DIRTY WATER Rds
Le label londonien se pose un peu plus chaque
trimestre comme un équivalent européen du Get Hip ! Rds
des années 90 : du vinyle en cascade et une nette orientation
"garage international" avec des groupes mexicains, japonais, espagnols,
british, etc...
The Routes
sont basés au Japon et drivés par Chris Jack (chant et
guitares Vox), un Anglais exilé là-bas depuis une dizaine
d'années pour l'amour d'une Japonaise nommée... Yoko Ono.
Du calme, c'est pas la même. Chris y a monté un gang
dédié à ses héros les Rolling Stones,
Yardbirds, Pretty Things ou Downliners Sect. Leur premier album (Left
My Mind) est sorti en 2007 sur le label irlandais Motor Sounds Rds.
Leur deuxième LP (Alligator) vient donc de tomber et il est
cette fois plus influencé par le garage américain
(Wailers, Count Five, Standells) que par les gangs de la British
Invasion, même si l'ombre des Yardbirds plane toujours sur
l'affaire. Les morceaux déboulent et s'enchaînent avec une
étonnante impression de facilité, à la
manière de ces groupes qui ont le p'tit truc magique en plus.
Dans un genre pas très éloigné, les Breadmakers
nous font le même effet, orgue en plus, même si les Routes
jouent globalement plus vite que les Australiens.
Les mecs des
Masonics
(Mickey Hampshire, Bruce Brand et John Gibbs) affichent un putain de
CV. Depuis plus de trente ans, ils jouent dans les meilleurs combos
british, Milkshakes, Wildebeests, Kaisers, Headcoats, etc.... Leur tout
chaud In Your Night Of Dreams And Other Foreboding Pleasures (pfff !)
est une nouvelle et élégante mise en valeur des multiples
talents (compos, chant, guitares) de Mickey Hampshire, sorte d'alter
ego de Billy Childish depuis les Pop Rivets en 77, chez qui Mickey
était roadie. L'histoire retiendra sans doute davantage le nom
de Childish que celui d'Hampshire. Vu le nombre de disques sortis par
Billy, c'est sans doute logique mais un peu dommage aussi...
Qu'à cela ne tienne, cet album, le huitième des Masonics,
tiré à quatre épingles, remettra quelques pendules
à l'heure et comblera les amateurs de cocktails 50's Rock et
60's Garage assaisonné Medway Beat. La grande classe.
(
www.dirtywaterrecords.co.uk)
AREA PIRATA Rds
Shaking Street était le titre du deuxième album des Italiens
The Sick Rose.
Paru en 89, il n'avait jamais bénéficié à
ce jour d'une version CD. Le groupe commençait alors à
délaisser le garage sixties scolaire de ses débuts et le
son y gagnait nettement en puissance. L'orgue a presque disparu,
remplacé par une seconde guitare, et ils y reprennent bien
sûr le morceau titre, emprunté au répertoire du
MC5. Même s'ils ne poussent pas le bouchon aussi loin vers
Detroit que les Miracle Workers sur Overdose ou les Chesterfiekld Kings
avec leur Berlin Wall Of Sound, les Sick Rose ont efficacement durci la
démarche, un peu à la manière des Cynics sur leur
mythique troisième LP, Rock'n'Roll. On remarquera une reprise
des Real Kids ("Up Is Up") et on appréciera la prime offerte par
le label : les quatre titres du 45t sorti deux en plus tôt avec
deux originaux et deux covers , le "Nothing" des Ugly Ducklings et "My
Time" des Golden Dawn. Ajoutez-y deux bonus tracks inédites dont
une version du "Yesterdays Numbers" des Flamin' Groovies et le compte
est bon. Seize titres de garage émancipé qui nous
rappellent parfois les Norvégiens Cosmic Dropouts quand l'orgue
refait ponctuellement surface.
