CHRONIQUES
DIG IT # 44

PIERCED ARROWS

    Dead Moon est mort, vive Pierced Arrows ! Fred et Toody Cole ont beau frôler l’âge de la retraite et de la guitare sèche au coin du feu, les voilà repartis sur les routes après avoir débauché un nouveau batteur, Kelly Halliburton. Rien à voir avec la firme qui se fait des couilles en or grâce à la guerre en Irak, ce serait le fils d’un organiste avec qui Fred a joué au sein d’Albatross au début des seventies, on reste en famille ! Après un 45 tours et deux concerts publiés sur leur site en guise de teasing, ils viennent de sortir Straight To The Heart... Droit au coeur, un titre en forme de profession de foi pour ce premier album, toujours mono et sur leur propre label Tombstone Rds. Ce qui change ? Ils ont enregistré dans un studio ! Un vrai ! Du genre où la guitare sonne comme un aspirateur que si on le fait exprès ! Avec les dernières galettes de Dead Moon, ils avaient atteint des sommets dans le cryptique fait maison. Leur garage punk est toujours aussi cru qu’un sushi de yakusa, mais le son s’est musclé, l’ambiance tirant souvent vers la country velue, avec un quota de ballades légèrement en baisse et un nouveau batteur plus expansif (plus “hard rock” selon certains) que l’ex-Dead Moon Andrew Loomis (qui joue maintenant avec The Shiny Things). L’intensité, l’émotion, les voix glapissantes et le sens du refrain qui cloue le cortex sont en tout cas toujours là. Douze titres prenants et roboratifs, dont quelques classiques déjà mémorables : les virulents “Frankenstein”, “In My Brain”, “Guns Of Thunder”, ou les émouvants “Caroline” et “C-U”. Petite entorse à leur orthodoxie vinylique : leur version de “Mr Soul” de Neil Young est en bonus sur le CD.
www.piercedarrows.com
Tombstone Records, PO Box 1463,
Clackamas, Oregon, 97015 USA


THE ROMANEE COUNTEEZ

    Les militants bourguignons de la S.O.A.F. (Sonic Oenologic Action Front !) nous livrent leur première cuvée, et c’est pas de la piquette qui rend aveugle ! Goûtez-moi cette rondeur du son, ces arômes sixties (“Big Show Time”), ces pointes de reverb’ velue (“Deviant Blues”) et de glam riffu (“Glory Hole”), cette note de swing psychédélique (“The Trip” ou “Sugar And Spy”), ces tannins groovy qui restent sur les dents (l’irrésistible “City Limits” ou “The Romanée Counteez Party”, hommage au “Let’s Get Funky” de Hound Dog Taylor). Vinification naturelle et sans sulfite garantie. Onze titres mâtures, denses, fermes, bien chargés en alcool, évoquant les terroirs hexagonaux de BDK & The Roller Coasters pour l’abattage et de la bande Larsen pour la touche classieuse. A boire à la bouteille. Tavernier, remettez-en un tonneau !
myspace.com/theromaneecounteez


CELLOPHANE SUCKERS

    Disparu corps et biens depuis quelques années, le combo de Cologne surgit des brumes avec un cinquième album au titre improbable, Bonjour Mon Capitaine, sur le petit label High Noon Rds. A leurs débuts, au milieu des années quatre-vingt-dix, ils faisaient partie des cancres fendards et bordéliques du punk européen, avant de virer de bord pour un quatrième disque plus posé. Toujours emmenés par leur batteur/producteur Christoph Rath et leur chanteur moustachu, le charismatique Markus, un sacré bouffeur de micro exilé depuis à Berlin, les Suckers sillonnent à nouveau les flots apaisés mais toujours tumultueux du “classic punk”. Un démarrage saccadé lorgnant vers les ados fans de new rock, quelques bordées débridées et flamboyantes, des plages de punk’n’roll éternel à la New York Dolls, une petite escale chez les précurseurs scandinaves du heavy punk, Union Carbide Productions, pour une belle version de “Be Myself Again” (décidément, ils persistent à reprendre les mêmes groupes que le Jerry Spider Gang !), et un instru qui part en vrille pour conclure. Bien joué, moussaillons !
www.cellophane-suckers.de
myspace.com/highnoonrecs

NINE POUND HAMMER

    Autres revenants, les péquenots punks du Kentucky remontent sur leur tracteur pour nous labourer les tympans sans pitié. Depuis leur come-back avec Kentucky Breakdown en 2004 et Mulebite de Luxe l’année suivante, tous deux sur Acetate Rds, on était sans nouvelles des Nine Pound Hammer. Finalement Blaine Cartwright a momentanément lâché Nashville Pussy pour rejoindre son vieux pote Scott Luallen, replonger dans le cow punk qui sent le bourbon et le maïs grillé, et rendre un nouvel hommage au cowboy blue grass Bill Monroe, qui grava la chanson “Nine Pound Hammer” en 1936. Il aurait sûrement apprécié le titre de leur nouvelle galette : Sex Drugs & Bill Monroe. Nos deux alcooliques, pardon acolytes, ont recruté une rythmique genre caterpillar coupé de marteau-piqueur et ça décalamine sévère, au galop droit sur la bière, à coup de refrains sloganesques (“Everybody’s Drunk”) et de vieux standards martyrisés (“Black Sheep” de John Anderson), plus une ou deux excursions vers de la country plus civilisée mais toujours sarcastique (“Mama’s Doin Meth Again”). Bourrin et jouissif, digne de leur grande époque sur Crypt Rds, quand leurs sauts de bisons en chaleur faisaient trembler le plancher de la salle FMR.
myspace.com/ninepoundhammered
www.acetate.com

MONDO A GO-GO

    Palme d’or du concept le plus saugrenu du trimestre à ces écossais découverts sur la compil Trash Is Neat, sulfureux hommage aux Cramps à télécharger (légalement !) sur le net. Après In Go-Go We Trust (1998) et Cry Of The Blonde Goddess (2002), ils ont dédié leur troisième opus, Mondo Franco, à Jesus “Jess” Franco, le pape du nanar ibérique !
    Un phénomène : environ deux cent pelloches au compteur (sous tellement de pseudos que personne ne connaît sa filmographie complète !), il a débuté comme assistant sur le Falstaff d’Orson Welles avant de tourner à la pelle, à toute allure et suivant le vent sans scrupule, des films d’horreur, de SF, westerns, polars ou pornos plus ou moins soft, collaborant quand même avec Christopher Lee ou Klaus Kinski, torchant au passage quelques perles du cinéma bis (de l’onirique Venus In Furs au glauque Dr Orloff), saupoudrant allègrement de scènes sadiques et cinglées des scénarios minces comme le larfeuille d’un oublié de la croissance. Bref, un mythe pour les fidèles de Mad Movies et de nanarland.com.
    Fan de jazz, il a signé la bande-son de nombre de ses oeuvres. Il a même mis en scène dans deux navets récents ses compatriotes du gang pop-punk The Killer Barbies, rebaptisés Killer Barbys sur les affiches (devinez pourquoi). Dans cet univers haut en couleur, les Mondo A Go-Go n’ont pas eu de mal à puiser seize thèmes naviguant du lounge au jazz zarbi, de l’horror rock décalé au psychédélisme bruitiste, en passant par du garage rock vigoureux (un “Venus In Furs” signé Manfred Mann), des ballades inquiétantes (“La Ballade De Lina” chantée en français par une des deux filles appelées en renfort) et du groove laid-back fleurant bon le désert et l’eau de feu (“The Nightmare Comes At Night”, et ses sifflottements à la Ennio Morricone). Ils ont réussi leur coup, donner envie d’explorer leur discographie et de replonger dans ces pellicules aux titres évocateurs : “Mondo Cannibale”, “La Contesse Perverse” ou “Dracula Contre Frankenstein”. Attention, tirage ultra-limité : cent exemplaires seulement.
myspace.com/mondoagogorocknroll
www.radiumdial.co.uk

FIX-IT

    Formés d’anciens Jetsex, Cavaliers ou Four Slicks, ce nouveau gang parisien a bloqué le compteur de la machine à remonter le temps sur 1977. Leur premier album est un maxi 45 t  (gros son assuré) huit titres auto-édité et distribué par Born Bad, qui charrie du punk ferrailleur et tendu d’où émergent des vocaux hargneux (au délicieux petit accent frenchy) et des choeurs de hooligans en manque de bière, ce qui est bien la moindre des choses quand on revendique l’héritage des Circle Jerks et autres Spermbirds. Ça roule, ça tricote, ça déborde d’adrénaline et les refrains déménagent. Du parigot punk qui n’a plus rien à envier au pastis punk marseillais !
www.myspace.com/fixit77

DAMAGED GOODS

    Découvrir un nouvel album de Billy Childish, c’est comme siroter son pur malt préféré, on sait à quoi s’attendre, on ne risque pas d’être déçu, on finit toujours par flairer un arôme indétecté. On peut aussi se l’enfiler cul sec, ça récure le gosier ! Dans Thatcher’s Children, troisième album de Wild Billy Childish & The MBE’s, il poursuit son exploration au cran d’arrêt des recoins les plus sombres de l’histoire de son pays et de son propre esprit, débitant de nouvelles tranches de garage punk oppressant (“Again And Again”) et acéré (le morceau éponyme, disponible en single couplé à l’inédit “Transition Boyfriend”), payant au passage un nouveau tribut aux Who (“Loray Head”) ou à Link Wray (l’instru “Dole Drums”). Il laisse aussi de plus en plus de place à sa copine Julie aux vocaux, ce qui nous vaut quelques titres plus primesautiers comme “I’m Depressed” (hé hé) ou l’adaptation enjouée du “Bad Reputation” de Joan Jett sous le titre ironique de “Back Amongst The Medway Losers”. (www.billychildish.com)

    Depuis ses débuts avec les Headcoatees, Holly Golightly s’est construit un pédigrée long comme un jour sans punk : une bonne quinzaine d’albums, et des collaborations avec Billy Childish donc, mais aussi Dan Melchior, les White Stripes, Greenhornes, Mudhoney, Rocket From The Crypt, Sexton Ming, The Flaming Stars... L’an dernier, elle s’est acoquinée avec le one-man-band guitare/batterie Lawyer Dave, un américain qui sévit sous le nom de The Broke Offs (un album Rest Stop en 2005 à télécharger en partie sur son site).
    On a loupé leurs débuts sous le nom de Holly Golightly & The Brokeoffs (You Can't Buy A Gun When You're Crying, déjà sur Damaged Goods), mais ce deuxième album vaut son pesant d’alcool de contrebande. Enregistré en cinq jours, au milieu d’une tournée européenne, à Circo Perrotti, le studio analogique de Gijon réputé pour son matos vintage, Dirt Don’t Hurt est une collection de country-folk oldies et de blues antiques au son limpide, chantés à deux voix, portés par des percus minimales, nappés de pincées de slide et de feedback fantomatique, parfois enlevés (les singles “Hug You...” et “My 45”), parfois dans la veine mélancolique des Dead Brothers (“Slow Road” ou “Indeed You Do”).
(www.thebrokeoffs.com - www.hollygolightly.com)

    Ceux-là ont joué avec Adam Ant, Siouxsie & The Banshees, Iggy Pop ou Sinead O’Connor. Marco Pirroni et Chris Constantinou ont formé The Wolfmen en 2005, et ont collaboré depuis avec la légende du Punjab pop (!) et de Bollywood, Daler Mehndi, mais aussi Primal Scream, Lou Reed ou Alan Moulder, producteur des Arctic Monkeys (hum) et U2 (urgh !). Drôle de palmarès ! Après quelques singles remarqués outre-Manche, ils ont choisi Damaged Goods pour leur premier album, Modernity Killed Every Night, preuve qu’en vingt ans le label londonien s’est taillé une réputation flatteuse. On s’attendait à tout sauf à ce cocktail glam-pop-garage-groove-électro-psyché, sorte de mix improbable entre XTC, Paul Collins, les New York Dolls, Suicide et les Flaming Stars. Enrobées dans une production chatoyante, basées sur des guitares bien grasses et un beat hypnotique, s’élèvent des mélodies lysergiques d’où jaillissent des flashs de flûte groovy, de zigouigouis spatiaux, d’harmonica bluesy ou de reverb’ twangy. Etonnant ! (www.myspace.com/thewolfmen)

