Tout est une histoire de dosage sur ce disque.
Entre lifting de morceaux du Sonic's Rendezvous Band (une bonne moitié,
de "Sweet Nothing" à "Do It Again" et "Asteroid B-612") et nouveaux
morceaux ("Ready To Ball", "RIP Rock'n'Roll"...), puis entre tranches de
rock saignantes et épisodes rythm'n'soul'n'blues avec section de
cuivres pousse-au-cul omniprésente et choristes pas avares de somptueuses
vocalises soul. Et il y a bien sûr la voix de Scott Morgan, chaudement
entretenue au Jack Daniels, qui secoue ou caresse d'un titre à l'autre.
Le son est propre, peut-être trop argumenteront les tenants de l'option
Detroit barbelée, je le trouve plutôt confortable et, partant,
intemporel donc éternel et inusable. CQFD... Le groupe prend le
temps d'installer les atmosphères, les deux Nitwitz (Tony Slug et
Thumpin' Theo) remplissent leur contrat à la perfection et Andrew
Frost, le batteur venu de Motor City dans les bagages de Scott, ne souffre
pas de la comparaison avec le précédent drummer (Nick "Royale"
'Copters, à l'origine du projet, faut-il le rappeler ?). L'album
(Powerglide) a été enregistré à Amsterdam en
quelques jours juste à la fin de la tournée Tek/Morgan (voir
Dig It ! 23). Un disque live (en Suisse) des Hydromatics (avec la première
formation) doit tomber très bientôt sur... Sweet Nothing Rds.
"City Slang" sera au menu.
Quelques détails supplémentaires : *"Tumblin' Down"
est inspiré par le "Tumblin' Dice" des Stones (Exile...). *Scott
n'avait jamais chanté "Sweet Nothing" auparavant, c'est Fred Sonic
Smith qui s'y collait à l'origine. *A propos de "Green-Eyed Soul",
l'expression habituelle est Blue-Eyed Soul, mais Scott a les yeux verts,
alors... *Deux morceaux de l'album ont été écrits
pour l'album High Visibility des Hellacopters qui ne les ont finalement
pas utilisés ("Ready To Ball" et "Tumblin'Down"). *"Asteroid B-612"
(la planète d'origine du Petit Prince) n'existait pas en version
studio jusqu'ici, c'est à force d'en entendre des reprises (dont
celle d'Adam West) que Scott a décidé d'enregistrer le morceau.
*"RIP R'n'R" (un clin d'oeil Cochran /MC5 !) est régulièrement
programmé à la BBC. *"Do It Again" est le seul morceau présent
non signé par Scott, c'est une compo de Fred Smith. *"Electrophonic
Tonic" était le morceau qui ouvrait systématiquement les
concerts du Sonic's Rendezvous Band. *"Starvin", la bonus-track cachée,
était aussi prévu pour les 'Copters mais Scott n'a jamais
osé leur proposer. Les Hydromatics n'ont jamais joué ce morceau
en concert. Il a fallu toute la force de persuasion de Scott et Theo, les
soul-fans du gang, pour que les autres acceptent de le voir figurer sur
l'album, c'est un cocktail Marvin Gaye / James Brown / Stooges / MC5.
Scott est récemment monté sur scène avec
Deniz Tek et Ron Asheton pour deux concert à base de morceaux des
Stooges, Radio Birdman, Rationals et SRV Band. Le groupe s'appelle Powertrane.
C'était à New-York (Mooney Suzuki était au même
programme) et à Ann Arbor (avec les Cynics).
L'album des Hydromatics est disponible chez :
www.freakshowrecords.com
JOEY
RAMONE
Don't Worry About Me
Sanctuary Rds
“I got knocked down, but I’ll get up”... ce refrain
scandé à l’infini à la fin du morceau... Joey Ramone,
en phase terminale de son cancer, qui chante sa frustration et son envie
de vivre : “J’ai été sonné, mais je me relèverai”...
