CHRONIQUES
DIG IT # 44
PIERCED ARROWS
Dead Moon est mort, vive Pierced Arrows ! Fred
et Toody Cole ont beau frôler l’âge de la retraite et
de la guitare sèche au coin du feu, les voilà repartis
sur les routes après avoir débauché un nouveau
batteur, Kelly Halliburton. Rien à voir avec la firme qui se
fait des couilles en or grâce à la guerre en Irak, ce
serait le fils d’un organiste avec qui Fred a joué au sein
d’Albatross au début des seventies, on reste en famille !
Après un 45 tours et deux concerts publiés sur leur site
en guise de teasing, ils viennent de sortir Straight To The Heart... Droit au coeur, un titre en forme de profession de foi pour ce premier album, toujours mono et sur leur propre label Tombstone Rds.
Ce qui change ? Ils ont enregistré dans un studio ! Un vrai ! Du
genre où la guitare sonne comme un aspirateur que si on le fait
exprès ! Avec les dernières galettes de Dead Moon, ils
avaient atteint des sommets dans le cryptique fait maison. Leur garage
punk est toujours aussi cru qu’un sushi de yakusa, mais le son
s’est musclé, l’ambiance tirant souvent vers la
country velue, avec un quota de ballades légèrement en
baisse et un nouveau batteur plus expansif (plus “hard
rock” selon certains) que l’ex-Dead Moon Andrew Loomis (qui
joue maintenant avec The Shiny Things). L’intensité,
l’émotion, les voix glapissantes et le sens du refrain qui
cloue le cortex sont en tout cas toujours là. Douze titres
prenants et roboratifs, dont quelques classiques déjà
mémorables : les virulents “Frankenstein”, “In
My Brain”, “Guns Of Thunder”, ou les émouvants
“Caroline” et “C-U”. Petite entorse à
leur orthodoxie vinylique : leur version de “Mr Soul” de
Neil Young est en bonus sur le CD.
www.piercedarrows.com
Tombstone Records, PO Box 1463,
Clackamas, Oregon, 97015 USA
THE ROMANEE COUNTEEZ
Les militants bourguignons de la S.O.A.F. (Sonic
Oenologic Action Front !) nous livrent leur première
cuvée, et c’est pas de la piquette qui rend aveugle !
Goûtez-moi cette rondeur du son, ces arômes sixties
(“Big Show Time”), ces pointes de reverb’ velue
(“Deviant Blues”) et de glam riffu (“Glory
Hole”), cette note de swing psychédélique
(“The Trip” ou “Sugar And Spy”), ces tannins
groovy qui restent sur les dents (l’irrésistible
“City Limits” ou “The Romanée Counteez
Party”, hommage au “Let’s Get Funky” de Hound
Dog Taylor). Vinification naturelle et sans sulfite garantie. Onze
titres mâtures, denses, fermes, bien chargés en alcool,
évoquant les terroirs hexagonaux de BDK & The Roller
Coasters pour l’abattage et de la bande Larsen pour la touche
classieuse. A boire à la bouteille. Tavernier, remettez-en un
tonneau !
myspace.com/theromaneecounteez
CELLOPHANE SUCKERS
Disparu corps et biens depuis quelques
années, le combo de Cologne surgit des brumes avec un
cinquième album au titre improbable, Bonjour Mon Capitaine, sur le petit label High Noon Rds.
A leurs débuts, au milieu des années quatre-vingt-dix,
ils faisaient partie des cancres fendards et bordéliques du punk
européen, avant de virer de bord pour un quatrième disque
plus posé. Toujours emmenés par leur batteur/producteur
Christoph Rath et leur chanteur moustachu, le charismatique Markus, un
sacré bouffeur de micro exilé depuis à Berlin, les
Suckers sillonnent à nouveau les flots apaisés mais
toujours tumultueux du “classic punk”. Un démarrage
saccadé lorgnant vers les ados fans de new rock, quelques
bordées débridées et flamboyantes, des plages de
punk’n’roll éternel à la New York Dolls, une
petite escale chez les précurseurs scandinaves du heavy punk,
Union Carbide Productions, pour une belle version de “Be Myself
Again” (décidément, ils persistent à
reprendre les mêmes groupes que le Jerry Spider Gang !), et un
instru qui part en vrille pour conclure. Bien joué, moussaillons
!
www.cellophane-suckers.de
myspace.com/highnoonrecs
NINE POUND HAMMER
Autres revenants, les péquenots punks du
Kentucky remontent sur leur tracteur pour nous labourer les tympans
sans pitié. Depuis leur come-back avec Kentucky Breakdown en
2004 et Mulebite de Luxe l’année suivante, tous deux sur Acetate Rds,
on était sans nouvelles des Nine Pound Hammer. Finalement Blaine
Cartwright a momentanément lâché Nashville Pussy
pour rejoindre son vieux pote Scott Luallen, replonger dans le cow punk
qui sent le bourbon et le maïs grillé, et rendre un nouvel
hommage au cowboy blue grass Bill Monroe, qui grava la chanson
“Nine Pound Hammer” en 1936. Il aurait sûrement
apprécié le titre de leur nouvelle galette : Sex Drugs & Bill Monroe.
Nos deux alcooliques, pardon acolytes, ont recruté une rythmique
genre caterpillar coupé de marteau-piqueur et ça
décalamine sévère, au galop droit sur la
bière, à coup de refrains sloganesques
(“Everybody’s Drunk”) et de vieux standards
martyrisés (“Black Sheep” de John Anderson), plus
une ou deux excursions vers de la country plus civilisée mais
toujours sarcastique (“Mama’s Doin Meth Again”).
Bourrin et jouissif, digne de leur grande époque sur Crypt Rds,
quand leurs sauts de bisons en chaleur faisaient trembler le plancher
de la salle FMR.
myspace.com/ninepoundhammered
www.acetate.com
MONDO A GO-GO
Palme d’or du concept le plus saugrenu du
trimestre à ces écossais découverts sur la compil
Trash Is Neat, sulfureux hommage aux Cramps à
télécharger (légalement !) sur le net.
Après In Go-Go We Trust (1998) et Cry Of The Blonde Goddess
(2002), ils ont dédié leur troisième opus, Mondo
Franco, à Jesus “Jess” Franco, le pape du nanar
ibérique !
Un phénomène : environ deux cent
pelloches au compteur (sous tellement de pseudos que personne ne
connaît sa filmographie complète !), il a
débuté comme assistant sur le Falstaff d’Orson
Welles avant de tourner à la pelle, à toute allure et
suivant le vent sans scrupule, des films d’horreur, de SF,
westerns, polars ou pornos plus ou moins soft, collaborant quand
même avec Christopher Lee ou Klaus Kinski, torchant au passage
quelques perles du cinéma bis (de l’onirique Venus In Furs
au glauque Dr Orloff), saupoudrant allègrement de scènes
sadiques et cinglées des scénarios minces comme le
larfeuille d’un oublié de la croissance. Bref, un mythe
pour les fidèles de Mad Movies et de nanarland.com.
Fan de jazz, il a signé la bande-son de
nombre de ses oeuvres. Il a même mis en scène dans deux
navets récents ses compatriotes du gang pop-punk The Killer
Barbies, rebaptisés Killer Barbys sur les affiches (devinez
pourquoi). Dans cet univers haut en couleur, les Mondo A Go-Go
n’ont pas eu de mal à puiser seize thèmes naviguant
du lounge au jazz zarbi, de l’horror rock décalé au
psychédélisme bruitiste, en passant par du garage rock
vigoureux (un “Venus In Furs” signé Manfred Mann),
des ballades inquiétantes (“La Ballade De Lina”
chantée en français par une des deux filles
appelées en renfort) et du groove laid-back fleurant bon le
désert et l’eau de feu (“The Nightmare Comes At
Night”, et ses sifflottements à la Ennio Morricone). Ils
ont réussi leur coup, donner envie d’explorer leur
discographie et de replonger dans ces pellicules aux titres
évocateurs : “Mondo Cannibale”, “La Contesse
Perverse” ou “Dracula Contre Frankenstein”.
Attention, tirage ultra-limité : cent exemplaires seulement.
myspace.com/mondoagogorocknroll
www.radiumdial.co.uk
FIX-IT
Formés d’anciens Jetsex, Cavaliers ou
Four Slicks, ce nouveau gang parisien a bloqué le compteur de la
machine à remonter le temps sur 1977. Leur premier album est un
maxi 45 t (gros son assuré) huit titres
auto-édité et distribué par Born Bad, qui charrie
du punk ferrailleur et tendu d’où émergent des
vocaux hargneux (au délicieux petit accent frenchy) et des
choeurs de hooligans en manque de bière, ce qui est bien la
moindre des choses quand on revendique l’héritage des
Circle Jerks et autres Spermbirds. Ça roule, ça tricote,
ça déborde d’adrénaline et les refrains
déménagent. Du parigot punk qui n’a plus rien
à envier au pastis punk marseillais !
www.myspace.com/fixit77
DAMAGED GOODS
Découvrir un nouvel album de Billy Childish,
c’est comme siroter son pur malt préféré, on
sait à quoi s’attendre, on ne risque pas
d’être déçu, on finit toujours par flairer un
arôme indétecté. On peut aussi se l’enfiler
cul sec, ça récure le gosier ! Dans Thatcher’s
Children, troisième album de Wild Billy Childish & The
MBE’s, il poursuit son exploration au cran d’arrêt
des recoins les plus sombres de l’histoire de son pays et de son
propre esprit, débitant de nouvelles tranches de garage punk
oppressant (“Again And Again”) et acéré (le
morceau éponyme, disponible en single couplé à
l’inédit “Transition Boyfriend”), payant au
passage un nouveau tribut aux Who (“Loray Head”) ou
à Link Wray (l’instru “Dole Drums”). Il laisse
aussi de plus en plus de place à sa copine Julie aux vocaux, ce
qui nous vaut quelques titres plus primesautiers comme “I’m
Depressed” (hé hé) ou l’adaptation
enjouée du “Bad Reputation” de Joan Jett sous le
titre ironique de “Back Amongst The Medway Losers”.
(www.billychildish.com)
Depuis ses débuts avec les Headcoatees, Holly
Golightly s’est construit un pédigrée long comme un
jour sans punk : une bonne quinzaine d’albums, et des
collaborations avec Billy Childish donc, mais aussi Dan Melchior, les
White Stripes, Greenhornes, Mudhoney, Rocket From The Crypt, Sexton
Ming, The Flaming Stars... L’an dernier, elle s’est
acoquinée avec le one-man-band guitare/batterie Lawyer Dave, un
américain qui sévit sous le nom de The Broke Offs (un
album Rest Stop en 2005 à télécharger en partie
sur son site).
On a loupé leurs débuts sous le nom de
Holly Golightly & The Brokeoffs (You Can't Buy A Gun When You're
Crying, déjà sur Damaged Goods), mais ce deuxième
album vaut son pesant d’alcool de contrebande. Enregistré
en cinq jours, au milieu d’une tournée européenne,
à Circo Perrotti, le studio analogique de Gijon
réputé pour son matos vintage, Dirt Don’t Hurt est
une collection de country-folk oldies et de blues antiques au son
limpide, chantés à deux voix, portés par des
percus minimales, nappés de pincées de slide et de
feedback fantomatique, parfois enlevés (les singles “Hug
You...” et “My 45”), parfois dans la veine
mélancolique des Dead Brothers (“Slow Road” ou
“Indeed You Do”).
(www.thebrokeoffs.com - www.hollygolightly.com)
Ceux-là ont joué avec Adam Ant,
Siouxsie & The Banshees, Iggy Pop ou Sinead O’Connor. Marco
Pirroni et Chris Constantinou ont formé The Wolfmen en 2005, et
ont collaboré depuis avec la légende du Punjab pop (!) et
de Bollywood, Daler Mehndi, mais aussi Primal Scream, Lou Reed ou Alan
Moulder, producteur des Arctic Monkeys (hum) et U2 (urgh !).