    Le label british continue à débiter en 45 tours le nouvel album du troubadour Pete Molinari. Sur son dernier single figure “One Stolen Moment”, déjà édité sur un précédent EP en version alternative (ça tourne en rond !). Le son est plus léché (logique, quand on passe de la cuisine de Billy Childish aux studios Toe Rag), et la voix toujours aussi cristalline. Un beau moment de grâce et d’émotion, couplé à un extrait du premier LP, “Love Lies Bleeding”, et en guise d’inédit, une version acoustique de “The Poets Dream” des Buff Medways. Les fans collectionneurs se jetteront dessus, les autres peuvent attendre l’album.

www.damagedgoods.co.uk

DEAD BEAT RECORDS

    Un des grands moments du deuxième album de Motorama, à l’intitulé prometteur (Psychotronic Is The Beat) est justement une reprise fumante de “Damaged Goods” des Gang Of Four. Attention, oubliez le groupe punk canadien, ou les rockab’ argentins homonymes, il s’agit bien du duo guitare/batterie Daniela et Laura, deux vamps romaines émoustillantes et agitées qui font à elles deux autant de boucan qu’une horde de tifosis réclamant un péno imaginaire. “Black And White”, “Tiki Tramp”, “Gossip Reputation”, “Superalcoholic”... Autant de brulôts garage punk minimalistes, rageurs et efficaces. Les Oblivians croisant Margaret Doll Rod dans un club de motardes azimutées. D’ailleurs Margaret participe au titre final, “If You Could See Me”, morceau le plus calme et introspectif de cet ouragan primitif de percus, de watts et de fuzz. (www.myspace.com/motoramaitaly)

    On sait que le label de Cleveland a une tendresse particulière pour les groupes européens. Juanita Y Los Feos viennent de Madrid, et s’arrogent au passage le trophée du lettrage de pochette le plus illisible de la fournée. Cette Juanita a de la personalité et elle piaille ses vocaux (en espagnol) un peu à la façon de Cécilia à l’époque des No-Talents. Ultra brut de décoffrage et exécuté avec une détermination toute madrilène, ce premier album tient la route jusqu’au bout, en dérapant tranquille du garage rock possédé (“L’Abujero”) au punk secoué (“El Huracan Ha Llegado A Vietnam”), en passant par la new wave cryptique (“No Tengo Ritmo”). (www.purevolume.com/juanitaylosfeos - myspace.com/juanitaylosfeos)

    Ouch ! Les Bill Bondsmen de Detroit oeuvrent dans le hard-core teigneux et speedé. Ils ont beau mouliner comme des cyclistes sous EPO de cinquième génération, reprendre un gang poétiquement nommé Feisty Cadavers, et cracher des textes virulents dans des chansons appelées “Si Tu Veux Une Image Du Futur (Imagine Une Botte Ecrasant Un Visage Humain Pour Toujours)” - merci Orwell ! - ou “Un Oiseau Dans La Main Signifie Que Tu Es Mort Depuis Quelques Jours” (!), j’avoue que ce n’est décidément pas ma tasse de tisane. Mais les fans du genre qui ne sont pas encore sourds devraient apprécier ce Swallowed By The World. (myspace.com/thebillbondsmen)

    Le surprenant Mac Blackout de Chicago avait pris l’habitude d’enregistrer en solo dans son living room les premières versions des morceaux qu’il composait pour ses groupes Functional Blackouts et Daily Void, deux piliers de Dead Beat. Il a fini par faire écouter ses bandes au boss du label, si impressionné qu’il a publié illico ce premier album sans titre (et dans la foulée le deuxième, The Rabbit Babies, il est fan !). A la première écoute, j’ai laissé tomber au bout de trente secondes et planqué le CD sous la pile. De furieuses giclées électro à jeun, ça le fait pas toujours... En y revenant, il faut reconnaître que ce cinglé a créé un univers étonnant, un croisement trash, spatial et hypnotique de Kraftwerk et des Electric Eels, entre bruitages industriels cheapos et voix tritouillées, synthés kitch et fuzz qui craque, bruitisme expérimental et énergie punk. Tour à tour marrant ou irritant, parfois franchement prenant. “I Came From Another World” proclame le dernier morceau. CQFD. (myspace.com/macblackout)

www.dead-beat-records.com

VOODOO RHYTHM

Brothers and sisters, voulez-vous sauver votre âme rock’n’roll ? Voulez-vous voir la lumière ? VOULEZ-VOUS ENTENDRE LES DECIBELS ? La Blues Trash Church vous attend ! Et le premier qui ricane, que Saint Hasil le foudroie d’une décharge de chevrotines ! Rassurez-vous, l’Eglise du Révérend Beat-Man utilise l’eau de feu comme eau bénite et le “surreal folk blues gospel trash” en guise de cantiques.
    Depuis qu’il a eu la révélation en 99 et s’est rebaptisé Révérend, l’ami Beat-Man est en pleine ascension. En 1980, à treize ans, il commençait à enregistrer sous le nom de Taeb Zerfall (!) et bricolait une première ébauche de label, Zerfall Tapes, en distribuant des cassettes à des potes. En 2000, il s’est mis à bosser à plein temps sur Voodoo Rhythm fondé huit ans plus tôt, qui de bastion trash et lo-fi s’est imposé comme une référence dès qu’on touche aux racines rock’n’roll, country, blues ou cajun. Bel exploit pour un gars basé à Berne, Heidiland, qui a de plus mené en parallèle les redoutables Monsters et une carrière mouvementée en one-man-band. Maintenant, on guette chaque nouvelle livraison Voodoo Rhythm la bave aux lèvres. Ce trimestre, elle méritait bien une page, d’autant que le révérend vient d’accoucher du troisième volet de son grand-oeuvre.

    Après nous avoir pourri les oreilles, il s’attaque aux nerfs optiques ! Surreal Folk Blues Gospel Trash Vol 3 est un superbe DVD, dix-huit vidéos de morceaux tirés des deux premiers volumes, avec dix-sept réalisateurs différents, déboulant des quatre coins de l’Europe, rétribués en “nourriture, alcool et bon temps” dixit Beat-Man. Musicalement, tout est dans le titre. Au niveau visuel, les expérimentations vont bon train.
    Après une intro où le révérend, arborant un faciès de zombie sous un éclairage blafard, balance un prêche en suisse allemand, ça démarre classique avec l’intense “Jesus”, illustré par un baptême pentecôtiste aux couleurs sépias. La mine austère, il mène son troupeau à la rivière et bascule tout le monde dans la flotte. Mais dès “I’ve Got The Devil Inside”, il apparaît en prêtre défroqué dans un noir et blanc stroboscopique, en camisole de force ou sur une chaise électrique, soumis à la tentation par deux diablesses. L’ancestrale lutte du Bien et du Mal ! Par la suite, on le voit aussi s’arsouiller dans un club de strip tease avant de dégueuler lamentablement son Isle Of Jura dans le lavabo des toilettes, on le retrouve étendu dans une mare de sang chantant “No Hope”, en catcheur mexicain dans un show burlesque sado-maso (“Our Girls”), proposant la crucifixion en guise de nouvelle danse à la mode (“Jesus Christ Twist”), ou se mettant lui même en scène dans son salon paré de squelettes, d’images pieuses et de vierges en plastique. Le délirant kaléidoscope est complété par des images d’animation inventives, des collages surréalistes et flashy, des paroles projetées sur des corps nus ou des marionnettes à la Muppet Show illustrant le manifeste final, “The Beat-Man Way”. Une heure trippante dans l’univers loufoque, macabre et caustique de notre héros. La relève est assurée à en juger par les apparitions sur “The Clown Of The Town” du fiston Screaming Chet Zeller qui grimace et maltraite sa gratte comme papa.

    On mesure le chemin parcouru en réécoutant Wrestling Rock’n’roll de Lightning Beat-Man & His No Talent, son premier album solo publié à l’origine en 94 sous forme de 25 cm par Record Junkie, chez qui Beat-Man a appris les arcanes de l’édition discographique, et qu’il vient de rééditer sur Voodoo Rhythm. A cette époque, déguisé en catcheur mexicain, il envoyait du rock’n’roll sauvage, primitif, déjanté et aussi applatissant qu’une manchette du grand Zarak, teinté de garage et de blues, hanté par Jack Starr et Hasil Adkins, braillé d’une voix gravillonneuse agrémen-tée de bruitages buccaux inédits, ponctué d’extraits de film d’horreur, de chapelets de gros mots ou de gémissements de fans pleurant Elvis en guise d’interludes.
    Ce dernier détail et des morceaux comme “Baby What’s Going On” ou “It’s Never Too Late” annonçaient les incarnations suivantes du bonhomme : Elvis Beat-Man, l’Elvis trash, (voir le mythique 45 tours Zombie Dance avec les Space Beatniks de Toulouse en 97 !), et bien sûr le sombre et torturé Révérend.

    Il a en tout cas toujours eu le don de dénicher des excentriques flamboyants comme Possessed By Paul James ou CW Stoneking. Cette fois c’est King Khan qui l’a branché sur Andy Dale Petty, un gamin de vingt et un ans qui voyage de train en train comme un authentique hobo. Bluffé par sa voix “parfois tellement fausse que c’en est beau à écouter”, Beat-Man l’a coincé dans un studio pour lui faire enregistrer ce premier album. All God’s Children Have Shoes est une collection de reprises (Dylan, Johnny Cash, John Fahey), de standards folk (“Joe Hill”, “The Coo Coo Bird”), de trad gospel et de chansons de cowboy mélancoliques, simplement accompagnés d’une guitare limpide ou d’un banjo sautillant, avec quelques touches d’orgue ou d’harmonica. Candide et rafraîchissant. Comme le dit poétiquement King Khan : “Son jeu de guitare et son hobosexualité préservent les fruits de la nation dans une jarre plutôt que dans une boîte de Petri.” (myspace.com/andydalepetty)

    Avec Hipbone Slim And The Knee Tremblers, on retrouve un trio mythique du garage rock british : le batteur Bruce Brand (Pop Rivets/Milkshakes/Mighty Caesars/Headcoats/ Holly Golightly...) et le bassiste John Gibbs (Kaisers/Waistcoats/Masonics/Wildebeests...) accompagnant l’increvable Sir Bald Diddley (qui joue aussi en ce moment avec The Snags, Sir Bald And His Wig-Outs, The Nine Ton Peanut Smugglers, The Legs, Juke Boy Barkus & Baldie McGhee, Louie and the Louies et on en oublie sûrement !). The Sheik Said Shake, leur troisième galette sur Voodoo Rhythm, est une nouvelle démonstration de wild R’n’R vintage et percutant, qui dérive volontiers vers le rockabilly hanté, le diddley-beat orientalisant, le boogie blues rapeux ou le R&B fringant, en passant par une cover de “Pempelem”, un single signé Azie Lawrence, devenu un collector pisté par les DJ soul sixties. Quatorze titres imparables, huit enregistrés à Londres avec Ed Deegan et le reste à Gijon avec Jorge Explosion. Du rock’n’roll qui fout la banane ! (myspace.com/hipboneslim)

    Derniers hurluberlus de cette fournée, Zeno Tornado And The Boney Google Brothers sont les rois du “blue grass punk” suisse ! Sur leur troisième opus, Rambling Man, toujours armés de leur panoplie honky tonk (banjo, violon et autres yoddles), ils ajoutent à leur blue grass fougueux du country rock sautillant à la Commander Cody (“Sober”), une touche rockab’ vitaminée (“She’s My Neighbour”) et des bizarreries plus osées, comme les vocalises contorsionnistes du possédé “Bullet On My Mind”. Sortant aussi des sentiers battus du revival country, le tube “Blood” gicle avec une intensité digne des Violent Femmes. Beat-Man appelle ça la “Progressive Country”. Ajoutez la production lumineuse de Bob Drake (sorte de légende de l’avant-garde et du progressif ayant déjà bossé pour Voodoo Rhythm avec les Dead Brothers, Stinky Lou et Mama Rosin), et des paroles souvent hilarantes qui dans un univers de douleur et de mort racontent aussi les difficultés de la sobriété, la voisine accro à la coke ou la fille du bal qui bastonne comme Bruce Lee. Bref, le must rayon cow-boys qui dégoupillent ! (www.zenotornado.com)
    Plus d’une fois Beat-Man a paru sur le point de mettre la clé sous la porte mais Voodoo Rhythm continue à ensorceler les bacs des bons disquaires. Espérons que ce soit pour l’éternité ! Prochaine sortie prévue : un deuxième album des Guilty Hearts.