Sincèrement, ça noue les tripes. La version ramonesque de
“What A Wonderful World” ou le morceau qui donne son titre à cet
album solo posthume, "Don’t Worry About Me", en rajoutent une louche dans
l’optique “hymne à la vie d’un condamné à mort”. C’est
sacrément émouvant, et c’est peut-être ce qui restera
d’un disque aussi pop que punk, digne, sans esbroufe, et tout à
fait recommandable. Une fois rangés les mouchoirs, on constate qu’il
contient d’autres perles : “Like A Drug I Never Did Before” et son refrain
mélancolique, “Spirit In My House”, “Mr Punchy”, ou “Maria Bartiromo”,
déclaration d’amour tordante à une journaliste financière
de la chaîne CNBC.
Joey avait commencé à y travailler dès 1996,
avec ses potes Daniel Rey (aux manettes et à la guitare), Andy Shernoff,
bassiste des Dictators, le faux frère Marky Ramone et Franck Funaro
(Del Lords / Dictators / Cracker) à la batterie. Plusieurs invités
ont participé aux diverses sessions (Mike Leigh, le vrai frère
de Joey, Captain Sensible, Helen Love, deux gars des Misfits...), qui se
sont achevées avant sa mort en avril 2001. Daniel Rey a fini le
mixage, et l’album tant attendu est finalement sorti sur Sanctuary Rds,
presque pile poil pour l’anniversaire de la disparition de l’icône
punk... “I Got Knocked Down (But I’ll Get Up”)... Dorénavant, quand
le spleen plane, prenez votre drogue préférée et écoutez
Joey.
www.joeyramone.com -- www.sanctuaryrecordsgroup.co.uk
THE D4
6Twenty
Flying Nun Rds
Des antipodes nous étions surtout habitués
aux arrivages réguliers en provenance d’Oztralie... La donne pourrait
être bientôt chamboulée avec une poussée en force
de quelques furieux combos néo-zélandais, Rock & Roll
Machine, Datsuns et ceux qui nous intéressent aujourd’hui, les D4.
C’est par l’entremise du team de SDZ (qui a récemment sorti un single
du groupe) que je suis tombé sur leur premier album 6Twenty
et je dois dire que ça m’a fait l’effet d’une petite bombe. Une
basse énorme, une batterie très “organique”, des guitares
incisives et un chant qui tape toujours juste au service de perles garage-punk,
imparable ! On pense aux Devil Dogs, aux Cynics mixés avec la dose
nécessaire de Detroit-sound... Bref, du Rock & Roll des années
2000, inspiré, sans maniérisme et qui ne veut pas oublier
son passé... Notez les trois reprises fort réussies, “Pirate
Love” des Heartbreakers, “Invader Ace” de Guitar Wolf (avec qui ils ont
tourné au Japon) et “Mysterex” des Scavengers (groupe punk néo-zélandais).
Flying Nun Rds, PO Box 1170, Auckland, Nouvelle-Zélande.(www.flyingnun.co.nz)
(www.thed4.co.nz)
THE
CHRONICS
Make You Move
Bad Afro Records
A mi-chemin entre Royal Beat Conspiracy et Flamin'
Sideburns, les Chronics proposent un deuxième album au titre explicite
autant qu'ambitieux (Make You Move). Aucune contestation possible,
ils y parviennent haut la main. Qu'ils la jouent Rolling Stones grand cru
("Stick Around"), soul-rock à faire guincher sur les tables de bar
("Soulshaker", "Make You Move") ou mid-tempos chaloupés, ces Suèdois
là sont les dernières victimes du syndrome shaking-beat qui
remue la Scandinavie et fait pendant au traditionnel heavy-punk nordique.
La recette est simple et efficace, sixties + seventies, c'est-à-dire
influence principalement 60's avec belle production, grosses guitares (leur
côté 70's) et divers adjuvants colorés, section cuivre,
orgue, choristes... Avec un cocktail pareil, ils devraient ratisser large
et mettre les Anglais à genoux pour peu que Bad Afro réussisse
à leur faire traverser la Mer du Nord... Ici on est conquis depuis
le premier album et on en redemande.