Killer Klown
est un autre groupe italien au long cours (17 ans d'activités
suspectes selon la police), assez marrant et plutôt velu, avec
grosses guitares et vocaux, heu... disons "sérieusement
déterminés". D'ailleurs un groupe qui ne rechigne pas
à baptiser un album Born To Rock !!! ne peut qu'être
déterminé et sans complexes hein... Et y'a qu'à
voir les titres de leurs disques précédents pour en
supputer la finesse, Dr Pedophilous (97), Too Junk To Die (99), Satan's
Rock (01), etc.... Mais comme rien n'est jamais simple, sachez avant de
partir en vous bouchant les oreilles qu'ils avaient le bon goût
d'y reprendre Johnny Thuders, les Stones ou Nine Pound Hammer. Le
groupe site encore le Garage 60's, les Celibate Rifles ou X parmi ses
principales influences et les fans des Dictators pourraient même
y trouver du grain à moudre. Dommage que le guitariste se laisse
trop souvent aller à flirter avec quelques clichetons
éculés. Mais bon, si on n'est pas trop à cheval
sur la durée maximum syndicale d'un solo, ça devrait
passer. Mention à l'effort rock'n'roll basique et ravageur
déployé sur "Outsider Among Outsiders", on dirait Jerry
Lee Lewis tabassé par les Pleasure Fuckers. Et comme pour
brouiller un peu plus les pistes et perturber nos système de
rangements, un morceau live est caché en fin de disque, une
sorte de trip interstellaire avec zigouigouis de grattes en roue libre,
genre ZZ Top revisitant Suicide. Du boogie galactique quoi. Le groupe
assure de son côté faire du "Hard Garage'n'Roll From Outer
Asshole"... C'est un genre ça ? Et on ne m'avait rien dit !?!
(
www.areapirata.com)
THE SONICS
C'est logique, après la reformation, le
nouvel album... Certes, le groupe de Tacoma ne propose que quatre
nouveaux morceaux (le reste est live), mais c'est quand même un
petit évènement. Pensez ! Des mecs qui ont quasiment
inventé le Garage Sound ! On n'attendait assurément pas
que les Sonics refassent souffler des tornades façon "Psycho" ou
"Strychnine" capturées en deux pistes comme en 65 par le
légendaire Kearney Barton (80 ans aujourd'hui) à l'Audio
Recording Studio de Seattle. Ce 8 (25cm ou CD avec deux bonus tracks
live) est produit par Jack Endino et Larry Parypa. Les rugissements de
Gerry Roslie sont bien sûr moins féroces mais Mister
Screamo a de beaux restes et ça s'entend sur "Cheap Shades" le
remuant morceau d'ouverture. Et si le "Bad Attitude" qui suit n'a rien
à voir avec celui de DMZ, on n'est pourtant pas si loin des
bombes garage/punk lachées par Conolly et ses hommes de main en
77. Les riffs de Larry Parypa vont vicieusement tanguer la machine et
le gaillard se tire même quelques notables bordées en solo
sur "Vampire Kiss". Le sax de Rob Lind n'apparait pas sur les nouveaux
titres, mais l'autre frangin Parypa (Andy), s'il n'a pas
participé aux tournées de la reformation, a bel et bien
repris son poste de bassiste pour les sessions studio. Du coup, le
bassiste des tournées, Freddie Dennis, s'est recyclé au
micro avec Roslie sur quelques titres. Du bon boulot finalement,
l'image du groupe n'est pas entachée et on se retrouve avec un
bel objet (25cm donc) et quatre nouveaux titres de garage rock plus
qu'honnête. On n'en attendait pas temps.
Les titres live offerts en prime (quatre sur le
25cm, six sur la version CD) proviennent appremment de la
récente tournée européenne, "Cinderella" est
lancé en français par le présentateur de la
soirée, le son est excellent et l'énergie
déployée suffirait à alimenter l'Allemagne en
électricité pendant trois mois.
(
www.thesonicsboom.com)
THE MOVEMENTS
Ces Suédois-là sont sûrement
arrivés premiers au concours d'entrée de La Grande Ecole
Garage 60's de Gothenburg. Filière "garage avec orgue".
C'était en 2001. Depuis, le groupe a sorti trois albums,
quelques singles et sillonné plusieurs fois l'Europe, de Saint
Petersbourg à Toulouse. élargissant à l'occasion
le concept de base, ils ont concocté en 2008 pour le label
autrichien Sulatron Rds, un album de "rock spatial" (!), For Sardines
Space is No Problem, en hommage au premier Suédois dans l'espace
(un voyage sidéral tardif toutefois, puisqu'il fallut attendre
2006...). Et l'an dernier, les Movements se sont même
acoquinés avec une équipe de footballeurs bambochards de
Tubingen en Allemagne, le Kommando Horst Hrubesch, pour un hommage
garage punk ("Come On Kommando !") à Hrubesch, connu jadis sous
le tendre sobriquet de "La Brute" dans le milieu guilleret du football.
Une sorte de grand écart sereinement assumé.