Sylvain Coulon

Voodoo Rhythm, Wankdorf-Feld-Str. 92,
3014 Bern, Suisse
www.voodoorhythm.com
info@voodoorhythm.com


K. STOLTZ & THE DIRTBOMBS LIVE

    Le Réservoir de Périgueux, curieusement rebaptisé le Sans Réserve, est accolé au fameux gymnase du Toulon où se tenaient les concerts de hard rock dans les années 80 (j’ai failli y voir Motorhead il y a bien longtemps, mais la bande à Lemmy a pris ses cliques et ses claques quand on leur a demandé de baisser le son !). Comme toutes les salles subventionnées, c’est un endroit fonctionnel, super équipé, juste un poil policé, à la programmation rock’n’roll erratique, mais ce soir les Dirtbombs viennent y secouer la porcelaine et étrenner leur nouvel album, au beau milieu d’une imposante virée européenne.

    En première partie, un insolite personnage avec qui ils ont déjà tourné aux Etats-Unis : Kelley Stoltz, de San Francisco. Jamais entendu parler, malgré ses cinq ou six albums. Visiblement les Dirtbombs sont sous le charme, ils se mèlent au public dès le premier morceau. Mick, nonchalamment adossé à un mur, Pat, Ben et Troy, bières à la main plantés devant la scène imposante. Ko, elle, danse frénétiquement avec une gamine du coin arborant un tee shirt Dirtbombs. Faut dire que le bonhomme sait installer une ambiance, alignant les perles pop délicates ou vigoureuses, parsemées de flashs psyché, portées par ses vocaux qui évoquent le Ray Davies de la fin des sixties. Deux guitares, orgue, batterie, basse et une arme secrète, un multi-instrumentiste qui alterne allègrement le saxo et le xylophone, en passant par le theremin et autre flutiau bizarroïde. A la fin du set, sur un fond musical planant à souhait, Kelley barre dans un délire vantant les autoroutes françaises et leurs restaurants Flunch, avec lesquels il a monté une grande loterie permettant à un quidam de jouer avec eux ce soir. Impertubable, il invite le vainqueur du soir, un certain Patrick Vallette de Lille, à monter sur scène, et Pat Pantano, sérieux comme un pape, prend place à la deuxième batterie, tandis que Kelley poursuit son sketch (“Hey, il paraît que c’est la première fois que tu joues en public !”) avant de se lancer dans une version bruyante et débridée de “I Can’t Stand It Anymore” du Velvet. Son dernier album, Circular Sounds, paru sur Sub Pop confirme cette double influence Kinks-Velvet (notamment l’irrésistible hit “Birmingham Eccentric”), agrémentée d’harmonies vocales à la Beach Boys, de mélodies aériennes ou d’effluves de psychédélisme millésimé Summer Of Love. Une vraie découverte ! (www.electriccity.org - www.subpop.com)
    Les jeunes et sympathiques Fish Eye, un gang garage pop local, assurent un intermède qui se conclut par une cover de “Psychotic Reaction” pas vraiment psychotique mais qui démontre qu’ils sont sur la bonne voie. Puis les deux percussionnistes du gang de Detroit investissent la scène pour lancer l’intro applatissante de “Leopardman”.
    A en juger par ce qu’on nous a raconté de leurs récents délires scéniques, à Paris par exemple, on peut dire à posteriori que les Dirtbombs ont offert au public pétrocorien le service minimum. Mais c’est déjà énorme ! Le son est surpuissant, en tout cas à un mètre de la scène. De là on n’entend pas trop les voix, mais c’est le bon coin pour ressentir leur maelström sonique vous malaxer le plexus, et apprécier les poses de Mick Collins, silhouette massive qui tyrannise sa gratte avec furia et classe. La set-list est plutôt pêchue et riche en tubes pétaradants (“The Sharpest Claws”, “Headlights On”, “Trainwreck”), en groove tendu (“Underdog”, “Chains Of Love”), et bien sûr en extraits du dernier album (“I Hear The Sirens”, “Sherlock Holmes”, “Ever Lovin’ Man”...). Pat et Ben assurent un beat d’enfer derrière leurs tambours, sans en rajouter. Ko tire des sons de plus en plus curieux de sa basse fuzz, comme les zigouigouis grinçants de “Wreck My Flow”, tandis que Mick agite les bras tel un sémaphore en folie, aussi proche de la transe électro-rock qu’on puisse l’être sans une once d’électronique ! Troy envoie des lignes sinueuses et torrides en assénant des choeurs parfois bien barrés (les bom bom bom doo-wop de “Indivisible” par exemple). Tandis que la salle, honnêtement remplie, s’agite et se tortille gaiement, une bande de jeunes gonflés d’hormones se lancent dans un pogo effréné. Mick lève un sourcil et indique : “Hey, on est un groupe de dance music, pas de mosh metal !” Ce sera sa seule intervention du show. Vers la fin, ils amorcent un délire bruitiste, les batteurs commencent à se lâcher avec fureur, Pat cognant comme une brute sur sa caisse claire aspergée d’eau, dans de grandes gerbes d’éclaboussures, sur une version proprement apocalyptique de “We Have You Surrounded”. Un grand moment d’énergie brute ! En rappel, ils redeviennent un dance band et balancent leur cover du tube d’INXS “Need You Tonight”. Tous les rockers détestaient ce morceau à l’époque, mais relifté par les Dirtbombs, ça fait grimper sur la table !
    Après le show, on discute le coup avec Troy Gregory, toujours aussi allumé et extraverti. Il ne manque pas de projets : un film bien déjanté sur le feu (World War Love, un teaser foutrement psychotronique circule sur Youtube), un album noise avec sa femme Laura, une possible reformation des magnifiques et sous-estimés Witches, deux nouveaux disques avec Nathaniel Mayer (en espérant que ce dernier se remette rapidement de sa nouvelle attaque cérébrale), dont un album de reprises pour lequel ils ont prévu “Let’s Dance” de Bowie, Motorhead (!) ou Kiss (!!!).
    Un kid de Périgueux surgit, affublé d’un tee shirt Metallica (groupe pour lequel Troy avait postulé pour remplacer leur bassiste !), qui s’avère être un musicien en herbe. Après quelques échanges, Troy lui raconte sa vie avec son habituel débit mitraillette, et conclut devant le gamin moitié perplexe moitié admiratif : “Surtout fais ce qui te plaît, ton propre truc, quel que soit le style, comme moi, j’ai fait de tout, noise, punk, électro, psyché, metal, garage... indescriptible... Ouais, c’est ce qu’il y a de mieux, l’indescriptible!”

www.thedirtbombs.net

POUR LA ROUTE

    Nouveau EP trois titres pour le trio de New-York Triple Hex, toujours produit par Matt Verta-Ray (Speedball Baby, Heavy Trash etc.) : “Scratch My Back”, du bon vieux rock’n’roll râpeux aux relents crampsiens, “Bo Peep”, un hommage anecdotique et prémonitoire à Bo Diddley, et une version pleine de feeling quoiqu’un peu longuette de “Shakin’ All Over”. (www.myspace.com/triplehex - Thigh High Records, 12 Stagg St 3RB, Brooklyn, N.Y. 11206 USA)

    Ils sont jeunes, les cheveux longs flottant au vent, souriants comme des gamins devant une glace dégoulinante, Thee Makeoutparty feront au moins craquer vos petites soeurs ! Deux ou trois singles dans le paletot et le quatuor californien se fend d’un premier album, Play Pretend, farci de chansonnettes power pop énergiques et agréables (dont un “Wreckless Epic” sympathiquement référentiel), sur Teenacide Rds, label de L.A. adepte du pop punk acidulé et estival. (myspace.com/theemakeoutparty - teenaciderecords.com)

    Rayon power-pop estival, mais en nettement plus riffu, on vient de découvrir les Cocktail Slippers, cinq filles d’Oslo dont le deuxième album, Mastermind a été publié aux Etats-Unis par Wicked Cool, le label de Steve Van Zandt. Un croisement Blondie/Runaways qui vire garage musclé, pop punk Ramonesque, et dérive occasionellement vers le punk pour ado aux refrains héroïques. Elles n’ont plus fait grand chose depuis leur single de Noël l’an dernier, mais pourraient titiller les amateurs de gros riffs au coeur tendre. (http://cocktailslippers.com)

    Ne loupez pas la version vinyle de cette judicieuse réédition des Espagnols Munster Rds, déjà vantée dans le dernier numéro. The Original Recordings - Singles And Unreleased 1995-1997 rassemble les trois premiers singles et neuf inédits enregistrés par le line up d’origine des Detroit Cobras. Du 180 grammes enrobé dans un luxueux emballage gatefold avec un historique généreux en anecdotes en guise de notes de pochette. On y apprend par exemple que Mick Collins et Scott Morgan avaient été contactés pour prendre les vocaux ! On aurait été ravis d’entendre ça, mais sans Rachel Nagy, copine du groupe embauchée à la dernière minute, et son timbre aussi chaud que le soleil du désert mexicain, la planète soul n’aurait peut-être pas été autant tourneboulée. (www.munster-records.com)

    Après une poignée de CD roulés sous les aisselles mais au design de plus en plus pro, Mike & Disi concluent leur période folk par une compil de prises alternatives intitulée Die Udda Takes. L’occasion pour les quelques privilégiés avec qui ils correspondent (et les auditeurs du Mighty Dig It! Radio Show) de réécouter des reprises touchantes et fidèles, quoique minimalistes jusqu’au trognon, de “Norwegian Wood” des Beatles, “Don’t Come Close” des Ramones, “Dead End Street” des Kinks ou “Heart Of Gold” de Neil Young, mais aussi de vieilles scies hillbilly bien cintrées comme “Peg & Awl” et quelques originaux poignants : l’addictif “Social Parasite” ou la ballade-qui-fout-les-poils “Love Is Just”. En vadrouille en Grande-Bretagne, ils ont noué des liens avec d’autres allumés folk. Sérieusement dépoussiéré ces dernières années, le genre n’évoque plus uniquement des vieilles dames en sabot ou des bardes barbus. Espérons que nos deux héros gardent la flamme, car Mike affirme ne pas savoir s’ils en feront d’autres. Ils ne dépareraient pourtant pas dans la meute rassemblée par Voodoo Rhythm par exemple. (ratholesheikh@yahoo.com)
    Et voilà qu’à l’heure du bouclage, Disi nous envoie de Linz un nouveau morceau, spécialement composé pour nous et inspiré par les récents déboires de la centrale du Tricastin.  Sur fond d’accordéon musette mutant, de yoddles atomiques et de vocaux dopés au pinard contaminé, “Radio Activity” déroule des paroles pas piquées des hannetons qu’on vous livre en hommage à tous les irradiés passés, présents et futurs !

