbian Neckties sont nés sur les cendres
de Shake Appeal, groupe speed-punk danois qui faisait sans complexes passer
les New Bomb Turks pour un quartet de paralytiques sous Prozac. Ça
allait donc vite, parfois trop, et l'essoufflement gagnait rapidement l'auditeur
soumis sans précautions à un tel déferlement poignée
dans le coin. Ils ont récemment changé de nom et ralenti
le tempo, oh à peine, mais suffisamment pour que leur garage-punk
évoque désormais un plus digeste (bien qu'estampillé
"lo-fi") cocktail Dirtys / DMZ. Les racines sixties affleurent sous la
couche d'énergie ferailleuse, la reprise épileptique du "Stay
With Me" des Dictators fait mouche et le traitement, sans concessions à
l'habituel "gros son" scandinave, semble plaire dans les garages européens
("Born To Rock'n'Roll", extrait de cet album, apparaît déjà
sur plusieurs compils). Un parfait disque de chevet pour garage-punkers
extrémistes. L'album, Abrance !, est paru en LP et CD sur
Sounds Of Subterrania Rds : PO Box 10 36 62, 34036 Kassel. Allemagne.
(www.soundsofsubterrania.com)
THE
EXCESSORIES
Pure Pop For Punk People
Screaming Apple Rds
L'école Bomp Rds a de toutes évidences
également influencé les Excessories, le dernier groupe de
Rich Coffee et Melanie Bruck. On flirte avec le parfait dans le genre power-pop
rock (très power) avec mélodies redoutables et "catchy hooks"
sans pitié, comme ils disent là-bas. M'étonne pas
que le groupe reprenne les Yum Yums en concert, c'est un peu la même
quête, en version californienne, du St Graal power-pop sur tempos
punks (fans des Ramones, vous êtes conviés) et riffs costauds
(Rich s'y connait, des Gizmos aux Tommyknockers...). C'est Mélanie
qui chante (elle tient aussi l'autre guitare) et donne au groupe ce séduisant
parfum de cocktail Muffs / Nikki & The Corvettes. Pas si loin justement
des Total Babes de Tina... Le titre de l'album est explicite : Pure
Pop For Punk People. Un vrai défilé d'instant hits pour
juke-box idéal.
Screaming Apple : Düstemichstr.14, 50939 Köln, Allemagne.
(screamapp@aol.com)
DECIBELS
Big Sounds Of
Screaming Apple Rds
Les Decibels sont eux des alchimistes de la pop, des orfèvres
obsédés du son qui travaillent, polissent et peaufinent inlassablement
leurs albums jusqu'à l'étape ultime. Ce qui explique sans
doute qu'ils n'en aient réalisé que deux en dix ans (ils
se sont formés en 92 sur les cendres des E-Types)... Beaucoup moins
violent que les autres disques de cette fournée Screaming Apple,
leur Big Sounds Of requiert une plongée en apnée au
centre des arpèges et des choeurs qui illuminent leur univers un
tantinet mod (parait qu'en concert ils utilisent l'option Jam/Who '65)
pour bien s'en pénétrer et en profiter au maximum. Les morceaux
les plus violents lorgnent aussi du côté des Kinks. Ceux qui
goûtent habituellement ce genre d'expérience power-pop délicate,
racée et parfois envoutante se sont reconnus... Les autres ont déjà
débouché une canette avec les dents, craché la capsule
sur le chat et remis Motorhead sur la platine ...
Screaming Apple : Düstemichstr.14, 50939 Köln, Allemagne.
(screamapp@aol.com)
TOILET BOYS
s/t
Masterplan Entertainment
Comment vous expliquer l'irrésistible attraction
que j'ai pour ces gars là (ouais, la grande blonde au milieu c'est
bien un mec... D'ailleurs il s'appelle... Guy) ? Le genre de groupe dont
je vais me procurer tous les disques et pour lequel je serais prêt
à faire mille bornes pour un concert... Merde, jamais j'aurais cru
que je serais un jour fan à ce point. Bien évidemment, tout
ce que je pourrai désormais dire sur eux n'a aucune valeur critique...