L'album Follow The Movements, récemment
édité par lers Italiens de Misty Lane / Teen Sound,
revient sur les débuts du groupe en proposant, entr'autres
raretés, les six titres du premier EP, Drag Me Up, produit par
Björn Olsson (T.S.O.O.L.), enregistré en 2002, paru en 2004
et déclaré sold out en 2005. Une période où
le groupe, encore assez peu tenté par le
psychédélisme qui imprégnera plus tard ses albums,
joue vite et fort un rock garage aussi traditionnel qu'efficace,
troué de solos de guitares et coloré fluo par un
organiste épileptique. Leur point fort restant toutefois
à notre avis le chanteur David Henriksson, aussi à l'aise
et enjôleur sur les mélodies pop que braillard quand
l'affaire vire au 60's punk, nous rappelant parfois Arne Thelin, le
roué pilote norvégien des Kwyet Kings. Pas très
éloigné non plus de l'univers des Magnificent Brotherhood
par exemple.
Outre ces morceaux fondateurs et plein pot, l'album
présente cinq titres inédits enregistrés entre
2008 et 2010 et un autre, "You Don't Know", longue planerie avec
sitar, issu des sessions de 2002 évoquées plus haut.
L'ensemble permet un survol rapide mais instructif de l'oeuvre de ces
scandinaves hors-normes. Et Dieu merci, ils n'y ont pas fourré
d'extrait de leur album "spatial".
(
www.themovements.com)
SLOVENLY Rds
Timing parfait ! Juste quand on se demandait ce qui
allait bien pouvoir succéder sur nos platines à Arabia
Mountain, le très léché dernier effort des Black
Lips, Slovenly Rds met sur le marché le premier album des
impeccables portoricains
Los Vigilantes.
Portoricains encore, yep, comme Davila 666. Ce n'est d'ailleurs pas
leur seul point commun puisque le guitariste des Vigilantes, Jorge
Mundo, alias Jota, a récemment accompagné Davila en
Europe et il joue sur leur dernier album, Tan Bajo. Los Vigilantes
taquinent le garage sixties, le retournent et le tripatouillent sans
complexe pour vous projeter au coeur d'un Battle Of The Bands où
les gonzos de Wau Y Los Arghhhs ferraillent avec les Black Lips. Les
influences, affleurent, plus ou moins fantomatiques, au détour
de refrains immédiatement stockés en fond de cerveau. "A
Ella" sonne comme un update lo-fi à trois voix de "This
Train" (ou "My Babe"), et quand le chanteur psalmodie "Eres Tu" on
entend plutôt "LSD" et on suppute qu'ils en connaissent un rayon
sur les douceurs psychédéliques. Quant à "La
Chica", les fans des Cramps y décèleront sans doute un
clin d'oeil amusant à "Goo Goo Muck". Et histoire de
perpétuer la tradition Garage 60's hispanique, les Vigilantes
reprennent le vibrant "Solo Pido Amor" des péruviens Los Yorks.
Pour le quota de titres punk sans foi ni loi, le méchant
"Amanda", semblant tout droit sortir d'un Killed By Death
oublié, ou le bien nommé "Letal", coiffé d'un solo
à décoller le papier-peint, devraient faire l'affaire. Au
Dig It ! Radio Show, "Ven Vamos" a été récemment
élu tube du mois. Un truc imparable, comme si Davila 666
s'attaquait au Reigning Sound.
Le trio (Javier Garrote - basse et chant ; Pepe
Pistola - batterie, choeurs et chant ; Jota - guitare et chant) a
déjà un single ("Mi Mama Dijo" - Slovenly) sous la
ceinture et figure en bonne compagnie (Peyotes, Davila, Luis & The
Wildfires) sur le double 45t Their Hispanic Majesties Request,
édité par Norton. Ils y reprennent "Paint It Black" en
espagnol ("Un Tono Más Siniestro"). Leur premier album vous fera
un excellent disque de l'été. Verdad !
Ooch ! Ça va vite là... Très
vite même ! Du garage punk joué en mode hardcore, dix-huit
titres, dont une cover de Minor Threat ("Small Man Big Mouth") en
à peine vingt minutes ! Le morceau le plus long fait 1'29
et le plus court 41"... Vous détestez les mélodies et les
accroches faciles, les solos de plus de trois secondes et les balades
acoustiques ? Alors c'est sûr, les italiens
Thee Oops
ont enregistré cet album pour vous. Si vous avez des potes fans
de Circle Jerks, attirez donc leur attention sur ce Taste Of Zimbabwe
qui leur donnera l'impression d'avoir quinze ans à nouveau. Back
to 81 ! Le morceau qui sort du lot ("On The Lift") est aussi celui
où ils lèvent un peu le pied. Tu m'étonnes... Le
guitariste et le chanteur jouent également chez les garage
punkers The Rippers.