THE MOORAT FINGERS
Punk (As In Prison)
Radio Blast Rds
Ils pouvaient déjà se vanter d’avoir
sorti un album (Schlitzed) et quelques singles fumants dans le registre
snot-rock venimeux. Et de posséder de sacrées gueules de
candidats à la camisole. Et d’avoir fourni à l’émission
Dig It! son tube de l’été (“Sonic Masturbation”), ce qui
n’est pas rien. Avec leur deuxième opus, Punk (As In Prison),
les Teutons Moorat Fingers enfoncent le clou à coup de masse. Ils
ont toujours des guitares ultra-ferrailleuses et des vocaux de maniaques,
le tempo est plus frénétique que jamais, et les morceaux
plus accrocheurs les uns que les autres... “Cold Baby”, “Mange Ma Merde”,
une délicate ode à la francophonie, “Ugly” et ses choeurs
d’outre-tombe, “Damage My Ego”, “Bug Detector”, l’hommage jubilatoire à
Devo, “I Don’t Know” (version différente de celle du 45t), et bien
sûr le mémorable “Sonic Masturbation”... Une belle série
de hits immédiats qui dépotent sévère en swinguant
du diable... Jouissance sonique garantie.
Radio Blast Recordings, Bahnstr. 40, 42781 Haan, Allemagne -- www.mooratfingers.de
CLONE DEFECTS
Blood On Jupiter
Superior Sounds
Grand disque. Une giclée d’énergie
pure et sexy du début à la fin. ça démarre
sur des tambours d’orchestre philharmonique et ça se poursuit par
un déluge de guitares trash survolées par une voix pleine
d’émotion (et de reverb'). Le morceau suivant “Whiskey & Woman”
conte les passions et problèmes de Timmy Vulgar, le chanteur, et
“Don’t Care If You Come”, mon préféré accessoirement,
fait penser à des Groovies reliftant T. Rex au fond d'un garage
du Pacific Nord-Ouest ! A partir de là on ne desserre plus les dents
jusqu’au bluesy “Deep End” et la ballade à la Thunders/Loney, “Precious
Libra”. Le disque s'achève sur “Tropically Hot”, une reprise des
Berlin Brats (groupe de la côte ouest de la fin des seventies) et
l’halluciné “Clone Defect” (“clone defect stole the insect intellect”)...
Le groupe est basé dans la région de Detroit et l’album a
été mis en boîte au Ghetto Recorders de Jim
Diamond. Deux raisons de plus...
Tom Perkins Entertainment, PO Box 970936, Ypsilanti, MI 48197, USA.
Superior Sounds, 512 S. Washington, PMB 279, Royal Oak, MI 48067. USA
KING
KHAN & HIS SHRINES
Three Hairs And You’re Mine
Voodoo Rythm
Après l’excellent 10" du maharadjah
de la soul et de ses acolytes sorti il y a près de deux ans sur
le label allemand Sounds of Subterrania, on attendait impatiemment ce premier
album. Pour le coup, ils ont essayé de mettre tous les atouts de
leur côté, un big-band de douze musiciens (section de cuivres,
choeurs, orgues, percussions...), un enregistrement au très renommé
studio Toe Rag de Liam Watson et une sortie à la fois en CD et en
vinyle sur Voodoo Rhythm. Three Hairs And You’re Mine (Trois Cheveux ?
Y'a comme du vaudou la-dessous...) s’avère un bien bel exercice
de style et une réhabilitation en règle de la soul-rythm
& blues du meilleur cru. Pourtant il manque un petit quelque chose
pour que cette rondelle devienne un classique, entre Sam & Dave et
Little Richard... Peut-être l’importance accordée aux “arrangements”
(aux dépens des guitares) qui provoquent parfois une certaine lourdeur,
ou le fait que le son ne soit pas “plus typiquement" Toe Rag... Mais loin
de moi l’envie de descendre ce disque. Avec “Don’t Walk Away Mad”, “Saba
Lou” ou “Tell Me”, le redoutable syndrome du Dance Floor va faire son come-back
chez vous. Et en cas de défaillance de libido, “Shivers Down My
Spine” vous rattrapera le coup à l'aise... Conseillé.