J'en vois qui se marrent là-bas au fond. Ben ouais, les Toilet Boys
et leur glitter-rock sous grosse influence Kiss/Dictators m'ont eu. J'avais
déjà bien craqué sur leur deux précédents
maxi. Celui-ci confirme. Ça commence par un hit en puissance, "Party
Starts Now" (rien à voir avec celui des Dictators) et je défie
quiconque de ne pas taper du pied là-dessus ; ça continue
sur une série de mid-tempo torrides avec des choeurs soignés,
jusqu'à la sublime ballade, "Hollywood"... Ça donne tout
simplement envie d'aller se percher sur la célèbre colline
et de regarder le soleil se lever sur L.A. (pas mauvais ces champis !).
A noter que quatre morceaux sont repris des disques précédents,
mais retravaillés (notamment "Ride" co-écrit avec Andy Shernoff...
On y revient). Bien sûr ils abusent de tous les clichés du
genre (cloche, solos interminables, synthés 80's pourraves, et je
vous parle même pas de leurs looks...) mais avec un savoir faire
et une qualité d'écriture qui les placent loin en tête
du peloton glam'. Et pour couronner le tout, ils sont beaux !
Masterplan Entertainment, PO Box 20547, London Terrace Station, NYC
10011, U.S.A.
ANDRE
WILLIAMS
Bait'n'Switch
Norton
Une fois posé que le dernier Andre Williams
(Bait'n'Switch, Norton Rds, LP/CD) est rien moins qu'excellent, qu'ajouter
pour vous convaincre du bien fondé de cette définitive assertion
? Les faits, coco, rien que les faits ! Ok, z'allez être servis.
Prenez le premier morceau, "Detroit Michigan". Ça flambe illico
et les vitres remuent sur un hymne secouant à sa ville d'adoption.
Rappelons que notre homme est né en Alabama -en 36- et a vécu
à Chicago avant d'intégrer l'écurie Fortune Rds à
Détroit en 55. A l'époque Dédé était
accompagné par le groupe vocal The Five Dollars. Quarante-six
ans plus tard, les Dollars sont de retour ! Et même s'ils ne sont
plus que quatre, ils balancent des choeurs ("Detroiiiiiit Mi-chi-gan !")
impeccables et forcément bien rodés sur la rythmique groove-soul
électrique forgée par Marcus Natale dit "La Carcasse"
(ex-bassiste chez les A-Bones) et le guitariste Matt Verta-Ray (Speedball
Baby, Now Time Delegation). Le batteur s'appelle Willie Martinez
et échappe pour l'instant aux investigations lancées par
nos services. Parmi les invités, outre Lars Espersen (A.Bones,
flûte, sax) et Lonnie Youngblood (sax, il a accompagné
Hendrix), Ronnie Spector vient donner la réplique à
Andre sur "It's Gonna Work Out Fine" (on conseille aussi la version d'Ike
& Tina), majestueux duo de stars ("André ?" "Ouais Ronnie ?"
"Et si on se mariait ?" "Hein ??? Où est la sortie !"). Il finira
par céder aux avances de la dame, y'aura des scènes de ménage
("Put That Skillet Away", du pur Ben Vaughn, la ressemblance est saisissante),
des tromperies ("Lies") et ça finira très mal ("Open Your
Eyes")... Pour l'enterrement faut revenir quelques disques en arrière
("The Bells" sur Greasy en 95).
Autre invité de marque, Rudy Ray Moore
a fait le déplacement pour un autre grand thème récurrent
de l'oeuvre de Williams, le passage au tribunal, avec "I Ain't Guilty".
Si "Jailbait" voyait en 1959 Dédé partir au trou pour détournement
de mineure, il n'est ici question que d'ivresse sur la voie publique...
