Quand ils ne sont pas en tournée, les Ghoulies sont en
studio. De vrais stakhanovistes du rock. Entre deux nouveaux périples
ils sont revenus chez Mass Giorgini pour y enregistrer leur septième
album, Go! Stories, une merveille que Stardumb vient de livrer dans la
foulée du mini-album Freaks On Parade. Leur vie sur la route épuise
les batteurs apparemment. Après le sémillant Matt, voici
Scampi, 20 ans, mignonne comme un coeur mais redoutable cogneuse. Leurs
morceaux sont aussi stylisés, épurés, vifs et efficaces
qu’une mandale de Bruce Lee. Un son de guitare redoutable, des mélodies
parfois niaises mais toujours irrésistibles, une pêche roborative,
un format court et des paroles marrantes, ça paraît simple
mais il y en a peu qui leur arrive aux chevilles. Pop punk peut-être,
Rock’n’Roll pour sûr ! Les fans retrouveront une nouvelle version
de “Groovie Family” et “I’m Doin’ Fine” paru à l’origine sur cette
compil qui rassemblait une centaine de morceaux de trente secondes maximum.
Pour éviter des bafouillages embarrassants, on vous livre le refrain
du tube de l’été, “Chupacabras”, une reprise des Super Furry
Animals (rien à voir donc avec le morceau presque homonyme de leur
dernier album). Tous en choeur : “Soy super bien, soy super super bien,
soy bien, bien, super bien, bien, bien, super, super”. C’est idiot mais
ça fait du bien.
Groovie Ghoulies, PO Box 2847, Sacramento, Ca. 95812, USA -- www.groovie-ghoulies.com
Stardumb, PO Box 21145, 3001 AC Rotterdam, Pays-Bas -- www.stardumbrecords.com
THE ROYAL BEAT CONSPIRACY
Dig It!
Bad Afro
Tout juste tombé en plein bouclage de ce numéro, le deuxième
album des Royal Beat Conspiracy opte délibérément
pour une mise en valeur de la facette Soul Music de ces Suédois
de Gothenborg. Du coup, ce Dig It ! semble d'emblée
un peu moins éclectique que son prédécesseur Gala
Galore. Sauf que quand ces gars-là s'attaquent à un genre,
ils en capturent la substantifique moelle et y injectent quelques éléments
bien à eux (en l'occurence, l'ajout massif d'orgue et une psychedelic
touch assez amusante). Alors question éclectisme, on est finalement
servi. Le morceau choisi pour sortir en single ("Good All Over") fait songer
à une acid party organisée chez Sly Stone pour l'anniversaire
du premier clavier de Booker T avec Tom Jones en invité d'honneur.
Sans doute un futur hit flamboyant sur les radios scandinaves, comme "Disco
Boy" le fut en 2000. Pour le reste, vous verrez comment on peut finement
recycler le riff de "Summertime Blues", trousser des ballades hantées
qui collent aux os ou enflammer de vieilles mêches garage 60's qui
se transforment en brûlots swinging rock. Signalons quand même
à tous ceux chez qui un accord d'orgue provoque une poussée
d'anti-cléricalisme virulent (la messe du dimanche...) qu'ils peuvent
passer leur chemin. Le groupe sera en tournée en Décembre,
il doit y avoir une ou deux étapes françaises. (CD/LP sur
Bad
Afro )
NEW CHRISTS
We Got This !
Laughing Outlaw
Le nouvel album (We Got This ! CD ou double LP) des New
Christs est... comment dire ? Très beau... Vraiment. Ensorcelant,
prenant, séduisant... Bref, réussi. Mais c'est aussi le genre
de disque qui se mérite : pas d'attaques frontales d'entrée,
pas de hooks ou autres effets accrocheurs, rien qui force l'attention immédiate,
juste un autre de ces bons albums qui distillent leurs charmes petit à
petit. Et des charmes, il en a quelques-uns, de l'impeccable voix de Rob
Younger aux envolées de choeurs ou aux caresses ponctuelles
de violons. Tout est dans l'ambiance et les climats, mélancoliques
ou apaisés, illuminés par la guitare d'Al Creed et balisés
par la basse du Havrais Christian Houllemare (Happy Hate Me Nots, Someloves,
etc....). Parmi leurs compatriotes, je ne vois guère que Died Pretty
(RIP) pour soutenir la comparaison sur ce terrain-là.
Laughing Outlaw Rds : 36 Phillip Street,
Chester CH2 3BY, Angleterre.
www.laughingoutlaw.com.au
THE FEVERS
Gaan Daar Waar de Meisjeis Zijn
Alien Snatch
Les Fevers tirent une ligne directe entre Big Star (dont ils reprennent
le "Girl After Girl") et les Real Kids (ils en ont la mélodique
énergie). Chaque morceau sonne comme un classique, et ce n'est pas
juste une façon de parler. A tel point qu'on se demande s'il n'est
pas uniquement composé de reprises (aucun crédit sous les
titres). Vérifications faites, on n'en trouve que deux, "Girl After
Girl" donc, et le "All Or Nothing" des Small Faces. Le guitariste du trio,
Brian Hermosillo, n'en est pas à son coup d'essai, il joue dans
The Sweet Faces, c'est aussi lui qui tenait la guitare, la basse et les
manettes de producteur sur le single de Donny Denim chez Radio X Rds et
il est également impliqué dans l'aventure Tina & The
Total Babes. Quand au batteur, Travis Ramin, il est habituellement guitar-hero
chez les Short Fuses et sévit parfois en one-man band sous le pseudo
de Smack Ramin (lui aussi est impliqué chez les Total Babes). Le
chanteur/bassiste s'appelle Gavin May, et même s'il n'a pas (à
notre connaissance) un cv aussi fourni que ses deux comparses, ses attaques
mélodiques et la perfection du timbre font de lui l'argument le
plus redoutable des Fevers pour une éventuelle invasion des charts
indépendants (les colleges-radios US devraient être preneuses).