(
www.slovenly.com)
THE MEAN THINGS
Rangez la porcelaine, les murs vont trembler ! Fuzz
toxique, voix teigneuse, orgue acide, tambourin nerveux et rythmique
coups-de-bélier... Il émane des albums des Mean Things le
même genre de remugles viciés qui s'échappaient des
EP's Voxx et Moxie Rds il y a une trentaine d'années, quand les
Miracle Workers et les Pandoras jetaient les bases d'un revival garage
sixties aussi cryptique que vraiment sale. De la cuisine à
l'ancienne. A l'époque au moins on était sûr que
parents et enfants n'écoutaient pas les mêmes disques.
Après Out Come The Freaks paru sur Lost In Tyme en Grèce
il y a deux ans, voici Change Our Ways, deuxième album en vinyle
des garagistes rochelais, chez les allemands de Soundlat Rds cette
fois. La pochette est réalisée par l'immarcescible
canadien Darren Merinuk et la production est signée Lo Spider.
Bel attelage indeed ! Recommandé aux amateurs de sensations
fortes, aux troglodytes intoxiqués au monoxyde de carbone, aux
fans des Untold Fables, Morlochs/Gravedigger V et à tous ceux
qui tiennent Leave Your Mind At Home pour le meilleur disque des
Fuzztones. Les Mean Things révèrent bien sûr aussi
les grands ancêtres et font du petit bois avec quelques covers
vintage (des Moving Sidewalks, Wailers, Malibus) tout en commettant un
semi-anachronisme, une version du "Sooprize Package For Mr Mineo" de
Supercharger, une vieille perversion du guitariste Cherry Boy sans
doute, leur reprise empruntant aussi à la version des Mummies.
Ils reprennent également le "Do Know You" des Wild Zeros, autre
groupe du guitariste. Rien ne se perd... Citons de plus et pour la
forme les suédois Crimson Shadows ou Stomach Mouths et vous
aurez une idée assez précise du tableau pour en commander
un exemplaire illico. Primitive !
(
www.soundflat.de)
THE CYNICS
Toujours agréable de retrouver de vieilles
connaissances. Le duo Kostelich - Kastelic (guitare - chant), une
nouvelle fois accompagné de mercenaires espagnols aguerris sous
la bannière Dr Explosion, Angel Kaplan à la basse et
Pibli Gonzales à la batterie, a enregistré son
huitième album, Spinning Wheel Motel, chez Jim Diamond à
Detroit. Le genre de détail qui vaut ausweis par ici. L'album se
compose pour un bon quart de titres rapides avec chanteur en surchauffe
et guitares qui déblaient la route sans manières. Le
reste du disque est plus apaisé, quelques douceurs sixties
encerclent une, heu..., ballade celtique, et Kastelic chante
étrangement comme M. Stipe de REM sur le morceau titre. Mention
spéciale au rampant "Zombie Walk", assaisonné à la
fuzz vibrato, qui aurait fait bonne figure sur Psychedelic Jungle. Greg
Kostelich, le guitariste (et accessoirement big boss de Get Hip ! Rds)
l'assure, les mots d'ordre sont cette fois "simplicité / trois
accords". Diamond a fait le reste, tirant le maximum de ce minimum
revendiqué, lachant l'ouragan sur les titres les plus remuants
et ciselant délicatement les caresses acoustiques façon
pièces de joaillerie.
La version vinyle utilise le gimmick de "la roue de
carton qui tourne dans la pochette" pour positionner les titres en face
des fenêtres. Un nouvel album recommandable pour le groupe de
Pittsburgh, toujours vert, qui rentre à peine d'une
tournée intensive en Espagne, quinze dates en dix-huit jours...
Bel exemple de longévité sans tache.