C'est Rudy qui fait le juge (impitoyable) sur un grand moment de rock'n'roll
chauffé à bleu (comme dans rythm'n'bleu) : "Je t'ai collé
trente jours la dernière fois non ? Hé bien je t'en mets
trente de plus !". Les protestations de Dédé n'y changeront
rien...
Autre apparition étonnante, Robert Quine
(guitariste des Voidoids de Richard Hell, il a aussi accompagné
Lester Bangs et Lou Reed dans les 80's) donne une coloration Silky à
"Head First", un des morceaux les plus tendus et menaçants du disque.
Bon, y'en a d'autres des faits et des arguments,
le retour aux sources Soul & Blues en est un de taille, le nombre de
morceaux aussi (quinze, et un ou deux de plus sur la version CD)... Vous
trouverez les autres. Conseillé sans restrictions.
(Norton Rds : Box 646, Cooper Station, New York, NY 10276, USA -- www.nortonrecords.com)
RUDY
RAY MOORE
Hully Gully Fever
Norton
Ce gus là est plus connu comme un des fleurons
de la blaxploitation avec son film Dolemite, qu’en tant que chanteur R&B.
Merci à Norton de nous avoir fait découvrir cette facette
d’un personnage au parcours incroyable. Né le 17 mars 1937 à
Fort Smith, dans l’Arkansas, il démarre dans le show-bizz dès
dix-sept ans comme danseur dans des clubs et des revues itinérantes,
sous le nom de “Prince Dumarr”, un surnom qui colle avec le turban dont
il s’affuble invariablement. Durant ses trente-quatre mois d’armée,
au début des années cinquante, il distrait les troufions
en Corée ou à Berlin avec des interprétations R&B
de vieux titres country (on le surnomme alors “The Harlem Hillbilly”).
Il teste aussi des sketchs comiques avec grand succès. Il recoiffe
son turban dès sa libération, et devient “The Turban Headed
Prince Of Blues”, et commence à enregistrer pour Federal Rds. Jusqu’à
la fin des années soixante, il sort une ribambelle de singles sur
différents labels (dont le sien, Vermont Rds), la plupart autoproduits,
changeant à nouveau de surnom pour devenir “Hully Gully Papa”, titre
de l’un de ses succès (mineurs).
C’est cette période qu’illustre Hully Gully
Fever, un luxueux double-album qui compile une trentaine de morceaux blues
et R&B de facture assez classique, parfois inspirés d’autres
oeuvres plus connues (par exemple ce “Hully Gully Fever...” lorgnant nettement
sur “Rockin’ Pneumonia...”). Rudy y fait en tout cas preuve d’un vrai gosier
de blues screamer et d’un goût certain pour les arrangements bruts
et efficaces. Deux titres enregistrés live en 63 laissent entendre
sa verve comique.
Après avoir bougé sur Los Angeles
en 59, il devient DJ (aidant au passage à populariser le “Papa-Oom-Mow-Mow”
des Rivingtons), enregistre avec The Seniors, et commence à sortir
des disques de comédie. Il connaît le succès dans les
seventies avec ces “raw party records”, enregistrés avec des potes
dans son salon, des sketches largement parsemés d’obscénités.
C’est du coup le premier artiste comique classé X : “J’ai été
le premier comique sur cette face de la planète à mettre
des gros mots sur mes disques ! proclame-t-il. De Richard Pryor à
Eddie Murphy, ils m’ont tous copiés !”. Ses histoires salées
(appelées “toasts” dans la tradition black) sont souvent scandées
en rythme et en rimes sur un accompagnement musical, et influenceront les
rappeurs des années 80 qui le sampleront allègrement. Elles
lui permettent aussi d’ajouter une ligne à son palmarès lorsqu’il
devient en 1970 le premier artiste “soul” à avoir deux albums classés
dans les charts en même temps.