Radio activity
It’s in the air for you and me
Radio activity
Pour moi et toi et Sarkozy
Radio activity...

Radioaktivität
Für dich und mich im all entsteht
Radioaktivität
In my fromage et my baguette
Radioaktivität...

Radioactivité
In my vin rouge et mon café
Radioactivité
It makes me feel égalité
Radioactivité...

Yodel-ay-ee-dee...


    Note : On peut maintenant écouter Mike & Disi ici :
http://www.soundclick.com/bands/default.cfm?bandID=400527&content=music

Sylvain Coulon

THE HOLY CURSE

    Comment ai-je pu zapper cette chronique la dernière fois ! Pourtant on la remarque cette pochette orange et bleu pétards, avec un chien des enfers au regard sanguinaire, trip quasi stoner... Enfin, l’erreur est maintenant réparée.
    Troisième album pour le gang parisien qui a passé la surmultiplié et s’est donné les moyens de ses envies ; L’Australie, le Japon, les Etats-Unis... Et en plus les bougres ils en ont profité pour enregistrer avec quelques unes de leur idoles, Deniz Tek (Radio Birdman) à Sidney et Jim “Magic Fingers” Diamond à Detroit. Le résultat est plutôt séduisant. Au plus près de l’os, moins alambiqué, sans les fioritures qui polluaient quelques peu leurs disques précédents. Peut-être qu’en perdant un guitariste ils ont gagné en mordant et en spontanéité. En tout cas, les guitares hurlent, les tempos sont soutenus et même quand ça se calme un peu la tension est maintenue intacte comme sur les énormes “Bye bye preacherman” et surtout “Shit happens” qui capte toutes les vibrations blanches du blues de Detroit. Aux antipodes c’est pas mal non plus avec l’excellent “Music and the noise” qui fait figure de futur classique hi-energy. Rayon invités c’est pas du pâté avec Deniz Tek donc, Gary Rasmussen (Up, Sonic’s Rendez-Vous Band) et Mark Sisto (Visitors)... Ces croisés sont en mission et ils ne laisseront pas leur part aux chiens... Feed the Dogs.
(www.turborock.com)
(www.holycurse.net)

THE MORLOCKS

    Les égoutiers mutants  sont de retour plus de 20 ans après leur création quelque part en Californie du sud. Du line-up originel, seul Leighton Koizumi le chanteur a survécu et il a su s’entourer d’une équipe solide, rompue à l’exercice de style néo sixties, pour nous sortir un nouvel album, Easy Listening for the Underacheiver. Rien de neuf sous le soleil, du garage musclé avec un son moderne et des musiciens presque trop bons... ça fait plutôt dans le gros tatoué que le teenage festif, quoi! Enfin... Live c’est la même histoire, groupe super calé avec un Leighton impressionnant, mais ça reste calibré, un peu plat...  Quelques reprises à noter, “Get out of my life woman” d’Allen Toussaint, “Just a little bit” de Blue Cheer; l’ultra-convenu “Teenage head” des Groovies et le “Hate” des Stoics, morceaux que jouaient déjà les Gravedigger V, le premier groupe de L.K. Un album plutôt bon donc, mais sans surprise.
(www.godownrecords.com)

    On préférera se pencher sur la réédition de leur premier méfait, Emerge de 85, chez les italiens d’Area Pirata. A cette époque le groupe a un son ultra cryptique et ils paraissent... DANGEREUX !
(www.areapirata.com)
(www.myspace.com/themorlocks)

BANG !

    Bang ! c’est toujours la classe internationale, notamment avec cet album de Five Dollar Priest, un gang de “vieux”new-yorkais capable d’en démontrer à n’importe quel jeune chien fou à la lame sauvage (!)... Ouais parce qu’avec des gueules comme celles de Ron Ward (Speedball Baby) ou Bob Bert (Sonic Youth, Pussy Galore, Chrome Cranks) et des accointances avec Matt Verta Ray (Speedball baby, Heavy Trash), Jon Spencer et sa femme Cristina Martinez (Boss Hog), ainsi que James Chance (Contortions), i’connaissent plutôt bien le boulot. Côté musique on navigue entre les Chrome Cranks et la No-Wave, blues schizophrénique et noisy, un brin arty, voire parfois prétentieux mais pas suffisamment pour  qu’on s’en offusque “Pere Ubu jammant avec the Birthday Party, sous acide” comme le citent très justement les notes de pochette de Bang!... Et des fois ça frôle le sublime avec l’ambiant “Whiskey filled lips” ou l’hystérique “Cunty Lou” qui n’est pas sans rappeler l’allumé anglais Jake Vegas.
(www.myspace.com/fivedollarpriest)

    L’autre sortie du trimestre, c’est le deuxième album des Scoundrelles, le groupe mené par l’expatrié australien Tony Thewlis, membre des Scientists (de la grande époque fuzz hypnotique) et des Interstellar Villains. Depuis qu’il est sur le continent européen, il a tenu la guitare aux côtés de Chris Wilson dans les Groovin’ Flames avec la plupart des membres des nouveaux Barracudas...  Qui ne sont autres que les actuels Scoundrelles, capich?. Mais pour l’heure, intéressons-nous à cet album Atomic Batteries to Power... Un concentré de power pop ambiante, parfois noisy, enregistré entre Londres et Memphis (dans les célèbres studios Sun)... Et c’est plutôt bandant, notamment cette reprise de “Rocket USA” de Suicide, le très beatlesque “Don’t know why” de Neil Innes (qui faisait partie du Bonzo Dog Band puis créa le groupe parodique the Rutles avec Eric Idle de Monty Python) gravé chez Toe Rag ou les pures ballades à la Chilton (“Glidrose grilse”, “Present forever”, etc...), qui semble être l’influence majeure du groupe. Beau travail !
(www.myspace.com/thescoundrelles)
(www.bang-records.net)

ED KUEPPER

    ... N’est autre que le guitariste des Saints (celui des trois premiers albums mythiques), l’homme des Aints et des Laughing clowns et un artiste solo prolifique. Il revient sur le devant de la scène avec une série de live (déjà trois) édités par le label  australien Prince Melon Rds. Sur ce premier volume, on le retrouve plutôt incisif avec une formation à trois en compagnie de Jeff Wegener son vieux complice des Laughing Clowns et Peter Oxley des Sunnyboys. Et l’affaire est plutôt bien emballée. Son de stade (mais la musique ne l’est pas, donc ça passe...), musiciens inspirés et morceaux plutôt intéressants puisés dans toute la discographie du bonhomme; “Messin’ part. two” comme une suite de “Messin with the kids” du premier Saints, “la di doh” ou “the laughing clown” (des Laughing C..., justement!)... Car Ed a toujours aimé les flashbacks, appeler une chanson “Eternally yours” par exemple, du nom du deuxième album des Saints, etc... Tiens d’ailleurs il a un peu la même voix que Chris Bailey, en moins ample. Et au fait, c’est quand qu’ils se retrouvent ces deux là que leur liturgie reprenne un peu de couleur ?
(www.thekuepperfiles)

OFF THE HIP

    Alors que Rocket Science (le gang australien qui nous avait pas mal remué avec deux albums fracassants et un super 45t sur Voodoo Rhythm) s’apprête à sortir son nouvel album Different Like You, deux de ses musiciens, l’organiste/chanteur Roman Tucker et le batteur Kit Warhurst se sont acoquinés avec le guitariste de Dead South et une chanteuse d’origine anglaise pour monter The Ransome Brothers. Nom pas forcément très inspirant, et c’est malheureusement un peu pareil pour la musique. Pas que ce soit mauvais, mais sans magie et surtout Screamin’ Mimi (c’est comme ça qu’elle se fait appeler !) à une voix bien particulière, hmmmm... Une sorte de Paula Pierce (Pandoras) un peu forcée et pas toujours juste... Un poil trop de conviction peut-être. Dommage, parce que derrière ça envoie sacrément le bois entre garage, girl’s group et J.Thunders...
(www.myspace.com/theransomebrothers)

    The Creep Outs c’est l’histoire de deux mecs perdus dans la campagne anglaise, fans de musique et de foot (ben ouais, des anglais !) ; deux potes d’enfance qui décident de monter un groupe pour ressembler à leurs idoles (le Reigning Sound, Pavement et les Kinks) et qui se prennent peu à peu au jeu jusqu’à enregistrer cet album de folk & roll primitif. Un disque dénommé Hopeless Friend et qui n’est pas dénué d’intérêt... Plutôt très réussi même. On pense aux débuts de Metal Mike (vous voyez ce disque enregistré avec son frangin...), aux Soft Boys (“NYC”), au Velvet, Dylan, les Kinks effectivement (“You don’t have to lie”), Snivelling Shits, Swell Maps et autres décalés en tous genres. Belle découverte du label australien pour un des meilleurs disques du trimestre.
(www.myspace.com/thecreepouts)
(www.offthehip.com.au)

NO FUN RDS

    Si vous êtes d’assidus lecteurs de Dig It ! vous savez tout du label No Fun Rds, basé à Ann Arbor dans le Michigan. Entre autre chose qu’il est géré de mains de maître par Claudia Leo et Charlie Lorenzi, soit la moitié des Avatars, tous deux d’origine argentine... Et c’est bien là où je voulais en venir car, jamais, ils n’ont renié leurs origines et ils nous proposent ce trimestre de nous replonger dans ce rock’n’roll patagonique (!) avec l’intégrale d’un groupe culte, los Gatos Salvajes et le premier Long Player d’un combo surf de Buenos Aires, Los Kahunas.

    Le premier album de Los Gatos Salvajes (les Chats Sauvages) date de 1965. Groupe beat très influencés par la vague anglaise, ils connurent un énorme succès en Argentine en utilisant leur langue natale et en introduisant quelques mélodies issues du tango dans leur musique. Bon perso je trouve ça plus “gentil” que “sauvage”, mais c’est la même avec les Beatles... Et puis l’espagnol systématique, y a pas à dire, ça me fait toujours sourire (en français c’est pareil vous inquiétez pas !). Enfin quand on a 15 ans (l’âge des membres du groupe à l’époque), on s’en fout ! Leur succès il l’ont acquis notamment grâce à une émission télé qui les programmait régulièrement, Escala Musical. On a droit à quelques extraits live et des meddley de reprises (“Watcha gonna do about it”, un très bon “Glad all over”, “She loves you” ou “Suzy Q”). Pour compléter le disque (CD ou double LP) No Fun nous propose trois morceaux du chanteur en train de composer dans sa chambre d’hôtel. Anecdotique pour nous mais certainement bouleversant pour des milliers d’argentins... Imaginez si Dig It ! exhumait trois inédits de Dick Rivers au piano dans la villa de Mr Barclay !!!