(
www.gethip.com)
The Astounding Freak Party
Vol 3. Dance With The Ghoul
Le troisième volume de la série est
présenté cette fois sous forme d'un 25cm (tiré
à 300 exemplaires) avec en pochette un Boris Karloff tout droit
échappé du premier film d'horreur anglais (1933),
The Ghoul. Détails :
Les libations démarrent avec Deche Right On
Birds (Are Alive) et "Le Caillou Dans La Chaussure", un blues rapide et
instrumental (Dècheman est à l'orgue) balancé les
deux doigts dans la prise et rapeux comme une langue d'alligator. Puis,
c'est The Magnificent Brotherhood et leur Garage R'n'B pointilleux,
avec un harmonica qui donne un agréable petit air de "Dirty
Water" à leur "That Warm 'n' Sticky Feelin'". Plus sautillants
et résolument ancrés dans le camp groove de cette compil,
les belges Adolphe Sex Et Ses Machines font donner la cavalerie de
cuivres et claviers sur leur "Big Fat Lovermachine" déclenchant
illico une remontée du syndrome "fourmis dans les jambes". Les
vétérans autrichiens Jaybirds se prennent pour les Pretty
Things et ça fonctionne parfaitement tandis que les Royal
Premiers (Nantes) font dans le garage instru remuant avec orgue et saxo
à la A-Bones. The Swag (Rouen) enchaîne avec un "Please
Get Might and Go" véhément aux airs de "Batman"
surspeedé, les Suisses Royal Hangmen bloquent le compteur sur
1966 et déploient une panoplie Vox-Farfisa-Rickenbacker pour un
hit garage pop psyché forcément millésimé
et absolument torride ("Action !"). Les Kitchenmen, le groupe du
bordelais Fredovitch (clavier chez King Khan et pas mal d'autres) et de
Frandol l'ex-Roadrunner, balancent un "Digitalin" power pop classieux
avec orgue bille en tête naturellement et digression mod swing
à (re)grimper sur la commode. Quant à Blew Up !, leur
"Liar" boosté à la wah-wah jette un pont entre les Black
Lips et les Flamin' Sideburns. Il est tout droit issu des sessions de
leur premier album tout chaud. Et c'est à Mr Merveilleux (ex-We
Are Wonderful), one man band électro garage hanté, que
revient la tache de conclure avec un mantraïque "Anymore" cet
échantillon remarquable du garage sound européen
contemporain. Avec orgue, ouais. Le disque est tiré à 300
exemplaires... Vous pouvez le commander ici : (
www.rigolboch.com)
YOUNG MODERN
Ce groupe d'Adelaide en Australie a sévi il y
a belle lurette (fin 70's), fait quelques premières parties
prometteuse (Radio Birdman...) puis jeté l'éponge
après un single (un album posthume, Play Faster, est paru en
80), le chanteur John Dowler partant fonder les Zimmermen, avant de
faire dernièrement un comeback documenté par un album
studio (How Insensitive) et ce Live at The Grace Emily capturé
en 2010 à Adelaide.. Les fans de Big Star, des Real Kids et
Flamin' Groovies devraient apprécier en connaisseurs. Young
Modern, que les Hoodoo Gurus et les Sunny Boys citèrent souvent
comme une influence majeure, reprennent ici John Mayall & The
Bluesbreakers ("On Top Of The World" - 1966), les Stones ("The Singer
Not The Song") et le hit des Zimmermen "Don't Go To Sydney". Les cordes
carillonnent jusqu'à plus soif, chaque solo est une jouissive
éruption rock'n'roll et les intonations mi-cyniques
mi-caressantes de John Dowler sur des mélodies finaudes
devraient combler les amateurs de power pop élégante et
aiguisée. Un groupe brillant.
Avec l'album des Hot Knives, le disque de Young
Modern marque aussi la résurrection de Grown Up Wrong Rds, le
label de David Laing. Disparu à la fin des 80's, Grown Up Wrong
est ensuite devenu Dog Meat Rds.
FLAMIN' GROOVIES
Le Feu Sacré !
Hé hé, à peine commencé,
le bouquin d'Alain Feydri vous en livre déjà plus sur San
Francisco qu'après 262 épisodes des aventures de Douglas
et Malden dans "Les Rues de S. F.". Manque juste la maison bleue de
Maxime Le Fox Terrier... avantageusement remplacée ici par les
Charlatans, Loose Gravel, les Warlocks pas encore devenus The Grateful
Dead, Lovin' Spoonful, Skip Pence, le Jefferson Airplane, etc... Soit
le tout Frisco garage psychédélique des 60's.
Je suis récemment tombé sur une
critique du bouquin où la chroniqueuse se plaignait de
l'abondance de détails. Comment peut-on ? Et s'il me plait
à moi, de savoir par exemple que Ron Greco, le premier chanteur
des Groovies, qui ne s'appelaient encore que The Chosen Few, devint
plus tard bassiste chez les proto-punks Crime sous le doux pseudo de
Ron The Ripper... Ou que Cyril Jordan participa au mixage du mythique
"Bummer Bitch" de Freestone (cherchez sur Killed By Death Vol.2 ou Feel
Lucky Punk !)... Ces détails, on les apprécie, comme on
aime bien sûr autant les indispensables digressions sur quelques
personnages haut en couleurs qui influencèrent peu ou prou nos
héros, de Freddie Cannon à Gene Vincent.