En 74, il rassemble ses économies et se lance
dans le cinéma. Il produit et interprète Dolemite, transposant
à l’écran l’un des personnages les plus populaires de ses
fameux “toasts”, un “baaaaad motherfucker” toujours entouré d’une
armée de jeunes filles dénudées adeptes du kung-fu.
C’est le premier d’une courte série de films cultes (Human Tornado,
Petey Wheatstraw, Monkey Hustle...) caractérisés par un amateurisme
assumé et des dialogues choc. En 78, des producteurs mal avisés
essaient de polir un peu son image en le transformant en “Disco Godfather”,
à la grande déception des fans. Au bout du compte son distributeur
fait faillite, bien que les films aient été largement bénéficiaires,
le laissant sur la paille. Rudy ralentit ses activités, sort une
vidéo (Rude) en 82 et continue à se produire occasionnellement,
entretenant la légende.
On avait noté son retour sur XXX Party des
Phantom Surfers (en compagnie de Blowfly, un autre roi des party records
classés X), ou le dernier Andre Williams (il joue le juge dans “I
Ain’t Guilty”). Après cette avisée rétrospective de
ses années R&B, Norton a réédité This Ain’t
No White Christmas !!, un de ses disques de comédie les plus réputés
paru à l’origine en 1971. Le bonhomme semble profiter à fond
du retour en grâce de la blaxploitation engendré par Jackie
Brown et le remake de Shaft, puisqu’on annonce un nouveau disque, la sortie
de son nouveau film Return Of Dolemite 2002, la préparation d’un
autre long-métrage (une suite à Petey Wheatstraw) et un possible
remake de Dolemite produit par Dimension Pictures avec LL Cool J dans le
rôle titre.
(Norton, Box 646, Cooper Station, New York NY 10276, USA . -www.nortonrecords.com-
)
REVEREND BEAT-MAN & THE UN-BELIEVERS
Gospel Trash'n'blues
Voodoo Rythm
Beat-Man est de retour, pas le catcheur-screamer
cagoulé non, mais celui qui se fait désormais appeler Reverend
Beat-Man, a vu l'enfer de près et s'en est revenu nous tenir au
courant sous forme d'un album "gospel trash'n'blues" (appelation contrôlée)
sur lequel il est accompagné par The Un-Believers : Brother Janosh
(des Monsters), Gringo Starr (des Never Heard Of 'Em) et les deux ricains
Robert Butler et Gerry Mohr (ex-Miracle Workers, ils vivent en Suisse et
jouent aussi dans les Get Lost). On croyait Beat-Man un peu calmé
de la voix vu qu'il a eu quelques problèmes de ce côté-là,
pensez-vous, il sonne toujours comme s'il avait un vocoder artisanal greffé
au fond de la gorge. Et sur la pochette il a l'air plus effrayant que jamais,
on dirait une version trash de Mitchum dans La Nuit Du Chasseur. L'album
regorge de slides venimeuses et d'harmonicas écorcheurs, d'anathèmes
gospels infernaux ("Fuck You Jesus Fuck You Oh Lord", "Back In Hell"),
d'implorants blues marécageux ("Save My Soul From Hell", "Come Back
Lord") et de prêches enflammés sur piano psychotique à
un doigt. Tout ça donne de bons moments de déglingue bluesy
sulfureuse qu'on se permet de signaler aux fans du Gun Club qui n'auraient
sinon peut-être pas l'idée de jeter une oreille par ici. Prenant
et surprenant.
CHINGALEROS
Bravo Karate Gospel
Poliester LTM Records
Ahhhh ! Voilà le groupe que j'attendais, puissant
et débile à la fois, sorte d'improbable grand-écart
(mais pas douloureux) entre Elvis et Zeke. Ils sont Madrilènes et
chaque membre joue par ailleurs dans un autre groupe (Mule Train, ex-Aerobitch,
Carbonas, Golden Zombies...). Tout ce beau monde s'est retrouvé
en studio pour enregistrer ce Bravo Karate Gospel (ça c'est
du titre !), album au son énorme sur lequel éructent deux
screamers incontrôlables (le seul truc qui différencie les
deux voix c'est le réglage de la disto). Bon, j'ai plus la place
pour détailler le contenu, mais pour celui-ci faites moi confiance,
vous ne serez pas déçu !