Drôle de palmarès ! Après quelques singles
remarqués outre-Manche, ils ont choisi Damaged Goods pour leur
premier album, Modernity Killed Every Night, preuve qu’en vingt
ans le label londonien s’est taillé une réputation
flatteuse. On s’attendait à tout sauf à ce cocktail
glam-pop-garage-groove-électro-psyché, sorte de mix
improbable entre XTC, Paul Collins, les New York Dolls, Suicide et les
Flaming Stars. Enrobées dans une production chatoyante,
basées sur des guitares bien grasses et un beat hypnotique,
s’élèvent des mélodies lysergiques
d’où jaillissent des flashs de flûte groovy, de
zigouigouis spatiaux, d’harmonica bluesy ou de reverb’
twangy. Etonnant ! (www.myspace.com/thewolfmen)
Le label british continue à débiter en
45 tours le nouvel album du troubadour Pete Molinari. Sur son dernier
single figure “One Stolen Moment”, déjà
édité sur un précédent EP en version
alternative (ça tourne en rond !). Le son est plus
léché (logique, quand on passe de la cuisine de Billy
Childish aux studios Toe Rag), et la voix toujours aussi cristalline.
Un beau moment de grâce et d’émotion, couplé
à un extrait du premier LP, “Love Lies Bleeding”, et
en guise d’inédit, une version acoustique de “The
Poets Dream” des Buff Medways. Les fans collectionneurs se
jetteront dessus, les autres peuvent attendre l’album.
DEAD BEAT RECORDS
Un des grands moments du deuxième album de
Motorama, à l’intitulé prometteur (Psychotronic Is
The Beat) est justement une reprise fumante de “Damaged
Goods” des Gang Of Four. Attention, oubliez le groupe punk
canadien, ou les rockab’ argentins homonymes, il s’agit
bien du duo guitare/batterie Daniela et Laura, deux vamps romaines
émoustillantes et agitées qui font à elles deux
autant de boucan qu’une horde de tifosis réclamant un
péno imaginaire. “Black And White”, “Tiki
Tramp”, “Gossip Reputation”,
“Superalcoholic”... Autant de brulôts garage punk
minimalistes, rageurs et efficaces. Les Oblivians croisant Margaret
Doll Rod dans un club de motardes azimutées. D’ailleurs
Margaret participe au titre final, “If You Could See Me”,
morceau le plus calme et introspectif de cet ouragan primitif de
percus, de watts et de fuzz. (www.myspace.com/motoramaitaly)
On sait que le label de Cleveland a une tendresse
particulière pour les groupes européens. Juanita Y Los
Feos viennent de Madrid, et s’arrogent au passage le
trophée du lettrage de pochette le plus illisible de la
fournée. Cette Juanita a de la personalité et elle
piaille ses vocaux (en espagnol) un peu à la façon de
Cécilia à l’époque des No-Talents. Ultra
brut de décoffrage et exécuté avec une
détermination toute madrilène, ce premier album tient la
route jusqu’au bout, en dérapant tranquille du garage rock
possédé (“L’Abujero”) au punk
secoué (“El Huracan Ha Llegado A Vietnam”), en
passant par la new wave cryptique (“No Tengo Ritmo”).
(www.purevolume.com/juanitaylosfeos - myspace.com/juanitaylosfeos)
Ouch ! Les Bill Bondsmen de Detroit oeuvrent dans le
hard-core teigneux et speedé. Ils ont beau mouliner comme des
cyclistes sous EPO de cinquième génération,
reprendre un gang poétiquement nommé Feisty Cadavers, et
cracher des textes virulents dans des chansons appelées
“Si Tu Veux Une Image Du Futur (Imagine Une Botte Ecrasant Un
Visage Humain Pour Toujours)” - merci Orwell ! - ou “Un
Oiseau Dans La Main Signifie Que Tu Es Mort Depuis Quelques
Jours” (!), j’avoue que ce n’est
décidément pas ma tasse de tisane. Mais les fans du genre
qui ne sont pas encore sourds devraient apprécier ce Swallowed
By The World. (myspace.com/thebillbondsmen)
Le surprenant Mac Blackout de Chicago avait pris
l’habitude d’enregistrer en solo dans son living room les
premières versions des morceaux qu’il composait pour ses
groupes Functional Blackouts et Daily Void, deux piliers de Dead Beat.
Il a fini par faire écouter ses bandes au boss du label, si
impressionné qu’il a publié illico ce premier album
sans titre (et dans la foulée le deuxième, The Rabbit
Babies, il est fan !). A la première écoute, j’ai
laissé tomber au bout de trente secondes et planqué le CD
sous la pile. De furieuses giclées électro à jeun,
ça le fait pas toujours... En y revenant, il faut
reconnaître que ce cinglé a créé un univers
étonnant, un croisement trash, spatial et hypnotique de
Kraftwerk et des Electric Eels, entre bruitages industriels cheapos et
voix tritouillées, synthés kitch et fuzz qui craque,
bruitisme expérimental et énergie punk. Tour à
tour marrant ou irritant, parfois franchement prenant. “I Came
From Another World” proclame le dernier morceau. CQFD.
(myspace.com/macblackout)
VOODOO RHYTHM
Brothers and sisters, voulez-vous sauver votre âme
rock’n’roll ? Voulez-vous voir la lumière ?
VOULEZ-VOUS ENTENDRE LES DECIBELS ? La Blues Trash Church vous attend !
Et le premier qui ricane, que Saint Hasil le foudroie d’une
décharge de chevrotines ! Rassurez-vous, l’Eglise du
Révérend Beat-Man utilise l’eau de feu comme eau
bénite et le “surreal folk blues gospel trash” en
guise de cantiques.
Depuis qu’il a eu la révélation
en 99 et s’est rebaptisé Révérend,
l’ami Beat-Man est
en pleine ascension. En 1980, à treize ans, il commençait
à enregistrer sous le nom de Taeb Zerfall (!) et bricolait une
première ébauche de label, Zerfall Tapes, en distribuant
des cassettes à des potes. En 2000, il s’est mis à
bosser à plein temps sur Voodoo Rhythm fondé huit ans
plus tôt, qui de bastion trash et lo-fi s’est imposé
comme une référence dès qu’on touche aux
racines rock’n’roll, country, blues ou cajun. Bel exploit
pour un gars basé à Berne, Heidiland, qui a de plus
mené en parallèle les redoutables Monsters et une
carrière mouvementée en one-man-band. Maintenant, on
guette chaque nouvelle livraison Voodoo Rhythm la bave aux
lèvres. Ce trimestre, elle méritait bien une page,
d’autant que le révérend vient d’accoucher du
troisième volet de son grand-oeuvre.
Après nous avoir pourri les oreilles, il s’attaque aux nerfs optiques ! Surreal Folk Blues Gospel Trash Vol 3
est un superbe DVD, dix-huit vidéos de morceaux tirés des
deux premiers volumes, avec dix-sept réalisateurs
différents, déboulant des quatre coins de l’Europe,
rétribués en “nourriture, alcool et bon
temps” dixit Beat-Man. Musicalement, tout est dans le titre. Au
niveau visuel, les expérimentations vont bon train.
Après une intro où le
révérend, arborant un faciès de zombie sous un
éclairage blafard, balance un prêche en suisse allemand,
ça démarre classique avec l’intense
“Jesus”, illustré par un baptême
pentecôtiste aux couleurs sépias. La mine austère,
il mène son troupeau à la rivière et bascule tout
le monde dans la flotte. Mais dès “I’ve Got The
Devil Inside”, il apparaît en prêtre
défroqué dans un noir et blanc stroboscopique, en
camisole de force ou sur une chaise électrique, soumis à
la tentation par deux diablesses. L’ancestrale lutte du Bien et
du Mal ! Par la suite, on le voit aussi s’arsouiller dans un club
de strip tease avant de dégueuler lamentablement son Isle Of
Jura dans le lavabo des toilettes, on le retrouve étendu dans
une mare de sang chantant “No Hope”, en catcheur mexicain
dans un show burlesque sado-maso (“Our Girls”), proposant
la crucifixion en guise de nouvelle danse à la mode
(“Jesus Christ Twist”), ou se mettant lui même en
scène dans son salon paré de squelettes, d’images
pieuses et de vierges en plastique. Le délirant
kaléidoscope est complété par des images
d’animation inventives, des collages surréalistes et
flashy, des paroles projetées sur des corps nus ou des
marionnettes à la Muppet Show illustrant le manifeste final,
“The Beat-Man Way”. Une heure trippante dans
l’univers loufoque, macabre et caustique de notre héros.
La relève est assurée à en juger par les
apparitions sur “The Clown Of The Town” du fiston Screaming
Chet Zeller qui grimace et maltraite sa gratte comme papa.
On mesure le chemin parcouru en réécoutant Wrestling Rock’n’roll de Lightning Beat-Man & His No Talent,
son premier album solo publié à l’origine en 94
sous forme de 25 cm par Record Junkie, chez qui Beat-Man a appris les
arcanes de l’édition discographique, et qu’il vient
de rééditer sur Voodoo Rhythm. A cette époque,
déguisé en catcheur mexicain, il envoyait du
rock’n’roll sauvage, primitif, déjanté et
aussi applatissant qu’une manchette du grand Zarak, teinté
de garage et de blues, hanté par Jack Starr et Hasil Adkins,
braillé d’une voix gravillonneuse
agrémen-tée de bruitages buccaux inédits,
ponctué d’extraits de film d’horreur, de chapelets
de gros mots ou de gémissements de fans pleurant Elvis en guise
d’interludes.
Ce dernier détail et des morceaux comme
“Baby What’s Going On” ou “It’s Never Too
Late” annonçaient les incarnations suivantes du bonhomme :
Elvis Beat-Man, l’Elvis trash, (voir le mythique 45 tours Zombie
Dance avec les Space Beatniks de Toulouse en 97 !), et bien sûr
le sombre et torturé Révérend.
Il a en tout cas toujours eu le don de
dénicher des excentriques flamboyants comme Possessed By Paul
James ou CW Stoneking. Cette fois c’est King Khan qui l’a
branché sur Andy Dale Petty,
un gamin de vingt et un ans qui voyage de train en train comme un
authentique hobo. Bluffé par sa voix “parfois tellement
fausse que c’en est beau à écouter”, Beat-Man
l’a coincé dans un studio pour lui faire enregistrer ce
premier album. All God’s Children Have Shoes
est une collection de reprises (Dylan, Johnny Cash, John Fahey), de
standards folk (“Joe Hill”, “The Coo Coo
Bird”), de trad gospel et de chansons de cowboy
mélancoliques, simplement accompagnés d’une guitare
limpide ou d’un banjo sautillant, avec quelques touches
d’orgue ou d’harmonica. Candide et rafraîchissant.
Comme le dit poétiquement King Khan : “Son jeu de guitare
et son hobosexualité préservent les fruits de la nation
dans une jarre plutôt que dans une boîte de Petri.” (myspace.com/andydalepetty)
Avec Hipbone Slim And The Knee Tremblers,
on retrouve un trio mythique du garage rock british : le batteur Bruce
Brand (Pop Rivets/Milkshakes/Mighty Caesars/Headcoats/ Holly
Golightly...) et le bassiste John Gibbs
(Kaisers/Waistcoats/Masonics/Wildebeests...) accompagnant
l’increvable Sir Bald Diddley (qui joue aussi en ce moment avec
The Snags, Sir Bald And His Wig-Outs, The Nine Ton Peanut Smugglers,
The Legs, Juke Boy Barkus & Baldie McGhee, Louie and the Louies et
on en oublie sûrement !). The Sheik Said Shake, leur
troisième galette sur Voodoo Rhythm, est une nouvelle
démonstration de wild R’n’R vintage et percutant,
qui dérive volontiers vers le rockabilly hanté, le
diddley-beat orientalisant, le boogie blues rapeux ou le R&B
fringant, en passant par une cover de “Pempelem”, un single
signé Azie Lawrence, devenu un collector pisté par les DJ
soul sixties. Quatorze titres imparables, huit enregistrés
à Londres avec Ed Deegan et le reste à Gijon avec Jorge
Explosion. Du rock’n’roll qui fout la banane ! (myspace.com/hipboneslim)
Derniers hurluberlus de cette fournée, Zeno Tornado And The Boney Google Brothers
sont les rois du “blue grass punk” suisse ! Sur leur
troisième opus, Rambling Man, toujours armés de leur
panoplie honky tonk (banjo, violon et autres yoddles), ils ajoutent
à leur blue grass fougueux du country rock sautillant à
la Commander Cody (“Sober”), une touche rockab’
vitaminée (“She’s My Neighbour”) et des
bizarreries plus osées, comme les vocalises contorsionnistes du
possédé “Bullet On My Mind”. Sortant aussi
des sentiers battus du revival country, le tube “Blood”
gicle avec une intensité digne des Violent Femmes. Beat-Man
appelle ça la “Progressive Country”. Ajoutez la
production lumineuse de Bob Drake (sorte de légende de
l’avant-garde et du progressif ayant déjà
bossé pour Voodoo Rhythm avec les Dead Brothers, Stinky Lou et
Mama Rosin), et des paroles souvent hilarantes qui dans un univers de
douleur et de mort racontent aussi les difficultés de la
sobriété, la voisine accro à la coke ou la fille
du bal qui bastonne comme Bruce Lee. Bref, le must rayon cow-boys qui
dégoupillent ! (www.zenotornado.com)
Plus d’une fois Beat-Man a paru sur le point
de mettre la clé sous la porte mais Voodoo Rhythm continue
à ensorceler les bacs des bons disquaires. Espérons que
ce soit pour l’éternité ! Prochaine sortie
prévue : un deuxième album des Guilty Hearts.