Il est comme ça Alain, soulevant la moindre
pierre en baguenaudant sur les chemins empruntés par les
Groovies et toute la connexion dès le début, du Red Dog
Saloon planté en Nevada profond jusqu'aux concerts
récents de Loney et Jordan avec les A-Bones en passant par la
fameuse soirée sur un parking d'hypermarché à
Créteil en 1972. Les experts en Flaminologie y trouveront bien
sûr leur compte, les autres saisiront l'occasion de
découvrir un univers unique fait de trajectoires parfois
biscornues (Chris Wilson en est un bel exemple) en
(ré)écoutant Supersnazz ou Flamingo. Et l'aventure
continue si on en juge par la reformation londonienne
évoquée ailleurs dans ces pages.
Le bouquin (318 pages), préfacé par
Marc Zermati, offre une vingtaine de pages de photos en couleur ou noir
et blanc plus une discographie fort utile pour s'y retrouver dans les
méandres d'une oeuvre parfois compliquée à suivre
(doublons, éditions différentes selon les
contrées, rééditions, etc...). Cet ouvrage devrait
être exposé sur le comptoir du Syndicat d'Initiatives de
Frisco !
(
http://julieprod.chez-alice.fr)
LARSEN Rds
Les
Waistcoats
sont de retour avec un superbe LP gatefold (We Are The Doctors) sur
leur label favori. Ces gars-là sont les rois
néérlandais du sixties beat, des experts ès-garage
vintage, des maîtres du Nederbiet, des patrons de la
mélodie chiadée, des chevaliers du riff cisailleur et,
désormais, du... concept album. Un clin d'oeil à Tommy
apparemment, au moins sur la face A, et même si ce n'est
revendiqué nulle part, ça s'entend. Dans le civil, le
bassiste (médecin pathologiste) et le chanteur-guitariste
(programmateur informatique) développent ensemble des logiciels
médicaux utilisés dans la lutte contre le cancer. Du
coup, le concept est très "médical" et, heureusement,
bourré d'auto-dérision salvatrice. Le groupe brocarde les
médecins omniscients ("We are the doctors, and we know what's
best for you") et les infirmières bornées ("The problem
is being dealt with medically"). Pas rancunier, le staff médical
du St Peter's Center a participé à l'album sur quelques
courts intermèdes, jusqu'au directeur, le dénommé
Dr Igor Zeppski, qui introduit "The Master" (bien sûr...), un
titre qui flirte avec le "Eyesight To The Blind" de Sonny Boy
Williamson relifté sur Tommy (la version Clapton). La face
s'ouvre par une... "Overture" et se termine sur "I Am Tomorrow", titre
rappelant le Pink Floyd période "See Emily Play" et qu'on
s'attend à voir exploser à tout instant en "Listening to
you...". Et les Waistcoats, en dignes représentants du
nederbiet, laissent bien sûr la bride sur le cou à leurs
influences fondatrices, le 60's garage hollandais à la Q-65 ou
Motions.
La face B est plus axée mod, Who toujours un
peu donc, avec organiste en chef de gang et batteur qui, sous la
bénédiction de Keith Moon, défie Thor à
chaque roulement. Sur l'intrumental secoué "Opel Kadett" (le
millésime 1965, la Kadett B, faisait sans doute partie de la
panoplie Mod, tout comme la Vespa), la caisse claire claque
façon coups de trique et le groupe se fait redoutable dancin'
machine, s'offrant ensuite une ou deux ballades ciselées dans le
cristal comme ils en placent sur chaque album, et un génial hit
garage stonien "Going Going Gone" qui tourne en boucle au Dig It !
Radio Show depuis le début de l'été.
Note pour les complétistes : le morceau qui
clot le disque est une cover de "Seasons", un titre écrit par
George Kooymans, le guitariste des Golden Earrings, pour le groupe
Earth & Fire (des Néerlandais aussi, y'avait pas de vent ce
jour-là) lors d'une tournée commune en 1970. Excellent
disque au final (côté production, on frise la perfection,
Mr Djan a fait du sacré bon boulot au Larsen Studio), sans doute
leur meilleur. Les amateurs se sont reconnus... Qu'ils ne tardent pas
trop quand même, le disque (vinyl only) n'a été
tiré qu'à 500 exemplaires.