Voodoo Rhythm, Scheibenstrasse 53, 3014 Bern , Suisse -- (www.voodoorhythm.com)
DM
BOB & THE DEFICITS
Band's Ruin / Fanboy Rds
Cajun Creole Hot Nuts / Voodoo
Rythm
Deutsch Mark Bob & The Deficits sont de retour - malgré l’entrefilet lu dans Libé, ils n’ont toujours pas basculé vers Euro Bob : “Et pourquoi pas Mille Balles Bob et les Anciens Sous” m’a rétorqué Susie - et ils ont deux nouveaux disques dans la musette.
Band’s Ruin est le titre ironique de ce fameux
troisième album perdu qui devait initialement sortir sur Man’s Ruin.
Après maintes tergiversations, les Ricains les ont laissés
tomber mais l’album a finalement atterri sur le petit label de Hambourg
Fanboy. Il s’inscrit dans la lignée du deuxième sorti sur
Crypt il y a une éternité : une mixture savoureuse et totalement
maîtrisée de blues / country / rockabilly / tex-mex / funk
/ zydeco etc., servie brûlante et sérieusement pimentée.
Ces lignes de guitare qui s’entremêlent avec un feeling ondoyant
et dissonant, c’est quand même une expérience unique. A noter
la belle reprise de Nikki Sudden (“I Belong To You”). (Fanboy Rds,Weidenallee
29, 20357 Hamburg -- www.fanboyrecords.com)
Fans de garage/power pop à l'australienne
façon Hoodoo Gurus, Sunny Boys, Stems ou Early Hours, offrez-vous
sans hésiter l'album des Stonage Hearts (comment s'appelait le premier
Lp des Gurus déjà ?) sorti par le micro label et fanzine
Off The Hip. Le groupe est une véritable asso de malfaiteurs au
CV chargé (ex Seminal Rats, Pyramidiacs, Hands of Time, Finkers,
Freeloaders, Jericho, Crusaders, etc...) qui combinent savoir faire mélodique
et énergie garage à gros son. Et ça marche à
merveille, "Kimberly" semble justement sorti tout droit du premier Hoodoo
G, le "Stranded On A Dateless Night" de Cordell Jackson retrouve une jeunesse
vitaminée qu'il n'avait pas connue depuis Tav Falco, et au chapitre
Paul Collins' cover, "Rock'n'Roll Girls" pourrait bien rendre les Yum Yums
jaloux. Les Stonage Hearts sont aussi experts éclairés en
60's Garage/R'n'B avec harmonica coupant et pratiquent à l'occasion
l'art difficile et somptueux de l'envolée psyché-pop sans
temps mort. Du boulot de "pros", aucun doute. C'est leur premier album
et ils lui ont donné un titre en forme d'incitation (Turn On).
Les amateurs se sont reconnus. Off The Hip Rds : PO Box 1211, Carlton 3053,
Vic, Australie.
(www.offthehip.com.au)
THE TEARJERKERS
Bad Mood Rising
Sympathy
Cette pochette-là n’était pas terrible,
mais le titre m’a sauté à la tronche : Bad Mood Rising. Eh,
eh ! Un clin d’oeil à Creedence, c’est toujours un bon point. Un
regard au verso et la nostalgie des Oblivians se ravive : Jack Yarber est
dans le coup, épaulé par Scott Bomar (ex-Impala) avec qui
il a joué dans un des line-ups de ‘68 Comeback, et sur des enregistrements
solos. Invitation pour Memphis ! On fonce, et c’est la claque ! Le Memphis
Sound, les Tearjerkers l’ont dans le sang. Rock’n’roll, R&B, soul,
country, ils maîtrisent à l’aise... Des guitares rugueuses,
quelques moments de déglingue, des ballades à pleurer dans
son lambic, des petites touches pop, Booker T. & The MG's ressucités
dans “Teeny Weeny Little Bit”, Dylan, les Stones ou les Oblivians qui rôdent...