Sylvain Coulon
Voodoo Rhythm, Wankdorf-Feld-Str. 92,
3014 Bern, Suisse
www.voodoorhythm.com
info@voodoorhythm.com
K. STOLTZ & THE DIRTBOMBS LIVE
Le Réservoir de Périgueux,
curieusement rebaptisé le Sans Réserve, est accolé
au fameux gymnase du Toulon où se tenaient les concerts de hard
rock dans les années 80 (j’ai failli y voir Motorhead il y
a bien longtemps, mais la bande à Lemmy a pris ses cliques et
ses claques quand on leur a demandé de baisser le son !). Comme
toutes les salles subventionnées, c’est un endroit
fonctionnel, super équipé, juste un poil policé,
à la programmation rock’n’roll erratique, mais ce
soir les Dirtbombs viennent y secouer la porcelaine et étrenner
leur nouvel album, au beau milieu d’une imposante virée
européenne.
En première partie, un insolite personnage
avec qui ils ont déjà tourné aux Etats-Unis :
Kelley Stoltz, de San Francisco. Jamais entendu parler, malgré
ses cinq ou six albums. Visiblement les Dirtbombs sont sous le charme,
ils se mèlent au public dès le premier morceau. Mick,
nonchalamment adossé à un mur, Pat, Ben et Troy,
bières à la main plantés devant la scène
imposante. Ko, elle, danse frénétiquement avec une gamine
du coin arborant un tee shirt Dirtbombs. Faut dire que le bonhomme sait
installer une ambiance, alignant les perles pop délicates ou
vigoureuses, parsemées de flashs psyché, portées
par ses vocaux qui évoquent le Ray Davies de la fin des sixties.
Deux guitares, orgue, batterie, basse et une arme secrète, un
multi-instrumentiste qui alterne allègrement le saxo et le
xylophone, en passant par le theremin et autre flutiau bizarroïde.
A la fin du set, sur un fond musical planant à souhait, Kelley
barre dans un délire vantant les autoroutes françaises et
leurs restaurants Flunch, avec lesquels il a monté une grande
loterie permettant à un quidam de jouer avec eux ce soir.
Impertubable, il invite le vainqueur du soir, un certain Patrick
Vallette de Lille, à monter sur scène, et Pat Pantano,
sérieux comme un pape, prend place à la deuxième
batterie, tandis que Kelley poursuit son sketch (“Hey, il
paraît que c’est la première fois que tu joues en
public !”) avant de se lancer dans une version bruyante et
débridée de “I Can’t Stand It Anymore”
du Velvet. Son dernier album, Circular Sounds, paru sur Sub Pop
confirme cette double influence Kinks-Velvet (notamment
l’irrésistible hit “Birmingham Eccentric”),
agrémentée d’harmonies vocales à la Beach
Boys, de mélodies aériennes ou d’effluves de
psychédélisme millésimé Summer Of Love. Une
vraie découverte ! (www.electriccity.org - www.subpop.com)
Les jeunes et sympathiques Fish Eye, un gang garage
pop local, assurent un intermède qui se conclut par une cover de
“Psychotic Reaction” pas vraiment psychotique mais qui
démontre qu’ils sont sur la bonne voie. Puis les deux
percussionnistes du gang de Detroit investissent la scène pour
lancer l’intro applatissante de “Leopardman”.
A en juger par ce qu’on nous a raconté
de leurs récents délires scéniques, à Paris
par exemple, on peut dire à posteriori que les Dirtbombs ont
offert au public pétrocorien le service minimum. Mais
c’est déjà énorme ! Le son est surpuissant,
en tout cas à un mètre de la scène. De là
on n’entend pas trop les voix, mais c’est le bon coin pour
ressentir leur maelström sonique vous malaxer le plexus, et
apprécier les poses de Mick Collins, silhouette massive qui
tyrannise sa gratte avec furia et classe. La set-list est plutôt
pêchue et riche en tubes pétaradants (“The Sharpest
Claws”, “Headlights On”, “Trainwreck”),
en groove tendu (“Underdog”, “Chains Of Love”),
et bien sûr en extraits du dernier album (“I Hear The
Sirens”, “Sherlock Holmes”, “Ever Lovin’
Man”...). Pat et Ben assurent un beat d’enfer
derrière leurs tambours, sans en rajouter. Ko tire des sons de
plus en plus curieux de sa basse fuzz, comme les zigouigouis
grinçants de “Wreck My Flow”, tandis que Mick agite
les bras tel un sémaphore en folie, aussi proche de la transe
électro-rock qu’on puisse l’être sans une once
d’électronique ! Troy envoie des lignes sinueuses et
torrides en assénant des choeurs parfois bien barrés (les
bom bom bom doo-wop de “Indivisible” par exemple). Tandis
que la salle, honnêtement remplie, s’agite et se tortille
gaiement, une bande de jeunes gonflés d’hormones se
lancent dans un pogo effréné. Mick lève un sourcil
et indique : “Hey, on est un groupe de dance music, pas de mosh
metal !” Ce sera sa seule intervention du show. Vers la fin, ils
amorcent un délire bruitiste, les batteurs commencent à
se lâcher avec fureur, Pat cognant comme une brute sur sa caisse
claire aspergée d’eau, dans de grandes gerbes
d’éclaboussures, sur une version proprement apocalyptique
de “We Have You Surrounded”. Un grand moment
d’énergie brute ! En rappel, ils redeviennent un dance
band et balancent leur cover du tube d’INXS “Need You
Tonight”. Tous les rockers détestaient ce morceau à
l’époque, mais relifté par les Dirtbombs, ça
fait grimper sur la table !
Après le show, on discute le coup avec Troy
Gregory, toujours aussi allumé et extraverti. Il ne manque pas
de projets : un film bien déjanté sur le feu (World War
Love, un teaser foutrement psychotronique circule sur Youtube), un
album noise avec sa femme Laura, une possible reformation des
magnifiques et sous-estimés Witches, deux nouveaux disques avec
Nathaniel Mayer (en espérant que ce dernier se remette
rapidement de sa nouvelle attaque cérébrale), dont un
album de reprises pour lequel ils ont prévu “Let’s
Dance” de Bowie, Motorhead (!) ou Kiss (!!!).
Un kid de Périgueux surgit, affublé
d’un tee shirt Metallica (groupe pour lequel Troy avait
postulé pour remplacer leur bassiste !), qui
s’avère être un musicien en herbe. Après
quelques échanges, Troy lui raconte sa vie avec son habituel
débit mitraillette, et conclut devant le gamin moitié
perplexe moitié admiratif : “Surtout fais ce qui te
plaît, ton propre truc, quel que soit le style, comme moi,
j’ai fait de tout, noise, punk, électro, psyché,
metal, garage... indescriptible... Ouais, c’est ce qu’il y
a de mieux, l’indescriptible!”
POUR LA ROUTE
Nouveau EP trois titres pour le trio de New-York
Triple Hex, toujours produit par Matt Verta-Ray (Speedball Baby, Heavy
Trash etc.) : “Scratch My Back”, du bon vieux
rock’n’roll râpeux aux relents crampsiens, “Bo
Peep”, un hommage anecdotique et prémonitoire à Bo
Diddley, et une version pleine de feeling quoiqu’un peu longuette
de “Shakin’ All Over”. (www.myspace.com/triplehex -
Thigh High Records, 12 Stagg St 3RB, Brooklyn, N.Y. 11206 USA)
Ils sont jeunes, les cheveux longs flottant au vent,
souriants comme des gamins devant une glace dégoulinante, Thee
Makeoutparty feront au moins craquer vos petites soeurs ! Deux ou trois
singles dans le paletot et le quatuor californien se fend d’un
premier album, Play Pretend, farci de chansonnettes power pop
énergiques et agréables (dont un “Wreckless
Epic” sympathiquement référentiel), sur Teenacide
Rds, label de L.A. adepte du pop punk acidulé et estival.
(myspace.com/theemakeoutparty - teenaciderecords.com)
Rayon power-pop estival, mais en nettement plus
riffu, on vient de découvrir les Cocktail Slippers, cinq filles
d’Oslo dont le deuxième album, Mastermind a
été publié aux Etats-Unis par Wicked Cool, le
label de Steve Van Zandt. Un croisement Blondie/Runaways qui vire
garage musclé, pop punk Ramonesque, et dérive
occasionellement vers le punk pour ado aux refrains
héroïques. Elles n’ont plus fait grand chose depuis
leur single de Noël l’an dernier, mais pourraient titiller
les amateurs de gros riffs au coeur tendre. (http://cocktailslippers.com)
Ne loupez pas la version vinyle de cette judicieuse
réédition des Espagnols Munster Rds, déjà
vantée dans le dernier numéro. The Original Recordings -
Singles And Unreleased 1995-1997 rassemble les trois premiers singles
et neuf inédits enregistrés par le line up
d’origine des Detroit Cobras. Du 180 grammes enrobé dans
un luxueux emballage gatefold avec un historique généreux
en anecdotes en guise de notes de pochette. On y apprend par exemple
que Mick Collins et Scott Morgan avaient été
contactés pour prendre les vocaux ! On aurait été
ravis d’entendre ça, mais sans Rachel Nagy, copine du
groupe embauchée à la dernière minute, et son
timbre aussi chaud que le soleil du désert mexicain, la
planète soul n’aurait peut-être pas
été autant tourneboulée. (www.munster-records.com)
Après une poignée de CD roulés
sous les aisselles mais au design de plus en plus pro, Mike & Disi
concluent leur période folk par une compil de prises
alternatives intitulée Die Udda Takes. L’occasion pour les
quelques privilégiés avec qui ils correspondent (et les
auditeurs du Mighty Dig It! Radio Show) de réécouter des
reprises touchantes et fidèles, quoique minimalistes
jusqu’au trognon, de “Norwegian Wood” des Beatles,
“Don’t Come Close” des Ramones, “Dead End
Street” des Kinks ou “Heart Of Gold” de Neil Young,
mais aussi de vieilles scies hillbilly bien cintrées comme
“Peg & Awl” et quelques originaux poignants :
l’addictif “Social Parasite” ou la
ballade-qui-fout-les-poils “Love Is Just”. En vadrouille en
Grande-Bretagne, ils ont noué des liens avec d’autres
allumés folk. Sérieusement
dépoussiéré ces dernières années, le
genre n’évoque plus uniquement des vieilles dames en sabot
ou des bardes barbus. Espérons que nos deux héros gardent
la flamme, car Mike affirme ne pas savoir s’ils en feront
d’autres. Ils ne dépareraient pourtant pas dans la meute
rassemblée par Voodoo Rhythm par exemple.