    Los Kahunas sont contemporains, eux, et après un split album en compagnie des grecs Invisible Surfers, dans la série Waves of Reverb, Sea of Fuzz (No Fun), ils signent là leur deuxième CD, Otro Reverberante Encuentro Con.... Alors, que dire ? Que c’est du surf instro, et que forcément sur 14 morceaux c’est un peu long (y a que les Ventures ou Davie Allan pour réussir telle gageure !) ; Bon sinon ça joue bien, un peu dans tous les styles du genre (!), morceaux hot-rod, traditionnels (“Bakos, el terrible”), plus lounge (“Ocean Boulevard”) et bien sûr les reprises ad hoc, “The hearse” des Astronauts composée par un certain Lee Hazlewood, “Heads up” des Lively Ones, l’excellente reprise de “The rise & fall of Fligel Bunt” des Shadows et l’inévitable Ventures, “The creeper”. Pas renversant, mais tout à fait rafraîchissant.
(www.loskahunas.com)
(www.nofunrecords.com)


JETTATORS

    La fratrie charentaise guitare batterie, vient de nous faire parvenir sa nouvelle démo qui devrait voir le jour sur le label des potes Smoky Dale, sous le titre Milner Hotel. Et ce Milner Hotel figurez-vous que c’est celui où ils logeaient pendant qu’ils enregistraient aux Ghetto Recorders... OUI, chez Jim Diamant, encore ! Le résultat est surprenant. On s’éloigne un peu de leur côté traditionnel minimaliste pour explorer une facette plus urbaine, très inspirée par les années 80 du côté de Seattle ou Chicago. Pour autant le blues reste l’élément bâtisseur du duo (“Intensive care”), un blues lardé de wah-wah et de soli fiévreux... Ceux-là aussi on bien pris la température de la ville. Un groupe à surveiller de très près
(www.myspace.com/jettatorsbrothers)

HATE-LE-PINK

    Je vous la fait à chaque chronique, mais ch’uis encore une fois bien obligé... “ça ne s’arrange vraiment pas chez les Haines Roses“. Toujours selon leur principes de contraintes adapté au punk (Oupupo), ils viennent de sortir un volume 2 intitulé Kindergarten Revolution. Quatre morceaux enregistrés avec des instruments pour enfants (enfin z’ont pas du oublier le speed et le MDMA non plus!). Plus anecdotique que le précédent, ça reste marrant surtout pour l’exercice... Parce qu’on peut le dire, le matos junior ça sonne que dalle !
    Sinon, le 45t est distribué avec un fanzine exclusif, Hate-Le-Pink qui a pour objet de destabiliser l’industrie du fanzine... qu’ils abhorent, évidemment... M’enfin ils en gardent quand même toutes les recettes, interviews, chroniques, photos, etc. Et c’est plutôt rigolo et bien écrit avec le cynisme et le second degré qu’on leur connait.
    Un troisième volume Oupupo est en préparation avec cette fois des morceaux basés sur un seul accord. La suite au prochain numéro, comme on dit.
(http://hatepinks.free.fr)
(www.squoodge.de)

CHIMIKS

    Les Chimiques, ça nique ! Euh... Tout nouveau groupe parisien dans lequel évolue Vince des Fatals (par ailleurs batteur des lysergiques Aqua Nebula Oscillator), Davy ex-Star and Key of the Indian Ocean, Baldo de Blutt (remplacé depuis par l’épileptique Ronnie Rollo, le premier batteur de Weak !) et l’ami Louie Louie à la basse. Super-groupe donc au service d’un punk garage tout dans le rouge et un premier 45t aux allures de bombe. Une seule face gravée comme à la grande époque Rip Off Rds et deux titres imparrables dans une veine Fatals/Cheater Slicks/Oblivians. Artwork classieux signé ChrisFuzz pour un tout nouveau label aux visées internationales, Elegance Rds. La Classe !


CRETEENS vs STRAIGHT ARROWS

    C’est le tout nouveau label Resistance  A Go-Go qui sort ce split single entre les Reatards parisiens et les graisseux australiens. deux morceaux pour chaque groupe et les français font fort d’emblée avec “le bon style des noirs”, une ôde au bling-bling. L’autre morceau est un garage-punk plus conventionnel, mais toujours de bon ton.
    Sur l’autre face; les Straight Arrows nous proposent deux facettes de leur art ; le garage à tendance sixties trash avec l’excellent “Close that door” et le punk ultra lofi de “Jeepster”.
Soutenez la Resistance !
(www.myspace.com/thestraightarrows)
(www.myspace.com/creteens)
(www.myspace.com/resistanceagogo)

THE CLEAN CUTS

    Celui-là est sorti depuis quelques temps mais on va pas se géner non plus pour en parler, hein ?. Ce sont les agités stéphanois des Nerfs à Vif, qui après l’organisation de concert sont passés à l’édition musicale. Première signature, les Clean Cuts, groupe punk 77 à la Briefs / Shocks avec le look itou. Leur pochette est une parodie du premier 45t de Skrewdriver... L’époque où ils étaient clean. Coupez !
(www.myspace.com/thecleancuts)
(www.myspace.com/nerfsavif)

MAIS AUSSI...

    Les Okmoniks viennent de Tucson et sortent leur premier album Party Fever !!! sur Slovenly Rds. Et il porte sacrément bien son nom ! Punk garage drivé par la charmante chanteuse Helene 33 est son orgue sournois. On pense à des Ramones cheap, à Supercharger qui aurait appris à jouer ou à Loli & the Chones (l’uppercut “Rustle up some action” par exemple). Tou à fait bienvenu en toute circonstances (?!)

    L’album du moment est l’oeuvre d’un allumé notoire (et masqué !), transfuge des Okmoniks, qui se fait appeler No Bunny (un masque de lapin, donc...). Son Love Visions qui vient de sortir chez Bumbbledumb Rds est le truc le plus fun que j’ai entendu depuis longtemps (d’autres trouveront ça confondant dès le premier morceau, une cover hilarante de “Nobody but me” , “No Bunny loves you”)... Appelez ça bubblegum trash ou proto-garage, il me suffit en tout cas de mettre “Chuck Berry Holiday” sur la platine et je me met instantanément à sauter partout. Sur son myspace, on peut voir des photos d’Hasil Adkins, des Ramones, GG Allin, Kim Fowley, Milk’n Cookies et la Family Stone et c’est vrai, No Bunny c’est un peu tout ça... En plus débile ! Génial !

    Le nouvel album du fameux duo australien Digger & the Pussycats est certainement ce qu’ils on fait de mieux à ce jour. Let’s go to hospital est rempli jusqu’à la gueul de tubes, en commençant par le débile “Spanish Jacket”, “j’ai une “veste espagnole”, j’ai de la coke, j’ai 40$, combien coûte le MDMA ?” jusqu’au très poppy “Let’s go to hospital” en passant par le rampant “I wanna be your slut”, le flippant “Asio”, le garage “Liar, liar”... Enfin je pourrais les citer tous. Une trouvaille par morceau et un style unique. Un must !

    Retour aux affaires pour John Reis alias Speedo, boss supremo du label Swami et plus connu encore pour avoir joué dans Rocket From The Crypt, les Hot Snakes, Sultans ou Drive Like Jehu... Quelques années après avoir annoncé qu’il arrétait définitivement la musique (exécutant ainsi pas moins de trois groupes plutôt bien établis) il reforme aujourd’hui les Night Marchers avec deux de ses anciens collègues d’Hot Snakes, Dner (maintenant dans Beehive and the Barracudas) et le batteur J.Sinclair K. (qui fritait comme un malade derrière les excellents Delta 72), plus Thomas Kitsos, bassiste de CPC Gangbangs. Line-up de fou pour un album See You in Magic qui ne l’est pas moins. On reprend les recettes élaborées par les groupes précédents, avec un gros côté pop... Assumé, et surtout des guitares assérées, tranchantes comme une lame de baionette... L’album commence fort avec dès le second morceau l’énorme “In dead sleep (I snore ZZZZ)”, et le tube instantané “I wanna deadbeat you”, puis “Jump in the fire” et son intro à la Plimsouls avant le quasi country (meet Bo Diddley), “Branded”... Bon on va pas tous les éplucher comme ça mais sachez qu’on retrouve un poil de groove, une ballade à pleurer dans son verre et du tube, du tube, du tube... C’est encore une fois eux qui en parlent le mieux et citent comme influences les Byrds, Wipers, Bo Diddley, Black Flag, les Nervous Eaters, Flaming Groovies, Nerves, Status-Quo & Black Merda... ET OUAIS !

    Huitième album pour Mudhoney qui vient de fêter en grande pompe ses 20 ans, en même temps que son label historique, Sub Pop. The Lucky Ones est un grand cru, même s’il est vrai qu’on est rarement déçu par le groupe de Seattle. Mélange toujours aussi détonnant de grunge et de garage avec des références quasi systématiques aux Stooges et Mark Arm en lévitation permanente... Après deux albums plutôt travaillés, Mudhoney revient même au son rugueux des origines Car le groupe a voulu une production minimaliste et crue, une guitare à droite (celle de Steve Tuner uniquement, Mark Arm se concentrant sur le chant), la basse à gauche, pratiquement aucun re-re à part quelques notes de piano et des soli de fuzz   énervée... Direct dans ta face ! Et tout ça en trois jours et demi... Bien joué !

ET ENCORE...

    Plus compliqué de parler des deux prochains disque puisque je les ai enregistré moi-même...

    Soldes viennent de Toulouse. Power trio guitare clavier batterie, il développe sur ce premier 45t une sorte de garage yéyé de l’an 2000 à base de Farfisa, générateur de basse et guitare fuzz gorgée de delay... Un hit instantané, “Les soldes” et trois autres morceaux tout aussi réussis... Belle couverture signée LL Cool Jo.
(www.myspace.com/lessoldes)

     Premier single pour Blew-Up!, projet parallèle façonné par Nasty Wlad (Kung-Fu Escalator, Plutones, ex-Fatals, Beach Bitches), Kung-Fu Rico (par ailleurs dans le KFE et les Plutones), Brice des Containers et votre serviteur. Mélange garage groove noise, un pied chez les Gories, l’autre chez Mudhoney et un troisième à Memphis... Ils se sont mis à deux labels pour sortir la bête (fallait bien ça), Relax-o-Matic Vibrator à Marseille et Better rock Than Roll à Tlse. La pochette sérigraphiée a quant à elle été designée par O Gasoil. Je vais pas vous dire que c’est de la balle, ça ferait un poil too much, mais ...
(www.myspace.com/blewup31)
(relaxomatic.free.fr)
(www.myspace.com/betterrockthanrollrecords)

Lo’Spider

THE LOST CRUSADERS

"To me, The Lost Crusaders are one of those bands that represent the true legacy of
 NYC Rock'n'Roll". (John Holmström)

    Et  revoilà Mike "I Have Fun Everywhere I Go" Edison, invité cette fois à faire chanter sa guitare slide aux côtés des Lost Crusaders, le nouveau groupe de son pote Mike Chandler, sur l'album Have You Heard About The World ? paru chez Everlasting Rds. Le disque regorge de gospels urbains trépidants (vous vous souvenez sûrement de "What's The Matter Now" par les Raunch Hands ? Il y en a plusieurs du même calibre ici), de rhythm'n'blues rocailleux et de country lumineuse servis par une formation trois étoiles : Michael Chandler (Outta Place, Raunch Hands) : chant-percus-harmonica, Buffi Aguero (Subsonics, Vendettas, Tiger ! Tiger !) : guitare-chant, Johnny Vignault (Vendettas) : guitare, Brian Manning : basse, Brian McBride (Electric Shadows) : basse-chant-harmonica, Joey Valentine (Star Spangles, Edison Rocket Train) : batterie, Fletcher Liegerot : batterie. L'album bénéficie également des participations à divers degrés de Jon Spencer : chant, guitare, Laura Cantrell : chant, Keith Streng : guitare sur "There Used To Be A River" ("le plus long solo de toute ma carrière") et choeurs, Steve Greenfield (Roller Kings) : saxo, Matt Verta Ray (Speedball Baby, Heavy Trash) : guitare, lap steel guitare, choeurs, Hans Chew : piano, choeurs, Mike "Sharky" Edison : guitare slide, Ministère de la Propagande (notes de pochettes et communiqués de presse). Il émane de l'ensemble un parfum de mysticisme rédempteur joyeux, sans doute une façon pour Chandler de célébrer sa désaccoutumance à l'alcool, un problème qui lui  valut quelques mésaventures (l'incendie -involontaire- d'un appartement qui n'était pas le sien ne fut pas la moindre) et plusieurs séjours "à la campagne" (un de ces états comme le Vermont où il n'y a pas trop de tentations). Le disque est produit par Dean Rispler, qui a bossé sur différents albums des Candy Snatchers, Little Killers, etc... Il vous en faut davantage ? Allons...
(myspace.com/thelostcrusaders)