(Poliester LTM Rds, Apdo 8377 28080 Madrid, Espagne)
TIJUANA
BIBLES
Custom Made
Tear It Up
Les Canadiens Tijuana Bibles s’y entendent tout autant
question crossover et mélange des genres. On les suit de près
ceux-là aussi, car c’est le side-band de Craig "Classy" Daniels,
guitariste des Exploders. Ce gang instrumental et masqué s’est forgé
une flatteuse réputation avec son premier opus, Appartment Wrestling,
et quelques tournées épiques. Ils ont viré semi-instrumental
sur leur nouveau CD Custom Made à paraître sur le label hollandais
Tear It Up Rds où ils délivrent un étonnant mix garage-punk-western-tex-mex-surf.
Du virulent “Aluminium Baseball Bat” à l’hypnotique instru “Catfight”,
en passant par la réjouissante reprise de “Showdown” de Tony Casanova,
on vous garantit une bonne dose de swing sans esbroufe, et ce qu’il faut
de hand-claps, de cuivres et de choeurs féminins savamment distillés.
(www.tear-it-up-records.com)
THE
DEADLY SNAKES
I'm Not Your Soldier Anymore
In The Red
On reste au Canada, avec un pied du côté
de Memphis puisque Greg Oblivian, producteur et guitariste occasionnel
sur leur premier album, est crédité comme membre à
part entière des Deadly Snakes sur celui-ci, I’m Not Your Soldier
Anymore. Avec une formation qui tient du big band (cuivres, orgue, piano
et tout le bastringue), ils offrent un cocktail R&B/R’n’R/Country,
pas très loin des territoires explorés par les Compulsive
Gamblers. Ils sont moins rock’n’roll et foutraque qu’à leurs débuts,
mais y’a quand même de quoi tricoter des gambettes en tapant des
mains.
(In The Red, 118 W Magnolia Blvd, PO Box 208, Burbank, CA 91506, USA.
-intheredrecords.com-)
CHARGERS STREET GANG
Holy The Bop Apocalypse
Get Hip
J'ai dû vérifier plusieurs fois sur
la rondelle que cet album du Chargers Street Gang était vraiment
édité par Get Hip Rds. Effectivement, malgré
le logo de la Young Lions Conspiracy, malgré le nom à coucher
dehors et la production signée Tim Kerr, ce n'est pas une sortie
Estrus. Le groupe vient de Cleveland et mixe quelques influences punks
régionales (des Dead Ubus aux New Bomb Mice) avec les métalliques
vibrations en provenance directe du Michigan voisin, juste de l'autre côté
du lac, MC5 et Stooges bien sûr, mais aussi, et c'est plus inquiétant
(avis perso), Sun Râ... Moins déstructuré que les groupes
Estrus sous influence Tim Kerr mais plus déjanté que
les habituelles signatures Get Hip, ce Holy The Bop Apocalypse,
premier album du jeune quintet de l'Ohio, pourrait séduire les garagistes
les plus aventuriers, les punks qui ne crachent pas sur le sax "free" et
les Detroit addix de tout poil. Plutôt séduisant.
(Get Hip Rds : PO Box 666, Canonsburg, PA 15317. USA. -- www.gethip.com)
THE
DRAGONS
Rock'n'Roll Kamikaze
Junk Rds
Rock’n’Roll Kamikaze est le cinquième
album studio des Californiens (on peut préciser à tout hasard
qu’il est sorti le sept septembre), et plus ils prennent de la bouteille,
plus ils durcissent le son. De sacrés clients ceux-là, on
le répète encore. C’est la Johnny Thunders touch incarnée
! La classe nonchalante du punk éternel, des mélodies marquantes
et des guitares qui ferraillent. Et un penchant avoué pour les riffs
épais des seventies. Cette fois, le cadet des frangins Escovedo,
Mario et ses troupes se lâchent sérieusement de ce côté-là,
et ça plombe. Un peu trop parfois, trouvent certains. Evidemment,
ça donne lieu à quelques envolées de guitares dantesques
comme les déchirades du morceau d’ouverture, “Whoa Yeah”, déjà
paru en 45t, ou le duel au couteau sur la cavalcade finale, “Kamikaze”.