(ratholesheikh@yahoo.com)
Et voilà qu’à l’heure du
bouclage, Disi nous envoie de Linz un nouveau morceau,
spécialement composé pour nous et inspiré par les
récents déboires de la centrale du Tricastin. Sur
fond d’accordéon musette mutant, de yoddles atomiques et
de vocaux dopés au pinard contaminé, “Radio
Activity” déroule des paroles pas piquées des
hannetons qu’on vous livre en hommage à tous les
irradiés passés, présents et futurs !
Radio activity
It’s in the air for you and me
Radio activity
Pour moi et toi et Sarkozy
Radio activity...
Radioaktivität
Für dich und mich im all entsteht
Radioaktivität
In my fromage et my baguette
Radioaktivität...
Radioactivité
In my vin rouge et mon café
Radioactivité
It makes me feel égalité
Radioactivité...
Yodel-ay-ee-dee...
Note : On peut maintenant écouter Mike & Disi ici :
http://www.soundclick.com/bands/default.cfm?bandID=400527&content=music
Sylvain Coulon
THE HOLY CURSE
Comment ai-je pu zapper cette chronique la
dernière fois ! Pourtant on la remarque cette pochette orange et
bleu pétards, avec un chien des enfers au regard sanguinaire,
trip quasi stoner... Enfin, l’erreur est maintenant
réparée.
Troisième album pour le gang parisien qui a
passé la surmultiplié et s’est donné les
moyens de ses envies ; L’Australie, le Japon, les Etats-Unis...
Et en plus les bougres ils en ont profité pour enregistrer avec
quelques unes de leur idoles, Deniz Tek (Radio Birdman) à Sidney
et Jim “Magic Fingers” Diamond à Detroit. Le
résultat est plutôt séduisant. Au plus près
de l’os, moins alambiqué, sans les fioritures qui
polluaient quelques peu leurs disques précédents.
Peut-être qu’en perdant un guitariste ils ont gagné
en mordant et en spontanéité. En tout cas, les guitares
hurlent, les tempos sont soutenus et même quand ça se
calme un peu la tension est maintenue intacte comme sur les
énormes “Bye bye preacherman” et surtout “Shit
happens” qui capte toutes les vibrations blanches du blues de
Detroit. Aux antipodes c’est pas mal non plus avec
l’excellent “Music and the noise” qui fait figure de
futur classique hi-energy. Rayon invités c’est pas du
pâté avec Deniz Tek donc, Gary Rasmussen (Up,
Sonic’s Rendez-Vous Band) et Mark Sisto (Visitors)... Ces
croisés sont en mission et ils ne laisseront pas leur part aux
chiens... Feed the Dogs.
(www.turborock.com)
(www.holycurse.net)
THE MORLOCKS
Les égoutiers mutants sont de retour
plus de 20 ans après leur création quelque part en
Californie du sud. Du line-up originel, seul Leighton Koizumi le
chanteur a survécu et il a su s’entourer d’une
équipe solide, rompue à l’exercice de style
néo sixties, pour nous sortir un nouvel album, Easy Listening for the Underacheiver.
Rien de neuf sous le soleil, du garage musclé avec un son
moderne et des musiciens presque trop bons... ça fait
plutôt dans le gros tatoué que le teenage festif, quoi!
Enfin... Live c’est la même histoire, groupe super
calé avec un Leighton impressionnant, mais ça reste
calibré, un peu plat... Quelques reprises à noter,
“Get out of my life woman” d’Allen Toussaint,
“Just a little bit” de Blue Cheer; l’ultra-convenu
“Teenage head” des Groovies et le “Hate” des
Stoics, morceaux que jouaient déjà les Gravedigger V, le
premier groupe de L.K. Un album plutôt bon donc, mais sans
surprise.
(www.godownrecords.com)
On préférera se pencher sur la
réédition de leur premier méfait, Emerge de 85,
chez les italiens d’Area Pirata. A cette époque le groupe
a un son ultra cryptique et ils paraissent... DANGEREUX !
(www.areapirata.com)
(www.myspace.com/themorlocks)
BANG !
Bang ! c’est toujours la classe internationale, notamment avec cet album de Five Dollar Priest,
un gang de “vieux”new-yorkais capable d’en
démontrer à n’importe quel jeune chien fou à
la lame sauvage (!)... Ouais parce qu’avec des gueules comme
celles de Ron Ward (Speedball Baby) ou Bob Bert (Sonic Youth, Pussy
Galore, Chrome Cranks) et des accointances avec Matt Verta Ray
(Speedball baby, Heavy Trash), Jon Spencer et sa femme Cristina
Martinez (Boss Hog), ainsi que James Chance (Contortions),
i’connaissent plutôt bien le boulot. Côté
musique on navigue entre les Chrome Cranks et la No-Wave, blues
schizophrénique et noisy, un brin arty, voire parfois
prétentieux mais pas suffisamment pour qu’on
s’en offusque “Pere Ubu jammant avec the Birthday Party,
sous acide” comme le citent très justement les notes de
pochette de Bang!... Et des fois ça frôle le sublime avec
l’ambiant “Whiskey filled lips” ou
l’hystérique “Cunty Lou” qui n’est pas
sans rappeler l’allumé anglais Jake Vegas.
(www.myspace.com/fivedollarpriest)
L’autre sortie du trimestre, c’est le deuxième album des Scoundrelles,
le groupe mené par l’expatrié australien Tony
Thewlis, membre des Scientists (de la grande époque fuzz
hypnotique) et des Interstellar Villains. Depuis qu’il est sur le
continent européen, il a tenu la guitare aux côtés
de Chris Wilson dans les Groovin’ Flames avec la plupart des
membres des nouveaux Barracudas... Qui ne sont autres que les
actuels Scoundrelles, capich?. Mais pour l’heure,
intéressons-nous à cet album Atomic Batteries to Power...
Un concentré de power pop ambiante, parfois noisy,
enregistré entre Londres et Memphis (dans les
célèbres studios Sun)... Et c’est plutôt
bandant, notamment cette reprise de “Rocket USA” de
Suicide, le très beatlesque “Don’t know why”
de Neil Innes (qui faisait partie du Bonzo Dog Band puis créa le
groupe parodique the Rutles avec Eric Idle de Monty Python)
gravé chez Toe Rag ou les pures ballades à la Chilton
(“Glidrose grilse”, “Present forever”, etc...),
qui semble être l’influence majeure du groupe. Beau travail
!
(www.myspace.com/thescoundrelles)
(www.bang-records.net)
ED KUEPPER
... N’est autre que le guitariste des Saints
(celui des trois premiers albums mythiques), l’homme des Aints et
des Laughing clowns et un artiste solo prolifique. Il revient sur le
devant de la scène avec une série de live
(déjà trois) édités par le label
australien Prince Melon Rds.
Sur ce premier volume, on le retrouve plutôt incisif avec une
formation à trois en compagnie de Jeff Wegener son vieux
complice des Laughing Clowns et Peter Oxley des Sunnyboys. Et
l’affaire est plutôt bien emballée. Son de stade
(mais la musique ne l’est pas, donc ça passe...),
musiciens inspirés et morceaux plutôt intéressants
puisés dans toute la discographie du bonhomme;
“Messin’ part. two” comme une suite de “Messin
with the kids” du premier Saints, “la di doh” ou
“the laughing clown” (des Laughing C..., justement!)... Car
Ed a toujours aimé les flashbacks, appeler une chanson
“Eternally yours” par exemple, du nom du deuxième
album des Saints, etc... Tiens d’ailleurs il a un peu la
même voix que Chris Bailey, en moins ample. Et au fait,
c’est quand qu’ils se retrouvent ces deux là que
leur liturgie reprenne un peu de couleur ?
(www.thekuepperfiles)
OFF THE HIP
Alors que Rocket Science (le gang australien qui
nous avait pas mal remué avec deux albums fracassants et un
super 45t sur Voodoo Rhythm) s’apprête à sortir son
nouvel album Different Like You, deux de ses musiciens,
l’organiste/chanteur Roman Tucker et le batteur Kit Warhurst se
sont acoquinés avec le guitariste de Dead South et une chanteuse
d’origine anglaise pour monter The Ransome Brothers.
Nom pas forcément très inspirant, et c’est
malheureusement un peu pareil pour la musique. Pas que ce soit mauvais,
mais sans magie et surtout Screamin’ Mimi (c’est comme
ça qu’elle se fait appeler !) à une voix bien
particulière, hmmmm... Une sorte de Paula Pierce (Pandoras) un
peu forcée et pas toujours juste... Un poil trop de conviction
peut-être. Dommage, parce que derrière ça envoie
sacrément le bois entre garage, girl’s group et
J.Thunders...
(www.myspace.com/theransomebrothers)
The Creep Outs
c’est l’histoire de deux mecs perdus dans la campagne
anglaise, fans de musique et de foot (ben ouais, des anglais !) ; deux
potes d’enfance qui décident de monter un groupe pour
ressembler à leurs idoles (le Reigning Sound, Pavement et les
Kinks) et qui se prennent peu à peu au jeu jusqu’à
enregistrer cet album de folk & roll primitif. Un disque
dénommé Hopeless Friend
et qui n’est pas dénué
d’intérêt... Plutôt très réussi
même. On pense aux débuts de Metal Mike (vous voyez ce
disque enregistré avec son frangin...), aux Soft Boys
(“NYC”), au Velvet, Dylan, les Kinks effectivement
(“You don’t have to lie”), Snivelling Shits, Swell
Maps et autres décalés en tous genres. Belle
découverte du label australien pour un des meilleurs disques du
trimestre.
(www.myspace.com/thecreepouts)
(www.offthehip.com.au)
NO FUN RDS
Si vous êtes d’assidus lecteurs de Dig
It ! vous savez tout du label No Fun Rds, basé à Ann
Arbor dans le Michigan. Entre autre chose qu’il est
géré de mains de maître par Claudia Leo et Charlie
Lorenzi, soit la moitié des Avatars, tous deux d’origine
argentine... Et c’est bien là où je voulais en
venir car, jamais, ils n’ont renié leurs origines et ils
nous proposent ce trimestre de nous replonger dans ce
rock’n’roll patagonique (!) avec l’intégrale
d’un groupe culte, los Gatos Salvajes et le premier Long Player
d’un combo surf de Buenos Aires, Los Kahunas.
Le premier album de Los Gatos Salvajes
(les Chats Sauvages) date de 1965. Groupe beat très
influencés par la vague anglaise, ils connurent un énorme
succès en Argentine en utilisant leur langue natale et en
introduisant quelques mélodies issues du tango dans leur
musique. Bon perso je trouve ça plus “gentil” que
“sauvage”, mais c’est la même avec les
Beatles... Et puis l’espagnol systématique, y a pas
à dire, ça me fait toujours sourire (en français
c’est pareil vous inquiétez pas !). Enfin quand on a 15
ans (l’âge des membres du groupe à
l’époque), on s’en fout ! Leur succès il
l’ont acquis notamment grâce à une émission
télé qui les programmait régulièrement,
Escala Musical. On a droit à quelques extraits live et des
meddley de reprises (“Watcha gonna do about it”, un
très bon “Glad all over”, “She loves
you” ou “Suzy Q”). Pour compléter le disque
(CD ou double LP) No Fun nous propose trois morceaux du chanteur en
train de composer dans sa chambre d’hôtel. Anecdotique pour
nous mais certainement bouleversant pour des milliers
d’argentins... Imaginez si Dig It ! exhumait trois inédits
de Dick Rivers au piano dans la villa de Mr Barclay !!!
Los Kahunas
sont contemporains, eux, et après un split album en compagnie
des grecs Invisible Surfers, dans la série Waves of Reverb, Sea
of Fuzz (No Fun), ils signent là leur deuxième CD, Otro Reverberante Encuentro Con....
Alors, que dire ? Que c’est du surf instro, et que
forcément sur 14 morceaux c’est un peu long (y a que les
Ventures ou Davie Allan pour réussir telle gageure !) ; Bon
sinon ça joue bien, un peu dans tous les styles du genre (!),
morceaux hot-rod, traditionnels (“Bakos, el terrible”),
plus lounge (“Ocean Boulevard”) et bien sûr les
reprises ad hoc, “The hearse” des Astronauts
composée par un certain Lee Hazlewood, “Heads up”
des Lively Ones, l’excellente reprise de “The rise &
fall of Fligel Bunt” des Shadows et l’inévitable
Ventures, “The creeper”. Pas renversant, mais tout à
fait rafraîchissant.