FOXBORO HOT TUBS

    Plutôt réussi cet album sous un pseudo vite éventé (il s'agit de Green Day + Kevin Preston de Prima Donna). Il paraît que le groupe a ressenti le besoin de faire baisser la pression qui entourait l'enregistrement de son nouvel album (le précédent ayant fait le carton que l'on sait...) en se lâchant sur une douzaine de compos qui fleurent bon le garage virulent et la pop 60's. Le disque (Stop Drop and Roll !!! sur Jingle Town Rds) fait donc la part belle aux grosses guitares, à l'orgue estampillé "garage comme là-bas", aux rythmiques costaudes et aux mélodies qui titillent l'esgourde. On pense aux Boss Martians, à Len Price 3 ou aux Woggles, aux Kinks et aux Who (de "You Really Got Me" à "My Generation"), à Link Wray ("Broadway") et même aux Mamas and Papas pour le travail pointilleux sur la voix et les choeurs. Visiblement, ces gars-là savent où sont leurs racines. Le tout, enregistré en huit pistes, aurait aisément pu sortir sur Screaming Apple ou Get Hip ! sans qu'on y trouve à redire. Le disque existe aussi en vinyle avec un morceau différent de la version CD (vieille coutume 60's qui marquait la différence entre les éditions américaines et anglaises) et la pochette est également très vintage, volontairement jaunie sur les bords et sans aucune mention d'adresse internet. Dommage que le code-barre...
    Il est édifiant de constater que des radios comme Le Mouv', Virgin Radio et autres habituels déversoirs à sirop industriel programment maintenant Foxboro Hot Tubs juste parce qu'il s'agit de Green Day. Et les Woggles sur RTL 2 alors ?
(myspace.com/foxborohottubs)

BABY WOODROSE

    Ceux qui comme nous trouvent le dernier album des Danois un peu mou du genou, quoique non dénué d'intérêt psychédélique, se consoleront avec ce 45t paru chez Bad Afro. Les deux titres avaient été rejetés de l'album parce que ne collant pas avec l'ambiance générale. Sans toutefois prétendre au statut de brulôts garage punk, les deux morceaux bénéficient effectivement d'un tempo plus relevé (et d'une guitare twangy surf surprenante pour "Coming Around Again") et de belles couches d'orgue psyché garage pour "I Feel High" qui rappelle les Seeds. Il est quand même étrange ce Lorenzo Woodrose : quels méandres de la pensée lui ont ainsi fait volontairement écarter de l'album les deux titres qui en auraient été les meilleurs moments ? J'ai pas dû m'envoyer assez de champignons... Bon single en tout cas.
(www.badafro.dk)

HASIL ADKINS
(and His Happy Guitar)

    Voilà donc le tout dernier album du Hase, un disque posthume, déjà sorti aux USA par le petit label Creeps Rds (du Kentucky) et désormais dispo en vinyle sur une structure hexagonale grâce aux fêlés du 50's beat couillu et déglingué de chez Hog Maw Rds. La galette (Night Life), enregistrée il y a environ cinq ans (mais sortie seulement l'an dernier par Creeps, le label ne voulant pas être accusé de "capitaliser" sur la mort d'Adkins), devait au départ être un document réservant la part du lion à la voix d'Hasil, uniquement accompagné d'un piano discret et de quelques effets sonores de-ci de-là. Le menu devait être majoritairement composé de "ballades nocturnes" (de la night music comme il disait, voir l'album Moon Over Madison). Sauf qu'au moment d'enregistrer, notre homme s'est senti un peu nu et franchement mal à l'aise sans sa guitare. Il a donc demandé à l'avoir en mains, juste pour se sentir plus décontracté, tout en promettant de ne pas en jouer. Mais bien sûr, dès le deuxième couplet, il s'est retrouvé à plaquer quelques uns de ses fameux accords sauvages... Soit bien loin du piano discret et encore plus des "ballades de nuit" prévues à l'origine. Qu'à celà ne tienne, ou même tant mieux, car voilà un album plutôt excitant qui couvre les différentes facettes du personnage, du rockab' déchiré de hurlements démoniaques ("C'mon Back Baby") au talkin' hilbilly psychotique ("Raw Meat") en passant par la country déjantée avec banjo ("Hills Of West Virginia", le blues à la Andre Williams ("Hunchin' The Town"), la ballade délicatement gospel ("Walkin' In The Garden With Amy") et l'inévitable chicken song épileptique (un "KFC" illuminé de sonores "kwak kwac" balancés par un Adkins qui se gondole), véritable marque de fabrique du bonhomme. Douze titres au total. Dépêchez-vous, Hog Maw n'a pas dû en sortir des tonnes...
Hog Maw Rds, 48 Rue Grange Champion
21340 Nolay.

SOUNDFLAT Rds

    Chez Soundflat on soigne le client en offrant avec chaque parution vinyle le petit supplément qui fait la différence. La récente fournée de 45t du label allemand en est une nouvelle démonstration. "Shake It Wild", le nouveau single (leur premier est dispo chez Butterfly Rds en Espagne) de King Salami & The Cumberland Three propose ainsi en cadeau une planchette à découper le... salami. Ben tiens. L'objet est en plastique dur de beau format (17.5x11.5) imprimé en couleur aux armes du gang (including moustaches et maracas). King Salami est un "super groupe" londonien composé de fines lames (dont le Frenchy Eric Baconstrip), ex ou actuels membres des Nipple Erectors, Ulcers, Playmobils, Cannibals, Parkinsons, Handsome Dicks, Chinese Lungs, etc..., qui carbure au R'n'B punky/garage à la sauce groovy trash. Foin ici de lo-fi, le son est excellent, cru et secouant comme une mise à jour saignante des meilleurs moments des compils Sin Alley ou Desperate Rock'n'Roll. N'hésitez pas à vous en payer une tranche...

    Le 7"EP des Allemands Hara-Kee-Rees, emballé dans une pochette gatefold qui s'ouvre sur une grande photo des cinq mecs du groupe tout de noir vêtus et corde au cou, fait déjà un malheur dans les garages où on s'agite en permanence sur les riffs des Grands Anciens Sonics, Wailers, Kingsmen ou des plus proches Mummies et Sexareenos. Garage sixties teigneux donc, avec énergie fumante importée tout droit de punkland. Orgue acide, saxo virulent, compos incisives, trépidations garage à go-go, fuzz brûlante, ces gamins-là ont tout pigé du genre et savent le rendre excitant à tous les coups. Certains membres des Hara-Kee-Rees jouent (ou ont joué) avec King Khan et Curlee Wurlee. Le EP (quatre titres) est intitulé The Magic Peel et en cadeau bonus, une pilule aux effets mystérieux est encastrée sous plastique dur DANS la pochette !

    Le troisième 45t de la livraison propose deux titres de Wild Billy Childish & The MBE's qui figurent sur le récent Thatcher's Children chez Damaged Goods ("Rosie Jones" et " Little Miss Contrary"). La superbe pochette est tout aussi gatefold que celle des Hara-Kee-Rees mais point de pilule suspecte ici, juste une série (six) de cartons format 45t à découper pour habiller Billy, Julie et Wolf qui posent en sous-vêtements. Vous pouvez à volonté les déguiser en soldats british du 19ème siècle, en élégants fêtards Carnaby Street ou en baigneurs belle époque... Humpf, ça c'est du concept !
(www.soundflatrecords.de)

WIZZ Vol 2

    Sous titré Psychorama Français 1966-70, le deuxième volume de la série Wizz aligne une brochette de titres (15) à classer au rayon novelty songs, ces chansons qui racontent des p'tites histoires marrantes et déjantées sur un fond musical plus ou moins excitant. D'ailleurs, ce Wizz Vol 2 s'avère plus marrant que musicalement excitant. Reste que ces morceaux compilés par Born Bad Rds sont sûrement mille fois plus intéressants et subversifs que ceux de Sheila ou Johnny qui cartonnaient sur les médias du pays à l'époque. Grâce au livret détaillé (près de 40 pages d'anecdotes, photos et reproductions des pochettes originales) et à la couverture pop art flashy, on peut même considérer cet album comme une sorte de chef-d'oeuvre de l'anecdotique, un genre à part entière. A classer pas loin de vos Swingin' Mademoiselle, Ils sont Fous Ces Gaulois, Ultrachicks et autres séries compilatoires essentielles pour qui veut avoir une idée de "l'underground français" des 60's et début 70's.
(www.myspace.com/bornbadrecords)

P. TRASH Rds

    Déjà quatre albums au compteur pour les jeunes Suédois affûtés des Manikins. Celui-ci, Crocodiles, déroule le quota habituel de titres garage punk pop et quelques ballades sous influences sixties. On y décèle de-ci de-là quelques touches Ramones/Devil Dogs ("Crocodiles") et des mélodies à tir tendu façon Hives ("Without A Word"), le tout sonne plus dépouillé et légèrement moins épileptique que leur dernier album sur P.Trash ou le 10" sur Lollipop. Les gamins de Niköping ont grandi et peut-être découvert la valeur de la simplicité, va savoir ? En tout ca ça leur va plutôt bien et l'énergie ne fait pas défaut pour autant.

    Los Raw Gospels existent depuis six ans, ont sortie une poignée de EP's (sur Dull City Rds, Yakisakana, etc...), dont un split avec nos Plutones, et viennent de se fendre d'une dizaine de titres saignants pour un premier LP (La Fiesta De La Muerte) qui devrait faire carton plein chez les fans des Cramps, Link Wray, Gories, Mummies et autres adeptes du garage trash qui troue les haut-parleurs. D'entrée, Peter Gunn se frite velu avec Santo sous l'arbitrage sardonique d'un Lux Interior à peine descendu de son Drug Train. Fragiles de la feuille s'abstenir. Los Raw Gospels (un Anglais -par ailleurs membre de Black Time-, un Finlandais et un Espagnol) touillent un garage-punk-trash empoisonné sur les bases 50's/60's les plus rouillées et déglinguées qu'ils ont pu exhumer. Le trio, basé à Londres, n'a toujours pas embauché de bassiste mais a ajouté un orgue, utilisé de façon peu conventionnelle évidemment, depuis peu. Fans des Cramps et insane rockers de tout poil, sautez immédiatement là-dessus et rendez-vous au Napa Hospital !

    Tiens, en parlant d'insane rockers... Voici le dernier forfait des Hatepinks, un mini-LP  (Sick Cake) emballé dans une pochette comme d'habitude très réussie (par O. Gasoil toujours, un chouïa plus atypique que précédemment). Atypique, le disque l'est également un peu, le son est plus soigné (Rudy Aggravation), les morceaux s'allongent (légèrement hein, et pas tous, on n'est pas chez Grateful Dead non plus) et le tempo se fait moins systématiquement speed (même remarque). Les textes sont imprimés sur une feuille glissée à l'intérieur et traduits en français par un logiciel pourrave, c'est marrant : "Your cake is making me sick" devient "Votre gateau me fait le malade"... Un bon shoot de punk rock marseillais quoi. Et de toutes façons un groupe qui affirme sur son site que "Myspace is dead. We erased our Myspace account. Fuque that shit", ne peut pas être mauvais.
(www.ptrashrecords.com)

RIJAPOV Rds

    Vermilion Sands (avec un seul "l") est un recueil de nouvelles de J. G. Ballard, mais avec deux "l" c'est aussi le titre  d'un morceau des Buggles ou le nom d'un combo japonais de rock progressif (ça fait rêver non ?) et, désormais, un groupe italien. La jolie chanteuse des Vermillion Sands, Anna, unanimement considérée comme une sorte d'Holly Golightly ritale, est accompagnée de Nene (Movie Star Junkies) à la basse et au piano, et des deux agités des Mojomatics à batterie et la guitare lapsteel. Le 45t (Mary) propose trois morceaux de pop garage ouvragée tout en douceur lumineuse, avec envolées country folk et giclées de fuzz colorées par un clavier discret. Très agréable et immédiatement attachant.