Après les albums hommages à Arthur
Alexander et Nino Ferrer, Larsen a concocté un splendide
Tribute To Nathaniel Mayer
(1944 - 2008) où, outre les increvables groupes maison (Slow
Slushy Boys, Teen' Axel Soul Arkestra, The Sweet Things, Saddlebop,
Benny Gordini), on croise trois ambassadeurs de Detroit City (Space
Heaters, The Detroit Cobras et les Fondas), les Canadiens Sunday
Sinners et Black Aces, Las Membranas d'Alicante, les australiennes
Booby Traps plus les frenchies Buttshakers (Lyon) et The Other Guys
(Nantes). Et comment se tromper avec un terrain de chasse pareil, de
"Village Of Love" à... "Going Back To The Village Of Love" ou "I
Want Love & Affection (Not The House Of Correction". Tous les
morceaux sont signés ou co-signés par Devora Brown, la
patronne de Fortune Rds qui enregistrait et éditait les disques
de Mayer. Tout comme ceux d'Andre Williams ou Nolan Strong. Un pan
d'histoire donc, et accessoirement notre album Rhythm & Soul de
l'été.
Pour accompagner ces deux perles en 33t, le label savoyard sort, sur sa filiale B-Soul, un 7"EP des
Deltabonds,
les "Action Packed Mockers" de Bourges. Quatre titres au menu, deux
originaux de belle facture garage groove avec orgue en couleurs et
chanteur remarquable, et deux covers, "Go Go Girl" (de 67, écrit
par Allen Toussaint pour Lee Dorsey) et "The Jerk" de Don Julian and
The Larks (Money Rds - 64). Ils ont bon goût, mais ça vous
le saviez.
(http://larsen.asso.fr)
MA PETITE ENTREPRISE PUNK
Kicking Books
Ce bouquin grand format (A4 / 140 pages)
à l'ambition pédagogique (l'auteur, Fabien Hein, est
maître de conférences en sociologie et ex-musicien punk)
vaut surtout pour ce qu'il révèle du parcours habituel et
des limites auxquelles se heurte inévitablement un groupe punk
frenchy aussi déterminé soit-il (ici les vosgiens Flying
Donuts, plutôt attachants). Tout y est, des premières
démos bricolées jusqu'aux vaines tentatives de vivre,
même frugalement, de leur passion. Et on vous passe les milliers
de kilomètres avalés, les centaines de concerts
empilés, les innombrables nuits de répèt's et la
demi-douzaine d'albums (ou splits) réalisés en mode "do
it yourself". Les anecdotes abondent, intéressantes et
édifiantes, et le constat est au final un peu déprimant :
difficile de s'en sortir si on n'assure pas ses arrières (un
p'tit boulot par exemple, ou l'héritage de grand-mère,
mais là ça peut prendre du temps). On en apprend beaucoup
aussi sur le fonctionnement, toujours sur le fil, des petites
structures indispensables à la pérennité d'une
scène rock dans ce pays (labels, tourneurs, organisateurs de
concerts, etc...). Le côté "universitaire" du bouquin est
parfois un peu bourratif mais les interviews du groupe et de ses divers
partenaires d'aventure s'avèrent souvent réjouissantes
d'humour désabusé. Le livre, bien fourni en photos et
accompagné d'un CD best of du groupe (20 titres), est à
vous pour 20 €.
(
www. kickingrecords.com)
CLOSE UP Rds
Après un single très remarqué ici en 2009, Les
Rivals
remettent le couvert avec la même chaleur irradiante et le groove
garage soul sixties avec orgue en looping, grattes qui montent à
l'assaut en milieu de morceaux et voix dont on se souvient longtemps
après. Deux tubes pour juke-box idéal, entre Cynics et
Lyres sur "Take You Out" et plus orienté psyché fuzz
énervé à la Fuzztones pour "Girrls". On est
nombreux à attendre l'album.
Epique Battle of The One Man Bands en 45T ! Le
Sheriff Perkins affronte le
Mysterious Asthmatic Avenger
et tous les coups sont permis : "lyrics de fesse", "florilège
d'insanités" et "yodeling" à tous les étages !
Avantage non négligeable, ce single est garanti "aider contre
l'asthme et la diarrhée"... Ça peut toujours servir.
Ajoutons que c'est aussi une méthode parfaite pour muscler les
zygomatiques et décrasser les tympans. Les one man bands de ce
calibre devraient être reconnus d'utilité publique et
remboursées par la Sécu !
Les parisiens
Fab Mods évoluent
entre mod et power pop punk fin 70's, rappelant parfois The Jam ou les
australiens Little Murders et les héros punks historiques
à la gachette mélodique facile (du Clash aux Buzzcocks).