(www.loskahunas.com)
(www.nofunrecords.com)
JETTATORS
La fratrie charentaise guitare batterie, vient de
nous faire parvenir sa nouvelle démo qui devrait voir le jour
sur le label des potes Smoky Dale, sous le titre Milner Hotel.
Et ce Milner Hotel figurez-vous que c’est celui où ils
logeaient pendant qu’ils enregistraient aux Ghetto Recorders...
OUI, chez Jim Diamant, encore ! Le résultat est surprenant. On
s’éloigne un peu de leur côté traditionnel
minimaliste pour explorer une facette plus urbaine, très
inspirée par les années 80 du côté de
Seattle ou Chicago. Pour autant le blues reste
l’élément bâtisseur du duo (“Intensive
care”), un blues lardé de wah-wah et de soli
fiévreux... Ceux-là aussi on bien pris la
température de la ville. Un groupe à surveiller de
très près
(www.myspace.com/jettatorsbrothers)
HATE-LE-PINK
Je vous la fait à chaque chronique, mais
ch’uis encore une fois bien obligé... “ça ne
s’arrange vraiment pas chez les Haines Roses“. Toujours
selon leur principes de contraintes adapté au punk (Oupupo), ils
viennent de sortir un volume 2 intitulé Kindergarten Revolution.
Quatre morceaux enregistrés avec des instruments pour enfants
(enfin z’ont pas du oublier le speed et le MDMA non plus!). Plus
anecdotique que le précédent, ça reste marrant
surtout pour l’exercice... Parce qu’on peut le dire, le
matos junior ça sonne que dalle !
Sinon, le 45t est distribué avec un fanzine exclusif, Hate-Le-Pink
qui a pour objet de destabiliser l’industrie du fanzine...
qu’ils abhorent, évidemment... M’enfin ils en
gardent quand même toutes les recettes, interviews, chroniques,
photos, etc. Et c’est plutôt rigolo et bien écrit
avec le cynisme et le second degré qu’on leur connait.
Un troisième volume Oupupo est en
préparation avec cette fois des morceaux basés sur un
seul accord. La suite au prochain numéro, comme on dit.
(http://hatepinks.free.fr)
(www.squoodge.de)
CHIMIKS
Les Chimiques, ça nique ! Euh... Tout nouveau
groupe parisien dans lequel évolue Vince des Fatals (par
ailleurs batteur des lysergiques Aqua Nebula Oscillator), Davy ex-Star
and Key of the Indian Ocean, Baldo de Blutt (remplacé depuis par
l’épileptique Ronnie Rollo, le premier batteur de Weak !)
et l’ami Louie Louie à la basse. Super-groupe donc au
service d’un punk garage tout dans le rouge et un premier 45t aux
allures de bombe. Une seule face gravée comme à la grande
époque Rip Off Rds et deux titres imparrables dans une veine
Fatals/Cheater Slicks/Oblivians. Artwork classieux signé
ChrisFuzz pour un tout nouveau label aux visées internationales,
Elegance Rds. La Classe !
CRETEENS vs STRAIGHT ARROWS
C’est le tout nouveau label Resistance A Go-Go
qui sort ce split single entre les Reatards parisiens et les graisseux
australiens. deux morceaux pour chaque groupe et les français
font fort d’emblée avec “le bon style des
noirs”, une ôde au bling-bling. L’autre morceau est
un garage-punk plus conventionnel, mais toujours de bon ton.
Sur l’autre face; les Straight Arrows nous
proposent deux facettes de leur art ; le garage à tendance
sixties trash avec l’excellent “Close that door” et
le punk ultra lofi de “Jeepster”.
Soutenez la Resistance !
(www.myspace.com/thestraightarrows)
(www.myspace.com/creteens)
(www.myspace.com/resistanceagogo)
THE CLEAN CUTS
Celui-là est sorti depuis quelques temps mais
on va pas se géner non plus pour en parler, hein ?. Ce sont les
agités stéphanois des Nerfs à Vif, qui
après l’organisation de concert sont passés
à l’édition musicale. Première signature,
les Clean Cuts, groupe punk 77 à la Briefs / Shocks avec le look
itou. Leur pochette est une parodie du premier 45t de Skrewdriver...
L’époque où ils étaient clean. Coupez !
(www.myspace.com/thecleancuts)
(www.myspace.com/nerfsavif)
MAIS AUSSI...
Les Okmoniks viennent de Tucson et sortent leur premier album Party Fever !!! sur Slovenly Rds.
Et il porte sacrément bien son nom ! Punk garage drivé
par la charmante chanteuse Helene 33 est son orgue sournois. On pense
à des Ramones cheap, à Supercharger qui aurait appris
à jouer ou à Loli & the Chones (l’uppercut
“Rustle up some action” par exemple). Tou à fait
bienvenu en toute circonstances (?!)
L’album du moment est l’oeuvre
d’un allumé notoire (et masqué !), transfuge des
Okmoniks, qui se fait appeler No Bunny (un masque de lapin, donc...). Son Love Visions qui vient de sortir chez Bumbbledumb Rds est
le truc le plus fun que j’ai entendu depuis longtemps
(d’autres trouveront ça confondant dès le premier
morceau, une cover hilarante de “Nobody but me” , “No
Bunny loves you”)... Appelez ça bubblegum trash ou
proto-garage, il me suffit en tout cas de mettre “Chuck Berry
Holiday” sur la platine et je me met instantanément
à sauter partout. Sur son myspace, on peut voir des photos
d’Hasil Adkins, des Ramones, GG Allin, Kim Fowley, Milk’n
Cookies et la Family Stone et c’est vrai, No Bunny c’est un
peu tout ça... En plus débile ! Génial !
Le nouvel album du fameux duo australien Digger & the Pussycats est certainement ce qu’ils on fait de mieux à ce jour. Let’s go to hospital
est rempli jusqu’à la gueul de tubes, en commençant
par le débile “Spanish Jacket”, “j’ai
une “veste espagnole”, j’ai de la coke, j’ai
40$, combien coûte le MDMA ?” jusqu’au très
poppy “Let’s go to hospital” en passant par le
rampant “I wanna be your slut”, le flippant
“Asio”, le garage “Liar, liar”... Enfin je
pourrais les citer tous. Une trouvaille par morceau et un style unique.
Un must !
Retour aux affaires pour John Reis alias Speedo,
boss supremo du label Swami et plus connu encore pour avoir joué
dans Rocket From The Crypt, les Hot Snakes, Sultans ou Drive Like
Jehu... Quelques années après avoir annoncé
qu’il arrétait définitivement la musique
(exécutant ainsi pas moins de trois groupes plutôt bien
établis) il reforme aujourd’hui les Night Marchers
avec deux de ses anciens collègues d’Hot Snakes, Dner
(maintenant dans Beehive and the Barracudas) et le batteur J.Sinclair
K. (qui fritait comme un malade derrière les excellents Delta
72), plus Thomas Kitsos, bassiste de CPC Gangbangs. Line-up de fou pour
un album See You in Magic
qui ne l’est pas moins. On reprend les recettes
élaborées par les groupes précédents, avec
un gros côté pop... Assumé, et surtout des guitares
assérées, tranchantes comme une lame de baionette...
L’album commence fort avec dès le second morceau
l’énorme “In dead sleep (I snore ZZZZ)”, et le
tube instantané “I wanna deadbeat you”, puis
“Jump in the fire” et son intro à la Plimsouls avant
le quasi country (meet Bo Diddley), “Branded”... Bon on va
pas tous les éplucher comme ça mais sachez qu’on
retrouve un poil de groove, une ballade à pleurer dans son verre
et du tube, du tube, du tube... C’est encore une fois eux qui en
parlent le mieux et citent comme influences les Byrds, Wipers, Bo
Diddley, Black Flag, les Nervous Eaters, Flaming Groovies, Nerves,
Status-Quo & Black Merda... ET OUAIS !
Huitième album pour Mudhoney qui vient de fêter en grande pompe ses 20 ans, en même temps que son label historique, Sub Pop. The Lucky Ones
est un grand cru, même s’il est vrai qu’on est
rarement déçu par le groupe de Seattle. Mélange
toujours aussi détonnant de grunge et de garage avec des
références quasi systématiques aux Stooges et Mark
Arm en lévitation permanente... Après deux albums
plutôt travaillés, Mudhoney revient même au son
rugueux des origines Car le groupe a voulu une production minimaliste
et crue, une guitare à droite (celle de Steve Tuner uniquement,
Mark Arm se concentrant sur le chant), la basse à gauche,
pratiquement aucun re-re à part quelques notes de piano et des
soli de fuzz énervée... Direct dans ta face !
Et tout ça en trois jours et demi... Bien joué !
ET ENCORE...
Plus compliqué de parler des deux prochains
disque puisque je les ai enregistré moi-même...
Soldes
viennent de Toulouse. Power trio guitare clavier batterie, il
développe sur ce premier 45t une sorte de garage
yéyé de l’an 2000 à base de Farfisa,
générateur de basse et guitare fuzz gorgée de
delay... Un hit instantané, “Les soldes” et trois
autres morceaux tout aussi réussis... Belle couverture
signée LL Cool Jo.
(www.myspace.com/lessoldes)
Premier single pour Blew-Up!,
projet parallèle façonné par Nasty Wlad (Kung-Fu
Escalator, Plutones, ex-Fatals, Beach Bitches), Kung-Fu Rico (par
ailleurs dans le KFE et les Plutones), Brice des Containers et votre
serviteur. Mélange garage groove noise, un pied chez les Gories,
l’autre chez Mudhoney et un troisième à Memphis...
Ils se sont mis à deux labels pour sortir la bête (fallait
bien ça), Relax-o-Matic Vibrator à Marseille et Better rock Than Roll
à Tlse. La pochette sérigraphiée a quant à
elle été designée par O Gasoil. Je vais pas vous
dire que c’est de la balle, ça ferait un poil too much,
mais ...
(www.myspace.com/blewup31)
(relaxomatic.free.fr)
(www.myspace.com/betterrockthanrollrecords)
Lo’Spider
THE LOST CRUSADERS
"To me, The Lost Crusaders are one of those bands that represent the true legacy of
NYC Rock'n'Roll". (John Holmström)
Et revoilà Mike "I Have Fun Everywhere
I Go" Edison, invité cette fois à faire chanter sa
guitare slide aux côtés des Lost Crusaders, le nouveau
groupe de son pote Mike Chandler, sur l'album Have You Heard About The World ? paru chez Everlasting Rds.
Le disque regorge de gospels urbains trépidants (vous vous
souvenez sûrement de "What's The Matter Now" par les Raunch Hands
? Il y en a plusieurs du même calibre ici), de rhythm'n'blues
rocailleux et de country lumineuse servis par une formation trois
étoiles : Michael Chandler (Outta Place, Raunch Hands) :
chant-percus-harmonica, Buffi Aguero (Subsonics, Vendettas, Tiger !
Tiger !) : guitare-chant, Johnny Vignault (Vendettas) : guitare, Brian
Manning : basse, Brian McBride (Electric Shadows) :
basse-chant-harmonica, Joey Valentine (Star Spangles, Edison Rocket
Train) : batterie, Fletcher Liegerot : batterie. L'album
bénéficie également des participations à
divers degrés de Jon Spencer : chant, guitare, Laura Cantrell :
chant, Keith Streng : guitare sur "There Used To Be A River" ("le plus
long solo de toute ma carrière") et choeurs, Steve Greenfield
(Roller Kings) : saxo, Matt Verta Ray (Speedball Baby, Heavy Trash) :
guitare, lap steel guitare, choeurs, Hans Chew : piano, choeurs, Mike
"Sharky" Edison : guitare slide, Ministère de la Propagande
(notes de pochettes et communiqués de presse). Il émane
de l'ensemble un parfum de mysticisme rédempteur joyeux, sans
doute une façon pour Chandler de célébrer sa
désaccoutumance à l'alcool, un problème qui
lui valut quelques mésaventures (l'incendie -involontaire-
d'un appartement qui n'était pas le sien ne fut pas la moindre)
et plusieurs séjours "à la campagne" (un de ces
états comme le Vermont où il n'y a pas trop de
tentations). Le disque est produit par Dean Rispler, qui a bossé
sur différents albums des Candy Snatchers, Little Killers,
etc... Il vous en faut davantage ? Allons...