    Alderman Swindell est un anachronisme anglais qui  compose et enregistre des petites comptines acoustiques dans sa piaule londonienne avec une qualité de son étonnante pour du home made. Guitare, basse, choeurs et piano convolent en finesse pour illuminer des mélodies qui devraient en toute logique séduire les fans de Jonathan Richman. (Loved Me Back - 7"EP).
(www.myspace.com/rijapovrecords)

FLESHTONES

    Les New Yorkais viennent d'enregistrer un album de Noël rempli de reprises et d'originaux. Au moins celui-là, sortira à l'heure... Keith Streng était de passage à Toulouse pour quelques jours cet été. Il a eu le droit à la tournée des Grands Ducs grâce aux bons soins des Diggers. Dix jours plus tôt, avec son pote Dave Faulkner des Hoodoo Gurus, il en avait fait une autre, et une belle. Une tournée des restos de Bourgogne à l'invitation de Dave ! Faut dire que l'homme des Gurus a désormais les moyens : il a décroché le jackpot quand une équipe australienne de rugby a décidé d'utiliser le titre des Hoodoo Gurus "What's My Scene" comme hymne officiel (illico rebaptisé "That's My Team" !). Et on sait que le rugby c'est quelque chose en Australie... Donc, grâce aux miraculeuses royalties, nos deux rockers en goguette ont goûté à la célèbre gastronomie bourguignonne et descendu quelques bouteilles de fameux crus.
   
    Après son étape toulousaine, Keith a retrouvé les autres Fleshtones pour une prestation au Booze Festival (décidément !) en Sardaigne. Outre sa participation au récent album des Lost Cusaders, le guitariste des 'Tones nous a annoncé la sortie imminente (ils prennent le temps de trouver un label) du deuxième album de The Master Plan. Depuis, les Fleshtones sont revenus jouer en Grèce puis rentrés au pays enchaîner quelques dates sur la côte Est avec The Magic Christian (le groupe de Cyril Jordan, Eddie Muñoz et Clem Burke).

BRIMSTONE HOWL

    Difficile d'imaginer qu'un disque si abouti ait pu être conçu par une bande de kids qui s'offrent en prime le plaisir de rafraîchir le Nebraska sur la carte du rock. Le Nebraska c'est principalement Lincoln, Omaha et basta. Bon, il y a bien aussi South Sioux City, Papillion ou Wahoo, mais on ne s'étendra pas... Quant à la scène rock du coin, elle a tout de même quelques arguments à faire valoir auprès du préposé aux inscriptions dans le R'n'R/Blues & Punk Hall of Fame : Wynonie Harris, The Chancellors, The Starfires, The Rumbles, Buddy Miles, L.A. Carnival, Charlie Burton, The Terminals,  Forbidden Tigers, etc... Voilà pour situer.
    Le nouvel album des Brimstone Howl de Lincoln (qui ont débuté sous le nom controversé de Zyklon Bees) est donc un petit chef-d'oeuvre au-dessus duquel planent les ombres bienveillantes et inspiratrices du Gun Club et des Oblivians (on dirait "A Million Years" extrait d'un best-of Greg Cartwright ), des Deadly Snakes et du Velvet, de Mooney Suzuki et des Flamin' Groovies (les grattes), des Von Bondies (la voix) ou Soledad Brothers. Et on ne vous parle même pas des clins d'oeil appuyés en direction des Stones (l'intro de "Summer Of Pain") ou Screamin' Jay Hawkins ("Obliterator" est un évident hommage qui sent bon les gri-gri et les mau-mau's).

    Les quinze titres de ce We Came In Peace (LP/CD) brassent toutes ces influences et bénéficient d'une production aux p'tits oignons judicieusement confiée au sorcier du Ghetto Recorder Studio de Detroit, Jim Diamond. Plus grand chose à voir avec le blues trash légèrement lo-fi de l'album précédent Guts Of Steel (excellent lui aussi), le son est ici tiré à quatre épingles et contribue à faire de cet album foisonnant un disque de magiciens, original, tendu (la voix possédée de John Ziegler est un sacré atout) et réellement magistral. L'avenir du Rock'n'Roll est apparemment entre de bonnes mains.
(www.alive-totalenergy.com)

THE DIALS

    C'est un groupe de filles de Chicago, avec un mec à la batterie, qui tricote une Power Pop Garage fraîche et enlevée, avec un clavier légèrement new wave qui confère à l'album (Amoeba Amore sur No Fun Rds, c'est leur deuxième) une agréable facette Nikki Corvette meets The B-52's. C'est parfois surprenant (une cover stylisée du "Urgent" de Foreigner !) et souvent accrocheur, les deux chanteuses acidulées se répondent à merveille, les guitares sont teigneuses comme il faut et le tempo est en permanence en mode overdrive. C'est tout simple, ça marche et c'est plein de mélodies qui tournent dans la tête longtemps après la fin du dernier morceau.
(www.nofunrecords.com)

LES GARÇONS SAUVAGES

    Voilà un album qui fleure bon l'artisanal, le fait maison, l'enregistré dans la piaule du guitariste et peaufiné sur le PC du salon. Et compte tenu de cette configuration minimale, force est d'admettre que c'est du bon boulot. Les guitares (estampillées Chuck Berry/Johnny Thunders) déblaient le passage pour d'électrisantes mélodies calibrées punk rock et garage bluesy. En concert ils reprennent le Gun Club et le Velvet et on devine qu'au moins un des membres du gang doit régulièrement s'envoyer les premiers 45t des Dogs au p'tit dèj.
    Le chanteur du groupe était longuement interviewé dans notre N°40 et y affirmait l'attirance du groupe pour le rock new yorkais de la deuxième partie des seventies, de Tom Verlaine aux Ramones en passant par Please Kill Me et Mean Streets. Ça s'entend.
   
    Les Garçons Sauvages ne bouleverseront certes pas le paysage (d'ailleurs ils viennent de se séparer), mais leur album (Sacrified) se fera facilement une place au chapitre "étoiles filantes" quand il s'agira de retracer l'histoire du Rock made in Toulouse. Dommage qu'ils n'aient pas eu le temps de se colleter avec un vrai studio, on aurait bien aimé être vraiment décoiffé par "Down In The City", le hit à la New York Dolls qui ouvre l'album. Le disque est sorti sur Bang ! Records, une petite structure, probablement éphémère elle aussi, qui n'a rien à voir avec le label basque du même nom.
(www.bangrecords.net)

PRIMA DONNA

    Ils sortent d'Hollywood, c'est le groupe de Kevin Preston qui tourne également ces jours-ci au sein des Foxboro Hot Tubs. Prima Donna a déjà joué par ici, en backing band et première partie de Texas Terri. Après un premier album (Kiss Kiss) discret, ces spécialistes ès-Glam Rock ont pondu un monument qui évoque en vrac les Dolls, les Heartbreakers, T-Rex, Mott The Hoople, Buster Pointdexter, les Hollywood Brats ou X-Ray Spex (le saxo !).
   
    Avec ses grattes surboostées, une production qui fait sonner le moindre solo comme une charge de cavalerie et une puissance de feu "configurée pour causer un maximum de dégats soniques" (c'est Acetate Rds qui l'affirme, et ils s'y connaissent : Hangmen, Nine Pound Hammer, Chelsea Smiles, Sour Jazz, etc...), le gang a réussi un joli coup. After Hours est leur deuxième album, il a été mis en boîte par le producteur attitré d'Eddie Spaghetti. Juste un truc quand même : on peut m'expliquer pourquoi on retrouve sur cet album un max de titres de leur premier disque ? Ils n'étaient pas content des premières versions ? Ont-ils vendu seulement vingt-sept exemplaires du dit album (sur Brunette Records, un label plutôt confidentiel qui a l'air d'avoir disparu depuis) ? Quoiqu'il en soit, ce After Hours, avec ses versions remises à jour et spectaculairement customisées, fait un tabac au Dig It ! Radio Show ces temps-ci. Un critère comme un autre.
(www.acetate.com)

TURBONEGRA

    Exemple type de one shot joke, ces blagues qui ne fonctionnent qu'une fois, cet album de reprises de Turbonegro est peut-être bien le disque le plus inutile de ce début d'automne et pourtant on se surprend à y revenir sans scrupules. Sans doute parce que les morceaux sélectionnés proviennent à 75% du chef-d'oeuvre des Norvégiens, le fameux Apocalypse Dudes, un disque que Turbonegro essaie d'ailleurs vainement d'égaler depuis.
   
    Le groupe a choisi de se faire appeler Turbonegra, logique puisqu'il s'agit d'un gang de filles (de San Francisco), des demoiselles très compétentes, par ailleurs régulièrement occupées à faire parler la poudre au sein de leurs combos respectifs : Bimbo Toolshed, Fabulous Disaster, MDC, Compton SF et Blue Rabbit. Elles se sont pour l'occasion rebaptisées Eurogirl, Happy E., Rebellion, Mrs Summers, etc...
   
    Les quatorze covers, très fidèles, prennent pourtant une teinte originale, presque power pop punk, tels que chantées par L'il Hank (qui affirme "les disques de Turbonegro m'ont permis de ne pas finir dans une prison pour femmes") et parfois légèrement accélérées. Et vous avouerez qu'il n'est pas si courant d'entendre des filles ressemblant à un gang de motardes lesbiennes reprendre en choeur des "I Got Erection", "Good Head" ou "Rendez Vous With Anus" fort peu féminins mais ô combien déterminés. Encore un chef-d'oeuvre de l'anecdotique, un genre qui se porte bien finalement. L'album est intitulé L'Ass Cobra et se déniche chez le label allemand Wolverine Rds.
(www.wolverine-records.de)

SCREAMING APPLE Rds

    Garage (Punk) Sixties et Power (Punk) Pop se partagent comme d'habitude les faveurs de la livraison automnale du label artisanal de Cologne. Au rayon 60's, Ritchie Apple propose d'abord de revenir sur un groupe oublié de la vague garage revival des années 80, les Italiens Woody Peakers. Le groupe avait alors (1988) sorti un album et un EP (1990, tiré à 500 exemplaires) bourrés de fuzz, d'orgue, de covers millésimées ("Writing On The Wall", "Blackout Of Gretely", "It’s A Crying Shame", "Message To Pretty", etc...) et d'originaux témoignant de leçons bien apprises et recrachées sur un mode méchamment parfumé au monoxyde de carbone. Screaming Apple a réuni les deux rondelles (plus une demi-douzaine d'inédits) en CD sous le titre global Beat Solution. Et on ne peut s'empêcher de penser que ces Woody Peakers auraient fait un malheur dans les garages de l'époque, entre deux giclées de Miracle Workers et une injection de Cynics, si seulement leurs disques avaient un peu mieux circulé. Il est désormais donc possible de se rattraper et les amateurs de trésors perdus sont aux anges.