C'est leur premier album (vinyle), le bassiste a fait partie de A Trois
Dans Les WC (WC3) et Too Much, ce qui nous rajeunit... Les
mélodies tapent juste, les guitares déblaient en mode
ligne claire et la rythmique veille scrupuleusement à rester
au-dessus des limitations de vitesse en s'accordant tout de même
un droit ponctuel au vagabondage peinard du côté
ensoleillé de la rue. Mention au dessin en trompe-l'oeil de la
pochette et au texte du fataliste et désabusé "Friends"
("Add me as a friend on your Facebook / Add me as a friend on your
space / Add me as a friend on your Facebook / Even if you don't
remember my face").
Madame Betty Ford est morte
précisément la semaine où est sortie ce single. Il
n'y a pas de hasard. Ils l'ont achevée... Les rennais
Betty Ford Clinic font toujours dans l'indie punk sombre et nerveux. Pas trop mon truc. Désolé, Lo Spider est en vacances...
(
www.closeupprod.fr)
CURLEE WURLEE
Cécile et les Garçons are back. C'est
leur troisième album (vinyle) après sept ou huit 45t et
une quinzaine de contributions à diverses compiles sur
Soundflat, Larsen, Wolverine, etc... Le son de Curlee Wurlee est
identifiable entre mille et c'est dû évidemment à
la voix et l'orgue Vox Super Continental de Cécile Musy, aka
Pestoonette et désormais Organella. Teen Axel (Larsen Team, Slow
Slushy Boys, etc...) est à la guitare, le batteur Nelson joue
aussi dans The Love Preachers et le bassiste Meatbike fait partie des
Hara-Kee-Rees et Astronauts. Miss Organella chante alternativement en
français, anglais, allemand, espagnol, et il émane une
agréable douceur sexy garage des quatorze titres de ce Curlee
Wurlee Likes Milk (and don't make a fuzz about it) sorti sur le label
de Hambourg Moody Monkey Rds. Il y en a pour tout les goûts,
psyché, pop, exotique, instrumental, garage, surf... Marcel
Bontempi (Montesas) est passé donner un coup de main et fait un
chouette duo vocal avec Cécile sur le garage hit "Lass Es Sein".
Arrangements soignés, harmonies habiles et textes marrants (en
mode surf sur "Sailor Girl" : "Maman me dit que j'ai tort d'avoir un
marin dans chaque port...") complètent le tableau. Joli coup.
(
www.curleewurlee.com)
SALOMON NICK
and The Swinger Demon
Du rock'n'soul toulousain ! Ça faisait
longtemps qu'on n'avait eu ce genre de furie rock'n'soul à se
mettre sous l'oreille. L'album (I Can't Stop Lovin' You sur Twistin
Rds) démarre sur une superbe relecture du "It's Gonna Work Out
Fine" d'Ike & Tina (61) avec choeurs optimistes ("Ça va
s'arranger"), orgue pousse-au-groove, harmonica finaud et vocaux
torrides pour s'achever sur une longue transe gospel sauvage et
tribale, "Salomon Boogie", le genre de déflagration
surexcitée garantie faire trépider un congrès de
paralytiques sous valium. Entre les deux, Nick & son gang (ils sont
une dizaine) ressuscitent les torrides soirées à l'Apollo
Theater en alternant douceurs soul tout en finesse et tranches de swing
remue-ménage (eux ils disent "Twist Garage") boostées par
des cuivres vintage, des guitares à la précision tout
horlogère, un piano bastringue et toute la panoplie habituelle
des groupes qui vous font grimper sur la table sans coup férir.
On pense à Solomon Burke bien sûr, au Memphis Beat ou
à Nathaniel Mayer... Ils reprennent avec le même bonheur
érudit les Contours ("Do You Love Me") ou Etta James ("I'd
Rather Go Blind") et on vous les conseille sans réserve pour
votre prochaine garage soul party !
(
myspace.com/salomonnicktheswingerdemo)
THE RAW CUTS
Les Raw Cuts sont basés à Lahti, au
nord d'Helsinki en Finlande. Ils donnent dans le garage punk speed avec
grooosse basse et vocaux querelleurs. Sur scène ils atomisent
vertement "Savage" ou "Sometimes Good Guys Don't Wear White". Le
guitariste, Axel Gieseking est allemand, au début des 90's, il
fut l'un des premiers à sortir des galettes des Monsters et
Lightnin' Beat-Man sur son label Jungle Noise Rds tout en sortant
régulièrement son fanzine Somethin' Else. Ses influences
psycho se repèrent vite sur les quatre titres de cette
démo contondante. La bassiste (pour qui Axel est venu
s'installer au froid) tient aussi la guitare chez les finlandais
hardcore Sa-Int. Normal que ça déboule vite et fort.
Encore un sale coup porté à la calotte glacière...
(
www.myspace.com/theerawcuts)