(myspace.com/thelostcrusaders)
FOXBORO HOT TUBS
Plutôt réussi cet album sous un pseudo
vite éventé (il s'agit de Green Day + Kevin Preston de
Prima Donna). Il paraît que le groupe a ressenti le besoin de
faire baisser la pression qui entourait l'enregistrement de son nouvel
album (le précédent ayant fait le carton que l'on
sait...) en se lâchant sur une douzaine de compos qui fleurent
bon le garage virulent et la pop 60's. Le disque (Stop Drop and Roll
!!! sur Jingle Town Rds) fait donc la part belle aux grosses guitares,
à l'orgue estampillé "garage comme là-bas", aux
rythmiques costaudes et aux mélodies qui titillent l'esgourde.
On pense aux Boss Martians, à Len Price 3 ou aux Woggles, aux
Kinks et aux Who (de "You Really Got Me" à "My Generation"),
à Link Wray ("Broadway") et même aux Mamas and Papas pour
le travail pointilleux sur la voix et les choeurs. Visiblement, ces
gars-là savent où sont leurs racines. Le tout,
enregistré en huit pistes, aurait aisément pu sortir sur
Screaming Apple ou Get Hip ! sans qu'on y trouve à redire. Le
disque existe aussi en vinyle avec un morceau différent de la
version CD (vieille coutume 60's qui marquait la différence
entre les éditions américaines et anglaises) et la
pochette est également très vintage, volontairement
jaunie sur les bords et sans aucune mention d'adresse internet. Dommage
que le code-barre...
Il est édifiant de constater que des radios
comme Le Mouv', Virgin Radio et autres habituels déversoirs
à sirop industriel programment maintenant Foxboro Hot Tubs juste
parce qu'il s'agit de Green Day. Et les Woggles sur RTL 2 alors ?
(myspace.com/foxborohottubs)
BABY WOODROSE
Ceux qui comme nous trouvent le dernier album des
Danois un peu mou du genou, quoique non dénué
d'intérêt psychédélique, se consoleront avec
ce 45t paru chez Bad Afro. Les deux titres avaient été
rejetés de l'album parce que ne collant pas avec l'ambiance
générale. Sans toutefois prétendre au statut de
brulôts garage punk, les deux morceaux bénéficient
effectivement d'un tempo plus relevé (et d'une guitare twangy
surf surprenante pour "Coming Around Again") et de belles couches
d'orgue psyché garage pour "I Feel High" qui rappelle les Seeds.
Il est quand même étrange ce Lorenzo Woodrose : quels
méandres de la pensée lui ont ainsi fait volontairement
écarter de l'album les deux titres qui en auraient
été les meilleurs moments ? J'ai pas dû m'envoyer
assez de champignons... Bon single en tout cas.
(www.badafro.dk)
HASIL ADKINS
(and His Happy Guitar)
Voilà donc le tout dernier album du Hase, un
disque posthume, déjà sorti aux USA par le petit label
Creeps Rds (du Kentucky) et désormais dispo en vinyle sur une
structure hexagonale grâce aux fêlés du 50's beat
couillu et déglingué de chez Hog Maw Rds. La galette
(Night Life), enregistrée il y a environ cinq ans (mais sortie
seulement l'an dernier par Creeps, le label ne voulant pas être
accusé de "capitaliser" sur la mort d'Adkins), devait au
départ être un document réservant la part du lion
à la voix d'Hasil, uniquement accompagné d'un piano
discret et de quelques effets sonores de-ci de-là. Le menu
devait être majoritairement composé de "ballades
nocturnes" (de la night music comme il disait, voir l'album Moon Over
Madison). Sauf qu'au moment d'enregistrer, notre homme s'est senti un
peu nu et franchement mal à l'aise sans sa guitare. Il a donc
demandé à l'avoir en mains, juste pour se sentir plus
décontracté, tout en promettant de ne pas en jouer. Mais
bien sûr, dès le deuxième couplet, il s'est
retrouvé à plaquer quelques uns de ses fameux accords
sauvages... Soit bien loin du piano discret et encore plus des
"ballades de nuit" prévues à l'origine. Qu'à
celà ne tienne, ou même tant mieux, car voilà un
album plutôt excitant qui couvre les différentes facettes
du personnage, du rockab' déchiré de hurlements
démoniaques ("C'mon Back Baby") au talkin' hilbilly psychotique
("Raw Meat") en passant par la country déjantée avec
banjo ("Hills Of West Virginia", le blues à la Andre Williams
("Hunchin' The Town"), la ballade délicatement gospel ("Walkin'
In The Garden With Amy") et l'inévitable chicken song
épileptique (un "KFC" illuminé de sonores "kwak kwac"
balancés par un Adkins qui se gondole), véritable marque
de fabrique du bonhomme. Douze titres au total.
Dépêchez-vous, Hog Maw n'a pas dû en sortir des
tonnes...
Hog Maw Rds, 48 Rue Grange Champion
21340 Nolay.
SOUNDFLAT Rds
Chez Soundflat on soigne le client en offrant avec
chaque parution vinyle le petit supplément qui fait la
différence. La récente fournée de 45t du label
allemand en est une nouvelle démonstration. "Shake It Wild", le
nouveau single (leur premier est dispo chez Butterfly Rds en Espagne)
de King Salami & The Cumberland Three propose ainsi en cadeau une
planchette à découper le... salami. Ben tiens. L'objet
est en plastique dur de beau format (17.5x11.5) imprimé en
couleur aux armes du gang (including moustaches et maracas). King
Salami est un "super groupe" londonien composé de fines lames
(dont le Frenchy Eric Baconstrip), ex ou actuels membres des Nipple
Erectors, Ulcers, Playmobils, Cannibals, Parkinsons, Handsome Dicks,
Chinese Lungs, etc..., qui carbure au R'n'B punky/garage à la
sauce groovy trash. Foin ici de lo-fi, le son est excellent, cru et
secouant comme une mise à jour saignante des meilleurs moments
des compils Sin Alley ou Desperate Rock'n'Roll. N'hésitez pas
à vous en payer une tranche...
Le 7"EP des Allemands Hara-Kee-Rees, emballé
dans une pochette gatefold qui s'ouvre sur une grande photo des cinq
mecs du groupe tout de noir vêtus et corde au cou, fait
déjà un malheur dans les garages où on s'agite en
permanence sur les riffs des Grands Anciens Sonics, Wailers, Kingsmen
ou des plus proches Mummies et Sexareenos. Garage sixties teigneux
donc, avec énergie fumante importée tout droit de
punkland. Orgue acide, saxo virulent, compos incisives,
trépidations garage à go-go, fuzz brûlante, ces
gamins-là ont tout pigé du genre et savent le rendre
excitant à tous les coups. Certains membres des Hara-Kee-Rees
jouent (ou ont joué) avec King Khan et Curlee Wurlee. Le EP
(quatre titres) est intitulé The Magic Peel et en cadeau bonus,
une pilule aux effets mystérieux est encastrée sous
plastique dur DANS la pochette !
Le troisième 45t de la livraison propose deux
titres de Wild Billy Childish & The MBE's qui figurent sur le
récent Thatcher's Children chez Damaged Goods ("Rosie Jones" et
" Little Miss Contrary"). La superbe pochette est tout aussi gatefold
que celle des Hara-Kee-Rees mais point de pilule suspecte ici, juste
une série (six) de cartons format 45t à découper
pour habiller Billy, Julie et Wolf qui posent en sous-vêtements.
Vous pouvez à volonté les déguiser en soldats
british du 19ème siècle, en élégants
fêtards Carnaby Street ou en baigneurs belle époque...
Humpf, ça c'est du concept !
(www.soundflatrecords.de)
WIZZ Vol 2
Sous titré Psychorama Français
1966-70, le deuxième volume de la série Wizz aligne une
brochette de titres (15) à classer au rayon novelty songs, ces
chansons qui racontent des p'tites histoires marrantes et
déjantées sur un fond musical plus ou moins excitant.
D'ailleurs, ce Wizz Vol 2 s'avère plus marrant que musicalement
excitant. Reste que ces morceaux compilés par Born Bad Rds sont
sûrement mille fois plus intéressants et subversifs que
ceux de Sheila ou Johnny qui cartonnaient sur les médias du pays
à l'époque. Grâce au livret détaillé
(près de 40 pages d'anecdotes, photos et reproductions des
pochettes originales) et à la couverture pop art flashy, on peut
même considérer cet album comme une sorte de chef-d'oeuvre
de l'anecdotique, un genre à part entière. A classer pas
loin de vos Swingin' Mademoiselle, Ils sont Fous Ces Gaulois,
Ultrachicks et autres séries compilatoires essentielles pour qui
veut avoir une idée de "l'underground français" des 60's
et début 70's.
(www.myspace.com/bornbadrecords)
P. TRASH Rds
Déjà quatre albums au compteur pour
les jeunes Suédois affûtés des Manikins. Celui-ci,
Crocodiles, déroule le quota habituel de titres garage punk pop
et quelques ballades sous influences sixties. On y décèle
de-ci de-là quelques touches Ramones/Devil Dogs ("Crocodiles")
et des mélodies à tir tendu façon Hives ("Without
A Word"), le tout sonne plus dépouillé et
légèrement moins épileptique que leur dernier
album sur P.Trash ou le 10" sur Lollipop. Les gamins de Niköping
ont grandi et peut-être découvert la valeur de la
simplicité, va savoir ? En tout ca ça leur va
plutôt bien et l'énergie ne fait pas défaut pour
autant.
Los Raw Gospels existent depuis six ans, ont sortie
une poignée de EP's (sur Dull City Rds, Yakisakana, etc...),
dont un split avec nos Plutones, et viennent de se fendre d'une dizaine
de titres saignants pour un premier LP (La Fiesta De La Muerte) qui
devrait faire carton plein chez les fans des Cramps, Link Wray, Gories,
Mummies et autres adeptes du garage trash qui troue les haut-parleurs.
D'entrée, Peter Gunn se frite velu avec Santo sous l'arbitrage
sardonique d'un Lux Interior à peine descendu de son Drug Train.
Fragiles de la feuille s'abstenir. Los Raw Gospels (un Anglais -par
ailleurs membre de Black Time-, un Finlandais et un Espagnol) touillent
un garage-punk-trash empoisonné sur les bases 50's/60's les plus
rouillées et déglinguées qu'ils ont pu exhumer. Le
trio, basé à Londres, n'a toujours pas embauché de
bassiste mais a ajouté un orgue, utilisé de façon
peu conventionnelle évidemment, depuis peu. Fans des Cramps et
insane rockers de tout poil, sautez immédiatement
là-dessus et rendez-vous au Napa Hospital !
Tiens, en parlant d'insane rockers... Voici le
dernier forfait des Hatepinks, un mini-LP (Sick Cake)
emballé dans une pochette comme d'habitude très
réussie (par O. Gasoil toujours, un chouïa plus atypique
que précédemment). Atypique, le disque l'est
également un peu, le son est plus soigné (Rudy
Aggravation), les morceaux s'allongent (légèrement hein,
et pas tous, on n'est pas chez Grateful Dead non plus) et le tempo se
fait moins systématiquement speed (même remarque). Les
textes sont imprimés sur une feuille glissée à
l'intérieur et traduits en français par un logiciel
pourrave, c'est marrant : "Your cake is making me sick" devient "Votre
gateau me fait le malade"... Un bon shoot de punk rock marseillais
quoi. Et de toutes façons un groupe qui affirme sur son site que
"Myspace is dead. We erased our Myspace account. Fuque that shit", ne
peut pas être mauvais.