Onze morceaux, rien à jeter.
www.sympathyrecords.com
THE
TESTORS
Original Punk Recordings New York City 1976-1979
Incognito Rds
Les Allemands d'Incognito Rds viennent de regrouper
sur un Cd l'oeuvre quasi-complète des Testors, le premier (?) groupe
de Sonny Vincent, soit les deux 10" Original Punk Recordings NYC 1976-77
et le LP New York City Punkrock 1979. Rien de tout ça n'avait vu
le jour à l'époque (ils avaient quand même sorti un
single plus "commercial" enregistré en 79 au fameux Electric Lady
Studio de NY, ces morceaux ne figurent pas ici) et Sonny doit s'en mordre
les doigts. Il y avait là de quoi concurrencer les Dead Boys (avec
qui les Testors ont fait de longues tournées) et autres Pagans.
Les Testors seraient sans doute aujourd'hui aussi "légendaires"
que ces deux gangs et Sonny aurait moins de mal à monter ses tournées
européennes... A l'écoute de ce Original Punk Recordings
New York City 1976-1979, les Testors font figure de laissés-pour-compte
du New York des années Punk. Pourtant ces pionniers du genre avaient
tout ce qu'il faut, un style punk rentre-dedans et classieux, des refrains
à réminiscence facile et un guitariste-chanteur déterminé
au talent rarement controversé. Sonny a souvent repris des morceaux
des Testors au cours de ses aventures suivantes (avec Shotgun Rationale
par exemple). Le peu de considération accordée jusqu'ici
à ce groupe est un scandale que cette chronique ne suffira évidemment
pas à réparer mais on aura au moins essayé... Et "l'oeuvre"
est assez facilement disponible maintenant : Incognito Rds : Senefelderstr.
37A, 70176 Stuutgart.
(www.incognitorecords.de)
SOLEDAD
BROTHERS
Steal Your Soul And Dare Your Spirit To Move
Estrus Rds
Rayon blues, on avait déjà apprécié
le premier disque des Soledad Brothers de Détroit, un de ces nombreux
duos guitare-batterie qui fleurissaient il y a peu. Depuis un troisième
membre multi-instrumentiste est entré dans la danse et leur son
s’est corsé. Du blues intimiste au feu d’artifice de cuivres et
de slide, il y en a pour tous les goûts sur ce deuxième album,
enregistré en partie par Jack White et Jim Diamond et intitulé
avec simplicité Steal Your Soul And Dare Your Spirit To Move.
En vrac : des hommages appuyés aux Stones (“Prodical Stones Blues”),
à Freddy McDowell (“Break ‘Em On Down”) ou au vieux héros
du delta blues R.L. Burnside (“Michigan Line...”), un intermède
acoustique, une ballade sur fond de piano électrique, du blues,
encore du blues, lancinant, possédé, rugueux, minimaliste,
voire même planant... Une musique qui vient des tripes, et qui retournera
les coeurs les plus endurcis.