Ça reste dans la lignée de leurs précédents
efforts (Cheers To Me ou RLF, sur Junk Rds itou), même si la production
est un peu plus clinique, et le son un peu plus heavy. “Life Is Cheap”,
“Three Steps From The Bar”, “Don’t Waste My Time” ou “Greyhound” raviront
les fans. Et c’est toujours un grand groupe de scène : Tommy Boy
les a vus en décembre à Los Angeles, et il en a encore les
mirettes qui tourniboulent.
(Junk Rds, 576 N Bellflower # 338, Long Beach, CA 90814, USA -- www.junkrecords.com
-- www.thedragons.com)
THE
COSMIC PSYCHOS
15 Years A Million Beers
Dropkick Records
15 Years - A Million Beers, c’est la fière appellation
de cette magnifique compilation des Cosmic Psychos, parue sur le label
australien qui monte, Dropkick Records (voir l’interview des ONYAS). Cent
quatre-vingt deux binouses par jour, c’est beaucoup, même pour ces
icônes du punk rock australien - rayon ploucs du bush - des poètes
qui remercient rituellement leur public en montrant leur cul en choeur
à la fin de leurs concerts. La grosse pétoire brandie sur
la pochette par leur chanteur/bassiste et par ailleurs authentique fermier
(plutôt rare dans le punk !), c’est pas de la frime, c’est sûrement
avec ça qu’il canarde les lapins et les kangourous qui lui bouffent
ses récoltes.
Ce double album propose un échantillon représentatif
de leur douzaine d’albums et EPs depuis Down On The Farm en 85. Aucun doute,
ils ont su se créer un son distinctif : beat obsessionnel, riffs
velus, basse vrombissante, avalanche de wah wah... Une sorte d’hybride
Ramones/Stooges/Scientists élevé à la bière
et au grand air. De “Crazy Woman” au délirant “Chainsaw”, en passant
par les redoutables “Lost Cause”, “Pub”, “Dead Roo”, “Guns Away”, “Custom
Credit”, la reprise de L7, “Shove”, ou le mythique “Down On The Farm” (et
les gran-des envolées du chanteur : “I Love my tractor ! Long live
Massey-Ferguson !!!”), c’est une indémodable et jouissive démonstration
de riffs marteau-pilon, de vocaux menaçants, et de groove hypnotique.
(Dropkick, P.O. Box 192, East Melbourne, Vic 3002, Australie -- www.dropkick.com.au
)
SAILORS
Violent Masturbation Blues
Dropkick Records
Hum, j'aimerais pas croiser ceux-là
sur les quais poissonneux d'un port australien. Pourquoi ?
1) Le titre de leur album, Violent Masturbation
Blues d'abord. No comment.
2) La pochette ensuite, qui m'évoque
un dangereux croisement entre Turbonegro (le logo du singe qui fume, le
calot de marin vissé sur la tête et le cul moulé dans
un jean trop petit de trois tailles) et une adolescence trouble et avinée
(lèvres purpurines, regards flous...).
3) Parce que c'est le groupe préféré
du bassiste des Onyas (raison suffisante à mes yeux après
avoir côtoyé de près le gus à deux reprises)
qui a d'ailleurs sorti l'album sur son propre label, Dropkick Rds.
4) Et enfin, parce que j'ai l'impression d'entendre
des Oblivians encore plus dérangés que d'habitude et s'époumonant
sur des chants de marins obscènes ("I Punch You" ou l'hilarant "Swashbuckling
Faggots").