(www.ptrashrecords.com)
RIJAPOV Rds
Vermilion Sands (avec un seul "l") est un recueil de
nouvelles de J. G. Ballard, mais avec deux "l" c'est aussi le
titre d'un morceau des Buggles ou le nom d'un combo japonais de
rock progressif (ça fait rêver non ?) et,
désormais, un groupe italien. La jolie chanteuse des Vermillion
Sands, Anna, unanimement considérée comme une sorte
d'Holly Golightly ritale, est accompagnée de Nene (Movie Star
Junkies) à la basse et au piano, et des deux agités des
Mojomatics à batterie et la guitare lapsteel. Le 45t (Mary)
propose trois morceaux de pop garage ouvragée tout en douceur
lumineuse, avec envolées country folk et giclées de fuzz
colorées par un clavier discret. Très agréable et
immédiatement attachant.
Alderman Swindell est un anachronisme anglais
qui compose et enregistre des petites comptines acoustiques dans
sa piaule londonienne avec une qualité de son étonnante
pour du home made. Guitare, basse, choeurs et piano convolent en
finesse pour illuminer des mélodies qui devraient en toute
logique séduire les fans de Jonathan Richman. (Loved Me Back -
7"EP).
(www.myspace.com/rijapovrecords)
FLESHTONES
Les New Yorkais viennent d'enregistrer un album de
Noël rempli de reprises et d'originaux. Au moins celui-là,
sortira à l'heure... Keith Streng était de passage
à Toulouse pour quelques jours cet été. Il a eu le
droit à la tournée des Grands Ducs grâce aux bons
soins des Diggers. Dix jours plus tôt, avec son pote Dave
Faulkner des Hoodoo Gurus, il en avait fait une autre, et une belle.
Une tournée des restos de Bourgogne à l'invitation de
Dave ! Faut dire que l'homme des Gurus a désormais les moyens :
il a décroché le jackpot quand une équipe
australienne de rugby a décidé d'utiliser le titre des
Hoodoo Gurus "What's My Scene" comme hymne officiel (illico
rebaptisé "That's My Team" !). Et on sait que le rugby c'est
quelque chose en Australie... Donc, grâce aux miraculeuses
royalties, nos deux rockers en goguette ont goûté à
la célèbre gastronomie bourguignonne et descendu quelques
bouteilles de fameux crus.
Après son étape toulousaine, Keith a
retrouvé les autres Fleshtones pour une prestation au Booze
Festival (décidément !) en Sardaigne. Outre sa
participation au récent album des Lost Cusaders, le guitariste
des 'Tones nous a annoncé la sortie imminente (ils prennent le
temps de trouver un label) du deuxième album de The Master Plan.
Depuis, les Fleshtones sont revenus jouer en Grèce puis
rentrés au pays enchaîner quelques dates sur la côte
Est avec The Magic Christian (le groupe de Cyril Jordan, Eddie
Muñoz et Clem Burke).
BRIMSTONE HOWL
Difficile d'imaginer qu'un disque si abouti ait pu
être conçu par une bande de kids qui s'offrent en prime le
plaisir de rafraîchir le Nebraska sur la carte du rock. Le
Nebraska c'est principalement Lincoln, Omaha et basta. Bon, il y a bien
aussi South Sioux City, Papillion ou Wahoo, mais on ne s'étendra
pas... Quant à la scène rock du coin, elle a tout de
même quelques arguments à faire valoir auprès du
préposé aux inscriptions dans le R'n'R/Blues & Punk
Hall of Fame : Wynonie Harris, The Chancellors, The Starfires, The
Rumbles, Buddy Miles, L.A. Carnival, Charlie Burton, The
Terminals, Forbidden Tigers, etc... Voilà pour situer.
Le nouvel album des Brimstone Howl de Lincoln (qui
ont débuté sous le nom controversé de Zyklon Bees)
est donc un petit chef-d'oeuvre au-dessus duquel planent les ombres
bienveillantes et inspiratrices du Gun Club et des Oblivians (on dirait
"A Million Years" extrait d'un best-of Greg Cartwright ), des Deadly
Snakes et du Velvet, de Mooney Suzuki et des Flamin' Groovies (les
grattes), des Von Bondies (la voix) ou Soledad Brothers. Et on ne vous
parle même pas des clins d'oeil appuyés en direction des
Stones (l'intro de "Summer Of Pain") ou Screamin' Jay Hawkins
("Obliterator" est un évident hommage qui sent bon les gri-gri
et les mau-mau's).
Les quinze titres de ce We Came In Peace (LP/CD)
brassent toutes ces influences et bénéficient d'une
production aux p'tits oignons judicieusement confiée au sorcier
du Ghetto Recorder Studio de Detroit, Jim Diamond. Plus grand chose
à voir avec le blues trash légèrement lo-fi de
l'album précédent Guts Of Steel (excellent lui aussi), le
son est ici tiré à quatre épingles et contribue
à faire de cet album foisonnant un disque de magiciens,
original, tendu (la voix possédée de John Ziegler est un
sacré atout) et réellement magistral. L'avenir du
Rock'n'Roll est apparemment entre de bonnes mains.
(www.alive-totalenergy.com)
THE DIALS
C'est un groupe de filles de Chicago, avec un mec
à la batterie, qui tricote une Power Pop Garage fraîche et
enlevée, avec un clavier légèrement new wave qui
confère à l'album (Amoeba Amore sur No Fun Rds, c'est
leur deuxième) une agréable facette Nikki Corvette meets
The B-52's. C'est parfois surprenant (une cover stylisée du
"Urgent" de Foreigner !) et souvent accrocheur, les deux chanteuses
acidulées se répondent à merveille, les guitares
sont teigneuses comme il faut et le tempo est en permanence en mode
overdrive. C'est tout simple, ça marche et c'est plein de
mélodies qui tournent dans la tête longtemps après
la fin du dernier morceau.
(www.nofunrecords.com)
LES GARÇONS SAUVAGES
Voilà un album qui fleure bon l'artisanal, le
fait maison, l'enregistré dans la piaule du guitariste et
peaufiné sur le PC du salon. Et compte tenu de cette
configuration minimale, force est d'admettre que c'est du bon boulot.
Les guitares (estampillées Chuck Berry/Johnny Thunders)
déblaient le passage pour d'électrisantes mélodies
calibrées punk rock et garage bluesy. En concert ils reprennent
le Gun Club et le Velvet et on devine qu'au moins un des membres du
gang doit régulièrement s'envoyer les premiers 45t des
Dogs au p'tit dèj.
Le chanteur du groupe était longuement
interviewé dans notre N°40 et y affirmait l'attirance du
groupe pour le rock new yorkais de la deuxième partie des
seventies, de Tom Verlaine aux Ramones en passant par Please Kill Me et
Mean Streets. Ça s'entend.
Les Garçons Sauvages ne bouleverseront certes
pas le paysage (d'ailleurs ils viennent de se séparer), mais
leur album (Sacrified) se fera facilement une place au chapitre
"étoiles filantes" quand il s'agira de retracer l'histoire du
Rock made in Toulouse. Dommage qu'ils n'aient pas eu le temps de se
colleter avec un vrai studio, on aurait bien aimé être
vraiment décoiffé par "Down In The City", le hit à
la New York Dolls qui ouvre l'album. Le disque est sorti sur Bang !
Records, une petite structure, probablement
éphémère elle aussi, qui n'a rien à voir
avec le label basque du même nom.
(www.bangrecords.net)
PRIMA DONNA
Ils sortent d'Hollywood, c'est le groupe de Kevin
Preston qui tourne également ces jours-ci au sein des Foxboro
Hot Tubs. Prima Donna a déjà joué par ici, en
backing band et première partie de Texas Terri. Après un
premier album (Kiss Kiss) discret, ces spécialistes
ès-Glam Rock ont pondu un monument qui évoque en vrac les
Dolls, les Heartbreakers, T-Rex, Mott The Hoople, Buster Pointdexter,
les Hollywood Brats ou X-Ray Spex (le saxo !).
Avec ses grattes surboostées, une production
qui fait sonner le moindre solo comme une charge de cavalerie et une
puissance de feu "configurée pour causer un maximum de
dégats soniques" (c'est Acetate Rds qui l'affirme, et ils s'y
connaissent : Hangmen, Nine Pound Hammer, Chelsea Smiles, Sour Jazz,
etc...), le gang a réussi un joli coup. After Hours est leur
deuxième album, il a été mis en boîte par le
producteur attitré d'Eddie Spaghetti. Juste un truc quand
même : on peut m'expliquer pourquoi on retrouve sur cet album un
max de titres de leur premier disque ? Ils n'étaient pas content
des premières versions ? Ont-ils vendu seulement vingt-sept
exemplaires du dit album (sur Brunette Records, un label plutôt
confidentiel qui a l'air d'avoir disparu depuis) ? Quoiqu'il en soit,
ce After Hours, avec ses versions remises à jour et
spectaculairement customisées, fait un tabac au Dig It ! Radio
Show ces temps-ci. Un critère comme un autre.
(www.acetate.com)
TURBONEGRA
Exemple type de one shot joke, ces blagues qui ne
fonctionnent qu'une fois, cet album de reprises de Turbonegro est
peut-être bien le disque le plus inutile de ce début
d'automne et pourtant on se surprend à y revenir sans scrupules.
Sans doute parce que les morceaux sélectionnés
proviennent à 75% du chef-d'oeuvre des Norvégiens, le
fameux Apocalypse Dudes, un disque que Turbonegro essaie d'ailleurs
vainement d'égaler depuis.
Le groupe a choisi de se faire appeler Turbonegra,
logique puisqu'il s'agit d'un gang de filles (de San Francisco), des
demoiselles très compétentes, par ailleurs
régulièrement occupées à faire parler la
poudre au sein de leurs combos respectifs : Bimbo Toolshed, Fabulous
Disaster, MDC, Compton SF et Blue Rabbit. Elles se sont pour l'occasion
rebaptisées Eurogirl, Happy E., Rebellion, Mrs Summers, etc...
Les quatorze covers, très fidèles,
prennent pourtant une teinte originale, presque power pop punk, tels
que chantées par L'il Hank (qui affirme "les disques de
Turbonegro m'ont permis de ne pas finir dans une prison pour femmes")
et parfois légèrement accélérées. Et
vous avouerez qu'il n'est pas si courant d'entendre des filles
ressemblant à un gang de motardes lesbiennes reprendre en choeur
des "I Got Erection", "Good Head" ou "Rendez Vous With Anus" fort peu
féminins mais ô combien déterminés. Encore
un chef-d'oeuvre de l'anecdotique, un genre qui se porte bien
finalement. L'album est intitulé L'Ass Cobra et se
déniche chez le label allemand Wolverine Rds.
(www.wolverine-records.de)
SCREAMING APPLE Rds
Garage (Punk) Sixties et Power (Punk) Pop se
partagent comme d'habitude les faveurs de la livraison automnale du
label artisanal de Cologne. Au rayon 60's, Ritchie Apple propose
d'abord de revenir sur un groupe oublié de la vague garage
revival des années 80, les Italiens Woody Peakers. Le groupe
avait alors (1988) sorti un album et un EP (1990, tiré à
500 exemplaires) bourrés de fuzz, d'orgue, de covers
millésimées ("Writing On The Wall", "Blackout Of
Gretely", "It’s A Crying Shame", "Message To Pretty", etc...) et
d'originaux témoignant de leçons bien apprises et
recrachées sur un mode méchamment parfumé au
monoxyde de carbone. Screaming Apple a réuni les deux rondelles
(plus une demi-douzaine d'inédits) en CD sous le titre global
Beat Solution. Et on ne peut s'empêcher de penser que ces Woody
Peakers auraient fait un malheur dans les garages de l'époque,
entre deux giclées de Miracle Workers et une injection de
Cynics, si seulement leurs disques avaient un peu mieux circulé.
Il est désormais donc possible de se rattraper et les amateurs
de trésors perdus sont aux anges.
L'autre déflagration d'inspiration garage
sixties de la fournée est due à un gang californien et
contemporain féru de surf punk. Chez eux à Sacramento,
les Phantom Jets sont considérés comme le résultat
d'une collision de plein fouet entre Dick Dale et les Sonics. C'est
explicite et bien vu. Les treize titres de ce premier album en vinyle
(Phantom Jet Set) abreuvent le sillon de vagues fuzz et réverb',
d'orgue bien utilisé là où il faut et de rythmes
garage frat' à tirer la langue après trois morceaux.