Estrus Rekerds, P.O. Box 2125, Bellingham, WA 98227, USA -- www.estrus.com
REVELAIRES
High Tide
Kinky Star Rds
Parmi la horde de groupes instrumentaux lancés
à la poursuite de la note bleue comme la mer, les Revelaires l'emportent
haut la planche. Ce groupe belge (la plupart des membres jouent aussi dans
les Whodads, un big band exotico-lounge-surf de onze musicos !) allie précision,
finesse et humour avec une originalité surprenante pour un genre
pas si facile à renouveler, surtout quand il s'agit d'un album de
reprises. L'ambiance dominante est au Surf/50's Hot Rod'n'Roll et B.O de
films ou feuilletons. Ça twangue et ça rumble à tout
va, le sax caresse ou titille, réverb' et delay trinquent au Bar
de La Vague, "Peter Gunn" est traqué par les keufs d'Hawaii Police
d'Etat et Le Fugitif est déjà "Out Of Limits". Y'a du fun
et de l'action, des breaks rigolos, un classicisme 50's très "tongue
in cheek" et un son éclatant. C'est le deuxième album des
Revelaires (High Tide, sur Kinky Star Rds), il est dénichable
sur -www.kinkystar.com-
MONTESAS
Hipsville Teen Party
Larsen Rds
La filiale vinyle du groupe Larsen sort deux magnifiques
albums 33 tours qui ont régulièrement fréquenté
les platines du Dig It ! Radio Show ce trimestre. Le premier (Hipsville
Teen Party) est celui des Montesas, ouais, ceux de Marcel Bontempi le bien
nommé. Le groupe vient des environs de Kassel en Allemagne, home
de King Khan ou des Dog Food Five par exemple. M'étonnerait d'ailleurs
pas qu'ils s'échangent quelques membres de temps en temps, au gré
des séances en studio. Les Montesas brassent le 60's sound avec
orgue et le 50's swing'n'roll, le R'n'B et le garage rock originel, les
traditionnels country et les reprises revisitées façon minimaliste
(émouvant "Sunny") ou plus fidèlement ("Booze Party", l'hymne
ultime à la pochetronnade). Ils inventent même un terme pour
définir tout ça, le "lo-fine beat". Ajoutez-y un ou deux
instrumentaux, quelques moments de déglingue pure, et vous voilà
avec un autre de ces disques indémodables parce qu'assez peu à
la mode... Ça ne suffit pas toujours à faire un bon disque,
ici ça fonctionne très bien.
Larsen Rdz : 116 Rue du Crey, 73230 St Alban Leysse.
TRIBUTE
TO ARTHUR ALEXANDER
Larsen Rds
L'autre très bon LP de cette livraison est
le Tribute To Arthur Alexander annoncé depuis un moment et qui dégage
un doux fumet de disque amoureusement confectionné par des fans
(le label, les groupes). Du genre artisanal, enregistré une nuit
de pleine lune, roulé sous les aisselles et vieilli deux ans en
fût de bananier... Sauf que le résultat n'a rien d'artisanal,
en tout cas pas dans le sens péjoratif donné parfois au terme
quand on parle de production. Parce que justement la production est impeccable,
les groupes participant ont joué très sérieusement
le jeu, et leur évidente passion pour le "crooner" rythm'n'soul
célébré ici a fait le reste. Allons-y pour la liste
des fêtards : Rapiers, Sirens (groupe de filles de Détroit
avec des membres des Come Ons, Gore Gore Girls, etc...), Mersey Sect, Lolitas
(les Hentchmen et des invités), Keg 66, Montesas, Waistcoats et
Stanlet pour les morceaux inédits, et Fleshtones, Slow Slushy Boys,
Neatbeats et Breadmakers (un morceau à l'origine sur la version
vinyle de Cool) pour les titres qui existaient déjà. Plus
un morceau par Alexander le Grand lui-même. Un instant de douceur
(quoique les Lolitas...) groovy soul dans un monde de Gibson chromées
et de Marshall à 11. Je prends.
Larsen Rdz : 116 Rue du Crey, 73230 St Alban Leysse.
THE YES-MEN
Prosody
White Jazz
Il m’a fallu un peu de temps pour rentrer dans l’album
de ces Australiens. J’ai toujours eu un peu de mal avec la voix du chanteur.