(Dropkick, P.O. Box 192, East Melbourne, Vic 3002, Australie -- www.dropkick.com.au
)
TINA & THE TOTAL BABES
She's So Tuff
Sympathy
Et un groupe de plus pour Tina "Boom Boom" Luchesi,
après les Trashwomen et les Bobbyteens. Cette fois elle s'est entourée
de trois fines gâchettes (dont Travis Ramin, guitariste des Short
Fuses, qui tient ici la batterie et compose la majorité des morceaux)
pour ce vibrant et sincère hommage à la power-pop des années
80, dans le plus pur style Bomp. Ça commence très
fort avec une reprise des Demons (assurément pas nos contemporains
suédois), "She's So Tuff" qui donne son titre à l'album,
enchaîné avec le hit "Tongue Tied" où la guitare du
camarade Jacques (je n'en sais pas plus) fait merveille alors que les interventions
aux choeurs de Miss Georgia Peach font monter la sauce jusqu'à une
sorte d'apothéose orgasmique (ça revient souvent tout au
long du disque... Comprendrez pourquoi ça m'a coupé le souffle).
Plus loin le groupe propose une alternance de mid-tempos (dont le très
réussi "Tragedy" qui rappelle pèle-mêle les Shangri-Las,
les Devil Dogs et les Dictators), de reprises judicieusement choisies (Holly
& The Italians) et de morceaux plus envolés. Le tout se termine
sur "Tina Time", un rock tribal à la Gary Glitter un peu long et
pas très marquant tout compte fait... C'est le seul point faible.
Faut voir maintenant si ce n'est qu'une éphémère association
de malfaiteurs ou si un vrai nouveau groupe est né.
(Sympathy For The Record Industry -- www.sympathyrecords.com)
THE
COME ONS
Hip Check !
Sympathy
Sur la scène de Detroit, ils sont parmi ceux
qui revendiquent avec le plus de classissisme l’héritage Rythm’n’Blues
et Soul de la cité. Le trio est emmené par une chanteuse,
Deanne Iovan, à la voix envoûtante à souhait, et qui
de plus manie l’orgue (omniprésent) et la basse avec un feeling
intraitable. Elle est accompagnée du guitariste Jim Johnson et de
l’un des deux batteurs des Dirtbombs, Patrick Pantano. Hip Check !
contient quelques perles soul classieuse (“It’s Allright”, “Sunday Drive”,
“I’ll Show You Why”) et du funk rampant (“Heavy”) que je préfère
aux instrumentaux sixties plus convenus. Le son concocté par Jim
Diamond est d’une sobriété exemplaire. C’est du groove tranquille
mais redoutablement efficace. Vous pouvez aussi jeter une oreille sur leur
premier album, au son plus garage mais de même inspiration (une proportion
moindre d’instrumentaux aussi, c’est pas plus mal), lui aussi sur Sympathy.
(The Come Ons, 8115 Agnes, Detroit, Michigan 48214, USA -- www.thecomeons.com
- www.sympathyrecords.com)
WHITE
STRIPES
White Blood Cells
Sympathy
Que dire de ceux-là ? Bon, commençons
par la fin. Ils étaient récemment en concert à Toulouse
en compagnie des Von Bondies, autre gang de Détroit dont on parle
plus loin. Sans m'avoir déçu, le duo n'a pas réussi
à m'emballer, trop décousu, trop binaire. Certes le manque
d'orchestration est aisément compréhensible, mais quand on
écoute un groupe, doit-on se baser sur le nombre d'individus qui
le compose ou la qualité, subjective, du résultat. Enfin,
Jack White fait un Neil Dylan très crédible, pour peu qu'on
comprenne un peu l'anglais et son jeu de guitare est impressionnant. Quant
à Meg, elle est malheureusement un peu à l'image de son sourire...