Ça démarre plein pot tel du Man Or Astroman
millésimé 1993, le batteur est exceptionnel et fait
claquer sa caisse claire comme une Kalash' de pashtoun, puis le groupe
adopte une configuration à la Untamed Youth en plus teigneux,
repasse par la case surf instrumental avant de se faire garage
cryptique comme sur un EP des early Makers. Votre dealer de speed vous
a oublié ces derniers temps ? Pas de panique, voilà de
quoi tenir quelques semaines.
Screaming Apple version Garage Pop Punk maintenant,
avec, toujours en vinyle, le premier album (...Think I'm Gonna) des
Powerchords de Chula Vista en Californie. L'approche est toutefois ici
plus Punk que Garage. Ils évoluent sur un terrain
déjà déblayé par les rafales des Dickies,
Adverts ou Buzzcocks. Ils évoquent aussi des Henry Fiat's Open
Sore qui auraient légèrement levé le pied. Les
morceaux, balancés avec un son d'époque (fin 70's), sont
tous assez courts et joyeusement nerveux. Deux minutes et c'est
plié. Bel exercice sur le thème immortel et efficace des
mélodies bien torchées et de l'énergie
punk'n'roll. Ça marche à tous les coups.
Plus Power Pop, le premier album de The Pranks
(Seattle) est chaudement recommandé aux fans des Boss Martians
puisque c'est le goupe des frangins Foster, Erik et Evan. Evan Foster
est le p'tit génie qui drive les Boss Martians depuis une
éternité, il tient ici la basse (d'habitude il fait
chanteur/guitariste), assure les choeurs et intervient à la
guitare (une très démonstrative envolée de guitar
hero) sur un titre. Le p'tit frère Erik Foster est à la
gratte et au chant principal, le boss quoi. Quant au batteur, Mike
Musburger, les fans de power pop l'ont souvent croisé au hasard
d'albums des Posies, Squirrels, Flop, Fastbacks, Love Battery et autres
héros de la scène Punk & Pop de Seattle. Le disque,
produit par Evan et d'abord sorti en vinyle, bénéficiera
d'une version CD cet automne et devrait s'arracher parmi les amateurs
de Power Pop à grosses guitares pavant des compos finement
ouvragées, à la Plimsouls par exemple, et trouées
de solos incisifs. Ce Modern Communication n'est pas le disque de
l'année pour autant bien sûr, et d'ailleurs on s'en fout,
mais il fait en tout cas office de remarquable carte de visite.
Pour en terminer, très provisoirement, avec
Screaming Apple, voici le nouvel album (Stick With It, en vinyle aussi)
des Espagnols Suzy & Los Quattro. Power Pop toujours, belles
guitares encore... Et la voix de Suzy bien sûr, soignée
par une production au cordeau, quelque part entre Blondie et Chrissie
Hynde, et portée par un groupe qui a légèrement
durci le ton. Lindsay Hutton, fan de toujours, les considère
désormais comme "un croisement entre les Dictators, The
Records et Brenda Lee". Beau compliment.
Suzy et sa magic team s'exportent bien, les Japonais
leur ont fait un triomphe là-bas il y a trois ans et cet album
devrait ouvrir quelques portes supplémentaires et prolonger
l'étonnante aventure des ces Barcelonais surdoués. Bel
hommage a capella à ...Henry Rollins en prime.
(www.screaming-apple-records.de)
EDOUARD NENEZ
et Les Princes De Bretagne
Séquence rigolo-rock avec Edouard Nenez, Alan
Bihoué (sans son bagad), Jakez Tembert, Raymond D'Arrée,
Jean-Guy Levinec, Basile Degroix, Roland Derneau, Oscar Antec ou
Jean-Lou Déac qui ont tous participé un jour ou l'autre
à l'aventure. J'en parlerai d'ailleurs à mon pote Prosper
Rosguirrec, ça peut l'intéresser...
Après Chou Fleur Nucléaire (2001) et
Extension du Dolmen De La Hutte (2005), Edouard Nenez et Les Princes De
Bretagne sortent un troisième album (Des Ohms Pour La
Résistance) qui s'en prend entre autres aux "Connards en
Camping-Car" et propose de brûler les écoles de commerce
("Incendie"). Réjouissant. Le cd single parvenu ici propose en
prime le clip kitsh'n'roll balnéaire de "Connards En
Camping-Car".
Il y a plus de vingt ans, Edouard (qui se faisait
alors appeler Maître Frantz) était aux commandes de Frantz
Kultur et Les Kramés, un gang qui terrorisait le Centre-Bretagne
à grands coups d'hymnes lèse-majesté comme
"Ouest-France" ou le désopilant "I Wanna Be Your Pig". Sur l'air
de "I Wanna Be Your Dog", le groupe y prenait la défense des
cochons quotidiennement hachés menus dans les abattoirs de Mr
Hénaff, vous savez, le pâté... L'aventure continue
depuis, contre vents et marées (noires). Voilà, vous avez
deviné où vous allez mettre les pieds et les oreilles.
Trop sérieux s'abstenir.
(www.edouardnenez.org)
LES JOLIS v/s YNODIBLE
Si vous vous amusez à piquer des bouts de
textes au hasard des quatre titres de ce split-single marseillais, vous
risquez de vous retrouver avec un truc du genre : "J'ai
rencontré Jésus la nuit dernière / C'est toi la
Nouvelle Star, un piercing dans le cul / Si tu veux tâter mes
couilles, faudra te lever plus tôt". Voilà pour la
séquence poésie... Les groupes s'appellent Les Jolis et
Ynodible, ils affirment une identité commune prononcée
(un son assez proche, des textes en français, provoc' rigolarde
à tous les étages, solos rudimentaires arrachés au
feeling et refrains pied au plancher) et il est difficile parfois de ne
pas penser aux Hatepinks. D'autant que la pochette est signée
Olivier Gasoil. Belle entrée en matière pour le label
Wombat Rds et une rondelle conseillée aux amateurs de French
Punk millésimé 78.
(http://www.myspace.com/labelwombat)
GUNSLINGERS
Sur le label allemand World In Sound Rds, les
Français Gunslingers fricotent une recette heavy-psychedelic
avec guitariste en solo quasi-perpétuel, chanteur sous acide
psalmodiant des incantations inquiétantes et rythmique
obsédante qui tape continuellement sur le même mantra
rouillé sans faiblir (y'a même un morceau de 12 minutes
!). Une redoutable expérience lysergique et électrique,
jusqu'au-boutiste et jubilatoire, pour speedfreaks confirmés.
Ils me font un peu penser aux groupes les plus dangereux de la famille
Nova Express Rds...
(www.worldinsound.com)
MARCH TO THE GRAVE
V/S DESTRUCTORS 666
March To The Grave est un groupe anglais de punk
rock tendance "street punk à grosses guitares" tandis que les
mecs de Destructors 666, tout aussi anglais, affirment donner dans le
Detroit Garage Punk. Hmmm... Plutôt hardcore et métal
ouais. Même sur la cover du "Hand Of Law" de Radio Birdman. Un
comble. Va falloir réviser la définition les gars, sous
peine d'être poursuivis pour tromperie sur la marchandise...
(Rowdy Farrago Rds)
SHORTPANTS ROMANCE
Punk québécois avec chanteuse
impétueuse et séduisante pour des chansons un poil lo-fi
avec brèves giclées de zigouigouis (synthé ou
thérémine) pour la modern touch. Ça suffit
à créer une atmosphère originale et intrigante. Un
bon EP de début (Sisters), on garde l'adresse sous le coude.
(myspace.com/shortpantsromanceband)
MAGS & ZINES
Le N°79 du magazine OX offre comme à
chaque fois un CD d'une trentaine de titres, et comme toujours ou
presque, un tiers des morceaux s'avère digne
d'intérêt : Mojomatics, Manikins, Zeno Tornado, White
Flag, Trash Can Darlings, Cowboys Prostitutes, Carburetors, Henry
Fiat's Open Sore, P. Paul Fenech, Hipbone Slim, etc... Le numéro
fait 130 pages et propose en vrac des articles et interviews pour
germanophones : Steve Wynn, TV Smith, les Ramonas, Red Lounge Rds, Hugo
Race & The True Spirit, Steve Lucas & X et beaucoup d'autres
moins intéressants... 4, 50€ + port
(www.ox-fanzine.de)
Au sommaire du N°1 d'Ugly Child : Des interviews
des Miracle Workers, Gruesomes, Urges, Painted Ship, Morlocks, Gorgons,
Mourning After, Q 65, etc... Soit la crème du rock garage
teigneux et hirsute, des origines à nos jours, en 44 pages
format A5 par notre compère Cherry Boy (Frantic City). Anecdote
: les fameux garagistes sixties hollandais Q 65 ont tiré leur
nom de deux morceaux qu'ils écoutaient alors en versions Rolling
Stones, "Susie Q" et "Route 66", mais comme l'allitération dans
Q 66 les gênait un peu, c'est devenu Q 65...
(http://franticcity.free.fr)
Loboto's #16 : Interview de Matt Verta-Ray, Wild
Evel (Staggers), chroniques de disques, de DVD's (Rocket From The
Crypt) et de concerts (Le Festival Idéal de Nantes avec Heavy
Trash, Jessie Evans, Bob Log III...). Douze pages gratos qu'on peut
commander ici :
(contact@lobotos.com)
EN VRAC
Mais pas n'importe comment
Ooch ! Plus beaucoup de place et il nous reste
encore à signaler quelques sorties intéressantes. On y va
en vrac et (trop) succinctement :
La compilation Mighty Worms Strike Vol III propose
deux douzaines de groupes hexagonaux punk, hardcore, rockab', surf,
etc... Soit une belle brochette d'allumés subversifs adeptes du
one-two-thee-four basique (Guerilla Poubelle, The Rebel Assholes, Bad
Chickens, Flying Donuts, etc...) parmi lesquels on notera les
présences plus familières des Greedy Guts, Ronnie Rockets
et Irradiates.
(www.myspace.com/mightyworms)
Les Parisiens Joyliner distillent cinq titres de
power pop sombre et finaude (à la Bob Mould par exemple) sur un
CD gatefold (N.A.I.L.) magnifiquement illustré par Mezzo.
(www.myspace.com/joyliner)
Il demande à être classé au
rayon punk blues, pas loin de Jon Spencer et Bob Log III. Alors soit...
Et c'est vrai qu'Alex Gomez assaisonne ses racines blues de
décharges électrisantes en dérapages plus ou moins
contrôlés sur lesquelles il crache des vocaux
méchamment dérangés qui sentent bon la gnôle
clandestine. (CD - Outdoor Kitchen)
(www.alexgomez.biz)
On se quitte au son du garage
psychédélique élaboré album après
album (on en reçoit au moins un chaque année depuis 2002
!) par The Mutant Press. Fan des Seeds et des Fugs comme du
Velvet et des Stooges, Jerome T. Youngman fait tout en solitaire. Sur
celui-ci (Don't Mess With Texas), sa voix lunaire flotte au-dessus des
nappes d'orgue et des riffs appuyés par une boîte à
rythmes bloquée sur un mode mid-tempo. Ce qui donne entre autres
des versions bizarroïdes mais prenantes de classiques plus ou
moins courus ("I Wanna Be Your dog", "Waiting For My Man" ou "Stimulant
Games"). Inclassable... A moins qu'il reste une place libre au rayon
"j'ai essayé toutes les dopes imaginables et je commence tout
juste à m'en remettre".
(www.500poundweaselrecords.com)
Voilà, c'est tout pour cette fois, on se
retrouve bientôt, d'ici-là vous pouvez écouter la
bande son de cette rubrique, c'est le Mighty Dig It ! Radio Show sur
Canal Sud à Toulouse et sur le Web tous les jeudis à
21h30. Passez par notre site et cliquez sur un des liens vers
l'émission, c'en est truffé :
(www.chez.com/digitfanzine)
Gildas Cosperec
digitfanzinearchives@gmail.com
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