    L'autre déflagration d'inspiration garage sixties de la fournée est due à un gang californien et contemporain féru de surf punk. Chez eux à Sacramento, les Phantom Jets sont considérés comme le résultat d'une collision de plein fouet entre Dick Dale et les Sonics. C'est explicite et bien vu. Les treize titres de ce premier album en vinyle (Phantom Jet Set) abreuvent le sillon de vagues fuzz et réverb', d'orgue bien utilisé là où il faut et de rythmes garage frat' à tirer la langue après trois morceaux. Ça démarre plein pot tel du Man Or Astroman millésimé 1993, le batteur est exceptionnel et fait claquer sa caisse claire comme une Kalash' de pashtoun, puis le groupe adopte une configuration à la Untamed Youth en plus teigneux, repasse par la case  surf instrumental avant de se faire garage cryptique comme sur un EP des early Makers. Votre dealer de speed vous a oublié ces derniers temps ? Pas de panique, voilà de quoi tenir quelques semaines.

    Screaming Apple version Garage Pop Punk maintenant, avec, toujours en vinyle, le premier album (...Think I'm Gonna) des Powerchords de Chula Vista en Californie. L'approche est toutefois ici plus Punk que Garage. Ils évoluent sur un terrain déjà déblayé par les rafales des Dickies, Adverts ou Buzzcocks. Ils évoquent aussi des Henry Fiat's Open Sore qui auraient légèrement levé le pied. Les morceaux, balancés avec un son d'époque (fin 70's), sont tous assez courts et joyeusement nerveux. Deux minutes et c'est plié. Bel exercice sur le thème immortel et efficace des mélodies bien torchées et de l'énergie punk'n'roll. Ça marche à tous les coups.

    Plus Power Pop, le premier album de The Pranks (Seattle) est chaudement recommandé aux fans des Boss Martians puisque c'est le goupe des frangins Foster, Erik et Evan. Evan Foster est le p'tit génie qui drive les Boss Martians depuis une éternité, il tient ici la basse (d'habitude il fait chanteur/guitariste), assure les choeurs et intervient à la guitare (une très démonstrative envolée de guitar hero) sur un titre. Le p'tit frère Erik Foster est à la gratte et au chant principal, le boss quoi. Quant au batteur, Mike Musburger, les fans de power pop l'ont souvent croisé au hasard d'albums des Posies, Squirrels, Flop, Fastbacks, Love Battery et autres héros de la scène Punk & Pop de Seattle. Le disque, produit par Evan et d'abord sorti en vinyle, bénéficiera d'une version CD cet automne et devrait s'arracher parmi les amateurs de Power Pop à grosses guitares pavant des compos finement ouvragées, à la Plimsouls par exemple, et trouées de solos incisifs. Ce Modern Communication n'est pas le disque de l'année pour autant bien sûr, et d'ailleurs on s'en fout, mais il fait en tout cas office de remarquable carte de visite.

    Pour en terminer, très provisoirement, avec Screaming Apple, voici le nouvel album (Stick With It, en vinyle aussi) des Espagnols Suzy & Los Quattro. Power Pop toujours, belles guitares encore... Et la voix de Suzy bien sûr, soignée par une production au cordeau, quelque part entre Blondie et Chrissie Hynde, et portée par un groupe qui a légèrement durci le ton. Lindsay Hutton, fan de toujours, les considère désormais comme "un croisement entre les  Dictators, The Records et Brenda Lee". Beau compliment.
    Suzy et sa magic team s'exportent bien, les Japonais leur ont fait un triomphe là-bas il y a trois ans et cet album devrait ouvrir quelques portes supplémentaires et prolonger l'étonnante aventure des ces Barcelonais surdoués. Bel hommage a capella à ...Henry Rollins en prime.
(www.screaming-apple-records.de)

EDOUARD NENEZ
et Les Princes De Bretagne

    Séquence rigolo-rock avec Edouard Nenez, Alan Bihoué (sans son bagad), Jakez Tembert, Raymond D'Arrée, Jean-Guy Levinec, Basile Degroix, Roland Derneau, Oscar Antec ou Jean-Lou Déac qui ont tous participé un jour ou l'autre à l'aventure. J'en parlerai d'ailleurs à mon pote Prosper Rosguirrec, ça peut l'intéresser...
    Après Chou Fleur Nucléaire (2001) et Extension du Dolmen De La Hutte (2005), Edouard Nenez et Les Princes De Bretagne sortent un troisième album (Des Ohms Pour La Résistance) qui s'en prend entre autres aux "Connards en Camping-Car" et propose de brûler les écoles de commerce ("Incendie"). Réjouissant. Le cd single parvenu ici propose en prime le clip kitsh'n'roll balnéaire de "Connards En Camping-Car".
    Il y a plus de vingt ans, Edouard (qui se faisait alors appeler Maître Frantz) était aux commandes de Frantz Kultur et Les Kramés, un gang qui terrorisait le Centre-Bretagne à grands coups d'hymnes lèse-majesté comme "Ouest-France" ou le désopilant "I Wanna Be Your Pig". Sur l'air de "I Wanna Be Your Dog", le groupe y prenait la défense des cochons quotidiennement hachés menus dans les abattoirs de Mr Hénaff, vous savez, le pâté... L'aventure continue depuis, contre vents et marées (noires). Voilà, vous avez deviné où vous allez mettre les pieds et les oreilles. Trop sérieux s'abstenir.
(www.edouardnenez.org)

LES JOLIS v/s YNODIBLE

    Si vous vous amusez à piquer des bouts de textes au hasard des quatre titres de ce split-single marseillais, vous risquez de vous retrouver avec un truc du genre : "J'ai rencontré Jésus la nuit dernière / C'est toi la Nouvelle Star, un piercing dans le cul / Si tu veux tâter mes couilles, faudra te lever plus tôt". Voilà pour la séquence poésie... Les groupes s'appellent Les Jolis et Ynodible, ils affirment une identité commune prononcée (un son assez proche, des textes en français, provoc' rigolarde à tous les étages, solos rudimentaires arrachés au feeling et refrains pied au plancher) et il est difficile parfois de ne pas penser aux Hatepinks. D'autant que la pochette est signée Olivier Gasoil. Belle entrée en matière pour le label Wombat Rds et une rondelle conseillée aux amateurs de French Punk millésimé 78.
(http://www.myspace.com/labelwombat)

GUNSLINGERS

    Sur le label allemand World In Sound Rds, les Français Gunslingers fricotent une recette heavy-psychedelic avec guitariste en solo quasi-perpétuel, chanteur sous acide psalmodiant des incantations inquiétantes et rythmique obsédante qui tape continuellement sur le même mantra rouillé sans faiblir (y'a même un morceau de 12 minutes !). Une redoutable expérience lysergique et électrique, jusqu'au-boutiste et jubilatoire, pour speedfreaks confirmés. Ils me font un peu penser aux groupes les plus dangereux de la famille Nova Express Rds...
(www.worldinsound.com)

MARCH TO THE GRAVE
V/S DESTRUCTORS 666


    March To The Grave est un groupe anglais de punk rock tendance "street punk à grosses guitares" tandis que les mecs de Destructors 666, tout aussi anglais, affirment donner dans le Detroit Garage Punk. Hmmm... Plutôt hardcore et métal ouais. Même sur la cover du "Hand Of Law" de Radio Birdman. Un comble. Va falloir réviser la définition les gars, sous peine d'être poursuivis pour tromperie sur la marchandise...
(Rowdy Farrago Rds)

SHORTPANTS ROMANCE

    Punk québécois avec chanteuse impétueuse et séduisante pour des chansons un poil lo-fi avec brèves giclées de zigouigouis (synthé ou thérémine) pour la modern touch. Ça suffit à créer une atmosphère originale et intrigante. Un bon EP de début (Sisters), on garde l'adresse sous le coude.
(myspace.com/shortpantsromanceband)

MAGS & ZINES

    Le N°79 du magazine OX offre comme à chaque fois un CD d'une trentaine de titres, et comme toujours ou presque, un tiers des morceaux s'avère digne d'intérêt : Mojomatics, Manikins, Zeno Tornado, White Flag, Trash Can Darlings, Cowboys Prostitutes, Carburetors, Henry Fiat's Open Sore, P. Paul Fenech, Hipbone Slim, etc... Le numéro fait 130 pages et propose en vrac des articles et interviews pour germanophones : Steve Wynn, TV Smith, les Ramonas, Red Lounge Rds, Hugo Race & The True Spirit, Steve Lucas & X et beaucoup d'autres moins intéressants... 4, 50€ + port
(www.ox-fanzine.de)

    Au sommaire du N°1 d'Ugly Child : Des interviews des Miracle Workers, Gruesomes, Urges, Painted Ship, Morlocks, Gorgons, Mourning After, Q 65, etc... Soit la crème du rock garage teigneux et hirsute, des origines à nos jours, en 44 pages format A5 par notre compère Cherry Boy (Frantic City). Anecdote : les fameux garagistes sixties hollandais Q 65 ont tiré leur nom de deux morceaux qu'ils écoutaient alors en versions Rolling Stones, "Susie Q" et "Route 66", mais comme l'allitération dans Q 66 les gênait un peu, c'est devenu Q 65...
(http://franticcity.free.fr)

    Loboto's #16 : Interview de Matt Verta-Ray, Wild Evel (Staggers), chroniques de disques, de DVD's (Rocket From The Crypt) et de concerts (Le Festival Idéal de Nantes avec Heavy Trash, Jessie Evans, Bob Log III...). Douze pages gratos qu'on peut commander ici :
(contact@lobotos.com)

EN VRAC
Mais pas n'importe comment


    Ooch ! Plus beaucoup de place et il nous reste encore à signaler quelques sorties intéressantes. On y va en vrac et (trop) succinctement :

    La compilation Mighty Worms Strike Vol III propose deux douzaines de groupes hexagonaux punk, hardcore, rockab', surf, etc... Soit une belle brochette d'allumés subversifs adeptes du one-two-thee-four basique (Guerilla Poubelle, The Rebel Assholes, Bad Chickens, Flying Donuts, etc...) parmi lesquels on notera les présences plus familières des Greedy Guts, Ronnie Rockets et Irradiates.
(www.myspace.com/mightyworms)

    Les Parisiens Joyliner distillent cinq titres de power pop sombre et finaude (à la Bob Mould par exemple) sur un CD gatefold (N.A.I.L.) magnifiquement illustré par Mezzo.
(www.myspace.com/joyliner)

    Il demande à être classé au rayon punk blues, pas loin de Jon Spencer et Bob Log III. Alors soit... Et c'est vrai qu'Alex Gomez assaisonne ses racines blues de décharges électrisantes en dérapages plus ou moins contrôlés sur lesquelles il crache des vocaux méchamment dérangés qui sentent bon la gnôle clandestine. (CD - Outdoor Kitchen)
(www.alexgomez.biz)
    On se quitte au son du garage psychédélique élaboré album après album (on en reçoit au moins un chaque année depuis 2002 !) par The Mutant Press. Fan des Seeds et des Fugs  comme du Velvet et des Stooges, Jerome T. Youngman fait tout en solitaire. Sur celui-ci (Don't Mess With Texas), sa voix lunaire flotte au-dessus des nappes d'orgue et des riffs appuyés par une boîte à rythmes bloquée sur un mode mid-tempo. Ce qui donne entre autres des versions bizarroïdes mais prenantes de classiques plus ou moins courus ("I Wanna Be Your dog", "Waiting For My Man" ou "Stimulant Games"). Inclassable... A moins qu'il reste une place libre au rayon "j'ai essayé toutes les dopes imaginables et je commence tout juste à m'en remettre".
(www.500poundweaselrecords.com)

    Voilà, c'est tout pour cette fois, on se retrouve bientôt, d'ici-là vous pouvez écouter la bande son de cette rubrique, c'est le Mighty Dig It ! Radio Show sur Canal Sud à Toulouse et sur le Web tous les jeudis à 21h30. Passez par notre site et cliquez sur un des liens vers l'émission, c'en est truffé :
 (www.chez.com/digitfanzine)
Gildas Cosperec


digitfanzinearchives@gmail.com

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