Par contre après quatre ou cinq écoutes, tout devient plus
cohérent et le chant qui pouvait sembler abrupt et rocailleux délivre
toute son émotion, soutenu par des guitares acides au son énorme
et des choeurs très harmoniques. Prosody porte tout l’héritage
du rock australien des années 80, ce mélange de mélodies
et de grosse guitares (“What’s Wrong”, “Your Hanging” et “Fratricide” qui
rappelle les Hellacopters) qui explorent aussi des terrains plus sombres
et mid-tempos intimistes comme “World In A Room” et son explosion de sax
free-jazz ou le mélancolique et rampant “Fawlty Rocks”. L’album
est sorti sur White Jazz, il devrait donc être assez cher
et difficile à dénicher... Le label français Pitshark
vient heureusement sortir un single du groupe avec deux inédits
dont une reprise du “Beating Around The Bush” d’AC/DC. Pour être
complet, sachez que le groupe n’existe plus, c'est la conséquence
de l'overdose du chanteur Sean Greenway l’année dernière,
il avait 31 ans... RIP brother. (Pitshark Rds, BP 68, 75961 Paris cedex
20, www.pitshark.com)
EL
GUAPO STUNTTEAM
Year Of The Panther
Sounds Of Subterrania
Le combo le plus taré du continent (avec les
Espagnols Chingaleros !) vient de Belgique. D’Hasselt plus précisément,
une bourgade bourgeoise et gentillette où le groupe s’est construit
une réputation d’emmerdeurs publics number 1 (j'me souviens avoir
été hébergé à l’improviste chez ces
énergumènes par une froide nuit de février 2000...
Au programme, biture dans un bar de la ville, saccage de table dans un
autre en écoutant Motorhead, séance de défécation
dans les bacs à fleurs municipaux et visionnage de quelques-unes
des cent cinquante vidéos de GG Allin que possède le frangin
du chanteur... Edifiant non ?). Le premier album rappelait les Oblivians
et les Dwarves, avec un screamer incontrôlable. Sur Year Of The
Panther, le son s’est durci et les références au Hard-Rock
des seventies sont clairement revendiquées, comme sur le terrible
instrumental qui ouvre l’album. Mais El Guapo Stuntteam aime brouiller
les pistes... Comme sur “Motel Hell” et “Last House on The Left” avec leur
côté New Bomb Turks, ou “Eye of The Panther” entre Motorhead
et Iron Maiden, jusqu'à “Cried Your Name” qui pourrait faire penser
à un morceau des Animals relifté par les Cynics. Y’a même
une ballade électrifiée à la Neil Young (“Graveyard”)
et deux délires countrysants pour clore chaque face. “Et on s’y
retrouve quand même dans tout ça ?”... Ben bizarrement, l’unité
est faite par le son, trash à souhait et l’atmosphère de
joyeux bordel qui hante le sillon. Y’aurait encore beaucoup à dire,
mais je les laisse conclure, “fuck toutes ces simili-rockstar-désabusées-de-merde,
ici c’est du vrai rock & roll. Dur et sale ! On est en 2002, Motherfucker
! L’Année de La Panthère !”
Sounds of Subterrania, PO Box 103662, 34036 Kassel, Allemagne.
www.soundsofsubterrania.com
LOS
PLANTRONICS
Mariachi Death Surf
Les Plantronics sont norvégiens et font du...
Mariachi Death Surf. Vous v'là bien avancés ! Bon, Surf ça
va, on suit ("Satan Stole My Surfboard", "Glam-a-Billy Wipe Out") ; Mariachi
? Là ça se voit, ils sont habillés en Mexicains de
westerns, et ça s'entend : ("Spanish Puta", la B.O. de "Pour Quelques
Dollars de Plus")... Quand à Death, c'est sans doute une allusion
au rapport particulier des Mexicains avec la mort et ses différentes
représentations. Le logo du groupe représente d'ailleurs
un squelette mexicain sombrero sur la tête et trompette à
la bouche. Le groupe est principalement instrumental mais réveille
son chanteur quand il s'agit de s'attaquer à quelques classiques
("Birddogging", "Have Love Will Travel"). C'est solidement charpenté
et extrêmement bien troussé, l'ingénieur du son a dû
être très tatillon, et on se retrouve au final avec un disque
(quasi) instrumental (belles guitares) original et marrant. Pas si courant.
(www.los-plantronics.com)