Timide, pour ne pas dire inexistante. Pour en revenir à leur troisième
album, White Blood Cells, il est certainement moins immédiat
que les précédents mais tout aussi intéressant à
creuser. Le groupe a atteint une sorte de maturité et les références
cachées (Hawkwind, Beatles...) ou revendiquées (H. Williams,
le bluesman Son House...) se mélangent pour donner de petites perles
comme "Expecting" ou le très inquiétant "The Union Forever"...
Bon, rien à ajouter, sinon que les White Stripes, contrairement
à ce qu'on peut entendre partout, ne sont pas le groupe le plus
excitant du moment. Juste un bon groupe... (SFTRI)
VON BONDIES
Lack Of Communication
Sympathy
Quelle claque en voyant ces quatre jeunes gens monter
sur scène et envoyer un son de fuzz comme il n'en existait plus
depuis les Cynics période Rock & Roll (attention ils reviennent
cet hiver !). Looks résolument sixties, guitares Mosrite et basse
quart de caisse. En plus les deux demoiselles sont charmantes, ce qui n'a
jamais gâché un concert. Enfin, vingt-deux balais au compteur
et déjà des goûts sûrs (faut dire qu'avec des
parrains comme Mick Collins ou Jack White, ils sont bien entourés)
assortis d'une qualité musicale indéniable. On pense quelquefois
au Gun Club, souvent à Hound Dog Taylor et ils ont en plus ce petit
truc que je ne saurais définir, mais dont abusait avant eux Rocket
455 par exemple. Faut sûrement être né sur les rives
du lac Erié pour capter ce feeling. Manque plus qu'ils se dérident
un peu sur scène pour en faire un groupe renversant. Leur album,
Lack of Communication est à l'image du concert, énergique
et pétillant, navigant entre garage 60’s et influences plus modernes
(16 Horsepower...). -SFTRI-
BLONDIE
TRIBUTE
Sympathy
How Many Bands Does It Take To Screw Up A Blondie
Tribute ! Ça, c’est le titre complet de ce superbe hommage à
Blondie édité sous forme de double album par Sympathy. Les
mélodies irrésistibles de la bande à Debbie y sont
revisitées par une floppée de groupes de filles, ou avec
des filles aux vocaux, dans une ambiance générale pop-punk
vigoureuse ou power-pop musclée. Un régal, surtout, apparemment,
si vous ne connaissez pas la plupart des originaux (qui de toute façon
sont des tubes tellement immédiats qu’on a l’impression de les connaître
par coeur). Tommy Boy, fan éclairé de Blondie, n’est lui
qu’à moitié convaincu.
On a craqué sur la superbe version de “Denis” (un vieux
morceau de doo-wop à l’origine) par Scooter Skirts (un duo
réunissant la chanteuse Betsy Palmer et Scott Kempner des Dictators),
“11:59” par les Phenobarbidols, les Italiens Space Surfers
qui font un sort au tube disco “Heart Of Glass”, “Rip Her To Shreds” par
les Come Ons, “Dreaming” par Skrap, “Living In The Real World”
par High School Sweethearts, “Accidents Never Happen” par les Canadiennes
Tuuli, ou “One Way Or Another” par Yellow Scab. On peut citer
aussi The Excessories (le groupe de Rich Coffee, leur premier album
est sorti cet été sur Screaming Apple), The Kowalskis,
The Chubbies, The Beards (nouveau projet commun de Kim Shattuck
des Muffs et Lisa Marr de Buck), The Kirby Grips (reprenant “Hanging
On The Telephone”, le classique des Nerves que Blondie a contribué
à populariser), The Short Fuses (et une version assez, euh,
grandiloquente de “Maria” un morceau récent de la reformation de
Blondie) ou le retour des Friggs (les copines de Ben Vaughn). Belle
pochette, sur laquelle on peut lire des messages de remerciement de Debbie
Harry et Chris Stein, et timing parfait, puisque la discographie de Blondie
vient d’être rééditée en grande pompe.
(www.sympathyrecords. com)