En attendant, ce LP fera bonne figure sur vos platines. A propos des Short
Fuses de Travis, sachez que leur chanteuse Georgia fait ici de brèves
et discrètes apparitions aux choeurs. Bien, il me reste à
vous donner le titre de l'album, ce n'est pas le plus facile : Gaan
Daar Waar de Meisjeis Zijn (c'est du hollandais et ça veut
dire quelque chose comme ...Vont Où Sont Les Filles). Classez ça
au rayon "power-pop rock'n'roll", catégorie hit-makers.
Alien Snatch Rds, Mörikeweg 1, 74199 Untegruppenbach, Allemagne
-- www.aliensnatch.de
LIVE
FROM THE MASQUE
Dionysus Rds
Le Masque était un des clubs de L.A qui ont aidé
à fédérer la frétillante scène punk
locale de la fin des seventies. La boîte eut rapidement des démêlés
avec les autorités et fut obligée de fermer après
quelques mois de concerts épiques. Cet album paru sur Dionysus rassemble
des titres enregistrés lors du concert de soutien qui eut lieu les
24 et 25 février 1978 (non pas au Masque d’ailleurs mais dans une
salle bien plus grande de la ville). Le son est parfois limite mais ça
n’enlève rien à l’énergie décoiffante des futurs
gangs cultes : The Dickies, The Bags, F-Word (et leur “Hillside Strangler”
différent des morceaux du même titre des Hollywood Squares
et des Child Molesters - le tueur de l’été 77 a frappé
les esprits à L.A), The Weirdos, The Germs ou The Zeros. Pas mal
aussi le neurotique “Go Go Bee” de The Eyes, les filles de The Alleycats
ou l’ultra-teigneux “Let’s Get Rid Of L.A.” de The Randoms. Une autre belle
virée dans l’histoire du punk ricain.
Dionysus Records, P.O. Box 1975, Burbank CA 91507, USA -- www.dionysusrecords.com
THE
SONG RAMONES THE SAME
White Jazz
Des cinq ou six compilations hommages aux Ramones déjà
sur le marché, on se souvient surtout de l’excellent double Gabba
Gabba Hey de 1991. Le tribut de White Jazz se hisse au même niveau.
Dix-neuf groupes, pour une bonne partie scandinaves, et peu de déchets.
Parmi les grands moments, les Sahara Hotnights (“Rockaway Beach”), Cool
Millions (“The KKK Took My Baby Away” et son petit riff d’orgue ironique),
les Nomads accompagnés des Kissettes (“I Remember You”), Per Gessle
(une version à pleurer de “I Wanna Be Your Boyfriend”), les Dictators
(qui reprennent “I Just Wanna Have Something To Do” en y intercalant de
temps en temps le riff très proche de leur propre morceau “The Next
Big Thing”), Sator (“Mental Hell”), Wilmer X (“I Can’t Make It On Time”),
et surtout la version magnifiée d’un titre un peu oublié
de Subterranean Jungle, “What’DYa Do ?” par les Hellacopters. Parmi les
surprises, le retour de D.A.D. le gang danois qui faisait du hard rock
à la Gun’s And Roses à la fin des années 80. Ils revisitent
“Havana Affair” avec un panache et un son ébouriffants. Même
les Backyard Babies sortent une version correcte de “Pet Semetary”, leur
meilleur enregistrement depuis belle lurette. Comme quoi, quand les morceaux
sont bons... Un nouveau tribut intitulé We’re A Happy Family est
en préparation, avec Johnny Ramone et Rob Zombie aux commandes.
Motorhead, Red Hot Chili Peppers, Marilyn Manson, Offsprings, Green Day
sont de la partie. Peu de chances que ce soit aussi chouette.
www.mnw.com -- www.officialramones.com
NEUROTIC
SWINGERS
What's Your Definition Of Underground ?
Lollipop/ Myrmecoleo/Sharck Attack
Le super-groupe de "pastaga punk" marseillais a plus d'un point commun avec ses (presque) voisins italiens Peawees. Mi-garage/mi-punk, le gang de l'Estaque, comme celui de La Spezia, braconne sur des territoires énergiquement balisées par les Devil Dogs, les punk anglais 70's ou Social Distortion (voix chaude et presque rauque, à la Mike Ness). Simple, efficace et avec juste ce qu'il faut de mélodies aisément mémorisables, de solos équarisseurs et de caisse claire mitraillette, le punk-rock (quoi d'autre ?) des Neurotic Swingers doit s'avèrer fichtrement redoutable sur scène. Rappelons aux éventuels distraits que le groupe est composé de membres des Gasolheads, Sugarfix, Dollybird et du boss de Lollipop Rds. Les huit titres ce ce What's Your Definition Of Underground ? (fruits d'une collaboration Lollipop/ Myrmecoleo/Sharck Attack) sortent en CD et 10". Et comme Myrmecoleo est un label japonais, on souhaite à nos Marseillais d'aller bientôt faire swinguer les friponnes niponnes. (Lollipop : 7 Impasse Monségur, 13016 Marseille.)